par Jacques Baufay
Revue Philosophique de Louvain. Quatrième
série, tome 75, n°28, 1977. pp. 714-715;
Serge
Perottino, « Garaudy et le marxisme du XXe siècle » (Seghers-
Philosophie).
Paris, Seghers, 1974.
En moins
de cent pages, — le reste de l'ouvrage est fait de textes
choisis
par Garaudy lui-même — , l'auteur a pu esquisser une
remarquable
évocation du célèbre philosophe français. Après avoir indiqué
les
diverses influences qui pesèrent sur l'élaboration de la pensée de
Garaudy,
— en même temps que l'originalité de celui-ci vis-à-vis de
chacune
— , il développe sa présentation en trois chapitres (I.
Subjectivité
et création artistique; II. Transcendance et révolution;
III.
Dialectique de l'histoire et modèles du socialisme), montrant à
merveille
comment le philosophe s'efforce d'articuler subjectivité et
transcendance,
sans verser dans l'irrationalisme (existentialiste ou
chrétien),
mais en construisant «une théorie de la subjectivité qui ne
soit pas
subjectiviste et... une théorie de la transcendance qui ne soit
pas
aliénée » (pp. 27 et 52). La transcendance, pour Garaudy, devient
dimension
de l'homme : dimension particulièrement évidente dans
l'art,
qui explore et construit les possibles nouveaux de l'homme et
rend
visible l'univers invisible du possible (p. 40) — et quand il s'agit
de
l'homme, répète Garaudy, le possible fait partie du réel (p. 63) — .
Philosophie
contemporaine 715
D'où la
grande importance de l'esthétique pour un philosophe
marxiste,
s'il est vrai que le point de départ du marxisme, comme
son
point d'arrivée, c'est l'acte créateur de l'homme (p. 37). Ceci
explique
pourquoi Garaudy (qui fut l'élève de Jean Nabert) évoque
volontiers
l'influence, trop négligée à ses yeux, de la philosophie
fichtéenne
de l'acte sur la formation du marxisme.
On sait
l'admirable volonté qui anime Roger Garaudy. Cela le
conduit
peut-être à tendre au-delà du supportable (pour l'orthodoxie,
tout au
moins) certains thèmes marxistes. Voir, par exemple, les pages
sur la
«conscience-reflet», où le penseur communiste estime que le
travail
est acte de transformation de la nature et de soi-même, mais
précédé
de la conscience de ses fins (p. 152); et que la conscience du
but
précède le travail accompli (p. 94). Voir encore les réflexions
émouvantes
qu'il consacre à l'amour, la mort, la religion, en tâchant
de
respecter l'esprit et la lettre de Marx.
L'ouvrage
se termine par une précieuse biographie, qui met en
lumière
le lien unissant vie et pensée chez le philosophe, et une
bibliographie
reprenant les écrits de Garaudy et les études
consacrées
à son oeuvre, y compris les travaux en cours.
Jacques Baufay
Acheter
le livre : https://www.le-livre.fr/livres/fiche-r160058689.html
Extraits du livre de S. Perottino:
http://rogergaraudy.blogspot.com/search?q=serge+perottino
http://rogergaraudy.blogspot.com/search?q=serge+perottino