[...] Roger Garaudy remplit toujours les yeux de son interlocuteur et inspire le respect à l'opposé de 
Bernard Henri Levy [...] pour lequel seul compte la survie du sionisme. Roger 
Garaudy fut considéré comme l'homme du dialogue des civilisations juive, 
musulmane  et chrétienne. il disait :«Ma plus grande fierté est d'être 
fidèle au rêve de mes vingt ans: l'unité des trois religions, 
christianisme, judaïsme et islam» alors que d'autres exploitent les 
massacres de la Shoah pour "glorifier" l'aparheid  du sionisme 
persécutant chrétiens africains et autochtones palestiniens; brillant 
philosophe, auteur d'oeuvres littéraires, il se définissait comme un 
«Don Quichotte» luttant contre les «moulins à vent» capitalistes. Mais 
il fut aussi un homme d'appareil. Au sein du Parti communiste auquel il 
adhéra à 20 ans, et dont il fut exclu en 1970 pour avoir notamment 
dénoncé la «normalisation» en Tchécoslovaquie. Au bureau politique, il 
était surnommé «le Cardinal» à la fois pour son sens de l'autorité et 
son attirance pour l'Eglise. Il fut, des décennies durant, prisé des 
milieux intellectuels et des médias français pour son oeuvre 
philosophique et son courage politique. En 1982 il s'est converti à 
l'Islam sous le prénom de «Raja'a» (l'espérance). Son livre, «Les Mythes
 fondateurs de la politique israélienne», fit de lui un paria dans le 
monde politico-médiatique. En 1998, au terme de cinq arrêts distincts, 
la Cour d'appel de Paris le condamna pour contestation de crimes contre 
l'humanité, diffamation raciale et provocation à la haine raciale, à 9 
mois d'emprisonnement avec sursis et une forte amende. Dans ce livre, il
 évoquait «le mythe des six millions de juifs exterminés, devenu un 
dogme justifiant toutes les exactions de l'Etat d'Israël en Palestine». 
Un sujet tabou en France.
M.Garaudy avait reçu le soutien de très 
nombreuses voix arabes ainsi que celui de son vieil ami l'abbé Pierre, 
prêtre catholique engagé auprès des pauvres, soutien indéfectible qui 
avait fait scandale. Né le 17 juillet 1913 à Marseille, fils d'un 
comptable, Roger Garaudy, attiré à 14 ans par le protestantisme, passe 
son agrégation de philosophie et son doctorat ès lettres. Il est interné
 trente mois de 1940 à 1943 dans le camp de concentration vichyste de 
Djelfa, en Algérie, aux côtés de républicains espagnols. Il échappe à la
 faim, à la typhoïde, et à l'exécution, sauvé in extremis par des 
musulmans ibadites. Ce geste l'attirera vers l'Islam. En 1945 il est élu
 député, puis il devient sénateur. Professeur de philosophie, il dirige,
 de 1960 à 1970 les 
Cahiers du communisme, revue théorique du parti, et 
le Centre d'études et de recherches marxistes (1960-70). En 1981, le 
candidat socialiste et futur président François Mitterrand le fera 
participer à sa campagne mais les deux hommes se brouilleront. Dans les 
années 1980, Garaudy, déjà très apprécié dans le monde musulman, tente 
des démarches personnelles, à Téhéran et à Bagdad - où il est reçu par 
Saddam Hussein - pour mettre fin au conflit Irak-Iran. Son oeuvre avait 
notamment été saluée par le régime islamique iranien, l'ancien dirigeant
 libyen le colonel Mouamar El Gueddafi, le responsable du Hezbollah 
libanais, Hassan Nasrallah et les autorités saoudiennes
Cet article a été publié en juin 2012 sous le titre "Hommage à Raja Roger Garaudy antidote du poison Bernard Henri Levy"[NDLR]