26 août 2017

Mécanisme et positivisme en philosophie

La science et la technique occidentales (suite) 


Mécanisme et positivisme en philosophie. Ces
deux premières étapes du développement de la
physique ont donné naissance à l'idéologie mécaniste
et au positivisme.
La mécanique, c'est la croyance en la possibilité de
tout expliquer par le déterminisme des lois de la
mécanique rationnelle.
Cette idéologie mécaniste de la physique de
Galilée, de Descartes, de Newton et de Laplace, repose
sur cinq postulats :
1. Le monde existe objectivement, indépendamment
de tout observateur.
2. Le mouvement des choses peut être décrit dans
une « arène » immuable constituée par l'espace et le
temps.
3. Tout objet peut se définir par un ensemble de
 « points matériels » reliés par des lois (exprimables en
équations) extérieures aux objets qu'elles régissent.
4. Si l'on donne toutes les positions et toutes les
vitesses initiales d'un système de « points matériels »,
l'on peut en déduire tous les états passés et en prédire
tous les états futurs.
5. Les lois de la nature, en nombre fini et bien
déterminé, constituent un système clos.

De cet état de la science est né le positivisme
d'Auguste Comte, qui revendique l'héritage de Galilée,
de Descartes, de Hume et de Condorcet.
Le caractère fondamental du positivisme est de
confondre science et scientisme.
Le scientisme, c'est fa croyance selon laquelle la
science ne peut être rien d'autre que la définition des
faits apparaissant dans l'expérience des sens, et la
liaison de ces faits par des lois et des rapports constants.
On en conclut alors que tout problème ne relevant
pas de la science ainsi définie est un faux problème,
qualifié de « théologique » ou de « métaphysique »
comme par exemple les problèmes d'origine et les
problèmes de finalité. Le propre de la pensée positiviste
est de ne se poser toujours que la question du
« comment » et jamais celle du « pourquoi ».

Cette conception dogmatique et étroite de la
science, Auguste Comté l'applique à tous les domaines,
notamment à la « sociologie », qu'il considère comme
une « physique sociale » où l'homme est soumis au
même déterminisme que les choses.
De là découle une politique foncièrement conservatrice,
car l'avenir de toute société, selon cette
conception, est le prolongement de son passé.
De ce dogmatisme scientiste, Auguste Comte a fait
aisément une nouvelle « religion », sous-jacente
d'ailleurs, même si elle ne se proclame pas religion, à
toutes les extensions, au domaine politique, de ce
scientisme étroit, de Staline à Jacques Monod.
Imbus de ce scientisme positiviste, nombre de savants,
à la fin du XIXe siècle, crurent que la physique
avait atteint la vérité absolue et que l'édifice en était
achevé. Ainsi le premier maître de Max Planck,
Kirchhoff, disait-il par exemple qu'il suffirait désormais
d'ajouter quelques chiffres après les décimales des
résultats déjà connus.
Le grand physicien Lord Kelvin affirmait qu'il n'y
axait plus que deux petits nuages obscurs à l'horizon :
l'expérience de Michelson et Morlay, et l'impossibilité
d'expliquer, pai la physique classique, la radiation du
corps noir.
Au début du XXe siècle, ces deux petits nuages ont
envahi tout le ciel et englouti la mécanique classique
avec son cortège d'idéologie scientiste prétendant
sacraliser la science.


Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain,
pages 320-322