vendredi 28 mai 2010
Charte du réseau international juif anti-sioniste
Qu’ils soient de Pologne ou d’Iraq, d’Argentine ou d’Afrique du Sud, de Brooklyn ou du Mississipi, des Juifs en quête de justice et d’un monde plus juste se sont joints aux mouvements de lutte collective. Ainsi, des Juifs ont participé de façon notable à la lutte ouvrière pendant la période de la Grande dépression, à la lutte pour les droits civiques aux Etats Unis, à la lutte contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud, à la lutte contre le fascisme en Europe, et à bien d’autres mouvements encore en faveur du changement social et politique
Le
nettoyage ethnique historique et toujours en cours perpétré par Israël à
l’encontre du peuple palestinien sur sa propre terre vient contredire
et trahir cette longue histoire de la participation juive à des
mouvements collectifs de libération.
Le
sionisme – idéologie fondatrice de l’Etat d’Israël et qui en est le
soutien actuel, est issu du colonialisme européen et s’est diffusé à la
suite du génocide nazi. Le sionisme s’est nourri des épisodes les plus
violents et oppressifs de l’histoire du dix neuvième siècle,
marginalisant ainsi l’engagement de nombreux Juifs dans les mouvements
de libération. Pour retrouver une place au sein des vibrants mouvements
populaires actuels, il faut mettre fin au sionisme sous toutes ses
formes
C’est la
priorité des priorités, en raison des conséquences du sionisme sur les
Palestiniens et les peuples de l’ensemble de la région ; en raison aussi
du fait que le sionisme porte préjudice à la mémoire de la persécution
et du génocide des Juifs d’Europe en l’exploitant pour justifier et
perpétuer le racisme européen et le colonialisme. Le sionisme est, par
ailleurs, responsable du déplacement massif des Juifs mizrahi
(originaires d’Afrique et d’Asie), et du détournement de leurs
Histoires, langages, traditions et cultures. L’histoire des Juifs
mizrahi remonte à plus de 2000 ans et le sionisme, en s’implantant, en a
dévié le cours au profit d’une ségrégation parmi les Juifs imposée par
l’État d’Israël.
En
conséquence, le sionisme nous implique dans l’oppression du peuple
palestinien et porte préjudice à notre propre héritage, à nos luttes
pour la justice et à nos alliances avec nos semblables.
Nous
nous engageons à : Nous opposer au sionisme et à l’État d’Israël
Le
sionisme est raciste. Il exige l’allégeance à un ordre politique,
juridique et économique qui privilégie et valorise les Juifs ainsi que
les Européens et leurs cultures par rapport aux peuples autochtones et à
leurs cultures. Le sionisme n’est pas seulement raciste, il est aussi
antisémite. Il reprend à son compte l’imagerie européenne et antisémite
du "Juif de la diaspora" efféminé, cupide et faible, et y lui oppose
celle d’un "Nouveau Juif", violent, militariste et sexiste, un Juif qui
est l’auteur d’une violence raciale plutôt que d’en être une victime.
Par-là,
le sionisme fait des Juifs des blancs, en adoptant un racisme de blancs à
l’encontre du peuple palestinien. Malgré la nécessité pour Israël
d’intégrer les Mizrahi afin de maintenir une majorité juive, ce racisme
peut aussi être constaté dans la marginalisation et l’exploitation
économique des masses déshéritées des Mizrahi. Cette violence raciale
inclut l’exploitation des travailleurs migrants
Les
sionistes diffusent le mythe de la démocratie israélienne. En réalité,
Israël a établi et renforcé des politiques et des pratiques qui sont
discriminatoires à l’égard des Juifs mizrahi et qui excluent les
Palestiniens et restreignent leurs droits. Israël, en coopération avec
les États-Unis, sape tout mouvement arabe de libération.
Le
sionisme perpétue l’exception juive. Pour justifier ses crimes, le
sionisme présente une version de l’histoire juive déconnectée de
l’histoire et de l’expérience d’autres peuples. Il promeut un narratif
selon lequel l’holocauste nazi est exceptionnel dans l’histoire de
l’humanité. Il place les Juifs à part, par rapport aux victimes et aux
survivants d’autres génocides, au lieu de nous unir à eux.
Israël
fait cause commune avec des Chrétiens fondamentalistes et d’autres qui
appellent à la destruction des Juifs, sur la base d’une islamophobie
partagée et d’une volonté de contrôler le Moyen Orient et plus largement
l’Asie occidentale. Ensemble, ils appellent à la persécution des
Musulmans. Cette promotion commune de l’islamophobie a pour but de
diaboliser la résistance opposée à la domination économique et militaire
occidentale. Elle s’inscrit dans une longue histoire de collusion du
sionisme avec des régimes répressifs et violents, de l’Allemagne nazie
au régime d’apartheid d’Afrique du Sud jusqu’aux dictatures
réactionnaires d’Amérique du Sud.
Le
sionisme prétend que la sécurité des Juifs repose sur un état juif
militarisé. Mais Israël ne met pas les Juifs en sécurité. Sa violence
garantit l’instabilité et la peur pour ceux qui sont sous sa sphère
d’influence, et met en danger la sécurité de tous, y compris des Juifs,
et ce bien au-delà de ses frontières. Le sionisme a volontairement
participé à créer les conditions qui ont conduit à la violence à
l’encontre des Juifs dans les pays arabes. L’hostilité née de la
violence israélienne et de la domination militaire sur les Juifs vivant
en Israël et ailleurs est utilisée pour justifier encore plus de
violence sioniste.
Nous
nous engageons à : Rejeter l’héritage colonial et l’expansion
colonialiste en cours.
Dès
l’instant où le mouvement sioniste a décidé de bâtir un état juif en
Palestine, il est devenu un mouvement de conquête. A l’instar de tous
les mouvements de conquête et des idéologies colonialistes en Amérique
ou en Afrique, le sionisme s’appuie sur la ségrégation entre les peuples
; par la confiscation de la terre, il s’engage dans le nettoyage
ethnique qui repose sur une violence militaire implacable.
Les
sionistes ont travaillé main dans la main avec l’administration
coloniale britannique, contre le peuple indigène de la région et contre
son espoir légitime de liberté et d’autodétermination. L’imaginaire
sioniste d’une Palestine "vide" et pauvre a justifié la destruction de
la vie palestinienne à l’instar du racisme qui a justifié
l’extermination des peuples autochtones d’Amérique, la traite atlantique
des esclaves et bien d’autres atrocités encore.
Avec
l’expansion permanente des colonies et le Mur d’apartheid, l’engagement
colonialiste d’Israël l’a amené à détruire l’environnement ainsi que les
paysages de la Palestine. Cette politique, qui n’a pas réussi à stopper
la résistance palestinienne, conduit l’Etat d’Israël à toujours plus de
violence et à des politiques qui, lorsqu’elles sont menées à leur point
ultime, finissent en génocide. A Gaza, l’État d’Israël dénie l’accès à
la nourriture, à l’eau, à l’électricité, à l’aide humanitaire et aux
fournitures médicales, c’est l’arme qu’il utilise contre les fondements
même de toute vie humaine.
Israël,
qui a été en son temps l’outil favori des Britanniques et des Français
contre l’unité arabe et l’indépendance, est devenu le plus jeune associé
de l’alliance US pour le contrôle militaire, économique et politique au
niveau mondial, qui vise plus particulièrement la domination de la
région stratégique du Moyen Orient/Asie du Sud-ouest. Le danger d’une
guerre nucléaire représenté par une attaque israélo-américaine sur
l’Iran nous rappelle qu’Israël est une bombe atomique qui devrait faire
l’objet d’un démantèlement urgent, en vue de sauver les vies de toutes
ses victimes actuelles et potentielles.
Nous
nous engageons à : Nous opposer aux organisations sionistes.
Non
content de donner forme à l’Etat d’Israël, le sionisme a fondé sa
politique internationale de domination militaire et d’hostilité envers
ses voisins et a instauré un réseau mondial complexe d’organisations, de
lobbys politiques, d’entreprises de relations publiques, de clubs
universitaires, et d’écoles pour appuyer et propager les idées sionistes
au sein des communautés juives et dans l’opinion publique de façon
générale.
Un flot
de milliards de dollars américains abreuve Israël année après année,
pour soutenir l’occupation et la brutalité de son armée hyper moderne.
La machine de guerre qu’ils financent fait partie intégrante de
l’industrie mondiale de l’armement qui, à elle seule, draine les
ressources dont manque une humanité désespérément privée d’eau, de
nourriture, de soins sanitaires, de logement et d’éducation. Pendant ce
temps-là, L’Europe, le Canada et les Etats-Unis soutiennent
l’infrastructure d’occupation israélienne sous couvert d’aide
humanitaire au peuple palestinien. Ensemble, les Etats-Unis et leurs
alliés coopèrent au renforcement de la domination de la région et à
l’écrasement des mouvements populaires.
Un
réseau international d’institutions et d’organisations sionistes appuie
l’armée israélienne par des financements directs. De plus, ces
organisations fournissent un soutien politique nécessaire à la
légitimation et à la promotion de leurs visées politiques et de leurs
projets humanitaires. Dans certains pays, ces organisations censurent
toute critique envers Israël et ciblent des individus et des
organisations qui sont mis sur listes noires et sont victimes de
violences, d’emprisonnement, de déportation, de privation d’emploi et
d’autres sanctions économiques.
Ces
organisations diffusent l’islamophobie. Agitant l’épouvantail de la
guerre à l’étranger, elles instaurent une législation répressive dans
leurs propres pays. Aux Etats-Unis et au Canada les groupes sionistes
ont aidé à faire passer la législation « antiterroriste », exposant
ainsi à des poursuites judiciaires pour aide au terrorisme et trahison,
toute activité favorable au boycott, au désinvestissement et aux
sanctions contre Israël ainsi que le soutien aux organisations
palestiniennes, iraniennes, iraquiennes, libanaises et musulmanes. En
Europe et aux Etats-Unis, des groupes soit disant « juifs » sont
désormais au premier rang de l’appel à la guerre contre l’Iran.
Mais
l’édifice sioniste et celui de la suprématie mondiale des Etats-Unis se
fissurent. A la suite de l’extraordinaire résistance de la Palestine et
du sud-Liban à l’agression et à l’occupation israélienne et américaine,
qui ont tenu en dépit de ressources limitées et de nombreuses trahisons,
le mouvement international de solidarité avec les Palestiniens en lutte
contre la politique des USA et d’Israël prend de l’élan.
En
Israël, cet élan est visible dans une contestation croissante qui ouvre
la voie à la revendication d’un double héritage des années 60 : celui du
Matzpen, organisation israélo-palestinienne, juive et antisioniste et
celui du parti mizrahi des Panthères Noires. Plus largement, le refus de
la conscription obligatoire dans l’armée israélienne est croissant dans
la jeunesse.
Au sein
du gouvernement et dans des discussions publiques aux Etats-Unis et en
Europe le coût de l’aide inconditionnelle à Israël est de plus en plus
remis en cause. C’est pourquoi Israël et les Etats-Unis sont à la
recherche de nouveaux alliés au sud pour qui puissent se joindre à leurs
conquêtes économiques et militaires. La relation croissante entre
Israël et l’Inde en est un exemple frappant. Partageant l’intérêt
occidental pour le contrôle politique et le profit économique de
quelques-uns au détriment du plus grand nombre, l’élite indienne aussi
bien que celles du Moyen Orient et plus largement de l’Asie occidentale
sont de connivence avec le programme économique et militaire de l’Ouest
dans la région
La
propagande de la guerre occidentale contre le terrorisme sert de caisse
de résonance à l’islamophobie de l’élite indienne et fournit aux régimes
du Moyen Orient et de l’Asie du Sud-ouest une opportunité pour réprimer
sévèrement toute dissidence. Malgré cela, des soulèvements populaires
et des chapitres glorieux des luttes anti-coloniales remettent en
question cette alliance et devraient lui porter un coup fatal.
Avec nos
alliés, notre but est d’aider à élargir ces fissures jusqu’à ce que le
mur tombe et qu‘Israël soit isolé comme l’a été l’Afrique du sud de
l’apartheid. Nous nous engageons à lutter contre ces groupes qui
prétendent parler à notre place et à les vaincre.
Nous
nous engageons à : Etre solidaires et à travailler pour l’apaisement et
la justice.
Nous
sommes engagés aux côtés du peuple palestinien pour sa libération et son
autodétermination. De tout notre cœur, notre volonté et notre énergie
politique nous soutenons la résistance du peuple palestinien dans toute
sa diversité et sa vaillance et nous faisons front à l’injustice dont
sont coupables les pays où nous vivons.
Nous
soutenons sans équivoque le Droit au Retour des Palestiniens sur leur
terre. Nous appelons à l’abrogation du droit au retour raciste israélien
qui privilégie le droit de toute personne se déclarant juive de
s’installer en Palestine tout en privant les réfugiés palestiniens de ce
droit.
Nous
sommes de tout cœur avec l’appel de la Palestine au boycott, au
désinvestissement et aux sanctions contre Israël.
Nous
soutenons la revendication de libération de tous les prisonniers
politiques palestiniens et dénonçons la pratique consistant à incarcérer
des leaders politiques palestiniens, des jeunes et la population en
général, comme méthode de contrôle et de terreur.
Ce n’est
pas à nous de prescrire quel chemin doit prendre le peuple palestinien
pour définir son avenir. Nous ne prétendons pas nous substituer à ses
choix. Nos stratégies et nos actions naîtront de notre relation avec
ceux qui sont engagés dans tout l’éventail des luttes de libération en
Palestine et dans la région. Nous soutiendrons leur lutte pour survivre,
pour garder leur terre et pour faire avancer leur mouvement comme ils
l’entendent, selon leurs propres termes.
Nous
sommes partenaires des grands mouvements de résistance populaire de
notre époque qui défendent et chérissent les vies de tous les peuples et
de toute la planète, conduits par ceux qui souffrent le plus de la
conquête impériale, de l’occupation, du racisme et de la domination
mondiale, de l’exploitation des hommes et des ressources. Nous sommes
pour la protection de la nature. Nous défendons les droits des peuples
indigènes sur leur sol et pour leur souveraineté. Nous défendons les
droits des migrants et des réfugiés pour qu’ils puissent se déplacer
librement et en toute sécurité à travers les frontières. Nous défendons
le droit des travailleurs – y compris des immigrés en Israël amenés pour
prendre la place des Palestiniens et des Mizrahi - à la justice
économique et à l’autodétermination. Nous défendons l’égalité raciale et
l’expression culturelle. Nous défendons le droit des femmes, des
enfants et de toutes les minorités exploitées à se libérer de toute
domination. Et nous défendons le droit universel à la terre, à l’eau, à
la nourriture, au logement, à l’éducation, aux soins et à être libérés
de la violence : c’est le seul moyen pour que la société humaine puisse
survivre et s’épanouir.
Nous
nous engageons à soutenir la justice pour guérir les blessures infligées
par la force et par le droit colonial en Palestine et dans l’ensemble
de la région ; pour guérir les traumatismes qu’ont subi les Juifs en
Europe et dont se sert le projet sioniste, pour guérir les peurs et
privations endurées dans des massacres au fil des années ainsi que les
manipulations de la culture et des ressources exercées dans le but
d’exploiter les Juifs Mizrahi et de les séparer des Palestiniens.
La
justice pour laquelle nous travaillons est à construire par ceux,
partout en Palestine, y compris en Israël et par les réfugiés
palestiniens, dont la lutte pour l’autodétermination leur apportera
l’égalité et la liberté ainsi qu’aux autres habitants des alentours.
Nous
vous appelons à nous rejoindre.
Ces
engagements nécessitent la construction d’un mouvement juif uni à
l’échelle internationale, qui s’oppose au sionisme et à sa volonté de
vouloir parler au nom de tous les Juifs. Face à un adversaire
international il ne suffit pas de travailler au niveau local, ni au
niveau national. Nous devons trouver des moyens d’agir ensemble par delà
les frontières géographiques, sectorielles et linguistiques. Il y a
place pour toutes sortes d’initiatives et d’organisations, existantes ou
nouvelles, qui puissent travailler en toute indépendance et
conjointement, en soutien mutuel et en collaboration.
Etes-vous
contre le racisme sous toutes ses formes ? Alors, nous vous appelons à
nous rejoindre pour mettre fin à l’apartheid israélien.
Soutenez-vous
la souveraineté et les droits des peuples indigènes à leur terre ?
Alors, nous vous appelons à nous rejoindre pour la défense des droits
souverains à la terre des Palestiniens.
Croyez-vous
que nos vies sont dépendantes de la durabilité économique et
environnementale ? Etes-vous en colère devant le vol et la destruction
des ressources de la planète ? Alors, nous vous appelons à nous
rejoindre pour arrêter le vol de la terre et de l’eau, la destruction de
l’agriculture, de la terre palestiniennes des villages et des
oliveraies par Israël.
Voulez-vous
en finir avec les guerres interminables pour le pétrole et pour la
domination militaire des Etats-Unis et de leurs alliés ? Voulez-vous en
finir avec les cultures militarisées, avec la conscription des jeunes et
le pillage des ressources destinées à financer l’armée plutôt que les
besoins vitaux ? Alors, nous vous appelons à nous rejoindre pour
démanteler une pièce cruciale de la machine de guerre mondiale.
Voulez-vous
vous désolidariser du nettoyage ethnique de la Palestine, de la
destruction de son histoire, de sa culture et de son autodétermination ?
Croyez-vous qu’il n’y ait de paix qu’avec la justice ? Etes-vous à la
fois triste et en colère contre le fait que le génocide des Juifs soit
utilisé pour perpétrer d’autres atrocités ? Alors, nous vous appelons à
nous rejoindre pour en finir avec le colonialisme sioniste.
Pour que
sur cette planète on puisse vivre dans la sécurité, la justice et la
paix, il faut mettre fin au projet colonial israélien. C’est avec joie
que nous nous lançons dans le travail de sape collective d’un système de
conquête et de destruction qui a fait souffrir notre monde pendant trop
longtemps.