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Le poète palestinien Ashraf Fayad a été condamné à mort, vendredi, pour "apostasie". En d’autres termes, l’Arabie saoudite lui reproche d’avoir tenu des propos contre Dieu et contre le royaume. Une accusation qui repose sur un témoignage unique.
"J'ai été très choqué mais 
c'était attendu. Je n'ai cependant rien fait pour mériter la mort",  a-t-il 
expliqué au journal britannique The Guardian.
Ashraf Fayad, qui avait 
représenté l'Arabie saoudite lors de la Biennale 
de Venise en 2013, était inquiété par la police religieuse du royaume pour 
des poèmes aux idées athées. 
Le poète avait déjà été 
détenu en 2013, pour blasphème. Relâché le lendemain, Ashraf Fayad avait de 
nouveau été arrêté en janvier 2014. Cette fois-ci, il avait passé 27 jours au 
poste avant de se retrouver en prison.
Incitation à l'athéisme
En 2014, il est alors 
condamné à quatre ans de prison et 800 coups de fouet en première instance après 
une plainte provenant d'un groupe de discussion culturel dans un café d'Abha 
(sud-ouest). Un homme affirmait alors l'avoir entendu tenir des propos contre 
Dieu, tandis qu'un religieux l'accusait de "blasphème" dans un recueil de poèmes 
que le Palestinien a écrit il y a 10 ans.
Lors du premier procès, 
Ashraf Fayad avait démenti que son ouvrage soit "blasphématoire", mais s'était 
quand même excusé. La cour n'avait alors "pas voulu le condamner à mort".
Mais mardi, selon l’ONG 
Human Right Watch, un autre tribunal est donc revenu sur cette décision, 
vendredi, jugeant que "le repentir, c'est pour Dieu". Privé de carte d'identité, 
le poète n'a pu bénéficier de l'aide d'un avocat pour se défendre.
Pour Ashraf Fayadh, cette 
condamnation vient après de nombreux problèmes rencontrés avec la police 
religieuse. Pour ces amis, qui avaient alors lancé 
une page de soutien, la police religieuse n'ayant trouvé aucune trace 
"d'incitation à l'athéisme" dans ses poèmes, elle l'avait poursuivi pour avoir 
fumé et pour arborer des longs cheveux.
151 exécutions en 2015
L'apostasie, comme le 
meurtre, le viol ou le trafic de drogue sont passibles de la peine de mort en 
Arabie saoudite. Les autorités saoudiennes invoquent la dissuasion comme 
argument clé pour tenter de justifier la peine de mort. 
Selon Amnesty 
International, 151 personnes ont été exécutées en Arabie saoudite depuis le 
début de l'année, un record depuis 1995. Le royaume dictatorial pratique aussi 
les châtiments corporels (des coups de fouets) et les crucifixions contre  
ses 
opposants politiques ou contre des 
blogueurs. La presse n'est pas mieux lotie. Un septembre on apprenait qu'un 
journaliste était détenu depuis un an sans raison et sans procès à 
l’horizon. 
De plus, le pays figure en 
164e position sur 
180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 
2015.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
