Entretien avec Edgar Morin
E. M. = Edgar Morin M. -C. N. =
Marie-Christine Navarro
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M. -C. N. : Il est temps de
s’interroger sur ce mot d’« intellectuel ». Dans votre livre Mes démons, vous
avez la dent extrêmement dure sur le milieu intellectuel parisien. Surtout sur
ce que vous appelez le « crétinisme du haut ». Pour vous, s’il existe un
crétinisme de la culture du bas, il y a un crétinisme du haut. Cela explique aussi
pourquoi vous êtes atypique dans votre parcours.
E. M. : Tout d’abord je n’ai pas
le mépris élitiste pour la culture populaire. (…) Certes je pense qu’il y a un
crétinisme « du bas », qui vient des médias, mais je pense aussi qu’il y a le
crétinisme « du haut », celui qui règne dans le monde des spécialistes, des
universitaires refermés sur leurs disciplines, chez les technocrates. Je lutte
sur deux fronts : contre le crétinisme du bas et contre le crétinisme du haut.
Tout en appréciant ce qu’il y a d’intéressant en haut et en bas.