24 juillet 2011

Interview de Roger Garaudy à la revue "L'autre histoire"

Texte de l'interview de Roger Garaudy, dans la revue l'Autre histoire, après la publication des "Mythes fondateurs de la politique israélienne"(1995).

Question : Monsieur Garaudy, pouvez-vous présenter en quelques mots votre itinéraire philosophique ?
A l'origine, je suis un philosophe. J'ai toujours voulu donner un sens à la vie de l'homme. Tout au long de ma carrière, j'ai suivi un principe simple, combattre 2000 ans de philosophie de l'être au profit d'une philosophie de l'action dont j'ai puisé les éléments fondateurs chez Fichte, Hegel et, surtout, Marx. Toutefois, j'ai également ressenti très vite qu'il manquait une dimension à cette philosophie, celle de la transcendance. J'étais convaincu qu'une philosophie de l'acte avait davantage de besoin de transcendance que de déterminisme.
Le fait que le déterminisme soit un conservatisme a, par exemple, été bien compris par un homme aussi éloigné de moi que Maurras.
Voilà pourquoi j'ai, dès 1933, été passionné par l'idée de la transcendance et que j'ai pensé l'homme dans toutes ses dimensions.
Une des clefs de la transcendance était à mes yeux la personnalité de Jésus (mais non pas telle qu'elle nous est rapportée par saint Paul).
Jésus rompait avec la notion de Dieu hérité de la Thora, ce Dieu vengeur, ordonnateur de sacrifices et imposant sa volonté du haut vers le bas comme un moloch.
Jésus inaugurait à mes yeux une nouvelle transcendance, celle des humbles, celle qui va du bas vers le haut. Cette transcendance ennoblissait l'homme, ne l'écrasait pas.
Ayant aussi au coeur de ma pensée la volonté marxiste de transformer le monde et non pas celle de me limiter à l'interpréter, j'ai été porté à m'intéresser à l'islam. Mahomet nous enseigne que Dieu n'a pas créé le monde une fois pour toutes. Le Quran nous dit que l'homme est son khalife. J'avais compris cet aspect des choses dès 1948 lorsque j'ai publié le roman "Le 8e Jour de la création".
Voilà, résumées en peu de mots mes idées philosophiques de base.

Q : Comment avez fait votre entrée dans le Parti communiste ?
Après la Seconde Guerre mondiale, le parti communiste semblait être le seul acteur réel de transformation de la société française et du monde. Après les horreurs des années quarante, il apportait un véritable espoir de changement. Mes convictions philosophiques et ma volonté personnelle de contribuer à l'unification du monde m'y conduisaient donc très naturellement.
Toutefois, mon premier engagement, je ne l'ai pas vécu au sein du communisme, mais dans la foi. Au grand étonnement de mon père qui était libre-penseur, j'avais rejoint auparavant le protestantisme qui me permettait de mieux vivre mon exigence religieuse.
J'ai pris ma carte au parti communiste alors que j'avais des responsabilités au sein du mouvement des étudiants protestants. Le parti n'a fait aucune difficulté à mon adhésion, bien au contraire.
En revanche, mes amis protestants m'ont demandé de choisir entre mes convictions religieuses et politiques.
Au sein du parti j'ai conservé l'intérêt que je portait aux religions et à la dimension spirituelle de l'homme. En 1958 j'ai animé des dialogues avec des chrétiens. J'ai même publié dans les "Cahiers du communisme" un article très favorable aux interrogations de l'église catholique au moment du concile Vatican II.
Évidemment, mes orientations ne plaisaient pas à tous les communistes. Mais je n'étais pas pour autant isolé. Avec les camarades qui partageaient mes convictions, Lombardo Radice du parti communiste italien et Manuel Ascarate du parti communiste espagnol, nous étions surnommés les trois mousquetaires.
Face à nous, nous pouvions compter sur des théologiens d'une grande valeur comme Chenu, Rahner, J. Moldeman, le père Cafarena, A. Bolardo avec qui nous avons défriché des chemins permettant une fécondation réciproque.

Q : Comment s'est faite votre évolution vers l'islam ?
L'islam, dans le Quran, n'est pas une religion nouvelle mais le rappel de la religion fondamentale et première depuis que Dieu a insufflé son esprit dans le premier homme.
Cette religion des origines a été interprétée différemment selon les lieux et selon les cultures. On ne peut pas enserrer Dieu d'une seule perspective. Ce n'est pas de l'éclectisme mais l'acceptation de sa transcendance.
Je ne nie pas les différences qui existent entre le christianisme et l'islam, notamment sur le plan de la pratique religieuse, mais j'affirme que l'on peut se dire chrétien et musulman car mon but est de faire comprendre au plus grand nombre qu'il n'existe qu'une seule foi.

Q : Vous affirmez que l'on peut se dire chrétien musulman. Le cardinal de Paris affirme quant à lui que l'on peut se dire juif et chrétien. Peut-on alors se dire juif et musulman ?
Le cardinal Luztiger affecte d'oublier qu'il existe une rupture fondamentale, essentielle, entre le Dieu de la Thora et le Dieu de Jésus. Cette rupture n'existe pas entre le christianisme et l'islam qui ne comporte pas l'idée de « peuple élu ».
Le cardinal s'abuse lui-même lorsqu'il prétend que l'on peut être à la fois juif et chrétien. A moins qu'il ne veuille abuser les autres.

Q : Comment voyez-vous la continuité entre le christianisme et l'islam ?
Les grands soufis musulmans affirment qu'un chrétien qui devient musulman ne change pas de religion. Pour Ibn Arabi, Jésus est le sceau de la sainteté.
Il serait naïf d'ignorer les différences entre les deux religions, mais ce qui est commun aux deux religions est plus important que ce qui les sépare.
L'islam n'est pas plus la propriété des Arabes que le christianisme n'est l'apanage des Européens.

Q : Comment vivez-vous votre islam ?
Vivre l'islam, c'est vouloir être un avec le tout. J'utilise à dessein cette phrase car elle a été écrite par un taoïste. Rien de mieux pourtant pour définir mon vécu islamique !
Élargissons la perspective et abordons la chari'a (telle qu'elle est définie dans le Quran dans la sourate 42, verset 13, et qui la considère commune à toutes les religions). Le livre saint nous demande d'agir selon les trois principes suivants :
- « Dieu seul possède ». Selon le Quran, la notion de propriété absolue n'existe pas (contrairement au droit romain). On n'est que le gérant des biens que vous confie Dieu. Par exemple, un paysan qui ne cultive pas sa terre peut en être dépossédé pour qu'elle soit confiée à un cultivateur qui la travaille.
- « Dieu seul commande ». Il ne s'agit pas bien sûr d'une affirmation théocratique, mais bien au contraire l'affirmation que nul ne peut parler au nom de Dieu et nul ne peut commander les hommes en son nom.
- « Dieu seul sait ». Ce principe rend possible toute discussion et tout révisionnisme, car si seul Dieu sait, les hommes peuvent se tromper et nul ne peut affirmer posséder la vérité.
Etre musulman c'est agir en respectant ces trois principes, car c'est agir humainement. Tout le reste dépend du contexte culturel.

Q : Comment s'est faite votre rupture avec le parti communiste ?
Ma rupture remonte à 1968. Dans ce phénomène social, il fallait voir plus loin que l'anarchie apparente.
Pour moi ce mouvement exprimait le sentiment que le système était plus dangereux par ses succès que par ses échecs. En fait, ils remettaient en cause le principe même de cette société. Malheureusement, le parti communiste n'a pas compris la signification du phénomène qui se déroulait sous ses yeux. J'ai eu l'occasion de dire à Georges Marchais : « Tu seras le fossoyeur du parti ». Ma prédiction s'est réalisée, le parti est tombé sur les bas côtés de l'histoire car il n'a pas été capable de voir et de comprendre ce qui se passait sous ses yeux. 

Q : Vous avez donc quitté le parti ?
Je n'ai pas quitté le parti, c'est le parti qui m'a exclu en 1970 lorsque j'ai dit : « l'Union soviétique n'est pas un pays socialiste ».

Q : A quelle occasion avez-vous prononcé ces paroles ?
 Au moment de l'invasion de la Tchécoslovaquie.

Q : Qu'avez-vous fait après votre exclusion du parti ?
Ce fut un des moments les plus pénibles de mon existence. J'ai même songé au suicide. J'ai renoué avec mes activités de professeur et j'ai repris mes recherches en faveur d'une alternative. En 1974 j'ai créé un Institut international pour le dialogue des cultures car j'avais conscience que notre grande erreur était d'être restés des occidentaux. Nous devions nous ouvrir au monde et aux autres grandes cultures, l'islam, l'hindouisme, la Chine.
C'est en ayant pour objectif cette ambition d'unifier spirituellement le monde que j'ai entrepris de m'attaquer aux intégrismes.
Dans mon livre "Avons-nous besoin de Dieu ?", j'ai critiqué l'intégrisme catholique romain en écrivant notamment que Jésus, à la différence de saint Paul, ne peut fonder des théologies de la domination.
Ensuite, j'ai publié "Grandeur et décadences de l'islam", où je dénonce « l'islamisme », maladie de l'Islam.
Enfin, dans mon dernier ouvrage, "Les Mythes fondateurs de la politique israélienne", j'analyse l'hérésie sioniste qui remplace le Dieu d'Israël par l'état d'Israël.

Q : Quelles furent les réactions soulevées par ces livres.
Pour les deux premiers les réactions normales que suscite toute polémique. Ce qui est en soi normal et fécond. Mon livre sur l'islam a trouvé un accueil enthousiaste parmi le peuple, j'ai reçu l'appui des intellectuels et j'ai déclenché la colère des dirigeants.

Q : Quelle a été la genèse du livre "Les Mythes fondateurs de la politique israélienne" ?
Ma démarche est avant tout politique. Je ne m'intéresse pas aux points de détail de l'histoire. Je considère que le meurtre de juifs durant la Seconde Guerre mondiale est un fait.
Je m'intéresse en revanche bien plus au rôle d'Israël en tant que « bastion avancé de l'Occident contre la barbarie » ainsi que le voulait Herzl, le fondateur du sionisme. Aujourd'hui la prophétie de Herzl s'est réalisée, mais au profit des Etats-Unis.
Les Américains sont un coin enfoncé dans le monde non-occidental et Israël est leur avant-garde dans une région cruciale pour l'avenir du monde, le Proche Orient.
Il existe des relations ambiguës entre ces deux pays. Sans les Etats-Unis, Israël ne peut pas exister et, en contre partie de l'appui financier américain, l'état sioniste sert les intérêts de Washington. D'un autre côté, les sionistes jouent un rôle considérable aux Etats-Unis dans la vie politique et médiatique.
En soutenant les intérêts de l'état sioniste, les présidents des Etats-Unis assurent leurs arrières. Sachez qu'Israël a été condamné 197 fois par l'ONU sans que cela ait la moindre conséquence.
Je me suis donc posé la question : comment un peuple peut-il se placer à ce point au-dessus des lois ?
J'ai donc cherché des justifications mythologiques, idéologiques et je me suis interrogé sur l'exploitation historique des persécutions des juifs durant le dernier conflit mondial.

Q : Pourquoi avez-vous confié votre manuscrit à la "Vieille Taupe" ?
La liberté d'expression en France est non seulement restreinte par la loi, mais aussi par les éléments les plus radicaux au service du lobby. Prenons l'exemple de mes deux précédents livres. "L'Affaire Israël", son éditeur n'a pas pu faire diffuser le livre et a connu des difficultés telles qu'il a fait faillite. Le suivant, "Palestine terre des messages divins", les libraires qui osaient le mettre en vente recevaient des messages de menaces et s'ils persévéraient, des pierres dans la vitrine.
Je me suis trouvé avec un manuscrit qui risquait de causer de graves troubles à l'éditeur qui aurait accepté de le publier. C'était pour moi un cas de conscience.
Pierre Guillaume a publié mon texte dans la publication qu'il réserve à ses amis ce qui en fait un courrier personnel. Par conséquent, toute poursuite contre lui est illégale.
Un abonné de Pierre Guillaume a remis un exemplaire au MRAP qui a annoncé urbi et orbi qu'il allait porter plainte contre moi. En réalité, c'est une dissidence de l'association de déportés dont je fais partie qui a porté plainte au titre de la loi Gayssot.
N'est-il pas extraordinaire de constater que la LICRA a jugé bon d'exclure l'abbé Pierre de ses rangs pour m'avoir apporté son soutien ?
Quel paradoxe. J'étais déporté avec Bernard Lecache, le fondateur de la LICRA. Dans le camp, j'assurais les cours clandestins sur les prophètes d'Israël. Bernard m'apportait le concours de sa mémoire car il connaissait les textes mieux que moi. Un vieux verrier athée, est venu me voir un soir, après une lecture du prophète Amos. Il m'a dit : « ton truc me donne un renforcement de courage ». Et bien, ce sont des mots comme ceux-là qui justifient une vie.
Dans la même veine, une journaliste du Figaro m'a avoué avoir téléphoné au MRAP pour avoir des renseignements sur la plainte que cette association allait déposer contre moi et elle a eu la stupéfaction d'apprendre de la bouche même de l'avocat de cette association qu'il n'avait même pas lu mon livre ! En définitive, sans le claironner, le MRAP n'a pas porté plainte.
La plainte déposée contre moi m'a valu une convocation par la police judiciaire. Les fonctionnaires ont été d'une correction parfaite. En juin 1996, j'ai été convoqué par un juge d'instruction qui me signifia ma mise en examen au titre de la funeste loi Gayssot. Je me suis rendu au palais de Justice de Paris, accompagné par mon conseil, Me Jacques Vergès, où j'ai rencontré un magistrat d'une grande civilité. Nous avons consulté le dossier et mon avocat et moi avons constaté qu'il était vide de tout argument sérieux.
Selon toute évidence, certains préféreraient enterrer l'affaire car le prétoire m'offrirait une tribune de plus pour m'adresser aux citoyens honnêtes.

Q : Quel peut être l'impact de votre livre sur les milieux juifs et sionistes.
Vous faites bien de distinguer les deux éléments du peuple juif. Le sionisme est aujourd'hui la fraction dominante au sein de la communauté juive car il flatte les passions nationales et l'orgueil tribal. Mais il existe des juifs qui n'ont pas accepté l'hérésie sioniste et qui voient les dangers qu'elle comporte pour l'âme de leur peuple et pour leur foi.
Il est difficile de percevoir l'impact de cet ouvrage sur les sionistes. Je crois qu'il peut exacerber leurs divisions, entre la droite travailliste, traditionnellement pro britannique puis pro américaine, en d'autres termes, les juifs occidentalisés ; et la droite israélienne, héritière du groupe Stern, celui qui offrait à l'Allemagne hitlérienne son alliance militaire et qui aujourd'hui s'engage dans le nationalisme le plus exacerbé.
Je souhaite que ce livre puisse être traduit au plus vite en hébreu et publié en Israël pour susciter dans ce pays un véritable débat public. Car Israël n'a d'avenir dans le concert des peuples que s'il est « désionisé »...






22 juillet 2011

Biographie de Roger Garaudy par Michel Dreyfus (dans le Maitron)

 Voici la biographie - partielle, partiale et d'un à-peu-près outrageusement partisan - que le "Maitron" (dictionnaire du mouvement ouvrier et du mouvement social) dresse de Roger Garaudy:

GARAUDY Roger, Jean, Charles

Né le 17 juillet 1913 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; professeur de philosophie ; dirigeant du Parti communiste français, directeur du Centre d’études et de recherches marxistes (CERM) de 1956 à 1969, exclu du PCF en 1970 ; animateur des Centres d’initiative communiste (1970-1974) ; converti à l’Islam en 1982 ; défenseur d’un « antisionisme » de plus en plus proche du négationnisme ; député du Tarn (1946-1951), député (1956-1958) puis sénateur de la Seine (1959-1962).

Roger Garaudy naquit à Marseille dans une famille petite bourgeoise dont il fut le fils unique. Sa mère, Marie Maurin, était modiste. Son père, Charles, comptable ou employé de commerce, revint de la Grande Guerre « physiquement diminué et mentalement traumatisé » (Michaël Prazan, Adrien Minard, Roger Garaudy. Itinéraire d’une négation, p. 55), ce qui explique que le petit Roger devînt pupille de la Nation. Il fit ses études au lycée de Marseille, au lycée Henri-IV à Paris, à la Faculté d’Aix et enfin à la Faculté des lettres de Strasbourg en 1935-1936. À l’issue de cette année universitaire, il fut reçu à l’agrégation de philosophie.
Issu d’une famille athée, il s’était converti au protestantisme à l’âge de quatorze ans. Les raisons de cette conversion demeurent inconnues : voulait-il ainsi rompre avec l’athéisme familial ? En 1933, il adhéra au Parti communiste sans cesser d’être chrétien et, dans les trois ans qui suivirent, assista à Aix-en-Provence aux conférences de Maurice Blondel, peut-être sous l’influence d’Henriette Vialatte qui, jeune catholique, allait alors devenir bientôt sa première épouse. À Strasbourg, il se lia au Cercle évangélique et fréquenta des théologiens ; il s’intéressait à cette époque à la pensée de Karl Barth et de Kierkegaard. Mais, pendant les mêmes années, il se plongea avec passion et méthode dans l’œuvre de Karl Marx.
Il fut nommé en 1936 professeur de philosophie au lycée d’Albi (Tarn) et y occupa le poste qui avait été celui de Jean Jaurès. Probablement influencé par un tel souvenir, il se mit à étudier avec attention l’œuvre du grand dirigeant socialiste. En 1937, il écrivit un roman, Le premier jour de ma vie, dont il envoya le manuscrit à Romain Rolland* qu’il admirait également beaucoup. Celui-ci prit la peine de lui répondre une longue lettre d’encouragement.

C’est également en 1937 que Roger Garaudy fut élu membre du bureau de la fédération communiste du Tarn. Dans ce département, il connut à Noailles « le père Dupont », un patriarche du socialisme français « qui avait seize ans au temps de la Commune de Paris ». Roger Garaudy rencontra chez ce dernier Maurice Thorez. et ce à l’heure où le PC pratiquait une politique d’ouverture : l’itinéraire intellectuel de Roger Garaudy ne pouvait qu’intéresser le secrétaire du Parti communiste qui, quelques mois plus tôt, avait parlé de la nécessité de la « main tendue » aux catholiques. Cette rencontre marqua le début d’une amitié entre les deux hommes qui dura jusqu’à la mort de Maurice Thorez en 1964. Ces liens expliquent largement la carrière de Roger Garaudy, comme il le dit lui-même : « Jusqu’à sa mort, Maurice a gardé la main sur moi, me faisant accéder jusqu’au sommet de la direction du parti et me protégeant de tous les sectarismes » (Roger Garaudy, Mon tour du monde en solitaire. Mémoires, p. 43, cité par Michaël Prazan et Adrien Minard, p. 59). Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, Roger Garaudy milita activement dans la fédération communiste du Tarn aux côtés d’Élie Augustin, ancien secrétaire fédéral du parti, arrêté en septembre 1940, interné et mort d’épuisement au camp de Bossuet (Algérie).

Lors de la déclaration de guerre, en 1939, Roger Garaudy, soldat de deuxième classe, fut versé dans une division d’infanterie nord-africaine en raison de son activité militante antérieure : il était considéré comme un dangereux « propagandiste-révolutionnaire ». Il se battit courageusement sur le front de la Somme et obtint la Croix de guerre. Après la débâcle de 1940, il revint dans le Tarn et, dans ce département, s’attela à la reconstitution du Parti communiste, mais il fut arrêté le 14 septembre 1940 comme « individu dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique ». De prisons en camps, il fut interné dans le Tarn, puis en Afrique du Nord à Djelfa et dans d’autres camps. Au camp de Bossuet, lors de l’hiver 1941, il monta un spectacle « sur le double thème de la Vieille chanson française et des Chants du Travail » avec un certain nombre d’emprisonnés qui avaient noms Léon Feix, Roger Codou, Henri Crespin, Élie Duguet, Sauveur Albino*, André Moine*, Jérôme Favard, André Parinaud*, Luce Mousset*, Pierre Saquet*, Jean Mecker*, Louis Gautrand* et Michel Leymarie*. Tous ces militants arrivèrent même à faire publier ces chants « à l’occasion d’une nouvelle fête organisée à Bossuet le 14 juin 1942 au profit des prisonniers de guerre » sous le titre de Chants du travail.
Roger Garaudy fut délivré en février 1943. Il vécut un an à Alger et fut d’abord rédacteur en chef du journal parlé de Radio-France pendant deux mois ; il fut ensuite professeur de première supérieure au lycée Delacroix pendant quelque temps mais démissionna assez rapidement de ce poste pour devenir le collaborateur d’André Marty et travailler à l’hebdomadaire Liberté. Il rentra en France en octobre 1944 et fut alors permanent du Parti communiste français jusqu’en 1962.

En 1946, il fut élu député du Tarn. Dans le cadre de son mandat, il organisa en 1947 la relance de la Verrerie ouvrière d’Albi créée par Jean Jaurès. C’est alors qu’il aurait rencontré celle qui allait devenir ultérieurement sa seconde épouse. En 1948, Roger Garaudy soutint les mineurs de Carmaux durant leur grève. Battu aux élections de 1951, il revint alors dans l’enseignement et fut professeur de philosophie au lycée de Saint-Maur (Seine, Val-de-Marne).
Le 25 juin 1953, Roger Garaudy soutint une thèse en Sorbonne sur la théorie matérialiste de la connaissance. Il avait été dirigé dans cette recherche par Gaston Bachelard, semble-t-il de façon lointaine ; il obtint une « Mention très honorable ». Selon Michaël Prazan et Adrien Minard (op. cit., p. 86), Roger Garaudy, dans ce travail comme dans plusieurs livres qu’il publia dans les mêmes années, se serait révélé « au mieux (comme) un malhabile compilateur, au pire (comme) un vulgaire usurpateur ». D’octobre 1953 à août 1954, Roger Garaudy fit un séjour en Union soviétique pour parfaire sa formation ; le 25 mai 1954, il fut, à Moscou, fait docteur ès sciences philosophiques de l’Académie des sciences de l’URSS. De retour en France, il devint véritablement le philosophe officiel du Parti communiste français. Élu député de la Seine en janvier 1956, il devint en 1959 directeur du Centre d’études et de recherches marxistes (CERM) ; la même année, il fut élu sénateur. En 1962, il fut nommé maître assistant à la Faculté des lettres de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; il aurait obtenu ce poste en dépit de l’opposition de Michel Foucault qui dirigeait alors la section philosophie de cette université et qui eut par la suite de très mauvais rapports avec lui. En 1965, Roger Garaudy fut nommé à l’Université de Poitiers (Vienne) où il devint professeur titulaire en 1969, avant de prendre sa retraite de l’enseignement supérieur en 1973.

Le rôle de Roger Garaudy au sein du PCF fut important et l’on ne peut qu’en évoquer brièvement les principaux aspects. En juillet 1945, à l’issue du Xe congrès du PCF, il devint membre suppléant du comité central ; il devait y être titularisé à l’issue du XIIe congrès (avril 1950). En 1949, il intervint comme témoin pour les Lettres françaises dans le cadre du procès en diffamation qui opposa Victor Kravchenko, l’auteur de J’ai choisi la liberté, à cet hebdomadaire communiste. Roger Garaudy participa activement à la célébration du 70e anniversaire de Staline en décembre 1949. En novembre 1951, il intervint dans le débat sur la stratégie du Parti communiste auprès de la jeunesse, en se prononçant pour la disparition de l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF), organisation « large » qui avait succédé en avril 1945 à la Jeunesse communiste. Il expliquait cette position par le fait que si la création de l’UJRF avait été parfaitement justifiée en raison du poids qu’avait alors « l’esprit national », les temps avaient changé » : « l’esprit de classe » ayant repris le dessus, il fallait revenir à une organisation d’avant-garde. Cette position qui fut combattue par Auguste Lecœur* et Waldeck Rochet* s’explique sans doute par le flottement que connaissait alors le PCF en l’absence de Maurice Thorez, parti se soigner à Moscou depuis l’année précédente. À l’automne 1953, Roger Garaudy fit son premier voyage en URSS dans la délégation française qui assista au XIXe congrès du Parti communiste d’Union soviétique. Il fut élu suppléant au bureau politique en 1956 avant d’en devenir membre titulaire en 1961. Tout en faisant de nombreux voyages à l’étranger, il fut correspondant de l’Humanité en Union soviétique pendant un an. En tant que directeur du CERM de 1959 à 1969, il fut organisateur des « Semaines de la pensée marxiste ». Pendant toute cette période, il s’efforça, en tant que membre du Parti communiste, de dialoguer avec des représentants du christianisme, de l’existentialisme et du structuralisme aussi bien lors d’innombrables conférences, colloques et rencontres que par l’écrit.

C’est à la suite du mouvement de Mai 68 en France que Roger Garaudy commença à être en désaccord avec le Parti communiste. Il demanda que « le parti prenne en charge les aspirations nouvelles qui se faisaient jour chez les étudiants comme chez les ouvriers ». Il proposa des analyses dans la perspective de « l’union de tous ceux qui avaient la même visée historique à long terme que la classe ouvrière », ce qu’il appelait « le bloc historique nouveau ». Quelques mois après, lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie en août 1968, il refusa de considérer cet épisode « comme une erreur » mais considéra cette invasion « dans la logique interne d’un système qui n’est pas le socialisme ». Il reprocha enfin au programme du Parti communiste lors de son XIXe congrès en février 1970 de « n’être qu’un replâtrage, de ne pas mettre en cause le modèle de croissance et de se contenter de proposer des nationalisations sans lutter pour socialiser les décisions ». Après être intervenu dans ce congrès, il fut exclu. Pendant quelques années, il fit paraître un journal Action, mensuel des Centres d’initiative communiste, de novembre 1970 à 1974. Dans ces années, sa grande curiosité ainsi que ses prétentions intellectuelles qui ne l’étaient pas moins l’amenèrent à rechercher dans les directions les plus diverses – du maoïsme à l’écologie en passant par l’autogestion – des solutions politiques et sociales, marquées par l’esprit post-68. Il adhéra à la théologie de la Libération, mouvement social et religieux animé depuis le début des années 1960 par des catholiques progressistes en Amérique latine. Durant cette décennie, il parcourut le monde – de l’Afrique à l’Asie, en passant par la Chine et les États-Unis – tout en se passionnant pour la danse et en publiant tous les ans un ouvrage sur les sujets les plus variés. Puis, après avoir envisagé de présenter sa propre candidature lors des élections présidentielles de mai 1981, il prit position pour François Mitterrand*.

L’année suivante, Roger Garaudy se convertit à l’Islam et l’annonça publiquement en juillet 1983 dans le journal Le Monde. Dès lors, il s’éleva de façon véhémente contre le mépris avec lequel l’islam était, selon lui, traité en Occident. En 1982, Roger Garaudy avait dénoncé l’opération israélienne au Liban, qualifiant Israël d’État raciste visant « à la guerre permanente et à la suppression du peuple palestinien ». Il se lia alors avec un milieu arabophile et antisioniste et des militants d’extrême-droite. Selon Michaël Prazan et Adrien Minard, il aurait été, depuis 1982, en contact avec Pierre Guillaume, l’animateur de la librairie La Vieille Taupe ; de son côté, Aurélie Cardin, dans un mémoire de maîtrise consacré à L’Affaire Garaudy/Abbé Pierre dans la presse, (janvier 1996-décembre 1998), situe cette rencontre au début des années 1990. Quelles que soient les incertitudes subsistant sur la date de cette rencontre, Pierre Guillaume devait désormais jouer un rôle important dans l’itinéraire de Roger Garaudy.
En 1965, Pierre Guillaume, qui se situait alors dans la mouvance de l’ultra gauche, avait fondé la libraire militante La Vieille Taupe. Mais sa découverte, au début des années 1970, des écrits révisionnistes et antisémites de Paul Rassinier ainsi que d’un texte d’Amadeo Bordiga, un des trois fondateurs historiques du Parti communiste italien, (Auschwitz ou le grand alibi, écrit en 1960) l’amenèrent à une évolution déconcertante. Pierre Guillaume adopta d’abord les thèses révisionnistes de Paul Rassinier pour qui le génocide des juifs avait été très fortement exagéré. Cette banalisation d’Auschwitz le conduisit ensuite, avec quelques-uns de ses proches, au négationnisme. Ce terme fut fondé en 1987 par deux historiens, Jean-Pierre Rioux et Henry Rousso, et les mots ont ici toute leur importance : alors que les révisionnistes – Paul Rassinier mais aussi l’intellectuel d’extrême-droite Maurice Bardèche – prétendaient faire œuvre historique en « révisant » ce que l’on savait sur le génocide des juifs durant la Seconde Guerre mondiale, les négationnistes affirmaient que ce génocide était une pure invention. Un nouveau venu, l’universitaire Robert Faurisson, se fit alors le principal propagateur du négationnisme : lors d’un colloque universitaire tenu à l’Université de Lyon en 1978, il affirma que « ces chambres à gaz, cette extermination, ce génocide n’avaient jamais existé que dans des imaginations enfiévrées par la propagande de guerre et de haine ». C’est alors que Pierre Guillaume décida de soutenir Robert Faurisson et que, de révisionniste, il devint négationniste. Le négationnisme se développa à l’heure où la connaissance du génocide des juifs progressait rapidement au sein de la société française en raison des travaux que lui consacraient plusieurs historiens, étrangers pour la plupart. Mais ces travaux étaient tout simplement ignorés par les négationnistes.
En 1983, Roger Garaudy avait expliqué dans L’Affaire Israël que le sionisme, qui repose sur une discrimination raciale, isolait les juifs du reste de l’humanité. Il considérait également le sionisme comme un phénomène colonial puisqu’il avait fondé un État sur des terres spoliées où les juifs n’avaient aucun droit. Trois ans plus tard, dans Palestine, terre de messages divins, Roger Garaudy avança la thèse du complot juif mondial à travers l’histoire de l’Organisation sioniste mondiale, créée en 1997 au congrès de Bâle. La notion d’un complot juif mondial n’était pas sans évoquer « l’argumentation » employée par les Protocoles des sages de Sion, le principal bréviaire de l’antisémitisme qui, rédigé de 1898 à 1901, devait avoir une influence considérable tout au long du XXe siècle dans de nombreux pays, notamment en Allemagne à partir du début des années 1920, et sur Adolf Hitler qui n’était alors qu’un obscur agitateur.
L’évolution de la pensée de Roger Garaudy aboutit en 1995 à la publication des Mythes fondateurs de l’État d’Israël. Sans se revendiquer explicitement des écrits de Robert Faurisson, Roger Garaudy se demandait dans ce livre s’il y avait bien eu « un génocide des Juifs » (p. 151 de l’édition Samiszdat, 1996) et s’il n’était pas « nécessaire de recourir à d’autres méthodes pour expliquer la terrible mortalité qui frappa les victimes de tels traitements, et d’exagérer démesurément le nombre au risque d’être obligés ensuite de le réviser en baisse ? » (p. 158). Comme le note Valérie Igounet, (op. cit., p. 474), Roger Garaudy estimait ne pas nier les « atroces souffrances » subies par les juifs ni les camps de concentration, mais contestait la « monopolisation de cette souffrance par le peuple juif et l’exagération des chiffres ». Ce livre où s’accumulaient confusions et erreurs de toutes sortes se caractérisait par une absence des règles élémentaires de la production historique dans un domaine où les recherches étaient pourtant considérables, comme le releva notamment l’historien Pierre Vidal-Naquet* dans Le Monde du 4 mai 1996. Cette compilation était représentative du manque de rigueur dont étaient empreints de nombreux ouvrages de Roger Garaudy, notamment sa production philosophique du temps où, au PCF, il régentait les intellectuels. Publié d’abord confidentiellement en 1995 par La Vieille Taupe, cet ouvrage le fut l’année suivante par les éditions Samiszdat, librairie d’extrême-droite proche des milieux négationnistes. Révélée par Le Canard enchaîné en janvier 1996, cette publication fit alors l’objet de poursuites engagées dans le cadre de la loi Gayssot. Votée en 1990, cette dernière visait « à réprimer tout propos raciste, antisémite ou xénophobe », en particulier toute contestation de l’existence des crimes contre l’humanité, tels qu’ils avaient été définis dans le statut du tribunal militaire de Nuremberg en 1945-1946. Ces poursuites apportèrent à l’ouvrage un retentissement considérable au cours d’un procès qui se tint au printemps 1996. D’abord en raison de la défense médiatisée que fit de Roger Garaudy l’avocat Jacques Vergès : ce dernier qui avait défendu des militants du FLN durant la guerre d’Algérie avait, en 1987, organisé la défense de Klaus Barbie, l’ancien chef de la Gestapo à Lyon durant la guerre. Ensuite grâce au soutien, aussi inespéré qu’inattendu, apporté en avril 1996 à Roger Garaudy par l’abbé Pierre (voir Henri Grouès*) qui battait alors tous les records de popularité dans le cœur des Français. Le scandale fut énorme. Le 21 janvier 1998, Roger Garaudy fut condamné pour contestation de crimes contre l’humanité et diffamation raciale, jugement confirmé en appel le 16 décembre 1998. Le recours de Roger Garaudy devant la Cour européenne des droits de l’homme fut également rejeté.
Le soutien de l’Abbé Pierre donna à l’affaire Garaudy une dimension nationale qui alla bien au-delà des petits milieux négationnistes, même si la classe politique unanime condamna la position de l’Abbé Pierre. Roger Garaudy put alors se poser en victime de ses idées et, dès lors, apporta une caution intellectuelle non négligeable à la diffusion du négationnisme dans de nombreux pays arabes où il fut accueilli comme un intellectuel courageux, voire comme un héros. Dans les années qui suivirent, il publia plusieurs ouvrages de la même veine.

Les convictions anticolonialistes et tiers-mondistes de Roger Garaudy, son engagement en faveur du peuple palestinien et enfin son hostilité croissante à l’égard de l’État d’Israël, à partir d’un dossier complexe qu’il ne maîtrisait pas, contribuèrent largement à façonner une trajectoire si déroutante. À cela s’ajoutèrent deux facteurs relevant de la personnalité de Roger Garaudy. D’une part, le très vaste éclectisme dont il fit preuve tout du long de sa carrière l’empêcha d’approfondir les questions sur lesquelles il s’exprima : telle est la raison pour laquelle il ne reste aujourd’hui que bien peu de ses nombreux ouvrages. D’autre part, sa soif de pouvoir et son ambition d’être reconnu comme un grand intellectuel expliquent ses multiples revirements. Ces traits de caractère se retrouvent dans un entretien qu’il accorda le 23 janvier 2006 à Michaël Prazan et Adrien Minard (op. cit., p. 407 et 411-412), dans lequel il évoquait le temps où il était reçu par de nombreux chefs d’État, des artistes, etc., et où il se considérait comme « le troisième plus haut dirigeant » du PCF après Thorez. Dans la même interview, Roger Garaudy continuait de se défendre de tout antisémitisme tout en admettant que la publication des Mythes fondateurs « chez l’éditeur de Faurisson, La Vieille Taupe, (pouvait être considérée comme) suspect(e) » et que « si c’était à refaire, (il) ne referai(t) peut-être pas ».

Marié à Marseille en novembre 1937 avec Henriette Vialatte, divorcé en 1966, Roger Garaudy se remaria en juin 1966 à Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne) avec Paulette Gayraud, puis, en 1982 ou en 1983 avec Salma Al-Farouki.
ŒUVRE CHOISIE : De 1939 à 2004, Roger Garaudy a publié 80 ouvrages. Leur liste figure in Michaël Prazan et Adrien Minard, Roger Garaudy, Itinéraire d’une négation, Paris, Calmann-Lévy, p. 422-425.
SOURCES : Roger Garaudy, Peut-on être communiste aujourd’hui ?, Grasset, 1968, notamment Introduction-témoignage, p. 7-57. — Antée, journal de Daniel Chenier (roman autobiographique), Hier et aujourd’hui, 1946. — Serge Perottino, Roger Garaudy et le marxisme du XXe siècle, Seghers, 1969. — B. Poirot-Delphech, « Un entretien avec Roger Garaudy », Le Monde, 4 octobre 1977. — Ph. Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, t. IV, Paris, 1984, p. 252-256. — « L’affaire Garaudy/Abbé Pierre. Les “chiffonniers” de l’histoire », Golias-Magazine, n° 47, mai 1996. — Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000. — Aurélie Cardin, L’Affaire Garaudy-Abbé Pierre dans la presse (janvier 1996-décembre 1998), mémoire de maîtrise, université Paris X, Nanterre, 2000, notamment p. 135-136. — Michaël Prazan, Adrien Minard, Roger Garaudy. Itinéraire d’une négation, Calmann-Lévy, 2002. — Julia Gariazzo, Le négationnisme de gauche en France, de 1979 à la fin des années 1990, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, 2007. — Guillaume Quashie-Vauclin, L’Union de la jeunesse républicaine de France (1945-1956). Entre organisation de masse de jeunesse et mouvement d’avant garde communiste, L’Harmattan, 2009. — Michel Dreyfus, L’antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe, de 1830 à nos jours, La Découverte, 2009. — État civil de Marseille.
Michel Dreyfus

Garaudy: Marxiste ou Chrétien (1979)

[Nous laisserons aux lecteurs qui connaissent l'oeuvre de Roger Garaudy apprécier la critique qui suit] 

Une destinée pathétique : Roger Garaudy
Marxiste ou Chrétien

         Le 2 décembre 1979 – il est bon de tirer des leçons du passé – à l’émission Apostrophes de Bernard Pivot, certains téléspectateurs sont sans doute entrés en contact avec la pensée de Roger Garaudy.

         Marseillais, élevé dans le Protestantisme, il abandonne la foi chrétienne pour se faire Marxiste et devient député communiste puis sénateur tout en poursuivant parallèlement une brillante carrière universitaire.

         Ceux qui connaissent un peu ses œuvres ou qui ont lu l’un ou l’autre de ses livres, se persuadent assez facilement que ce penseur, bien qu’ayant rompu avec le parti communiste en 1968, reste profondément marxiste. On se demande alors pourquoi, depuis ce moment-là, il se dit aussi farouchement chrétien.
         La personnalité du Christ en vérité, n’avait jamais cessé de l’impressionner, malgré une formation philosophique occultante. Mais marxiste toujours convaincu, il eut l’ambition alors d’opérer à l’intérieur du christianisme, ce qu’il appelle une révolution copernicienne, à l’image de celle accomplie par Marx dans la philosophie de Hegel.
         Mais un chrétien pourrait-il s’y laisser prendre ? Si tout homme peut admirer les efforts déployés par R. Garaudy pour amener ses contemporains à prendre une conscience très vive de leurs responsabilités concrètes et à travailler énergiquement à l’évolution du genre humain vers l’altruisme le plus désintéressé, le chrétien authentique sait qu’il n’est point nécessaire pour cela de « vider le Ciel ». En fait, pour R. Garaudy, il n’y a pas de Dieu personnel mais le Grand Tout de l’Univers où viendront se perdre et se confondre après leur mort tous les êtres vivants conscients ou non. Cette idéologie est vieille comme le monde : on l’appelle le Panthéisme.

         Les moyens que prend R. Garaudy pour se faire des « disciples » dérivent en droite ligne de la méthode marxiste. Il s’approprie des mots comme la foi, la résurrection, etc., et les vide complètement de leur contenu précis et bien définis depuis des siècles, pour leur attribuer une tout autre acception. Au lieu de désigner des réalités surnaturelles, ces mots, dans ses œuvres et sa pensée, sont appliqués à des réalités purement naturelles, quelque sublimes et transcendantes qu’elles soient.
         C’est là précisément que réside le danger pour les personnes non averties, dont la vie spirituelle manque de bases théologiques. L’amalgame proposé par R. Garaudy et dont certains aspects ne sauraient être reniés par les chrétiens, se coupe en fait résolument de la foi chrétienne sur les points les plus importants. Citons en quelques uns : l’existence d’un Dieu personnel, l’immortalité de l’âme, la résurrection individuelle (qu’il taxe d’idée infantile), la divinité du Christ, etc.

         Certes, il reste logique avec lui-même, mais un universitaire devrait tout de même savoir employer le mot propre pour exprimer sa pensée, même s’il a, pour objectif de remouler la pensée d’autrui.
         On sait qu’ensuite, devant son échec, il a voulu tenter sa chance dans le Bouddhisme [sic ! ndlr]

                                                                 M. Desnoues

20 juillet 2011

Esthétique et invention du futur


Esthetique_futur_R_Garaudy.jpg Roger Garaudy Collection 10/18, 1963, 1968
    Roger Garaudy, dans cet ouvrage, a tenté de faire le point du réalisme, de l'arracher à un dogmatisme stérilisant et de montrer ce qu'il est dans sa vérité : ouverture sur la richesse et la jeunesse du réel, et ceci non point par démonstrations abstraites mais sur le vif, en projetant une lumière pénétrante sur les œuvres de Picasso, Saint-John Perse, Kafka et Fernand Léger.

16 juillet 2011

Relire "L'Islam un autre nationalisme" de Luiza Toscane


Chaab signifie peuple. Quel peuple ? Oumma signifie communauté des croyants ? Est-ce là l’autre nationalisme ?
"Musulmans de tous les pays, unissez-vous !" reste un slogan de mise les jours de fête... écrit Luiza Toscane (p73) dans L’ISLAM Un autre nationalisme (1). Les campistes pro-sud le regrettent car ils voudraient sa réalisation contre l’impérialisme occidental. Ceux qui soulignent l’existence de multiples classes dominantes prédatrices dans les pays arabo-musulmans se félicitent au contraire de la faible portée d’un tel slogan nationaliste et trompeur. Qu’en est-il au juste ? Relisons en 2011 Luiza Toscane.
L’ouvrage a été publié en 1995 après la guerre du Golf "Tempête du désert" et la victoire du FIS en Algérie . Il ne porte pas sur l’Islam comme religion. Il étudie la montée de l’islam engagé à la suite du déclin des mouvements communistes ou nationalistes.

- Débat entre Islam engagé et islamisme.
Son approche a pu être jugée trop conciliante avec l’islamisme et cela lui sera reproché plus tard dans Rouge par l’auteur de Islam et islamisme Retour sur un débat (3) . Il écrit : "l’islamisme est un mouvement avant tout politique, et qu’il constitue une force se basant sur une vision proprement réactionnaire et antiémancipatrice de la société, anti -mouvement ouvrier, antilaïque et anticommuniste".
A la dernière page (202) du livre elle précise un aspect important : "Fondamentalisme a une connotation religieuse et non politique. L’islam politique, terme le plus proche de notre approche, a déjà servi. Celui de l’islam engagé, qui indique plus l’aspect militant du phénomène qu’islam politique, plus institutionnel, ne sera sans doute pas le terme retenu ; il présente simplement l’avantage de ne pas être connoté, pour n’avoir pas été utilisé largement." Les courants étudiés n’ont jamais eu l’exercice du pouvoir. Aucun militant de l’islam engagé ne se revendique de la Charia.
Luiza Toscane évoque pour le critiquer Abraham Serfaty qui en 1993 (2) souhaitait "une conjonction entre un courant musulman progressiste et un courant progressiste laïc. Il faut donc travailler à ce que puisse apparaître, au sein du courant islamiste, l’équivalent de ce qu’a été le courant de la "théologie de la libération" chez les catholiques d’Amérique latine. Mais elle fait remarquer que ce projet non seulement manque de la moindre base réelle à l’exception de rares personnalités comme Ali Shariati mais qu’en plus l’islam engagé se construit sur des bases contraire à la lutte des classe (vs Serfaty) ou à la "préférence sociale pour les pauvres" (vs Théologie de la libération).
Luiza Toscane rejette la thèse du fascisme de Rachid Boudjedra dans Fis de la haine (Denoel 1992). Elle explique notamment que "l’assimilation de l’intégrisme au fascisme se traduit presque toujours par un appel du pied au pouvoir en place ou d’une légitimation d’alliances larges et pour le moins douteuses contre l’ "ennemi numéro un" face auquel les dictatures en place dans bien des pays font figure de démocrates".

- Quel nationalisme ? quelle conflictualité ?
L’Oumma, l’entité qui doit rassembler tous les musulmans n’existe pas réellement mais conserve une force d’inspiration dans la mesure ou les luttes intermusulmanes sont en principe proscrites. La stratification en caste est condamnée en Inde. C’est positif. C’est donc contre cette unité musulmane que les divisions nationales perdurent avec succès. Par contre la lutte de classe peine à trouver reconnaissance malgré les fortes inégalités sociales et des pratiques prédatrices de la classe dominante. L’impérialisme occidental est omniprésent mais les classes dominantes existent et sont agissantes. Autre conflit qui peine à être reconnu celui de genre. C’est pourquoi le féminisme doit ruser et trouver à s’exprimer sous des formes qui peinent à être perceptible aux yeux des féministes occidentales. La femme, en tant qu’objet sexuel, est une création du capitalisme. Le voile est une arme anticapitaliste et anti-impérialiste.
Cet ensemble de principes pose problème aux progressistes de culture musulmane engagés pour l’émancipation des peuples-classe des pays arabo-musulmans. On l’a vu avec la proposition d’ Abraham Serfaty . En fait, l’islam comme croyance libératrice est censé, dans le discours des militants, remplacer le passé. Pour autant ces militants ne sont pas des théologiens fonctionnarisés mais plutôt de jeunes étudiants issus des couches moyennes. Le programme politique s’inscrit dans le cadre du système capitaliste et la direction du mouvement aura naturellement tendance à s’allier avec les bourgeoisies. L’auteure pointe aussi les mouvements se réclamant de l’islam qui furent instrumentalisés par les grandes puissances.
A propos de la démocratie : "Les militants de l’islam engagé vont s’intégrer à des degrés divers dans les luttes démocratiques. Ils ne se saisissent que de l’aspect formel de la démocratie, qui exclut toute démocratisation du fonctionnement de l’économie, et de plus, ils s’y inscrivent dans une vision à court terme" (p109). Rached Ghannouchi, dirigeant de la Nahdha, écrit "La démocratie, c’est le mot, c’est l’apparence. La réalité de cette démocratie, la "chura", appartient à notre patrimoine". La démocratie est assimilée à la liberté de croyance et dans cette logique, la démocratie est représenté par l’islam engagé : "Il n’y a pas de démocratie sans nous" va même écrire R Ghannouchi (le 19-20 février 1989 in Le Monde)

- Brèves notes sur d’autres aspects.
Luiza Toscane reconnait que "l’économie islamiste est une fumisterie" (p 97). L’islam n’est pas une idéologie qui détermine les options économiques comme veulent le faire croire les militants, mais les justifie. Même contre le FMI et la Banque mondiale le flou subsiste.
Au plan statégique, elle remarque que le Jihad contre le grand Satan relève plus de l’incantation défensive et oratoire que de la menace. Elle écrit (p146) : "L’impérialisme semblant indéboulonable, le Jihad se retourne contre l’ennemi intérieur, le mauvais musulman, donc le suppôt de Satan". "Un non-musulman est un ignorant (jahil) auquel doit s’adresser un prédicateur ; un non musulman d’origine "musulmane" est un apostat, la seule réponse est le Jihad."
A propos de la montée du sentiment religieux L Toscane fait cette remarque : "La nouvelle visibilité de l’islam ne traduit pas un accès de religiosité, mais la conquête d’un droit à pratiquer une religion, ce qui est resté interdit pendant plus d’un demi-siècle en URSS et est encore contesté en Europe". (p196)

Christian DELARUE


1) Ed L’Harmatan 1995. En annexe figure "Entrevues avec Tariq Ramadan et François Burgat" suite à la seconde Conférence populaire arabe et islamique des 3, 4 et 5 décembre 1993 à Khartoum. La première datait de 1991. Dans l’appellation le "et" est important. Tourabi un modéré a alors expliqué qu’être arabe est une chose et qu’être musulman en est une autre et qu’il fallait réunir ces gens-là.
2) "Le Nord, le Sud" A. Serfaty in Politis-La Revue, été 1993.
3) in Islam et islamisme Retour sur un débat http://orta.dynalias.org/archivesrouge/article-rouge?id=3672

11 juillet 2011

Autodefensa de Garaudy contra el sionismo

Un breviario del odio
Hoy, de nuevo, se vuelven a retomar los temas lanzados en 1942 por Théodor Kaufman: "Los alemanes, no importa quienes sean, no merecen vivir...", indicando además los medios para que en 60 años la raza alemana sea completamente eliminada, confundiendo un pueblo entero con sus dirigentes criminales ("Germany must pe­rish"), así como los delirios racistas, paralelos a los de Hit­ler. Clifton Fadiman pedía en 1942 en su semanario "New Yorker" "suscitar un odio ardiente contra todos los alemanes y no sola­mente contra los dirigentes nazis", pues el afirmaba que "la actual agresión nazi no es la obra de un grupo de gangsters sino que es la expresión final de los mas profundos instintos del pueblo alemán"
En 1966, un producto americano de la educación sionista (como Ygal Amir, el asesino de Rabin, o de Baruch Goldstein, el asesino de Hebrón), un tal Daniel Jonah Goldhagen, inspirado por los mismos "breviarios del odio", describe los Alemanes como una "nación de asesinos" en su libro "Hitler's willing executioners" ("Los devotos asesinos de Hitler").
Una operación semejante fue realizada por Bernard Henry Levy, el cual en su libro: "La ideología francesa" se encarniza, al coste de las peores distorsiones de la historia, para hacer de todos los franceses los creadores, bajo el régimen de Vichy, de un "fascismo a la francesa". Vichy seria el fruto de todo la cultura francesa: "Es toda la cultura francesa... que testifica de nues­tra ancianidad en la abyección" (p. 61), ella es la que hace de Francia "la patria del nacional‑socialismo".

Una lectura tribal de la Biblia
El sentimiento de superioridad sionista se parece mucho a la exaltación de la pureza de la raza aria, que sirvió de justifica­ción en la política sangrienta de dominación.
El Rabino A. Cohen, en su libro sobre el "Talmud" (ed. Payot, 1983), que, sin embargo, es muy escrupuloso y atento en la bús­queda de momentos universalistas en la tradición talmúdica, escribe desde la introducción de su libro (p. 19) para excusar por adelantado todos los pasajes discriminatorios: "Le era nece­sario al judío una religión, que no solo lo distinguiera de los paganos, sino que también le recordara continuamente que era un miembro de la raza judía".
Esto es lo que el llama "una frontera de fuego" "que distinga y separe al judío de todos los otros", dice que encuentra la expre­sión más fuerte de esta opinión en Esdras. Esto es, dice, "la semilla de la cual procede el Talmud".(p. 19).
No abordaremos aquí una discusión teológica pero si recordaremos solamente la interpretación política y el sentimiento de superio­ridad que mana de una lectura integrista y literalista.
Se es tanto más hombre cuando más judío se es", escribe el Rabino Eisenberg, que dirige las emisiones judías del domingo en la emisora de televisión Antena II (Fuente Rabino Eisenberg: Una historia de judíos (CAL, 1970).
Tema que es retomado por Elie Wiesel citando el Talmud, en su libro: "Celebración talmúdica" (Ed. du Seuil 1990). El judío es más próximo a la humanidad que ningún otro. Una pretensión tal es la justificación de todos los colonialismo antiguos y también hoy en día justifica la política anexionista de los dirigentes israelíes, de sus ocupaciones, que desafían la ley internacional y de sus agresiones.
Esta lectura tribal de los textos sagrados, bien efectuada por lo extremistas israelíes, bien por los "islamistas" o por los inte­gristas cristianos, son una fuente permanente de conflictos y buscarlos por todas partes es nuestra tarea de hombre: la que apunta a la unidad humana y no a su división. Israel no tiene porvenir en el concierto fraterno de los pueblos mas que si se "des‑sioniza", es decir, solo permanecera si se vuelve fiel a la admirable fe judía de sus profetas: aquella que no apunta a la conquista militar nacionalista y colonialista sino a la irradia­ción del mensaje divino sobre la tierra entera.
Por lo tanto yo no tengo nada que restar de mi libro, que esta en total prolongación de mi batalla por el hombre desde hace más de medio siglo. He cambiado de comunidad cuando ella no aceptaba un replanteamiento de su existencia, de su causa, pero jamás he cambiado de meta: la defensa del hombre, de todo hombre, pues cada uno de ellos es habitáculo de DIOS.

Una lectura profética: el abate Pierre
Esto es lo que precisamente nos une con un amor fraterno con el abate Pierre a través de todo este siglo y cualesquiera que haya sido la diferencia en las vías que hemos seguido para realizar la tarea divina del hombre.
Esta fraternidad no implica ninguna ceguera. Cuando nuestras divergencias existian, desde la huelga de los mineros de 1948 hasta la actitud a tomar frente al tratado de Maastricht, noso­tros hemos confrontado nuestras opciones, sin indulgencia, pero siempre enriqueciendonos de nuestras críticas, tal como conviene al hermano de ayudar al hermano para que tome el camino de la verdad.
Es por ello que los pérfidos ataques dirigidos contra el abate Pierre, porque este rechazaba retractarse del apoyo que me brin­daba, deshonran aquellos que no saben lo que es el dialogo, aun bien sea este conflictivo, y lo que es el amor, la comunión hacia una verdad todo humana, y por lo tanto siempre relativa y humil­de, pero habitada por la fe divina.
¡Cuanta pena dan los que han hablado de "amistad ciega", y toda­vía peor, insultando al Padre, "chochez" senil o de manipulación por su entorno, o de "antisemitismo preconciliar".
Cuando, al empezar este "asunto", tuve una entrevista con el Abate, yo le dije: "Tu sabes, Pierre, cuanto admiro tu acción en favor de los excluidos y sobretodo para los que no tienen domici­lio. Tres millones de Palestinos han sido expulsados de su nación por el terror del sionismo, y millares de libaneses han tenido que huir por las carreteras cuando las agresiones israelíes ¿No crees que tu defensa esta en la linea que prolonga tu acción para la gente sin hogar de Francia?
El profeta inflexible, había pedido perdón en Gaza a los palesti­nos, en nombre de los Occidentales, del expolio de sus tierras y sus hogares (como se lo reprochan "La Tribune juive" y los Kouch­ner), añadiendo que ningún arabe ha sido responsable de los crímenes de Hitler ("cristiano apostata", según decía el abate Pierre).
Ha dicho, en el curso del proceso infame y embustero que me ha sido infligido, que la violencia anulaba la promesa. Denunciando la "política suicida" de los dirigentes israelíes, el usaba el lenguaje de los Profetas judíos, de Amos a Miqueas, que gritaban: "Escuchad pues, dirigentes de la casa de Israel... vosotros que construís Sion en la sangre y Jerusalén en el crimen. A causa de vosotros, Sion sera labrada como un campo, Jerusalén sera un montón de ruinas" (Miqueas III, 1‑12).
El abate Pierre rehuso siempre a llamar tierra prometida a una tierra conquistada, bien por las exterminaciones sagradas de Josué en Jericó o Hebron, o por las matanzas demasiado reales de Beghin y del Irgoun a Deir Yassin en 1948, como a Kafr Kassem en 1956, o en el Libano, de Sharon en 1982 hasta llegar a Pérès en 1966.
Entonces fue lanzada contra él la jauría de los apostatas de la gran fe universalista de los Profetas: Jacques Attali, Schwarzen­berg, Kouchner, y los "grandes sacerdotes", Sitruk y Kahn, que lo hicieron comparecer como Jesús delante del Sanedrin, delante del nuevo tribunal de la Inquisición, encargados de la policía del pensamiento: la "LICRA". Rehusó renegar y fue excluido. Lo que fue desde luego a honra suya y a vergüenza de los fariseos.
No se trataba de una querella "religiosa" como lo ha escrito el sofista Jean Daniel, en su editorial del "Nouvel Observateur" sobre "Las religiones contra la paz". Al contrario, es contra el uso integrista de las religiones para fines politicos que el abate Pierre y yo mismo nos alzamos: judíos, cristianos y musul­manes reconocen un mismo "padre de los creyentes", que no era judío, cristiano o musulman, sino anterior a todos, un "arameo errante", que anunciaba la Alianza de Dios con "todas las fami­lias de la tierra", y es porque estamos habitados por este mismo Dios, que el abate Pierre, yo mismo y todos los que luchamos por la unidad humana, resisten a todas las tentaciones o tentativas de acaparamiento de la promesa divina, que esta en nosotros y en todos, para instrumentalizarla en manos de un nacionalismo o un colonialismo sangrante.
No son, tal como pretende Jean Daniel, las religiones que estan contra la paz, sino las herejias nacio­nalsita, de la cual los dirigentes de Israel dan un ejemplo sobrecogedor, para sacralizar una política de expolio, de agre­sión, de violación de las leyes internacionales,siguiendo la meta que les fue asignadas por su padre espiritual, el ateo Herzl, en su libro "El Estado judio": "Seremos un bastion adelantado de la civilización occidental contra la barbarie de Oriente". 

Revocar la ley Gayssot, ley totalitaria
Solo le queda a la policía del pensamiento que a inculparnos en nombre de una ley, que no solo ha deshonrado el Partido "comu­nista" y el Partido "socialista", que la han patrociando, sino todos los partidos políticos, que después de haberla combatido en la oposición no se atreven a revocarla, cuando están al poder, por miedo del lobby.
Cuando en el curso del debate del 2 de mayo de 1990, en la Asam­blea nacional (Journal Officiel del 3 de mayo 1990) durante la cual fue votada la "Ley Gayssot", el objetivo de la ley estaba precisado: "Se trata de instituir una nueva incriminación orien­tada a reprimir lo que se llama "revisionismo" (J.O., p. 912) "el revisionismo debe ser sancionado porque es un vector del antise­mitismo".
Un postulado escondido de este texto es que solo existe "crimen contra la humanidad" cuando se trata de judíos. La sesión se desarrolló bajo una alta vigilancia. Un diputado hizo notar que (J.O. 905) "Asistimos a esta noche a una extraordinaria puesta en escena. Durante los debates extrañamente vimos muchos periodistas y cámaras de televisión. Se nos quiere intentar demostrar que los que votaran "contra" rehúsan luchar contra el racismo".
El Señor Toubon (actualmente Ministro de Justicia) precisa: "No es una ley contra el racismo, es una manipulación" (J.O., p. 929) y añadió: "La ley que van a votar corresponde únicamente a un efecto de imagen sobre los medios de comunicación" ¿En provecho de quién?
Ya en un articulo del 5 de julio de 1983 en "Liberation", el Señor Luc Rozenzweig, escribía: "La LICRA goza de un privilegio inaudito: la ley del 1 de julio 1972, que reprime la discrimina­ción racial... le delega el poder decir, con un automatismo absoluto, quien es antisemita y quien no. Solo ella juzga de la oportunidad de las querellas y dirige, en el marco de la ley, el brazo de los jueces, reducidos en este tema a ser los notarios del registro de la infamia".
La ley "Gayssot" acrecienta todavía más este poder y el Señor Toubon precisa: "Esta proposición (en relación al articulo 7. R. G. ) ha sido hecha por la LICRA, en el curso de los trabajos de la Comisión consultiva de los Derechos humanos". (J.O. p. 948).
Añadiremos que, hoy en día, ¡Es precisamente el Señor Kahn, Gran Maestre de la LICRA, que es presidente de esta comisión!
Votaron contra la ley "Gayssot" los señores Chirac, Juppe, Se­guin, los actuales ministros de Justicia y del Interior (los señores Toubon y Debre) y 265 diputados. Uno puede preguntarse qué o quién les impide revocar esta ley que, entonces denunciaron tan claramente.
Un gran jurista francés, profesor de Filosofía del Derecho en la Facultad de Assas y miembro del Instituto, el Señor François Terré, escribe: "Este texto, de espíritu totalitario, ha insti­tuido el delito penal de negacionismo. Le toca al jurista velar por la salvaguardia de las leyes fundamentales que la ley Gayssot vulnera: la libertad de opinión y de expresión... No es tanto delante de los tribunales que la historia debe de encontrarse sus jueces... Entonces, ¿como obstaculizar la aplicación de ley Gays­sot puesto que, aquellos que antes de su promulgación, habrían podido hacerla anular por el Consejo Constitucional (Presidente de la Republica, Presidente de la Asamblea Nacional y del Senado, 60 diputados, 60 senadores) no han tenido la valentía?". El autor propone de recurrir a la Corte Europea de Estraburgo para acabar de una vez con "el carácter detestable de una ley que restablece el delito de opinión" ("Le Figaro" del 15 de mayo 1996).
Es bien triste que sea necesario recurrir a una instancia extra­njera para recordar a Francia que es un estado de derecho.
En el mismo número del periódico un lector habla de la "peligrosa esquizofrenia de un país en el cual Salman Rushdie es un héroe mientras que Roger Garaudy tiene prohibido expresarse y el abate Pierre es entregado al desprecio publico".
El presidente de la LICRA en Suiza, el diputado Vodor había pedido que se pusiera un juicio (en Suiza) el Señor Georges André Chevallaz, antiguo Presidente de la Confederación Helvética, escribe: "En tanto que historiador me llama la atención el espí­ritu de maccarthismo y de caza de brujas, cada vez que se toca al Holocausto" (Journal de Genève, del 2 de mayo 1996).
En Francia, cuando el debate del 21 de junio 1991, en la Asamblea Nacional, un diputado, el señor Toubon, actual ministro de Justi­cia, proponía rechazarla: "Es un muy grave error político y jurídico... una ley de circunstancias... es resbalar hacia el delito de opinión... el principio consiste en querer fijar la verdad histórica por ley en vez de dejar decir la historia. Esta ley, yo estoy seguro, no será aplicada jamás" (Journal Officiel del 22 de junio 1991, pag. 3571).
Hoy en día todavía otro diputado invita a una reflexión sobre "la verdad oficial que coagula la historia". Recordando que la ley fue votada en el momento del cementerio de Carpentras, explica, bajo el titulo "una ley nefasta", las condiciones de voto: "una especie de chantaje implícito ha sido ejercida sobre los parla­mentarios: todo diputado que no hubiera votado esta ley habría sido considerado como sospechoso de negacionismo...Grupos influ­yentes crearon en aquel momento un clima malsano..." "Se trata de una ley que instaura una verdad oficial. Lo que es propio de regíme­nes totalitarios. No de una democracia". ("Le Figaro", viernes 3 de mayo 1996).
Si uno recuerda (tal como lo hace Max Clos en su "Bloc. Notas de la semana." en el mismo número) que "la ley Gayssot del 13 de julio 1990 hace un delito del "negacionismo", es decir la negación de los crímenes cometidos por los nazis contra los judíos" se adivina cuales eran "los grupos influyentes" que ejercían "un chantaje implícito" sobre los parlamentarios y porque, hoy en día, no tienen la valentía de hacerla anular, como dice el Profe­sor Terré.
Ahora ya sabemos quien manda y quien teledirige los Presidentes de la Republica (antiguos o nuevos), las Asambleas, los medios de comunicación, los Partidos, como las Iglesias, y cuán difícil es, a través de estas calumnias y de estos silencios, de ayudar a los franceses de buena fe de liberarse de medio siglo de "lavado de cerebro", que encubren la función que juega la mentira en la estrategia de dominación mundial de los Estados Unidos y de su guardián merce­nario de los petróleos del Medio Oriente por un proyecto de desintegración de todos los Estados de la región (siendo el Plan "Kivounim" solamente un esbozo).

Pero a contraluz, la verdad amanece
Los esfuerzos para hacernos callar serán vanos. Para esto habría que matarnos. Las oleadas de odio contra nuestros escritos desfi­gurados, verdaderos llamamientos al crimen, muestra que algunos ya lo han pensado, del mismo modo que solo encontraron el presi­dio para amordazar a Dreyfus. Pero ello solo seria una prueba más de que no tienen ningún otro argumento.

Anexos
Carta del abate Pierre a Roger Garaudy
Muy caro Roger,
Tú ya conoces los limites de mis fuerzas. Ellas disminuyen cada día aunque muchos estén persuadidos que son grandes porque mi voz todavía es sonora y porque en cuanto yo tengo la convicción de que un hecho o una cuestión crean injusticia y falsedad, yo me crezco, pero ello será por poco tiempo.
Pido perdón por hablar tanto de mí, pero es para explicarte a ti, y a todos aquellos a los que consideraras útil hacer conocer mi carta a qué se debe que yo haya tardado tanto (a pesar de los contactos telefónicos) en hacer publicas mis certezas, en lo que te concierne, en relación a tu persona, que yo ya conozco desde hace 50 años y en lo que concierne a tus actos, desde los más íntimos a los que tienen las mayores consecuencias publicas.
Diputado comunista, tú fuiste el primer interlocutor con que el que me encontré para debatir y el recuerdo de ello me es inolvi­dable, porque yo creo que fue fructífero para el uno y el otro.
Tu libro más reciente me ha llegado cuando estaba realmente exhausto para otras tareas urgentes. Ya no puedo leer mucho, a mis 83 años, de todo lo que me llega, no te­niendo más que 2 horas por la mañana y 2 horas por la tarde en donde puedo realmente trabajar.
Tú conoces mi pensamiento sobre el aplastante drama milenario que no cesa, sabes que lo he madurado desde hace muchos años y tú sabes como este pensamiento se extiende mucho más allá de los únicos dramas contemporáneos.
Sobre esto ya hemos tenido graves entrevistas.
De tu nuevo libro, me es imposible hablar con todos los cuidados que reclaman, no sólo de su tema fundamental, sino también la sor­prendente y brillante erudición, escrupulosa, sobre la cual cada tema tratado se fundamenta, tal como he podido constatar al recorrerlo.
Alrededor mío algunas personas, cuyas exigencias y competencia son grandes, lo han leído enteramente y me han dicho todo aquello que su lectura les ha aportado.
Voy a hacer todo lo posible, ya me estoy dedicando a ello, para que pronto historiadores auténticos, con la misma pasión de la verdad que la tuya se dediquen a debatir contigo.
Los insultos contra ti que he podido conocer (incluso en un periódico que yo aprecio por su habitual objetividad) son des­honrosos para todos aquellos que te agobian.
Yo quiero, en este carta, esforzarme por hacer publicas dos convicciones, una, en pocas palabras concierne a tu persona, la otra (todavía, seguramente, aunque expresada imperfectamente) es sobre lo que toda mi vida de fe y amor me ha ayudado a concebir de la sucesión de hechos históricos, sobre los cuales yo pienso con tristeza, que toda la fe, admirable, (pero desde hace tantos años replegada sobre sí misma) de este pueblo, de mis hermanos, se limita, sin entender que la llamaba a una misión de otra y noble grandeza.
La Providencia me dado, en otros tiempos (que me parecen todavía tan cercanos) de poder, al riesgo, voluntariamente aceptado, de mi propia vida, venir a socorrer aquellos que pude. Debido a ello, yo permanezco particularmente sensible a todo aquello que al concernirles, hace que tantos dolores se repercutan en ellos y luego en su entorno, como algo sin fin.
Sobre ti y tu vida, unas pocas palabras bastan. Tú eres uno de estos hombres, que no cesara jamás, hasta llegar al cara a cara con el Amor Infinito, de estar desasosegado por una sed devorante de Absoluto.
Yo tengo lastima de aquellos que son tan superficiales, o urgidos por otros "motivos diversos", no hayan sabido respetar y amar tus investigaciones y la manera con la cual (durante toda tu vida), has querido cosechar y recoger todo Absoluto, aunque fuera uno de sus fragmentos, en todas las espiritualidades, las cuales sinceramente se reparten (y, a veces, engañadas, se combaten) los humanos de toda la tierra y de todos los siglos.
No es sin un cierto temblor doloroso y una gran humildad que yo evocare otra de mis convicciones en lo que concierne a la porción judía del universo humano.
Todo comenzó, para mí, en el choque horrible que me embargo, cuando después de años de estudios teológicos, he descubierto el libro de Josué. Ya una turbación muy grave me había sobrecogido al comprobar, poco antes cómo Moisés, al llevar "las Tablas de la Ley", que, en fin, decían, "No mataras", al ver el Becerro de Oro, ordeno la matanza de 3.000 personas de su pueblo. Pero con Josué yo descubría, aunque ciertamente contado unos siglos después del suceso, cómo se realizó un verdadera "Shoah" sobre toda vida existente en la "Tierra Prometida".
Algo gritó en mí: "Si tú me prometes un coche, y, luego, por la noche, vienes, matas al guardia, robas el coche ¿Qué puede quedar de la "Promesa"?
¿Acaso la violencia no destruye el fundamento de la Promesa? Ciertamente que, luego, quedará, repetida sin cesar, la Alianza con el pueblo (no único, me parece, aunque quizás único en tanto que pueblo fuertemente constituido) que tiene, en su conciencia, la noción del Único Eterno (aunque desde luego sin ser conocido todavía plenamente como teniendo por esencia el amor. Esta reve­lación yo la veo con Jesús. Jesús que fundara la fe trinitaria: Deus caritas est.
Pero ¿El alcance de esta Alianza llega todavía a este rincón del mundo (que debemos llamar no "Tierra Prometida" sino "Tierra Santa"), cubierta de crímenes, sino también de santos profetas?
Yo no puedo concebir ya "prometida" por Dios (aunque se le atri­buya la orden de masacrar (Y esto ¿No es ultrajar a Dios?). Solamente este rincón de tierra por el cual tanta gente muere todavía.
¿Acaso la Alianza no es el enviar en misión a todo Israel para que lleve la fe que ha recibido a la tierra entera?
La tierra prometida es prometida a todo creyente (por lo tanto a todo judío) Yo no puedo abandonar la idea de llevar a la tierra entera la Alegría de conocer el Dios verdadero.
¡Oh! Cuánto me gustaría ser todavía suficientemente joven para emprender con mis equipos fraternales la realización de la misión recibida primeramente en Israel y luego en Jesús.
Yo no ignoro que el repliegue de Israel es en parte debido al extraño vuelco de la historia provocado por Constantino después del edicto de Milán y las nefastas consecuen­cias que de ello se siguieron acompañando a sus beneficios.
Una intención del Papa en el año 2.000 fue la de confesar los errores históricos que han acompaña­do el celo de las misiones cristianas.
Ojalá no subestime el antisemitismo de la Iglesia cuando se han usado las palabras "pueblo deicida", una pura insensatez, pues ¿acaso no es para todos los pueblos que Jesús. se ofreció como rescate?
En este tiempo nació, en lugar de los martirios prohibidos al fin, la desastrosa costumbre (para suplir la decadencia del imperio) de estructuras de privilegios: príncipes‑obispos, papas‑reyes... en todos los sentidos, hasta los más abusivos en esta confusión entre espiritual y temporal.
Roger, de todo ello, nosotros, dos viejos, debemos todavía hablar y preguntar a quien sepa más que yo.
Te lo ruego, reten estas líneas casi ilegibles que leeremos juntos al teléfono, la fuerza de mi afectuosa estima y de mi respeto por el enorme trabajo de tu nuevo libro. Confundirlo con lo que se ha llamado "revisionismo" es una impostura y una verda­dera calumnia de inocentes.
Te abrazo y te aseguro que tú y los tuyos siempre estáis presen­tes en la ofrenda de cada día con las pocas fuerzas que todavía me quedan.
Tu hermano:
Abate Pierre

El testimonio de un Pastor protestante
11 de mayo 1996.
Querido Abate Pierre, querido Roger Garaudy:
Estoy triste por toda la corriente de odio y desprecio con el que acaban de abrumaros. Y que revela los verdaderos sentimientos que muchos llevaban en su corazón. Como si intentar arrastrar por el barro al Abate Pierre, este hombre entregado, sobrevalorara al que lo juzga y condena.
Y usted, Roger Garaudy, al encarnar las dos fobias francesas acaba sufriendo el que fácilmente se pueda “matar dos pájaros de un tiro”: el comunismo y el Islam. Se diría que lo hace usted adrede.
Usted quiere a los judíos, lo ha demostrado incansablemente, mucho más que estos dadores de lecciones. Pero he aquí, que también quieres a los Palestinos y a los árabes, en general, musulmanes en su mayoría y algunas veces cristianos. Todos hermanos Palestinos y árabes, humillados desde hace tantas generaciones, colonizados, despojados, golpeados por doce años, encarcelados, hambrientos. Y usted tiene razón en amarlos y querer para ellos la justicia y la paz. Nadie ha comprendido (nadie más que usted lo ha explicado tampo­co) que es por su causa que usted se ha lanzado en esta loca empresa que consiste en intentar explicar (a unos ignorantes y a gentes que no quieren saber nada de ello) cuáles son las conse­cuencias de la odiosa exterminación de los judíos sobre el desti­no de los Palestinos y a los árabes que no tenían nada que ver con los pogroms polacos o rusos, el asunto Dreyfus y los campos de concentración y exterminio. Sin embargo son los Palestinos y los árabes que han sido despojados. No se quiere demostrar que no sentimos la abyección y el horror de las matanzas antisemitas, sino el uso que se hace de ellas para justificar la creación y la extensión permanente del Estado de Israel que encubre locas injusticias. Hacer de "Auschwitz" un argumento político para sostener Is­rael es exponerse a que este argumento sea rebatido. Y cuando se rechaza un nuevo examen histórico del periodo nazi, cuando se considera que el estudio del expediente ha concluido ¿acaso no es que realmente se intenta impedir que la legitimidad del Estado de Israel sea replanteada así como su comportamiento? Pero no se puede nada contra la Historia. Tarde o temprano todo se sabe.
Me gusta que sea un historiador judío (por el que tengo un inmen­so respeto) el que haya escrito en "Les Temps Modernes", hace 30 años, el maravilloso informe sobre "Israel, hecho colonial". ¿Tiene razón o no? Y si es cierto que la colonización de Palesti­na ha sido elaborada por el movimiento sionista hace cien años, cuando el apogeo de todos los colonialismos ¿No es de suponer que este domino colonialista acabara como los demás? Se haría mejor en reflexionar antes de lanzar anatemas. ¿Acaso Arafat no ha aceptado pagar un tributo muy pesado por la paz? Así como también los pacifistas israelíes, incluyendo Rabin.
Se llama "negacionistas" a los nazis de hoy en día que quieren revisar la Historia para dar razón a los nazis de ayer. No se me hará creer jamás (después de leer las declaraciones del Abate Pierre y del libro de R. Garaudy) que estos dos hermanos míos se han convertido al nazismo.
Se ha dicho que la teología del Abate Pierre esta obsoleta. Yo conozco algunas que lo están todavía más y que harían bien en ser más modestas.
En cuanto a vosotros dos, hermanos, los combates que lleváis, con la edad que tenéis, para concienciar a los que tienen necesidad de ello, fuerzan el respeto y contribuyen a la esperanza.
Pastor Roger Parmentier.

El grito de un deportado
Partidario de de Gaulle desde 1940, ex miembro de las Fuerzas Fran­cesas Libres (FFL), fui arrestado en octubre 1943 y estuve depor­tado durante 18 meses en Buchenwald y luego en el infierno de Dora, en donde millares de deportados franceses han dejado su vida para la fabricación de los V1 y los V2 en la fabrica subte­rránea, ahora soy un invalido casi total.
Os cuento todo ello para decir que he compartido con nuestros camaradas judíos todas las pruebas de los campos.
Una vez aclarado este punto, yo planteo la siguiente pregunta a los periodistas: ¿Con que derecho negáis a los que fueron deportados el derecho de refutar ciertas tesis erigidas en postulados, no por los deportados judíos, sino por ciertos dirigentes sionistas?
¿En que sociedad vivimos, en donde no tenemos el derecho de criticar, de la manera que sea, a los judíos, los israelíes, los sionistas, sin ser automáticamente etiquetado como antisemitas y racistas?
Que los periodistas sepan una cosa: la gran mayoría de los depor­tados en los campos nazis no fueron judíos, aunque todos los medios de comunicación de masas hayan acreditado la tesis que sólo los judíos han sido deportados y exterminados.
Que sepan también que en Francia hay aproximadamente 250.000 deportados, de los cuales 25.000 judíos franceses. Volvieron entre 80.000 y 100.000, y entre ellos unos 15.000 judíos.
Nadie habla de estos deportados no judíos. ¿Por qué? Se habla de Auschwitz a propósito de la Shoah, pero se olvida decir que, solamente en la fábrica subterránea de los V1 y los V2 de Dora, varios miles de deportados franceses murieron de agotamiento y de malos tratos. Dora era también un campo de exterminio por el trabajo y el hambre.
En cuanto a Auschwitz, es cierto que aproximadamente 800.000 judíos de toda Europa perecieron allí, a partir de finales de 1943, pero no hay que olvidar que los primeros deportados exter­minados fueron cerca de 400.000 soldados soviéticos, a los cuales hay que sumar 150.000 gitanos y de 500.000 a 600.000 Polacos y deportados de otras nacionalidades.
De esto tampoco se habla ningún lugar. Entonces ¿Por qué hablar sólo del sacrificio de los judíos y ocultar el martirio de los otros deportados? Ellos también tienen derecho a la memoria.
Garaudy, en tanto que ex‑deportado, no dice otras cosas cuando afirma que se ha ocultado la deportación de los "no‑judíos" y que se denuncia la manipulación de las cifras puesto que al empezar se hablaba oficialmente de 4.000.000 de judíos exterminados en Auschwitz y que ahora esta cifra se evalúa en 1.000.000.
¿Es ser "revisionista" o "negacionista" o incluso antisemita afirmarlo?
Los campos no eran monopolios de ninguna raza, clase social o país. Estábamos todos en pie de igualdad frente al sufrimiento y a la muerte.
No podemos aceptar que la deportación esté actualmente monopoli­zada por algunos y que algunos periodistas, que no han vivido la deportación ni la guerra, se permitan sostener tal manipula­ción.
Gaston Pernot*

La indignación de un escritor israelita
Cana, 102 muertos sin rostro.
Hemos matado 170 personas en el Líbano, en su mayor parte refu­giados, en el curso del mes de abril 1996. Buena parte de ellos eran mujeres, ancianos, niños. Hemos matado 9 civiles, de los cuales un niño de 2 años y un centenario, a Sahmour, el 12 de abril. Hemos matado 11 civiles, de los cuales 7 niños, en Nabayeh, el 18 de abril. En el campo de refugiados de la ONU, en Cana, hemos matado 102 personas (...)
Hemos tenido cuidado en dar la muerte de lejos. De una manera totalmente secular. Sin la idea arcaica de pecado, sin la preocu­pación antidiluviana de considerar al hombre a imagen de Dios y sin la prohibición primitiva de "No matarás".
Nuestra coartada de bronce quiere que no seamos responsables de nada; que la responsabilidad recaiga sobre Hezbollah. Coartada más que dudosa; pues en cuanto hemos decidido desencadenar un ataque masivo sobre una región civil del sur de Líbano (aun cuando Israel no corría ningún riesgo vital), hemos decidido inmediatamente verter la sangre de equis civiles inocentes. A partir del momento en que hemos decidido expulsar medio millón de personas de sus casas y bombardear los que habían quedado atrás (aún cuando en Israel no teníamos ni una sola víctima civil), nosotros, en realidad, habíamos decidido ejecutar varias decenas de entre ellos. Ello nos ha permitido tomar estas crueles decisiones sin vernos como unos granujas.
Los hemos matado porque nos ha permitido matar la distancia entre el carácter sacrosanto cada vez más extenso que nosotros atribuimos a nuestras vidas y el cada vez más restringido que reconocemos a las de los otros.
Creemos de la manera más absoluta que, con la Casa Blanca, el Senado, el Pentágono, el New York Times a nuestro lado, sus vidas no pesan lo mismo que las nuestras. Estamos persuadidos que con Dimona (base nuclear de Israel), Yad Vashem y el museo de la Shoah entre nuestras manos nos toca en verdad el derecho de anunciar a 400.000 personas que deben evacuar en ocho horas sus domicilios. Y que nos correspondía el derecho de hacer llover 16.000 obuses sobre los pueblos y sus poblaciones. Que tenemos reservado el derecho de matarlos sin padecer ninguna culpabili­dad. Bajo ningún concepto...
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*Doctor en Derecho. Commandeur de la Legión de honor. Paris.
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 http://www.webislam.com/?idt=2308

09 juillet 2011

Intégrismes


[...]
Dans son livre « Intégrismes », Garaudy identifie tout d’abord trois caractéristiques essentielles de l’intégrisme: le refus de toute évolution, l’attachement indéfectible au passé et l’intransigeance dogmatique.
L’extrait que j’ai choisi concerne les raisons de l’émergence intégrisme islamiste. Garaudy ensuite met en doute la relation de l’islamisme avec l’islam, tout en proposant des réponses à la question de  la relance de la religion islamique.
A télécharger ici.en pdf ( RapidShare, Megaupload, zShare, uploading, depostifiles ou Hotfile)

http://laiquestunisiens.blogspot.com/2011/05/r-garaudy-integrismes-extraits.html (le 13 mai 2011)