31 octobre 2016

Terrorisme et passé colonial de la France

Des actes terroristes, on en a connus depuis longtemps. N’oublions pas la Terreur, un épisode clivant de notre Histoire où il s’est passé des choses terribles. Le terrorisme, la violence gratuite, ce n’est pas nouveau en France. Des actes terroristes, il y en a même eu sous le Consulat. Je rappelle qu’une bombe avait été déposée à Paris, rue Saint-Nicaise, par des royalistes, le soir de Noël 1800, pour essayer de tuer Napoléon Bonaparte. Une cinquantaine de maisons avaient été détruites et il y avait eu 22 morts et 100 blessés. Mais la période que nous connaissons, du fait de la violence extrême des forfaits, du nombre très élevé des victimes – sans comparaison avec ce qu’on avait connu jusqu’ici – du caractère répétitif des attentats, de l’imagination morbide et sans limite des terroristes, de leur détermination fanatique, comporte quelque chose, à mon sens, d’inédit. Et le fait que les auteurs sont le plus souvent de jeunes Français issus de notre passé colonial et esclavagiste pose un problème particulier qui, à mon avis, se réglera, même si on s’attend tous, malheureusement, à subir de nouvelles attaques. Je pense que nous sortirons de cette période, à condition que des mesures appropriées soient prises. Aujourd’hui, on nous annonce une politique sécuritaire de prévention contre la radicalisation : c’est très bien. Mais la situation actuelle dépend aussi de notre politique étrangère. Il ne m’appartient pas de juger, mais il y a sûrement des choses à revoir. On ne peut, d’un côté, se plaindre de l’incendie ; et de l’autre, parfois jeter de l’huile sur le feu. Sur le plan intérieur, je suis frappé par la corrélation entre l’explosion terroriste qui sévit actuellement et ce qu’on pouvait déceler il y a une dizaine d’années déjà, et qui aurait dû attirer l’attention des pouvoirs publics. Il s’est quand même passé des choses dans les banlieues en 2005. Je ne veux pas dire que les adolescents révoltés de 2005 sont les terroristes d’aujourd’hui. Les terroristes ne sont qu’une minorité, et une minorité très particulière, mais ils viennent des mêmes quartiers. Ils sont le produit de la colonisation française. Ils sont souvent passés par la délinquance et la prison. Ils en sont sortis haineux. Ils ont trouvé dans le fanatisme une solution à leurs problèmes. Il n’y a évidemment pas d’excuse à chercher pour les terroristes mais je pense qu’on aurait dû et qu’on devrait faire plus attention aux jeunes les plus exposés des quartiers, ceux qui sont en situation de fragilité, en situation de souffrance, pour que demain, ils ne basculent pas dans ce type de violence et qu’ils ne soient pas récupérés par des gens qui ont tout intérêt à les instrumentaliser. La prévention, ce n’est pas que l’affaire de la police, c’est aussi l’éducation. Ces jeunes, issus du passé colonial et esclavagiste de la France, sont faciles à repérer par les organisations étrangères criminelles et manipulatrices qui, pour moi, n’ont rien à voir avec l’Islam, même si elles s’en réclament pour semer la discorde. Nous aussi devrions les repérer pour les aider.

 >> LIRE ICI L'INTEGRALITE DE L'ENTRETIEN AVEC CLAUDE RIBBE >>

29 octobre 2016

Art, politique et religion: l'important n'est pas le sujet mais le langage. Un article de Roger Garaudy (1981)




Une oeuvre d'art n'est pas politique par son
sujet. Pas plus, d'ailleurs, qu'elle n'est
religieuse par son sujet.
Un portrait de Louis XIV par Rigaud est
service de courtisan.
Une peinture de bataille d'Horace Vernet est
affaire de journaliste.
Une sculpture d'Arno Brecker ou un tableau
du « réalisme socialiste » relèvent, avec plus
ou moins de bonheur, de la propagande.
Ce qui n'exclut nullement que, de l'icône de
la Trinité de Roublev à l'oeuvre de Daumier,
des « Odes mystiques » de Roumi aux romans
de Dostoïevski, du « Cuirassé Potemkine »
d'Eisenstein au « Guernica » de Picasso, des
poèmes de Claudel à ceux d'Aragon ou de
Neruda, la foi ou la politique n'aient inspiré
des chefs-d'oeuvre.
Ni le génie du Greco ni celui de Goya n'ont
été ternis par la ferveur mystique ou la
résistance nationale et politique.
Le problème des rapports de l'art et de la

politique, comme de l'art et de la foi, se
situent sur un autre plan que celui de sujet.
Je ne connais pas de grand art qui ne soit, à
la fois, politique et religieux. Politique parce
qu'il interpelle une communauté, religieux
parce qu'il ouvre, dans la vie, une brèche de
transcendance.
L’Iliade est une épopée politique parce qu'elle
appelle le peuple grec à la conscience de son
unité et de ses valeurs, tout comme
 Shakespeare réalise un théâtre politique en
 donnant à une nation le sens de la continuité
de son message historique, et, dans Hamlet,
 le pressentiment de ses contradictions et de
ses ruptures.
 Les « sujets » n'y sont pour rien. Bruegel peut
 peindre la « Montée au Calvaire » ou
 Grunewald le Retable d'Isenheim, nul ne peut
 s'y tromper : il s'agit de la « levée des
«  gueux », de la résistance des Flandres, ou de
 la « Théologie de la révolution » de Thomas
 Munzer, et de la « Guerre des paysans ».
 Une création n'est ni politique ou religieuse ni
 comme « reflet », plus ou moins « embelli »,
d'un ordre existant, ni comme « projet » qui
ne serait que le prolongement ou l'idéalisation
de cet ordre, ou le cri de guerre d'un tract
 d'opposition. Ni sucrerie de Saint-Sulpice, ni
gesticulation « contestataire ».

Une oeuvre est indivisiblement politique et
création de la foi par son pouvoir
d'interpellation.
Interpellation d'une communauté et pas d'un
cénacle (j'appelle « cénacle » un groupe
élitiste qui situe une oeuvre par rapport à une
école ou un « style », et non par rapport à un
mouvement historique global). Giotto ou
Duccio, Balzac ou Hugo interpellent une
communauté. Ingres ou Dali sont au service
de la suffisance et de l'autosatisfaction d'un
cénacle. Un masque africain est, à mon sens,
l'exemple typique d'un art politique et
religieux : condensation des énergies de la
nature, des ancêtres, des dieux, il irradie, par
la danse, effectuée sous le masque, cette
énergie dans toute la communauté.
Interpellation et appel à la rupture, à la
transcendance. Par la prise de conscience des
mouvements profonds d'une époque, de ses
angoisses et de ses espoirs, de ce qui meurt
en elle, par la satire, comme Cervantes, ou le
symbole, comme Kafka, ou de ce qui naît en
elle et préfigure l'avenir, comme l'amour des
poètes d'Occitanie, la foi visionnaire de
Rembrandt, ou la réalité devenant tourbillon

de lumière avec Delaunay.
Il n'y a d'art politique (ou religieux) que l'art
prophétique, celui qui nous aide à inventer
l'avenir en nous désignant une réalité plus
réelle que le réel : celle du possible.
Cette politique et cette foi ne s'expriment, à
chaque époque, en oeuvre d'art, qu'en
inventant le langage nouveau donnant à cette
« interpellation » sa plus grande puissance
d'étonnement et de percussion. Dire un avenir
neuf exige une nouvelle manière de le dire à
un peuple neuf. Le génie consiste à inventer à
la fois le message et le langage.
C'est pourquoi la pratique des arts et
l'esthétique (comme réflexion sur l'acte
créateur) doivent, à mon sens, constituer la
base de toute éducation : il n'y a pas
d'enseignement plus révolutionnaire que
d'apprendre à un enfant à aborder le monde
non pas comme une réalité donnée, toute
faite, mais comme une oeuvre à créer..

Roger Garaudy
Revue ARTS n°25 3 juillet 1981

28 octobre 2016

We support UNESCO's resolution on Jerusalem

We support UNESCO's resolution on Jerusalem, passed on October 13, 2016, which called for the protection of Palestinians in occupied Jerusalem. 
Full text of UNESCO's resolution on Jerusalem and the countries that voted:
http://www.haaretz.com/israel-news/1.747982 


>> SIGNER LA PETITION >>

Point de vue. De quel droit les élites occidentales s’autoproclament «communauté internationale»?





Fait assez incroyable et pourtant si l’on suit les nombreuses sorties en rapport avec l’actualité internationale, y compris syrienne, aussi bien des élites politiques comme médiatiques de l’Occident, on les entend constamment parler d’eux-mêmes à titre de « communauté internationale »… On se demande sur quelle base ?
En effet à chaque fois qu’il est question de tenter de réaffirmer le diktat occidental s’approchant de sa fin irrémédiable, les dirigeants à Washington, Londres ou Paris ressortent la, ou plutôt leur, notion de communauté dite internationale. Vraisemblablement les habitudes coloniales ont vraiment du mal à disparaitre.
On se pose donc à juste titre la question afin de savoir et de comprendre sur quelle base les élites politiques et médiatiques de l’Occident parlent d’eux-mêmes à ce titre ? Qui les a autoproclamées (si ce n’est eux-mêmes) à se prendre pour la communauté internationale ? Le fait qu’ils représentent d’une certaine manière la communauté occidentale, certes. Tout en sachant quand même que de plus en plus de citoyens des pays occidentaux sont loin d’approuver la politique de leurs « représentants ». La France en est d’ailleurs un cas très représentatif. Mais même à titre de communauté occidentale et dans le cadre de l’humanité toute entière, cela ne représente qu’une infime partie de la véritable communauté internationale, de la véritable communauté mondiale.
De quel droit une assemblée très réduite de personnes se prend pour l’unique pouvoir décisionnel au niveau planétaire ? Comme si la Russie, la Chine, l’Inde, l’Iran, les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine n’existaient pas. Il serait bon de rappeler que le monde occidental dans sa définition la plus juste (Europe de l’Ouest, Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande) représente environ 950 millions d’habitants, donc moins d’un milliard. Au moment où la population mondiale tourne aujourd’hui à 7,43 milliards d’habitants (chiffres au premier juillet 2016, selon l’ONU). Donc un peu plus de 10 % de la population terrestre, tout en sachant encore une fois que les populations occidentales sont aujourd’hui bien loin de suivre les actions de leurs gouvernements respectifs, serait la « communauté internationale » ? Incroyable…
Il faudrait quand même aussi rappeler que c’est justement la communauté non-occidentale qui représente aujourd’hui plus des ¾ de l’humanité et qui pèse de plus en plus sur le plan économique, politique, diplomatique, militaire et même culturel. Au moment où au contraire l’influence unipolaire occidentale diminue à grands pas. Il suffit d’ailleurs de prendre l’exemple d’organisations telles que l’OCS ou les BRICS pour comprendre une évidence simple : l’Occident politique ne peut plus dominer. Plus que cela, les actions du bloc non-occidental sont aujourd’hui de plus en plus soudées. Il suffit pour cela d’observer la coordination de la Russie et de la Chine sur plusieurs niveaux, allant des manœuvres militaires conjointes jusqu’à la coordination diplomatique sur de nombreuses questions de l’actualité, de la Syrie jusqu’au Burundi. Tout en rappelant aussi qu’ils sont deux des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.
En parlant d’ailleurs de ce Conseil de sécurité onusien, la Russie et la Chine sont justement ouverts à l’élargissement pour d’autres pays de ce conseil jusqu’ici très fermé. Pourquoi ? Car ni la Russie, ni la Chine, n’ont peur de voir leur influence se réduire dans le cadre du monde multipolaire, tout au contraire des dirigeants occidentaux.
Les élites occidentales sont-elles donc si aveugles ? Aucunement. Mais l’héritage colonial de ces élites est tellement ancré, qu’il leur est jusqu’à maintenant toujours impossible de se débarrasser une bonne fois pour toute de cette maladie. Car il s’agit bien de maladie. Et comme toute maladie, elle se soigne. Donc de la même manière que l’on soigne les personnes souffrantes, nous (la vraie communauté internationale), soignerons ensemble les prétendues élites de l’Occident. Le monde multipolaire, dans lequel d’ailleurs l’Occident aura toujours sa place, gagne du terrain chaque jour qui passe. L’unipolarité s’éloigne comme un mauvais rêve ayant duré un peu longtemps. Près de vingt ans pour être exact. Et l’hystérie collective des élites de l’Occident n’y changera rien.

Mikhail Gamandiy-Egorov, le 16 octobre


27 octobre 2016

Dialogue des cultures et des civilisations à Marseille

CRDP, 31, boulevard d’Athènes 13001 Marseille 
(en bas du grand escalier de la gare Saint-Charles) 
Le SAMEDI  12 NOVEMBRE A  14 HEURES.

Pour sa 4e édition du Dialogue des Cultures et des Civilisations, l'Ufac (Union des Universitaires Algériens et Franco-Algériens) convie les Marseillais à une Conférence-Débat sur le dialogue inter-méditerranéen et ses enjeux géopolitiques.

>> PROGRAMME ET PARTICIPANTS: LIRE ICI >>

Ceta faute ...

Avec Bernard Lecache


Extrait de "Biograohie du 20e siècle" de R. Garaudy

26 octobre 2016

Lettre d'Ernest Mandel à Roger Garaudy (1975)

En réponse à l'envoi du manuscrit du "Projet Espérance"
Fichier PDF "Mandel. Lettre à RG. 1975" envoyé sur demande (formulaire colonne de gauche du site)



25 octobre 2016

Bienvenue !

La démocratie dénaturée

Toute gouvernance verticale telle qu’il en est à l’échelle du monde dans les États, est manière vicieuse, mode vicié d’expropriation des peuples de ce qui leur appartient et les regarde: le pouvoir. La démocratie véritable ne peut être qu’horizontale, gouvernance collective et participative avec le contrôle effectif et réel du peuple organisé en nation sur les structures administratives décideuses de son sort. Le leader vrai, quant à lui, est un guide consultant du peuple et non un régnant.  

Nous vivons le temps de la démocratie verticale exclusive. La démocratie formelle sans souci du peuple ou de l’équité est aujourd’hui, de fait, la seule dictature admise et régnante au point que quiconque la refuse ou pense autrement le concept, est accusé d’ennemi de la liberté par le commun qui le considère tyran potentiel et ennemi antisocial des peuples. D’ailleurs, récemment avant le retour russe permettant une géoplitique d'équilibre, le droit international lui avait consacré les fameux droit et devoir d’intervention « onusien » via l’Onu inféodé aux puissances néocolonialistes, associé de fait aux rages hégémoniques et bellicistes des frappes aériennes de l’Otan, contre tout violateur avéré des droits de l’homme consacrés par la soi disant démocratie. Mais disons-le, intervenir pour la démocratie aurait pu être juste si c’était vraiment pour les peuples et non pour les empires qui veulent comme aujourd'hui en Syrie, prendre la place des « dictateurs » « tyrans » (vrais ou faux) que l’on destitue (car on crée des tyrans à satiété dans le laïus de cour des gigantesques agences de presse et grands médias toujours plus ou moins courtisans et surtout ultra-alignés).

24 octobre 2016

Le dissident Garaudy

Sur le site "Dissidosphere" existait déjà une page "Roger Garaudy" avec la référence unique aux "Mythes fondateurs de la politique israélienne". Ne pouvant évidemment la modifier, j'en propose une version plus ouverte, à la couleur du blog:  http://www.dissidosphere.org/focus.php?name=Garaudy__Roger&author=32

En voici une copie partielle:                   
Portrait
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Roger Garaudy

   

Présentation

Roger Garaudy est un philosophe, connu surtout aujourd'hui pour avoir vivement critiqué la politique israélienne et avoir penché en faveur de théories qualifiées de "négationnistes" dans son livre "Les mythes fondateurs de la politique israélienne". L'abbé Pierre le défendra à l'époque, en le présentant comme son ami, et disant de lui qu'il sait se remettre en question. Roger Garaudy sera néanmoins cloué au pilori médiatique. Décédé en 2012, ses écrits et pensées, qui ne se limitent pas à cet aspect, organisés autour de la politique, de l'esthétique et de la foi sont toujours actuels. Le site "Roger Garaudy A contre-nuit" est actuellement le seul site à en fournir une compilation permettant de les découvrir d'une manière vaste et critique.








France, relève-toi ! Une conférence de Régis Chamagne

 Le 20 octobre à Clermont-Fd à l'invitation des Amis du Temps des Cerises
Acheter le livre de Régis Chamagne: http://livre.fnac.com/a10035641/Regis-Chamagne-Releve-toi

23 octobre 2016

Ecris-moi !


Et profitez-en pour visiter l'excellent site grace auquel j'ai découvert Jean Marie VIVIER, auteur-interprète méconnu mais de grand talent : https://memoirequichante.com/

Et...écrivez-moi !

Soirée pour le cinquantenaire de "l' Humanité" à Moscou



Au micro P. VICHNIAKOV, rédacteur de l'édition russe de la revue "Défense de la Paix", président de la soirée
organisée le 15 avril 1954 la Maison Centrale du Jounaliste à Moscou pour le 50e anniversaire de la création du quotidien "l'Humanité". Garaudy, correspondant du journal à Moscou, est le 2e à partir de la droite

Garaudy pendant son intervention à la même soirée

20 octobre 2016

Un regard sur le monde. Roger Garaudy


Tel est le regard du poète, du mystique et de l'homme toujours mutant avec ses révoltes, ses rêves et sa militance.
Ce regard sur le monde exige plus que 1’intelligence: la force fécondante et créatrice de l'imagination et de 1’amour.
Alors, au delà des dieux, ou plutôt des idoles, fabriquées par les "croyances", sous l'image grossière de la puissance d'un roi ou de la technique d'un potier, et qui sont au principe de toutes les théologies de la domination, consécration ou sacralisation des désordres établis, au delà des prières de demande, mendiant d'être exaucé par un monarque extérieur, comme des "rogations" idolâtres, avec leurs processions pour appeler la pluie du "ciel", naître dans la foi, 1'incessante et sans protocole prière de se tenir en état de veille, c'est à dire de création et d'émerveillement.
Lorsque ainsi, pour parler comme les "rishis" (les prophètes de 1'Inde),1'"Atman" s’ identifie avec le "Brahman" qui est en moi mais non pas à moi. Lorsque dans le Tao chinois je deviens UN avec le TOUT. Lorsqu'avec le Coran DIEU est plus près de moi que ma veine jugulaire. Lorsqu'avec JESUS nous prenons conscience que le Royaume de DIEU est au dedans de nous.
Lorsqu'avec la foi, quel qu'en soit le langage, DIEU et nous ne faisons ni deux ni un. Lorsque nous avons conscience que DIEU ne parlera jamais si ce n'est à travers des vies d'hommes, qu'il n'agira jamais si des hommes ne mettent pas à sa disposition leurs mains nous vivrons dans l'hymne et le poème d'un univers toujours inachevé, toujours en train d'être, nous entendons l'appel de ce monde enchanté et
amoureusement contraignant.
Cette participation est la vocation de l'homme total, et pour le dire en leur langage, celui de chaque peuple et, d'âge en âge, à son niveau de compréhension. Car si DIEU est transcendant, c'est à dire sans commune mesure avec le langage et la pensée des hommes, ses messagers ne peuvent parler aux
hommes que par paraboles; et les hommes ne parler à DIEU que
par métaphore, à la manière des mystiques de toutes les
religions qui furent des poètes, des bardes du TAO à ceux de la BHAGAVAD-GITA, des poèmes de ROUMI, d'IBN ARABI comme de Saint JEAN DE LA CROIX ou de Sainte THERESE D'AVILA.

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Saint PAUL seul a réjudaîsé et réhellénisé JESUS en faisant abstraction de sa vie, qui fut celle d'un pauvre, sans
propriété et sans pouvoir, et, de sa mort, la plus infamante: celle des esclaves crucifiés.
Sans jamais citer l'un de ses actes ou l'une de ses paroles, ni le témoignage de ses compagnons, il commence son
enseignement à partir d'un miracle de la résurrection
considérée, non comme la conséquence de toute sa vie et de son
enseignement subversif,  mais comme une manifestation de la
"puissance de DIEU", et il confie à JESUS tous les attributs
qu'il avait refusés pendant sa vie:1a puissance, la gloire, la
domination, la vengeance même, l'écrasement des pécheurs("Ce DIEU tire vengeance "(II-Thess 1,8 ) "Il est juste que DIEU rende détresse pour détresse à vos oppresseurs" (II,Thess 1,6). Aux antipodes du "DICOURS SUR LA MONTAGNE "de JESUS, et de ses "BEATITUDES ".
Il réintégrait ainsi JESUS le libérateur dans le droit commun des dieux anciens et de leur théologie de la domination, "DIEU des armées "comme JEHOVAH, pou "brandissant la foudre" comme ZEUS.
Alors que tous ces dieux étaient morts en JESUS ouvrant plus irrécusable brèche dans l'histoire des hommes et des dieux, en montrant que la transcendance pouvait se manifester autrement que dans la puissance dominatrice des rois célestes tout puissants, mais au contraire dans la faiblesse du plus démuni mais du plus inflexible.
Il s'agissait là d'un message universel et universellement libérateur. JESUS, disait un père de l'Eglise CLEMENT D'ALEXANDRIE,"n'est ni barbare, ni juif, ni grec, ni
Homme, ni femme: c'est l'homme nouveau, l'homme de DIEU,
transformé par 1'ESPRIT Saint "(Protreptique 113 e t 114 )
C'est là le contraire exact de ce qu'écrit Monseigneur LUSTIGER, Archevêque de Paris: JESUS ne pouvait être ni
chinois, ni noir, et ne pouvait naître que du "peuple élu’' ce
dont le félicite Mme d'ENCAUSSE le 1er mars 96 lors de sa
réception à 1'Académie française.


Cela est capital, non seulement pour rappeler l'universalité du message de JESUS, mais pour prendre conscience de l'unité transcendante des religions et la nécessité des dialogues fraternels de la foi à travers la diversité des croyances ;
Les croyances ( et les rites et les dogmes qui en découlent) sont une idéologie liée à telle ou telle culture.
Alors que la foi est une manière d'agir: ce qui importe donc ce n'est pas ce qu'un homme dit de sa f o i (selon ses croyances particulières), mais ce que cette foi a fait de
cet homme: un poète, un rebelle, c’est à dire l'un de ceux qui
ne se contentent pas de l'ordre existant mais qui voient en
chaque être, l'acte qui ne cesse de le créer et d'en faire
éclore les branches et les fruits.
Ce que nous avons appelé une raison mutilée, un rationalisme infirme, c'est cette démarche de l'esprit qui ne considère comme existantes que les choses et les causes, les lois qui les enchaînent.
Une raison pleinière, en adoptant, sans réserve ce premier niveau de réalité, 1'intègre à un ensemble plus vaste: celui de l'imagination constituante, créatrice, qui voit au delà de la perception des choses l'intuition de leur sens, au delà de 1'analyse des causes les fins qu'elles permettent d'atteindre, le projet à la fois poétique et militant qu'elles portent en elles.
Voir le papillon dans la chenille, le palmier dans le noyau de la datte, le frère aussi dans mon prochain et mon lointain, dans le sourire éphémère du jasmin, 1a résurrection éternelle du printemps, dans le chaos régnant sur le monde le projet d'un Royaume de DIEU.

Roger Garaudy
Document  de travail. Années 1990-1995 ?



"UN REGARD SUR LE MONDE" (titre AR)