13 août 2015

Paix


La paix sous ses différents aspects…
Par Camille Loty Malebranche




« Heureux les artisans de paix » Jésus

Évoquer la paix éveille immédiatement l’idée de la tranquillité par absence de conflits entre des individus, des classes sociales ou des sociétés.

En contexte philosophique ou théologique, la paix sous-tend la perception d’un calme, d’une placidité intérieure qu’apporte l’harmonie ontologique. Là, la paix est une émanation de l’unité intérieure atteinte par la transcendance du monde; c’est la cohérence supérieure de l’esprit souverain librement assumé.

La paix sociale et internationale doit être poursuivie par tous les combats de la justice et du respect d’autrui car l’injustice et l’irrespect sont les racines de toutes les guerres civiles ou interétatiques. Toutes les conflagrations entre concitoyens ou sociétés tiennent de l’un de ces monstres, sinon des deux réunis. Force ici est de comprendre que la justice renvoie aux dus matériels et temporels de l’humain, tels des biens, une fonction sociale, la jouissance d’un droit; alors que le respect concerne le du immatériel et intemporel qu’est la considération pour la personne même de l’être humain à qui l’on doit un traitement de dignité par égard pour l’humanité. En cela, au sens large, le respect que nous choisissons de traiter en propre, fait lui-même partie de la justice

La justice

Une justice sociale et internationale où chaque catégorie sociale, chaque État considérerait les dus d’autrui comme inviolables tout en faisant tout, pour que chacun reçoive ses dus, suffirait amplement à faire de la terre un havre de tranquillité, un verger de paix entre pays, peuples voire individus. Car c’est l’obsession de prendre à autrui ce qui lui revient soit comme matériellement soit comme considération et estime ou encore la tentative de rogner sur ce qu’autrui a, pour accumuler et se gonfler de l’accumulation comme privilège de classe, de statut ou de rang, qui sape le plus souvent les balises de la paix malgré les désaccords et différences irréductibles entre sociétés, entre classes sociales ou individus.

Le respect

Respecter l’autre, savoir rester dans les limites de l’admissible dans les rapports à l’autre, se freiner soi-même contre tout emportement qui agresseraient autrui d’une quelconque manière… Le respect est facile à doser et mesurer car il tient en nous de notre empirie de l’acceptable comme de l’exigence d’être pris au sérieux et avec appréciation par les autres. Dans les fibres de notre propre susceptibilité, nous pouvons généralement lire et prévoir celle de nos semblables. Naturellement il y a aussi des parts spécifiques de susceptibilités à étudier quand il s’agit de pans culturels de la personnalité où ce qui est admissible peut varier selon l’altérité des origines. Dans ces cas de différences culturelles importantes, c’est le dialogue qui préviendra les malentendus et leurs ferments de conflits.

La paix intérieure

La voie sacrée et divine à la paix intérieure, celle qui, sans être expatriation fallacieuse ou songerie béate, fait figure de béatitude spirituelle telle qu’enseignée par Christ, consiste en notre ancrage dans la nature humaine profonde, cette ennaturation qui est spiritualité. La paix est harmonie intérieure et transcendance du monde. Dépassement de l’impermanent et de l’instable pour l’immuable divin. Le Christ nous apprend que le Paraclet, Hypostase divine accordée à celui qui croit, sauve l’homme de la focalisation mondaine, source de tous les troubles, racine de toutes les instabilités. Là, l’évolution et son mouvement ascendant ne doit pas être confondue avec l’instabilité.

Évoluer métaphysiquement implique un mouvement dans l’être comme essence pour qui la multiplicité de nos dimensions d’agissant se mettent en acte précisément afin de porter à la nature de notre être, les victuailles du devenir par son approfondissement. Approfondir et exhausser la nature de l’être, c’est l’accomplir. L’entéléchie n’est autre que le devenir soi pour l’être conscient de sa vérité, son essence. La paix à ce stade, est affaire de focalisation d’attention. Le don divin de la paix nous donne de nous focaliser sur l’être, l’infini, le divin plutôt que de laisser notre attention errer et se disperser dans les illusions et vicissitudes d’un monde aporique dont l’épilogue est toujours douloureuse désillusion. Contre les butoirs abortifs du matérialisme, la paix spirituelle nous transporte aux sphères de la Vérité immatérielle de notre origine divine. La paix paraclétique que propose Jésus, s’obtient par le pieux éveil de l’esprit qu’est l’homme à sa propre dimension d’Imago Dei où il a conscience de la présence du Père dont l’Amour appela la Création et parmi la Création, cette chose mystérieuse qu’est la vie autant organique qu’intangible.

La mission de l’homme est de parvenir à Vivre au-dessus de ce monde où les ténèbres de l’apparence strient l’être de leurs multiples noirceurs comme autant de néants superposés à la nature humaine pour empêcher son éveil à la Vérité, son ascension dans l’Esprit. La paix intérieure est profondeur car enracinement en notre substance; elle est aussi hauteur et ascension comme marche vers la transcendance. Toute platitude matérialiste, toute focalisation sur le charnel, amenuise les forces intérieures de la paix divine en nous et nous éloigne de notre nature spirituelle. C’est littéralement de l’aliénation métaphysique. Nous comprenons ici que le contraire de la paix, c’est la disharmonie de l’esprit s’ignorant lui-même, inconscient à sa propre Vérité de nature, errant dans les incohérences des faussetés extérieures d’asiles et de supports factices que lui offre monde.

L’absurde et ses affres de désespoir qui ôtent toute ataraxie, se caractérise par l’apatridie de la conscience errante, la négation de sa nature par l’esprit qui adopte les illusions et non sens des apparences comme patrie.

Le Christ, Lui, Sagesse divine rédemptrice incarnée pour notre Salut, nous indique la foi spirituelle qui est communion intérieure avec Dieu, comme seul rempart sûr, capable de nous procurer sens et paix envers et contre le mensonge des sens et les postiches reflets du réel qui passe…