28 août 2017

De l'âge de la relativité à l'âge de l'ordinateur

La science et la technique occidentales (suite et fin)

L'âge de la relativité et des quanta. Loin d'être un
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système achevé, toute la physique classique et ses
postulats mécanistes ont été remis en question au début du XXe siècle.
L'expérience de Michelson et Morlay débouchait
sur cette constatation paradoxale: la vitesse de la
lumière est indépendante du mouvement de la source
lumineuse el de celui de l'observateur. Pour rendre
compte de ce fait. Einstein, en rupture avec les
postulats de la mécanique classique, est amené à
considérer qu'il n'existe pas de temps et d'espace
constituant un cadre immuable à l'intérieur duquel se
déplaceraient des points matériels également immuables.
C'est pourquoi il n'y a pas de référence absolue
comme prétendait l'être l'espace euclidien, conçu à
partir des expériences à notre échelle, et toujours
valable à ce niveau, mais non au niveau de l'infiniment
grand ou de l'infiniment petit. L'espace géométrique et
l'espace physique ne font qu'un. Les objets se
« contractent » et les durées se dilatent. La masse d'un
corps n'est plus fixe : elle s'accroît avec la vitesse.
D'où il s'ensuit qu'il n'y a pas de frontière entre
la matière et l'énergie. Existe seulement un champ
unique dans lequel ce qu'on appelle un atome ou une
particule n'est pas une bille compacte en laquelle il ne
se passe rien et séparée des autres par un vide, mais un
point singulier, comme une vague dans la houle du
champ.

Quant au rayonnement du corps noir il montrait,
contrairement à la physique classique, qu'un corps
noir n'absorbe pas toutes les radiations, certaines
d'entre elles, nommées par Roentgen qui les découvrit
en 1895 « rayons X », traversent le corps noir. L'explication
fut donnée par Max Planck montrant que la
lumière avait une structure « granulaire » , qu'elle était
une' émission discontinue de particules avec une
dimension ou une périodicité définie à partir de la
« constante de Planck » (découverte en 1900). Max
Planck lui donne le nom de « quantum élémentaire
d'action ».
Cette « théorie des quanta » est le deuxième
élément de subversion de la mécanique classique dont
elle rejette tous les postulats, Substituant au déterminisme
mécanique un déterminisme statistique, à l'idée
 d'une nature indépendante de l'observateur, celle d'une
 action réciproque, à la référence absolue, l'idée que les
particules élémentaires sont « des individus » mal
définis dans le cadre de l'espace et du temps, attribuant
enfin aux particules à la fois des propriétés de
corpuscule et des propriétés d'ondes qui définissent
une « probabilité de présence ».

L'âge du nucléaire, de l'ordinateur et de la
télévision. L'ensemble de ces découvertes, non seulement ne privait pas le physicien des prises sur la nature acquises par la mécanique classique, mais lui donnait sur cette nature un pouvoir de manipulation sans commune mesure avec ceux qui avaient été conquis dans le passé.
Lorsque Joliot-Curie eut découvert qu'un noyau
d'uranium, en se brisant, émettait des neutrons
capables de briser à leur tour d'autres noyaux, cette
« réaction en chaîne » mettait à la disposition de
l'homme une forme d'énergie nouvelle qui permit,
malgré l'objection de conscience exemplaire de Joliot-
Curie, de fabriquer d'abord des bombes atomiques,
puis des centrales nucléaires, au risque de produire des déséquilibres écologiques mettant en danger l'espèce humaine à l'échelle planétaire.
Dans le même temps, l'expansion de la radio
(depuis 1921 à la tour Eiffel) et de la télévision a
permis non pas la diffusion des trésors de la culture de
tous les peuples et de leur sagesse dans la réflexion sur les fins, mais la manipulation et le conditionnement des esprits par la présentation des comportements les plus violents ou les plus déshumanisés, aliénés et aliénants.
Quant à l'autre grande et merveilleuse découverte
du siècle : l'ordinateur, elle a été d'abord utilisée à des
fins militaires lors de la Deuxième Guerre mondiale et, aujourd'hui, pour l'essentiel, à la gestion des affaires et à la gestion de fichiers électroniques à usage policier, beaucoup plus que pour la mise en ordre et la diffusion de la culture passée, et comme instrument de recherche et de découverte.


Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain
pages 322 à 324

26 août 2017

Mécanisme et positivisme en philosophie

La science et la technique occidentales (suite) 


Mécanisme et positivisme en philosophie. Ces
deux premières étapes du développement de la
physique ont donné naissance à l'idéologie mécaniste
et au positivisme.
La mécanique, c'est la croyance en la possibilité de
tout expliquer par le déterminisme des lois de la
mécanique rationnelle.
Cette idéologie mécaniste de la physique de
Galilée, de Descartes, de Newton et de Laplace, repose
sur cinq postulats :
1. Le monde existe objectivement, indépendamment
de tout observateur.
2. Le mouvement des choses peut être décrit dans
une « arène » immuable constituée par l'espace et le
temps.
3. Tout objet peut se définir par un ensemble de
 « points matériels » reliés par des lois (exprimables en
équations) extérieures aux objets qu'elles régissent.
4. Si l'on donne toutes les positions et toutes les
vitesses initiales d'un système de « points matériels »,
l'on peut en déduire tous les états passés et en prédire
tous les états futurs.
5. Les lois de la nature, en nombre fini et bien
déterminé, constituent un système clos.

De cet état de la science est né le positivisme
d'Auguste Comte, qui revendique l'héritage de Galilée,
de Descartes, de Hume et de Condorcet.
Le caractère fondamental du positivisme est de
confondre science et scientisme.
Le scientisme, c'est fa croyance selon laquelle la
science ne peut être rien d'autre que la définition des
faits apparaissant dans l'expérience des sens, et la
liaison de ces faits par des lois et des rapports constants.
On en conclut alors que tout problème ne relevant
pas de la science ainsi définie est un faux problème,
qualifié de « théologique » ou de « métaphysique »
comme par exemple les problèmes d'origine et les
problèmes de finalité. Le propre de la pensée positiviste
est de ne se poser toujours que la question du
« comment » et jamais celle du « pourquoi ».

Cette conception dogmatique et étroite de la
science, Auguste Comté l'applique à tous les domaines,
notamment à la « sociologie », qu'il considère comme
une « physique sociale » où l'homme est soumis au
même déterminisme que les choses.
De là découle une politique foncièrement conservatrice,
car l'avenir de toute société, selon cette
conception, est le prolongement de son passé.
De ce dogmatisme scientiste, Auguste Comte a fait
aisément une nouvelle « religion », sous-jacente
d'ailleurs, même si elle ne se proclame pas religion, à
toutes les extensions, au domaine politique, de ce
scientisme étroit, de Staline à Jacques Monod.
Imbus de ce scientisme positiviste, nombre de savants,
à la fin du XIXe siècle, crurent que la physique
avait atteint la vérité absolue et que l'édifice en était
achevé. Ainsi le premier maître de Max Planck,
Kirchhoff, disait-il par exemple qu'il suffirait désormais
d'ajouter quelques chiffres après les décimales des
résultats déjà connus.
Le grand physicien Lord Kelvin affirmait qu'il n'y
axait plus que deux petits nuages obscurs à l'horizon :
l'expérience de Michelson et Morlay, et l'impossibilité
d'expliquer, pai la physique classique, la radiation du
corps noir.
Au début du XXe siècle, ces deux petits nuages ont
envahi tout le ciel et englouti la mécanique classique
avec son cortège d'idéologie scientiste prétendant
sacraliser la science.


Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain,
pages 320-322

25 août 2017

Liberté pour Salah Hamouri !

URGENT: Salah Hamouri a été arrêté dans la nuit du 22 au 23 août par les forces d'occupation israéliennes, dans l'arbitraire le plus total.Déjà emprisonné sans motif de 2005 à 2011, le militant franco-palestinien Salah Hamouri a été brutalement réveillé en plein milieu de la nuit dernière à son domicile de Jérusalem-Est par l’armée d’occupation israélienne.Comme des milliers d'autres palestinien-n-e-s,  Salah a été placé en détention sans raison valable, de manière reconductible et sans possibilité de consulter un avocat.Nous ne pouvons rester silencieux face à cette injuste démonstration de force de l’occupant!Nous apportons notre pleine solidarité à Salah et à ses proches, et demandons aux autorités françaises d'agir immédiatement pour la libération de Salah Hamouri.

#LibertéPourSalahHamouri !​

#FreeSalahHamouri !


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22 août 2017

L'âge du machinisme et de l'électricité

Suite de "La science et la technique occidentales"

La deuxième étape se situe au XIXe siècle.
Elle s'ouvre, en 1800, avec la création de la pile
électrique par Volta, et ses conséquences (notamment
l'électrolyse qui permet d'isoler les éléments chimiques)
et la généralisation de ses lois par Ampère (1775-
1836).
Au cours du siècle se déploient les applications de
la découverte de l'électricité : l'éclairage par la lampe à
incandescence, le télégraphe, le téléphone, et surtout la
dynamo qui permet la transformation de l'énergie
mécanique en électricité et l'opération inverse par
laquelle le courant actionne les moteurs.
Les problèmes posés par l'augmentation du
rendement de la machine à vapeur conduisent à la
découverte des lois de la thermodynamique dans les
trois premiers pays industriels : par Carnot dans ses
Réflexions sur la puissance motrice du feu et les
machines propres à développer cette puissance (1824),
par Joule en Angleterre, et par Mayer en Allemagne,
qui établissent les lois de l'équivalence entre la chaleur
et l'énergie.
Depuis 1802 fonctionnent en Angleterre les
premiers chemins de fer utilisés d'abord pour le
transport de la houille.


Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain
page 318                                                            A SUIVRE

20 août 2017

L'âge de la mécanique et de la vapeur (XVIIe-XVIIIe s.)

La science et la technique occidentales (suite)
L'âge de la mécanique et de la vapeur


Canon du 16e siècle. Le canon, machine monocylindrée à combustion interne,
ancêtre de tous les moteurs modernes à explosion contrôlée.

















La première étape, aux XVIIe et XVIIIe siècles,
est dominée par 
Galilée (1564-1642), Descartes (1596-1650),
Newton 
(1642-1727).
Galilée est le fondateur de la physique moderne
dont il a marqué les deux caractéristiques fondamentales:
le rôle de l'expérience, les lois mathématiques.
Descartes, en créant la géométrie analytique, a
permis de décrire le mouvement des choses, et de
développer la mécanique en affirmant la supériorité du
quantitatif. Son intention, caractéristique de la
Renaissance, est de créer une science qui « nous rende
maîtres et possesseurs de la nature ». Il applique les lois
de la mécanique aux « passions » de l'homme,
qui devient ainsi objet, comme les choses, et comme
elles soumis à la manipulation scientifique et technique.
Newton, dans ses Principes mathématiques de la
philosophie de la nature ( 1687), énonce les principes de
base de la mécanique, notamment celui de l'« attraction
universelle » : la matière attire la matière en raison
directe des masses et en fonction inverse du carré de la
distance.
A partir de ces principes se multiplient les
découvertes scientifiques et techniques permettant
l'exploration de la nature (en optique : la lunette de
Galilée, le télescope et le microscope) et la manipulation
de cette même nature, avec la découverte décisive
de la machine à vapeur par Denis Papin( 1647-1714), et
sa mise en oeuvre dans les mines et les manufactures
anglaises de fer et de coton, à partir du brevet pris par
Newcomen en 1705, et des travaux de James Watt ( 1736-
1819), et par le lancement du premier bateau à vapeur
par Fulton en 1807.

Roger Garaudy, Comment l'homme devint humain, pp 316-317
A SUIVRE

18 août 2017

La science et la technique occidentales

La trajectoire scientifique et technique de l'Occident
peut être tracée à partir de l'évolution typique de
la physique, qui a été, du XVIe au XXe siècle, l'élément
moteur, en raison de son importance pour le développement
du machinisme.
Cette évolution s'est faite en trois étapes .
Le XVIIe  et le XVIIIe siècles sont dominés par les
progrès de la mécanique et l'apparition de la machine à
vapeur et de ses applications, dont la « révolution
industrielle » constituera l'aboutissement.
Le XIXe siècle est caractérisé par les applications
de l'électricité et la découverte du moteur à explosion,
et, sur le plan de l'interprétation idéologique, par le
mécanisme de Laplace et le positivisme d'Auguste
Comte.
Au XXe siècle, sont remis en cause les fondements
mêmes de la physique avec la théorie de la relativité
d'Einstein et la physique des quanta de Planck.
Par ailleurs, une série d'applications pratiques des découvertes
antérieures a bouleversé la vie de la planète : la
mise en oeuvre de l'énergie nucléaire, l'utilisation des
ordinateurs, l'expansion massive de la radio-télévision.

Roger GARAUDY
Comment l'homme devint humain, pages 315-316      A SUIVRE

16 août 2017

L'art de la Renaissance et l'art du 20e siècle

L’homme occidental à travers son art (suite)


L'art de la Renaissance. L'économie marchande et la
concentration urbaine, le commerce à longue distance,
ont créé une forme nouvelle d'économie : le capitalisme.
La classe qui détient les formes nouvelles de la
richesse est en pleine ascension. Les découvertes
scientifiques et techniques, à la fois cause et conséquence
de cette métamorphose de l a société, l'exploration
des mondes nouveaux, tout relativise les valeurs
anciennes, fait passer l'esprit d'entreprise et d'aventure
avant les vertus anciennes de l'obéissance et de la  
                                                                                                  
 Dessin de Léonard de Vinci.
Les proportions du corps humain
d'après Vitruve. Vers 1492.
(Académie royale, Venise.)
résignation, les valeurs de la raison qui transforme le
monde avant celles de la contemplation et de la foi.
Le langage plastique est bouleversé par cette
nouvelle vision du monde et de l'homme. La perspective
n'est plus théocentrique comme dans l'art
byzantin ; l'espace n'est plus compartimenté, comme
dans la peinture gothique. La perspective est définie à
partir de l'homme, de l'homme individuel. Tout
s'ordonne à partir de son regard. Il est le centre et la
mesure de toutes choses. Il prend possession de
l'espace, qui devient le chantier de son activité. Tous
les compartimentages sont balayés et, jusqu'à l'horizon
d'un espace sans limite, règne un seul réseau géométrique
de rapports où tout est mesurable, transparent à la
raison, soumis à la maîtrise de l'homme q u i a pris la
relève de Dieu.
A l'humanisation du divin a succédé une divinisation
de l'homme.

L'art du XXe siècle.Cette esthétique de la
Renaissance, définissant la peinture comme reconstruction
du monde selon un plan humain, régnera
pendant trois siècles. Elle dégénérera en académisme
dès la fin du XVIIe siècle (c'est-à-dire qu'elle continuera
à mettre en oeuvre les mêmes formules mais sans être
vivifiée par l'expérience conquérante du monde qui en
était l'âme).
Elle ne commencera à être mise en question que
lorsque seront elles-mêmes mises en question les fins de
la vie et de l'histoire. Avec la Révolution française
germe l'idée que l'homme peut créer un autre ordre de
la société (au lieu de se limiter à reconstruire l'ordre
existant). La conception même de l'art s'en trouve
changée. Tout comme dans les sciences, la vérité
apparaîtra de moins en moins comme une concordance
de l'idée avec les choses, avec un monde tout fait ;
l'Allemagne de Goethe et de Fichte, comme l'écrira
Delacroix après Madame de Staël, « ne considérait
point l'imitation de la nature comme le principal objet
de l'art ».
Le rôle de l'art sera de plus en plus de créer un
univers autonome ayant ses lois propres. Il n'aura plus
pour tâche n i d'évoquer un ordre divin ni d'explorer
l'ordre naturel, mais de préfigurer un ordre futur, un
ordre possible.
Cette conception, née en Allemagne dès la fin du
XVIIIe siècle, se développa notamment avec Turner,
avec Delacroix, Baudelaire, puis Manet, Van Gogh et
Gauguin, Paul Klee, Matisse et Picasso, Delaunay et
Mondrian.
Dans cette nouvelle voie, les artistes cherchent des
confirmations de leurs recherches dans les arts non occidentaux:
Manet découvrira l'arabesque et l'aplat
de couleur chez les Japonais ; Van Gogh seul retrouvera,
Picasso,
« Femme à la Mandoline », 1909.
du dedans, l'âme de la peinture japonaise et pas seulement ses procédés; Matisse et Paul Klee découvriront les arts de l'islam ; les expressionnistes
allemands, les cubistes, les surréalistes, les arts de l'Afrique et de l'Océanie ; les peintres de l'« action painting » retrouveront la démarche de la peinture Zen et les abstraits, la calligraphie chinoise ou les grands mythes amérindiens.
En dehors de cet effort de renouvellement par une intégration des plus hautes découvertes de l'art de tous les peuples et de tous les temps, il n'y a que des aventuriers du « non-art », en quête d'aberrations inédites et capables seulement de refléter la désintégration d'un monde occidental de la croissance sans finalité humaine.
Un réseau commercial de galeries marchandes, relayé par la publicité, se charge de faire croire qu'il  s'agit là d'art et d'originalité subversive, et de donner à
ces déchets un prix.

En dehors des errants, les peintres occidentaux les
plus conscients cherchent à rejoindre, après vingt
siècles de sécession, la voie royale de l'art mondial :
« rendre visible l'invisible », comme l'écrit Paul Klee
et, selon un artiste Song du XIe  siècle : « Faire pousser
des branches nouvelles sur l'arbre de la réalité. »


Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain
pages 306 à 313