31 mars 2020

Joseph, bienfaiteur de l'Égypte, vraiment ?

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Le triomphe de Joseph, Cathédrale de Toulouse
Qui ne connaît l’histoire de Joseph ? On retient le récit d’un homme, fils du patriarche Jacob, vendu par ses frères jaloux et conduit en Égypte. Après pas mal de péripéties, il devient gouverneur du pays, le second après le Pharaon. On retient surtout que sa gestion avisée a permis au pays d’entasser des réserves considérables de grains, pendant les années d’abondance. Stocks ayant permis de nourrir les habitants pendant les années de  famine qui ont suivi. Quant à l’authenticité de cette histoire, les exégètes et historiens la mettent en doute. Nous examinerons leurs arguments. Mais au-delà de cette question, une analyse plus poussée de ce récit va nous présenter un aspect méconnu de Joseph et d’ailleurs soigneusement évité par les commentateurs. On notera en effet que les commentaires émanant, tant des milieux religieux juifs que chrétiens, sont toujours admiratifs devant un homme qui a ‘’ sauvé ‘’ les Égyptiens  de la famine.

24 mars 2020

Lucien Sève est mort

Un des derniers écrits de Lucien Sève, philosophe marxien, militant communiste, disparu hier dans la quasi-indifférence des medias. Je garde surtout en mémoire de lui son opposition très "orthodoxe" à la tentative de Roger Garaudy de rénovation du marxisme et du PCF dans les années 65-70, tentative qui échoua pour le plus grand malheur de ce parti. L'oeuvre de Lucien Sève est cependant utile aux philosophes et aux militants, et mérite toute notre estime.

23 mars 2020

¿Tenemos necesidad de Dios?

El título de este artículo no es original, lo utilizó el filósofo francés Roger Garaudy en un libro que publicó en el año 1993. En los momentos más difíciles de la vida, ya sea a nivel individual o colectivo, el ser humano intenta buscar algo a lo que agarrarse y le infunda esperanza y fuerza para seguir adelante. La gran mayoría de personas se encomendaban a Dios en circunstancias adversas. Ahora estamos viviendo uno de esos momentos difíciles y de consecuencias imprevisibles. Los tiempos han cambiado mucho y  la creencia en Dios está en niveles muy bajos, al menos en el mundo occidental.

12 mars 2020

21 août 1968, invasion des troupes du Pacte de Varsovie pour museler le Printemps tchécoslovaque

Le traumatisme du 21 août 1968 crée un effet de souffle jusqu'au sein du bureau politique du PCF qui aboutira à l'exclusion du philosophe officiel du Parti, Roger Garaudy. Ce dernier avait déjà émis des critiques sur le dialogue avec les intellectuels chrétiens et exprimé ses insatisfactions en mai 1968, jugeant la direction du Parti trop timorée vis-à-vis du mouvement étudiant. La crise tchécoslovaque constitue pour lui un nouvel objet de critique, même s'il exprime celle-ci avec prudence,  regrettant que le PCF ne manifeste pas suffisamment sa solidarité avec les Tchécoslovaques, et espérant par ailleurs dans un entretien accordé au Nouvel Observateur en septembre 1968 que la situation évolue : « Je vous répondrai avec Lénine qu'il ne faut pas ériger son impatience en principe théorique [...]. Je comprends le souci de la majorité de mes camarades de la direction du parti de ne pas bousculer le pot de fleurs au moment où les roses sont en train de pousser. » Roger Garaudy pense encore convaincre la direction du Parti en  revenant sur sa première impulsion, qui fut de réprouver l'invasion soviétique, mais le cap pris, désormais, est celui du soutien à la politique de normalisation. À la conférence mondiale des Partis communistes qui se tient à Moscou en 1969, le PCF entérine même le principe de non-ingérence dans les affaires internes de la Tchécoslovaquie, tout en laissant au nom de la normalisation se déployer sans protestation la politique de répression des partisans  du printemps de Prague. Le PC italien se distingue en revanche des  autres partis du pacte de Varsovie en exprimant son désaccord avec cette ligne et trouve en Roger Garaudy un relais de ses positions  en France. Ce dernier publie en effet en 1969 un ouvrage dans  lequel il rompt le silence et assume une critique similaire : « Si je  suis aujourd'hui contraint à rendre public ce débat, c'est que mes suggestions, depuis plus de trois ans, n'ont jamais pu briser le huis  clos du BP [bureau politique] et du C C [comité central]. » S'appuyant sur les enseignements qu'il tire des deux printemps [celui de 68 en France et celui de Prague], Roger Garaudy préconise de transformer le centralisme démocratique et  s'ouvre à l'idée d'autogestion. Lors du XIX e Congrès du PCF en 1970, dans un silence de plomb, il prend la parole pour défendre ses  thèses : il sera exclu du bureau politique deux semaines plus tard.  Même la très officielle revue des intellectuels du PCF, La Nouvelle Critique, qui a pour mission d'incarner l'avant-garde, est ébranlée par les événements en Tchécoslovaquie. Appuyant d'abord ceux qui, au sein de la direction du Parti, soutiennent le printemps de Prague, elle défend fermement l'orientation de Dubcek, dont le discours du 1er avril 1968 devant le comité central est publié en supplément de la revue. Après l'invasion, le dossier tchécoslovaque remplit les colonnes et inspire nombre d'analyses, dont celles de Pierre Juquin et d'André Gisselbrecht, qui ne partagent en rien la doxa en vigueur au Parti d'une intervention préventive devenue nécessaire. Ces articles posent
problème à la direction. Celui de Pierre Juquin, d'une extrême prudence, insiste simplement sur les voies nationales d'accès au socialisme. Celui de Gisselbrecht est plus ouvertement critique, dans la mesure où il « s'attache à développer le contenu du socialisme à visage humain, à partir notamment de la reprise des travaux de R. Richta et d'O. Sik, dont, selon son témoignage, il a pris connaissance par un livre paru en Allemagne et par ses entretiens lors de son voyage, notamment avec l'écrivain, proche de Milan Kundera, Antonin Liehm ». Gisselbrecht est convoqué par Roland Leroy, qui dénonce dans son article une apologie à peine dissimulée de la politique de Dubcek. La direction impose à La Nouvelle Critique de modifier son orientation au nom d'un nécessaire combat à la fois contre la ligne Garaudy, qualifiée de liquidatrice du Parti, et contre la ligne conservatrice de Jeannette Thorez-Vermeersch.

FRANÇOIS DOSSE
L A SAGA DES INTELLECTUELS FRANÇAIS
II . L'AVENIR EN MIETTES (1968-1989) G A L L I M A R D

pp 232 à 234

10 mars 2020

2017-2020

J'avais publié ce texte (de tonalité "garaudiste" évidemment) au soir du premier tour de l'élection présidentielle de 2017. Les développements économiques, politiques et sociaux depuis 2017 ne l'invalident pas me semble-t-il, le voici donc à nouveau avec quelques modifications de détail. N'hésitez pas à m'envoyer vos commentaires par le formulaire de contact (colonne de gauche du blog), je les publierai sans la moindre censure.

Suivant la formule consacrée, au premier tour on choisit et au deuxième on élimine, je comprends donc celles et ceux qui vont voter Macron pour éliminer la candidate d’un parti raciste, xénophobe et chauvin, je comprends aussi celles et ceux qui vont voter Le Pen pour éliminer le gendre idéal du parti du capital mondialisé à l’origine de nos difficultés à vivre dignement.
Les problèmes qui se posent à nous – l’exploitation éhontée des hommes et de la nature par le capital parasitaire, la dictature du monothéisme du marché qui en découle, les guerres qui grondent à nos frontières et plus loin, la faim dans le monde, les émigrations, le chômage de masse – ne peuvent trouver de début de solution que dans le double mouvement d’une coordination universelle des efforts des peuples et du respect de la diversité et de l’indépendance de chacun de ces peuples.
Ni Macron ni Le Pen ne proposent d’en finir avec aucune de ces dérives. Tous deux sont les mandataires du capitalisme, le plus « moderne » pour Macron, le plus rétrograde pour Le Pen. Cette dernière veut refermer sur elle-même une France qui ne vit que dans l’universalisme et Macron est le chantre d’une Union Européenne libérale,  anti-sociale et « otanisée ».
Voter Macron en 2017, c’est élire Le Pen en 2022, car la politique hollando-sarkoziste qu’il propose aboutira aux mêmes malheurs, aux mêmes injustices et aux mêmes frustrations que celle de ses deux prédécesseurs.

La vraie alternative au « Front républicain » et au « Front national » c’est donc le développement des luttes collectives. En appeler à l’union des forces du travail, de la jeunesse et de la culture, c’est  s’adresser au courage, à l’esprit d’initiative, au désir d’action positive, démocratique, des militants de base du mouvement syndical, politique, associatif.

Il faudra un jour en finir avec la dictature du marché.  En finir avec les vieilles conceptions de la propriété et de la nation. En finir avec le mythe d’un progrès, d’un développement humain purement quantitatif. En finir avec les inégalités, les exclusions et les violences découlant de cette dictature et de ce « progrès. »

La liberté, la démocratie, c’est chacun(e) participant aux décisions. Le développement c’est créer les conditions  pour que tous les membres de la société disposent au départ de chances égales d’épanouissement personnel. Le progrès c’est pour chacune et chacun prendre conscience qu’il doit s’engager - là où il est et dans la forme qu’il souhaite -  parce qu’il ou elle est responsable pour ce qui le concerne de l’avenir commun. 

AR