06 octobre 2018

Israël a désormais sa loi raciale

Désormais, par décision de justice, il y a deux types sanguins en Israël : le sang juif et le sang non-juif.

Gideon Levy جدعون ليفي גדעון לוי Traduit par  Jacques Boutard

Marxisme et transcendance

La transcendance, pour un marxiste, n'est jamais absolue : elle est passage d'un ordre à un autre. La vie transcende le physico-chimique. L'homme n'est jamais simplement la résultante des conditions dans lesquelles il est né et a été formé.
Marx n'est pas le continuateur de Spinoza s'enfermant dans la pure immanence. Comme Spinoza, il refuse toute finalité externe : l'homme crée, dans ce monde, son sens et sa liberté. Mais précisément il les crée, il ne les découvre pas tout faits. Marx ne s'oppose pas seulement à une certaine théologie dogmatique qui opposerait transcendance et immanence. Il s'oppose aussi à la philosophie de l'histoire de Hegel et à l'évolutionnisme positiviste.
La transcendance et l'immanence ne s'opposent pas  comme le oui et le non delà logique classique; elles sont ) dialectiquement liées, en tension : elles s'excluent et s'impliquent, à la fois. La transcendance c'est la contestation intérieure de l'immanence. Elle n'est pas  de l'ordre de l'être mais du faire.
Pour un athée marxiste, la traduction la plus proche de la « présence de Dieu », c'est l'expérience de la création sous toutes ses formes : de l'invention scientifique à la création artistique, de l'amour à la révolution. Il ne dira pas : Dieu est là , mais : quelque chose de neuf émerge dans l'histoire et dans la vie des hommes.
Une conception de la transcendance placée dans 1' « au-delà », la met en marge de la vie des hommes.
Cette subjectivité active, qui est jaillissement sans fin de la transcendance, l'image du Christ en a donné l'exemple : lorsque avec lui le Dieu des transcendances lointaines est entré dans l'histoire quotidienne des hommes, il l'a fait en briseur d’idoles et de chaînes, en passeur de frontières, détruisant les tabous et se situant par-delà la justice, le bien et le mal, au nom d'un amour transcendant précisément toutes ces limites historiques, et faisant de lui, selon l'expression du théologien protestant Roland de Pury, le vrai homme, l'homme que Dieu lui-même, Dieu seul a pu être, toute autre humanité que la sienne ne pouvant être qu'inhumaine.
Le marxisme ne peut être l'authentique briseur de chaînes que s'il est capable d'intégrer ce moment chrétien, ce moment divin de l'homme.
Car l'attitude révolutionnaire, en politique comme en art, a encore plus besoin de transcendance que de réalisme. Aucune contradiction « objective » ne peut, à elle seule, engendrer une révolution. Marx, et Lénine après lui, ont montré que la misère ne se transforme pas automatiquement en mouvement ascendant pour renverser le système qui engendre la misère : il faut un projet
révolutionnaire montrant qu'un autre régime, répondant aux voeux profonds des masses, est possible.