Au lendemain des événements du 11 septembre [...] à New
York et Washington, le Président des Etats-Unis a cru bon de faire de grandes
déclarations évoquant la « croisade » et la « lutte du bien
contre le mal ». Dans les jours qui suivirent, il nuança quelque peu ses
propos, et tout en continuant à tenir un langage parfois aussi naïf que
guerrier (« Mais pourquoi ne nous aime-t-on pas, nous Américains, alors
que nous sommes si bons ? ») il tint à préciser qu’il ne faut pas
confondre « Islam » et « terrorisme ». Comme lui,
d’ailleurs, tous les chefs d’États occidentaux –ou presque- tinrent à déclarer
que l’Islam est une « grande religion » et une « admirable
civilisation ». Pourtant ces belles déclarations furent accompagnées, dans
nos journaux et sur nos chaînes de radio et de télévision, d’innombrables
commentaires nous expliquant que, décidément, certains enseignements du Coran sont
« incompatibles avec nos valeurs occidentales » et, pour tenir un tel
langage, se rejoignirent étrangement des gens aussi divers que le très
« laïque » Jean-Claude Barrault, le très zélé Pierre Antoine
Moussali, auteur d’un ouvrage où sont repris les arguments les plus usés de la
vieille polémique anti-musulmane, et le trop médiatique Alain Finkielkraut,
sans parler de quelques journalistes catholiques habituellement plus dociles
aux enseignements de Jean-Paul II.
Celui-ci en effet, à maintes reprises, et tout récemment
à la Mosquée de Damas –où il fut reçu chaleureusement- a appelé les chrétiens
et les musulmans du monde entier à découvrir et à approfondir les valeurs
spirituelles et éthiques qui les unissent, afin de travailler ensemble –et avec
tous les autres- pour promouvoir la justice, condition de la paix, partout dans
le monde et en particulier au Proche-Orient. Au lieu d’opposer, comme le font
certains, « l’Islam et l’Occident » il faut donc, au contraire,
promouvoir le dialogue entre les civilisations, comme l’a demandé, depuis si
longtemps Roger Garaudy, et comme le demandent aujourd’hui Jean-Paul II et le
président iranien M. Khatami. Car le véritable islam, ce n’est pas tel ou tel
courant de pensée, ou telles ou telles pratiques sociales qui, dans certains
pays, utilisent abusivement le Nom de Dieu pour tenter de justifier
l’injustifiable. Le véritable Islam, c’est le message du Coran, source de
valeurs spirituelles et éthiques dont vivent d’innombrables croyants et dont
notre monde a bien besoin en ce début du XXIème siècle.
Quant à l’Occident, il ne se réduit pas
(heureusement !) à la scandaleuse pratique du « deux poids, deux
mesures » dans l’application des résolutions de l’ONU, il ne se confond
pas avec l’inacceptable soutien des Etats-Unis à la politique
israélienne. Il ne s’exprime pas, non plus, à travers la médiocrité, la
vulgarité, la bêtise de tant d’émissions de nos télévisions. Le véritable
Occident, c’est l’humanisme gréco-latin, le patrimoine chrétien, le siècle des
Lumières, le progrès de la science et de la technique. C’est Pascal, Mozart et
le Général de Gaulle. Quand on parle du monde musulman et de l’Occident, on ne
doit pas oublier non plus qu’il y a des chrétiens irakiens, palestiniens,
iraniens, libanais, syriens, égyptiens et qu’il y a des musulmans français,
belges, russes, chinois, américains…. Les uns et les autres contribuent à
établir des ponts entre les rives de la Méditerranée, et –au delà- entre le
Nord et le Sud.
Père
Michel Lelong
Revue A contre-nuit, n°17, octobre-novembre 2001
Jésus et Marie selon le Père Lelong: voir la video: http://www.centre-zahra.com/interviews/pere-lelong-militant-chretien-chercheur-et-ecrivain-627.html