28 juin 2019

Humanisme marxiste

Jean Lhomme
 Revue économique, volume 10, n°5, 1959. pp. 803-804

Garaudy (Roger) – « Humanisme marxiste. Cinq essais polémiques ». Paris , Editions sociales, 1957

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« Pourquoi je suis marxiste » est la question laquelle répond une brève introduction de l’auteur. Itinéraire intellectuel qu’il est instructif de connaître plus un titre. «  Le chemin de la liberté passait par la dictature du prolétariat. Et mon adhésion au parti de la classe ouvrière était le commencement de ma liberté » (p 13). Ainsi s’explique que, délibérément, les cinq essais qui nous sont présentés soient qualifiés par leur auteur de « polémiques ». Polémique en effet contre le R.P Bigo dans le premier essai consacré aliénation ;  contre le R.P Calvez dans le deuxième consacré la dialectique de la nature et au matérialisme (R.G  est visiblement fort agacé - cf pp 106 et suiv- de voir tellement de religieux écrire et publier sur le marxisme et dans un sens qui bien entendu ne lui agrée pas toujours) ; contre J.-P Sartre dans le troisième essai sur la dialectique et la liberté. C’est dans ce dernier texte que nous semble apparaître, par delà des controverses souvent circonstancielles, l’effort constructif le plus original, celui qui est relatif la conception bourgeoise de la liberté : les pages 205 à 212 précisent très exactement les critiques que le marxisme oppose à une pareille conception. Les pages qui suivent (212 sqq.) retracent dans le même esprit évolution du libéralisme jusqu’à notre époque. Et sans adhérer le moins du monde au marxisme on peut bien reconnaître combien l’ambivalence des termes liberté, libéraux, libéralisme a servi des desseins fort peu désintéressés.
 L’essai intitulé « Des Intellectuels » étudie successivement la situation de ces derniers (classification en trois groupes pp 238-239), puis les problèmes qui se posent eux. On ne peut manquer d’évoquer ici les pages que Schumpeter consacrées à ces mêmes intellectuels : décidément que on soit marxiste ou schumpeterien les intellectuels ne sont pas faciles interpréter !
R.G résume ainsi p 282 leur attitude : «  La position de parti n’est qu’un autre nom de leur volonté d’enraciner leurs créations dans les deux grandes forces avenir de notre époque : la classe ouvrière en lutte pour le socialisme et la méthode scientifique du matérialisme historique toute- puissante parce elle est vraie ».
Quant au dernier essai efforce définir un «  parti ouvrier révolutionnaire ». De tous c’est le plus politique, celui qui souligne le mieux la relation entre classe (sociale) et parti (politique).
 Ouvrage au total instructif une évidente sincérité et que on rangera parmi ceux qui précisent avec le plus de netteté les attitudes actuelles du marxisme sur plusieurs problèmes Importants.


Jean LHOMME