17 décembre 2011

Garaudy et Ben Bella face à la guerre du golfe (1990)

- le 29 Août 1990

EVITER L'APOCALYPSE

SOUS le titre, «Pour un état de droit et la paix au Proche et Moyen-Orient», Roger Garaudy et Ahmed Ben Bella ont publié, mardi, un texte commun dans lequel ils affirment: «Le sens profond de l'invasion américaine du Golfe après celles, par exemple, du Vietnam et de Panama, risque d'être occulté par le vacarme des médias. C'est la guerre du pétrole, une nouvelle agression contre le tiers-monde, une escalade décisive dans la guerre des riches contre les pauvres camouflée en défense locale d'un peuple souverain contre une invasion étrangère».
«S'agit-il d'une «défense du droit international violé par l'Irak» comme le prétendent les Etats-Unis et leurs satellites?», s'interrogent les auteurs du document. Ils rappellent que «le droit international n'a cessé d'être violé au Proche-Orient, depuis vingt-trois ans: aucune résolution de l'Onu n'a été respectée».
«Ni le retrait de toutes les troupes d'occupation de Cisjordanie, de Gaza et du Golan (résolution 242 du 22 novembre 1967); ni la restauration du statut international de Jérusalem (résolution 267 du 3 juillet 1969, du Conseil exécutif unanime); ni l'interdiction des «colonies» israéliennes implantées dans les territoires occupés (résolution du 20 juillet 1979, et résolution 465 du Conseil de sécurité en mars 1980). (...) Aucun des défenseurs actuels du «droit international» n'a esquissé aucun geste pour l'application du «droit» et des résolutions de l'Onu. Au contraire, les Etats-Unis ont opposé leur veto à toute sanction et ils ont fourni à l'envahisseur armes et finances.»
«Pourquoi, s'interrogent Roger Garaudy et Ahmed Ben Bella, ces deux attitudes aussi radicalement opposées devant des cas «juridiquement inacceptables», selon la formule de Bush? Que signifie cette «justice» à sens unique?» Estimant que «le Koweït n'a jamais été séparé de l'Irak jusqu'en 1961», les auteurs du texte affirment que le rôle spécifique de ce pays, «dans le jeu américain, était de permettre de manipuler les prix du pétrole. (...) Le fond du problème, c'est qu'il ne s'agit ni de «défense du droit international», ni de lutte contre la violation des frontières d'un Etat souverain. En réalité, c'est une croisade colonialiste pour le contrôle absolu de l'Occident sur le pétrole du Moyen-Orient, et une guerre des riches contre les pauvres, contre le tiers-monde, pour lui voler ses ressources naturelles et régler son «développement» selon la loi des maîtres», indiquent-ils.
Roger Garaudy et Ahmed Ben bella affirment que l'«entrée des troupes irakiennes au Koweït et la prise des étrangers en otages» ne justifient pas «la prétention américaine de s'ériger en juges et en gendarmes du monde (...).» Ils constatent que «l'intervention militaire immédiate a rendu impossible toute solution négociée entre les pays arabes (...).»
«Pour éviter l'apocalypse», il faut revenir, selon les auteurs du texte, au «respect du droit international, et à son respect non pas à sens unique, mais pour tous». Alors, concluent Roger Garaudy et Ahmed Ben Bella, «tout devient possible, (...) l'instauration d'un «état de droit» au Proche et Moyen-Orient: les Palestiniens d'une part et les Koweïtiens d'autre part, pourront alors librement choisir leur destin».