16 juin 2018

Réflexions sur "l'affaire Garaudy"

Je vous envoie ce travail bien modeste inspiré par l’affaire Garaudy [La publication des Mythes fondateurs de la politique israélienne et le lynchage médiatique et judiciaire qui s’ensuivit, NDLR]


Commençons par ce qu’il est convenu d’appeler la pensée unique. Voici des extraits d’une superbe conférence qui traite sereinement de ce thème épineux et polémique :

« Ceux qui se sont donné pour but d’empêcher la libre confrontation des idées se font gloire de ne pas débattre (…), parce que le refus du débat épargne d’avoir à réfuter, c’est-à-dire permet de faire l’économie d’une discussion intellectuelle dont, il faut bien le dire, les tenants de la bien-pensance ont aujourd’hui rarement les moyens. (…) On ne réfute plus les idées qu’on dénonce, on se contente de les déclarer inconvenantes ou insupportables. La condamnation morale dispense d’un examen des hypothèses ou des principes sous l’horizon du vrai et du faux. Il n’y a plus d’idées justes ou fausses, mais des idées conformes, en résonance avec l’esprit du temps, et des idées non conformes, dénoncées comme intolérables. (…) Un livre peut ainsi être dénoncé, même si ce qu’il contient correspond à la réalité. » (Alain de Benoist, 2003 ; le texte intégral de la conférence est disponible gratuitement sur Internet)


Assez de cette funeste crypto-dictature qui nous écrase tous :

« Un jour viendra où nous n’aurons plus assez de mots pour expliquer à nos héritiers que nous n’avons rien fait pour empêcher des détrousseurs de démocratie de leur voler l’avenir… » (Denis Jeambar, "Les Dictateurs à penser", 2004)

« Nous ne voulons blesser aucune conscience, mais nous voulons allumer tous les flambeaux ; tant pis pour qui se plaît à la nuit et au sommeil ! Le temps des dogmes et des infaillibilités est passé ; il n’y a plus aujourd’hui que des faits scientifiques et des opinions. (…) L’unité des esprits doit naître désormais d’un libre, universel et incessant examen, et (…) toutes les ténèbres hypocritement accumulées tomberont. » (Pierre Larousse, préface au "Grand dictionnaire universel du XIXe siècle", 1865 ; le texte intégral de cette préface est disponible gratuitement sur Internet)

« A-t-on jamais vu que la pesanteur du conformisme ait durablement raison de l’esprit critique ? Il faut faire, sans se lasser, l’éloge des dissidents... » (Jean-Claude Guillebaud, "La Trahison des Lumières", 1995)

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Sur la tâche d’écrire l’histoire et comment l’effectuer correctement, Garaudy ayant été complètement délégitimé - malgré une œuvre importante et fort variée et un incontestable humanisme universaliste dont témoigne une longue vie qui a été éclatante de dévouement à la cause de la justice – en raison d’un livre relevant de ce domaine, tout a été dit par un auteur brillant et certes original de l’Antiquité :

« Il faut, avant tout, que l’historien soit libre dans ses opinions, qu’il ne craigne personne, qu’il n’espère rien. Autrement, il ressemblerait à ces juges corrompus qui, pour un salaire, prononcent des arrêts dictés par la faveur ou la haine. (…) L’unique devoir de l’historien, c’est de dire ce qui s’est fait (…), et négliger tout le reste ; en un mot, la seule règle, l’exacte mesure, c’est de n’avoir pas égard seulement à ceux qui l’entendent, mais à ceux qui, plus tard, liront ses écrits (…), ne s’inquiétant pas de ce que dira tel ou tel, mais racontant ce qui s’est fait. (…) Il vaut mieux, prenant la vérité pour guide, attendre sa récompense de la postérité que se livrer à la flatterie pour plaire à ses contemporains. Telle est la règle, tel est le fil à plomb d’une histoire bien écrite. » (Lucien de Samosate, "Comment il faut écrire l’histoire" ; l’intégralité de ce texte d’une étonnante modernité est disponible gratuitement sur Internet)

Toujours en ce qui concerne l’écriture de l’histoire, une historienne de profession bien connue précise :
« L’Histoire (…) cesse d’exister si elle n’est plus recherche du vrai, fondée sur des documents authentiques ; elle s’évapore littéralement ; mieux : elle n’est plus que fraude et mystification. » (Régine Pernoud, "Pour en finir avec le Moyen Âge", Éd. Points, 2014, p. 123)

Il faut aussi bien évidemment une totale et inconditionnelle et véritable liberté pour l’histoire, car autrement elle cesse d’exister en tant que science positive, et cette exigence inaliénable est rappelée par le titre du livre dont est tirée la citation suivante :

« L’Histoire n’est ni une religion ni une morale ; elle ne doit pas être l’esclave de l’actualité ni s’écrire sous la dictée de la mémoire ; la politique de l’État n’est pas la politique de l’histoire. » (Pierre Nora et Françoise Chandernagor, "Liberté pour l’Histoire", 2008)


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Par ailleurs le travail de l’historien est dépeint à merveille en ces termes :
« L’historien, comme le juge, occupe une position de tiers, et, de fait, aspire à l’impartialité. Mais, il s’agit là d’une aspiration nécessairement inassouvie, au sens où l’impartialité totale est impossible. L’historien ne peut, ni ne veut, porter un jugement historique - et quand bien même il le ferait, le jugement historique est par nature provisoire et sujet à controverse. Dans le prolongement, de même qu’il est impossible d’accéder à l’impartialité absolue, l’historien n’a pas les moyens d’écrire une histoire globale, qui annulerait les différences entre points de vue, une histoire unique qui embrasserait celle des exécutants, celles des victimes et celles des témoins. (…) La controverse semble donc inévitable, et l’histoire est vouée à un perpétuel révisionnisme. » (Pauline Seguin, 2012 : 
http://indomemoires.hypotheses.org/3261 ; il s’agit du compte-rendu d’un livre de Paul Ricœur)

C’est exactement ce qu’a affirmé Garaudy dans son livre incriminé :
« L’histoire, pour échapper au terrorisme intellectuel des prédicateurs de la haine, exige une perpétuelle révision. Elle est révisionniste ou bien elle est une propagande déguisée. Revenons donc à l’histoire proprement dite, critique, "révisionniste", c’est-à-dire fondée sur l’analyse des textes, la vérification des témoignages, les expertises sur l’arme du crime. » (Roger Garaudy, "Les Mythes fondateurs de la politique israélienne", Éd. Samizdat Roger Garaudy, 1996, p. 58)

C’est là une lapalissade puisque l’histoire passe pour une science :
« En tant que science, l’histoire est révisionniste par nature, voire négationniste. On a longtemps cru la Terre plate, on le nie maintenant. S’ensuit que décréter l’arrêt des recherches sur un point quelconque du champ scientifique, c’est nier la nature même de la science. (…) Dès lors qu’on est sur le terrain scientifique, il est interdit d’interdire de réviser ou de nier. Le faire, c’est sortir du champ scientifique. » (Jacques Baynac, historien tout à fait orthodoxe, « Le débat sur les chambres à gaz », dans le journal "Le Nouveau Quotidien" - de Lausanne -, 03 septembre 1996, p. 14)

Voilà qui est clairement exprimé et ne souffre aucune ambiguïté. L’histoire véritable est donc par essence révisionniste ; on a là affaire à une notion devenue trop infâmante parce que la vérité quand elle remet en cause certains dogmes, et menace ainsi l’injuste et criminel "ordre" mondial qui repose sur ces derniers, ne semble pas intéresser beaucoup de personnes dans les milieux universitaires et autres institutions académiques ; voici un exposé limpide sur ce qu’est le révisionnisme :

« Le révisionnisme consiste tout simplement à reconsidérer en profondeur un ou plusieurs éléments de ce qui jusqu’ici a été accepté comme vrai au sujet d’un événement quelconque. Certains historiens présentent le révisionnisme comme une infamie, de sorte qu’utiliser le mot "révisionniste" pour qualifier une thèse revient ipso facto à la rejeter. Pourtant, le révisionnisme n’a rien de répréhensible en soi. Les versions toutes faites de nombre d’événements historiques se sont avérées inexactes. Et ce n’est souvent qu’à travers le révisionnisme qu’on a pu se rapprocher de la réalité de ce qui s’est effectivement passé. Bien sûr, il existe une sorte de révisionnisme qui mérite sa mauvaise image. Certaines thèses révisionnistes ne visent pas à revenir à la réalité, ce qui s’est réellement passé, mais plutôt à redéfinir une réalité historique dans la ligne de ce que l’on veut faire croire à l’opinion pour justifier un projet à venir. (…) Le critère objectif de la véracité d’une thèse révisionniste est qu’elle prend en compte tous les éléments de preuve significatifs dont on dispose. Elle ne se contente pas de retenir les éléments à l’appui de son propos en passant les autres sous silence. Autre signe de recherche de la vérité, la thèse révisionniste honnête explique en quoi la version précédente qu’elle vise à remplacer est erronée. Elle ne se contente pas de la nier mais fournit des éléments qui prouvent qu’elle comporte des erreurs, et démontre en quoi les éléments qui vont à l’encontre de la version généralement admise étayent la version révisée qu’elle propose, en y joignant éventuellement des éléments de preuve complémentaires. Une partie non négligeable de la tâche consiste, bien sûr, à démontrer que les preuves qu’on apporte sont crédibles. » (David R. Griffin, "11 Septembre. Omissions et manipulations de la commission d’enquête", 2004)

Et c’est très volontiers que je cite à présent un auteur bien connu et ancien ministre de la Culture de ce pays car je trouve que ce qu’il nous dit abonde dans le sens de cet exposé :
« Confronter les sources et les points de vue, c’est précisément ce qui est au cœur de l’écriture de l’histoire. » (Frédéric Mitterrand, dans le journal "Le Monde", 03 novembre 2010, p. 15)

En effet voici à mes yeux le principal trait de caractère d’un vrai démocrate :
« Le démocrate, après tout, est celui qui admet qu’un adversaire peut avoir raison, qui le laisse donc s’exprimer et qui accepte de réfléchir à ses arguments. » (Albert Camus, « Démocratie et modestie », dans le journal "Combat", 30 avril 1947)

Pour caractériser l’antithèse du "vrai démocrate" citons l’incontournable Voltaire :
« La rage du préjugé qui nous porte à croire coupables tous ceux qui ne sont pas de notre avis, la rage de la superstition, de la persécution, de l’inquisition, est une maladie épidémique qui a régné en divers temps, comme la peste. » (Voltaire, "Politique et législation", 1819)

Et dans le même ordre d’idées:
« La réflexion ne profite qu’aux idées justes ; les idées fausses ne supportent pas l’examen et ne peuvent vivre qu’autant qu’on ne les discute pas. » (Alfred Naquet, "Le Divorce", Éd. E. Dentu, 1881, p. 3). L’autre - ouvert à la discussion rationnelle et raisonnable – Naquet ! Je fais bien sûr allusion à l’historien antirévisionniste Pierre Vidal-Naquet car c’est lui qui avait lancé cette monstrueuse fatwa : on ne doit jamais discuter avec ceux qui ne sont pas de notre avis ! D’où l’absence de débat véritable sur la question qui nous occupe. D’où l’inexistence et même la proscription à ce jour dans le monde dit "libre et démocratique" d’une controverse scientifique publique digne de ce nom en la matière. Ce n’est point là une attitude digne de prétendus amis de la vérité…

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Je suis plus que certain qu’aucun ami véritable de la vérité ne trouvera à redire sur ces citations :

« Les plus hauts royaumes de la pensée sont impossibles à atteindre sans d’abord arriver à un certain niveau de compassion. » (Socrate)

« Puisque nos opinions sont différentes, asseyons-nous et discutons. Tâchons de comprendre l’origine de nos divergences. » (Anonyme)

« On a voulu croire que, pour obtenir la paix, il fallait lisser les aspérités, écraser les nuances et éviter les disputes… » (Raphaël Enthoven, "Little Brother", 2017)

« Le temps de l’inquisition est revenu. Or la science - on ne le répétera jamais assez - n’a progressé que dans la liberté d’expression, dans la diversité des opinions que l’on confronte. C’est ainsi que naissent des idées nouvelles, qui bousculent les anciennes. » (Claude Allègre, "L’Imposture climatique", 2010)

« Partout où on interdit la discussion, quel que soit le thème du débat, on est en dehors de ce que l’on appelle la pensée rationnelle. » (Jean-Pierre Vernant)

« Redouter la discussion, c’est se défier de sa propre cause ; celui qui ne cherche que la vérité n’a rien à perdre en discutant. » (Pascal Duprat)

« Une discussion est impossible avec quelqu’un qui prétend ne pas chercher la vérité, mais déjà la posséder. » (Romain Rolland)

« Sur un plan plus général, la vérité acquise dans telle ou telle situation ne saurait prétendre à une validité absolue. Elle est actualisation d’une exigence inaliénable et subjective, l’exigence de vérité. » (Ferdinand Gonseth)

« Il existe une exigence de vérité en nous qui est précisément la première vérité à laquelle nous puissions accéder. » (Jean Grenier, "Nouveau lexique", 1969)

« La vérité n’a pas d’heure, elle est de tous les temps, précisément lorsqu’elle nous paraît inopportune. » (Albert Schweitzer)

« Quand on a accepté le mensonge pour vérité, ne sommes-nous pas déjà morts ? » (Boualem Sansal, "Le Serment des barbares", 1999)

« Nous n’acceptons pas de vérité promulguée : nous la faisons nôtre d’abord par l’étude et par la discussion et nous apprenons à rejeter l’erreur, fut-elle mille fois estampillée (…). Que de fois, en effet, le peuple ignorant a-t-il dû reconnaître que ses savants éducateurs n’avaient d’autre science à lui enseigner que celle de marcher paisiblement et joyeusement à l’abattoir… » (Élisée Reclus, "Évolution et Révolution", 1891)

« Ce qui nous est demandé, c’est un effort de discrimination objective et subjective : rejeter l’erreur sans haïr les hommes. Ce monde dont nous refusons les mensonges et les impostures, implacablement, c’est aussi le nôtre (…). Mais nous avons d’abord et avant tout à faire exister la vérité en nous-mêmes, dans notre intelligence. Le combat que nous menons est contre nos propres ténèbres. Par le simple fait que la lumière se fait dans un esprit, le monde moderne tout entier vacille. » (Jean Borella, 1989)

« Trois phares sur la route de la vérité : Droiture, Désintéressement, Amour. » (Anonyme)

« Un énoncé est dit "vrai" lorsque la prétention à la validité qu’il exprime est justifiée. Le lieu d’épreuve de la vérité c’est l’argumentation. La vérité naît de la discussion » (Antoine Tine)

« Nous qui sommes des êtres faillibles (…) n’avons en effet d’autre voie possible, pour nous assurer de ce qui est vrai, que celle d’une discussion à la fois rationnelle et ouverte sur l’avenir. » (Jürgen Habermas)

« Le but de la discussion ne doit pas être la victoire, mais l’amélioration. » (Joseph Joubert)

« Dans toute discussion, que la vérité soit ton but ; pas la victoire, ou un intérêt injuste. » (William Penn, "Les Fruits de la solitude", 1682)

« On perd tout espoir de retirer des fruits d’une discussion si l’on refuse de reconnaître que les hommes doués de raison peuvent tous s’entendre. » (Mortimer Jerome Adler, "Comment lire un livre", 1940)

« Pour discuter, il faut a priori accepter de se rendre aux raisons de l’autre, sinon aucune argumentation sérieuse n’est possible. » (Marcel Conche)

« Le désaccord suppose un langage commun, celui de la raison - argument contre argument. Oui, mais pour argumenter, il faudrait lire, ou écouter, quand il est si gratifiant de dénoncer ou d’insulter. » (Élisabeth Lévy, 2014)

« L’on observe même dans certains cas une sorte d’institutionnalisation de la méthode qui consiste à substituer l’insulte à l’argument, ou l’intrigue et la manipulation à la discussion. » (Raymond Boudon)

« La barbarie a donc fini par s’emparer de la culture. À l’ombre de ce grand mot, l’intolérance croît, en même temps que l’infantilisme. Quand ce n’est pas l’identité culturelle qui enferme l’individu dans son appartenance et qui, sous peine de haute trahison, lui refuse l’accès au doute, à l’ironie, à la raison - à tout ce qui pourrait le détacher de la matrice collective -, c’est l’industrie du loisir, cette création de l’âge technique qui réduit les œuvres de l’esprit à l’état de pacotille (…). Et la vie avec la pensée cède doucement la place au face-à-face terrible et dérisoire du fanatique et du zombie. » (Alain Finkielkraut, "La Défaite de la pensée", 1987)

« Le premier problème qui s’impose est celui de l’écoute. En effet, (…) seul celui qui sait écouter pourra faire de sa parole un acte de communication. L’écoute est le premier acte du respect et de la tolérance qui rend possible le débat démocratique. » (Michel Crozier, "La Crise de l’intelligence", 1995)

« Si nous étions foncièrement honnêtes, nous ne chercherions, dans tout débat, qu’à faire surgir la vérité, sans nous soucier de savoir si elle est conforme à l’opinion que nous avions d’abord défendue ou à celle de l’adversaire : ce qui n’aurait pas d’importance ou serait du moins tout à fait secondaire. Mais c’est désormais l’essentiel. La vanité innée (…) ne veut pas accepter que notre affirmation se révèle fausse, ni que celle de l’adversaire soit juste. » (Arthur Schopenhauer, "L’Art d’avoir toujours raison", 1830)

« Il nous faut aujourd’hui apprendre à maîtriser la complexité du monde moderne, ce qui exige un approfondissement de la pensée, une coopération accrue des intelligences (…). Dans tous les domaines - en particulier ceux qui concernent l’humain - l’accès au réel passe obligatoirement par une écoute interactive, ou n’aura pas lieu. » (Thomas De Koninck, "La Nouvelle Ignorance et le Problème de la Culture", 2000)

« On ne peut qu’être stupéfait et consterné devant la multiplication et la banalisation (…) d’une corruption idéologique du débat public entre spécialistes reconnus par leurs pairs, ou supposés tels : cette corruption de la discussion scientifique, parasitée par des passions politiques intellectualisées, consiste à substituer la dénonciation et le dénigrement à l’argumentation rationnelle, à jeter l’anathème sur tout objecteur, à frapper d’excommunication tout contradicteur. » (Pierre-André Taguieff, "L’Effacement de l’avenir", 2000)

« Contrairement à tant d’espoirs iréniques qu’elle avait pu faire naître, la culture aussi a ses (…) sectes et ses chapelles. Il n’est jamais si ardent défenseur de la liberté et de la tolérance qui ne pourchasse l’une et ne répudie l’autre aussitôt qu’il en a le pouvoir. » (Nicolas Grimaldi, "L’Inhumain", 2011)

« Troquer la liberté d’expression contre le pouvoir d’opprimer ne déplaît pas toujours aux intellectuels. Nombre d’entre eux adorent les régimes ou les partis qui suppriment ou rognent leur liberté (…). Tant que les intellectuels considéreront comme normal d’appeler lutte pour la liberté de l’esprit et pour les droits de l’homme, la seule faculté, revendiquée pour eux-mêmes, de plaider dans l’abstrait pour la liberté tout en la refusant à leurs contradicteurs, et de se réclamer de la vérité tout en cultivant le mensonge, l’échec de la culture, son impuissance à exercer une quelconque influence positive sur l’histoire, dans le domaine moral, se poursuivra dans l’avenir pour le plus grand dommage de l’humanité. » (Jean-François Revel, "La Connaissance inutile", 1988)

« Après la conspiration du silence, l’invective, puis la médisance et la calomnie. Tout est bon pour invalider, stigmatiser, marginaliser une pensée ou une pratique hétérodoxe. » (Michel Maffesoli)

« L’époque est ainsi faite : on se prononce sur des livres et des auteurs qu’on n’a jamais pris la peine de lire parce qu’on préfère la dénonciation et l’exécution sommaire à l’inconfort de l’étude et du débat. » (Claude Durand, 1997)

« Les révisionnistes revendiquent simplement le droit au doute et à la recherche. Ils n’entendent pas respecter de dogme ou de tabou. Ils proposent un débat ouvert et public. » (Robert Faurisson)

« Il parle couramment la vérité, mais personne ne le comprend, car il use d’une langue morte. » (Jean Cau, "Réflexions dures sur une époque molle", 1981)

« L’histoire regorge de faits montrant la vérité réduite au silence par la persécution ; si elle n’est pas supprimée à tout jamais, elle peut être reculée pour des siècles. » (John Stuart Mill, "De la liberté", 1859)

« Cet épineux fardeau qu’on nomme vérité. » (Agrippa d’Aubigné)

« L’une des particularités de ce temps consiste dans la crainte du "vrai" (…), ce séisme par lequel nous sommes passés si rapidement de l’âge des grandes certitudes à l’âge de l’indifférence à la réalité. » (Chantal Delsol)

« Les hommes ont une peur insurmontable de la vérité : ils restent, pendant toute leur vie, de grands enfants qui jouent à cache-cache. » (Albert Guinon)

« La vérité est éternelle : on la méconnaît, on l’outrage ; mais on ne l’anéantit pas. » (Anonyme)

« Remettre dans le monde la vérité, combattre toutes les erreurs, faire la guerre au mensonge, à l’hypocrisie qui le couvre, à la fausseté qui l’excuse ou le justifie, voilà le premier point à réaliser, car c’est de la vérité, seulement, que peut sortir la concorde, et la vérité manque dans l’ordre social parce qu’elle manque dans l’ordre moral. L’erreur s’est glissée partout, (…) elle règne en souveraine maîtresse. » (Céline Renooz, 1897)

« La vérité (…) a quelque chose de toujours scandaleux, d’éminemment et de perpétuellement choquant. Aussi ne se reconnaîtra-t-elle pas en premier lieu par son universelle acceptation mais par son universelle capacité à produire questionnements, incompréhensions, épreuves ou rejets. » (Vincent Morch, "Petit éloge de la vérité", 2015)

« L’humanité repousse la vérité et se fâche quand on la lui dit, elle aime à être trompée ! » (Paul Brulat, "Le Reporter", 1898)

« Seule une vérité qui ne s’oppose à aucun intérêt ni plaisir humain reçoit bon accueil de tous les hommes. » (Thomas Hobbes)

« Si la vérité passait dans la rue avec la même puissance que les automobiles, elle jetterait la boue sur bien des visages. » (Ahmed Aroua, "Comme les fleurs de cactus", 1992)

« Les avantages du mensonge sont d’un moment, et ceux de la vérité sont éternels ; mais les suites fâcheuses de la vérité, quand elle en a, passent vite, et celles du mensonge ne finissent qu’avec lui. » (Denis Diderot)

« Étrangement, on en veut souvent à la personne qui vous dit une vérité difficile à entendre, impossible à croire. » (Marc Lévy)

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » (Evelyn Beatrice Hall)

« Rien ne me découragera jamais d’examiner les idées a priori les plus contraires à celles admises, ou que j’admets. C’est même, si l’on y réfléchit, la condition de toute pensée. » (François Taillandier)

« Une idée s’affirme d’autant plus puissamment qu’elle rencontre une résistance qui l’oblige à se blinder. Sans contradicteurs, nos idées se déliteraient dans le relativisme et l’incertitude. Nous finirions par nous lasser de nos plus intimes convictions. » (Georges Picard, "Tous fous", 2003)

« L’important dans la vie, c’est d’être honnête et sincère. Il ne faut mentir à personne, pas même à soi-même... » (Jean-Charles Harvey, "Les Demi-civilisés", 1934)

« Lorsqu’un homme honnête découvre qu’il est dans l’erreur, il cesse de commettre cette erreur, ou bien cesse d’être honnête. » (Anonyme)

« De même que, selon moi, rien n’est plus beau que de voir la vérité, rien aussi ne me paraît plus honteux que de prendre le faux pour le vrai. » (Cicéron)



Je ne peux m’empêcher de citer un autre mot de Camus qui résume à merveille l’affaire Garaudy:
« Il vient toujours une heure dans l'histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort. » (Albert Camus, "La Peste"). C’est en un sens presque logique et normal car : « C’est avoir tort que d’avoir raison trop tôt. » (Marguerite Yourcenar)

Je suis persuadé qu’il aura le dernier mot, et ces citations renforcent ma conviction :

« Le monde te sera reconnaissant d’oser du nouveau, et de ne pas lui demander toujours d’abord la permission de passer de l’idée à l’acte. Car l’ancien ne vaut plus grand-chose, nous en faisons l’expérience jour après jour. » (Anselm Grün, "Petit traité de spiritualité au quotidien", 1998)

« Courage et confiance ! Travaillez énergiquement pour la bonne cause, pour la vérité, la justice et la liberté, et soyez sûrs que vous ne vous en repentirez jamais. » (Charles de Montalembert)

« Exercez-vous à voir large, net et simple, et allez tout droit, paisiblement, sans vous inquiéter de ce qui se dit » (Teilhard de Chardin)

« L’un des secrets du monde, c’est qu’on a quelquefois le devoir de faire ce qu’on n’a pas le droit de faire - le corollaire étant qu’on n’a pas le droit de faire ce qu’on a le devoir de faire. » (Vladimir Volkoff)

« "Malheur à celui par qui le scandale arrive !" Mais, avec le recul du temps, on s’aperçoit que la plupart des grands progrès humains sont dus aux penseurs libres qui, à un moment de l’histoire, ont eu le courage de faire scandale. » (Albert Bayet, "Histoire de la Libre Pensée", 1959)

« Aucun progrès n’a jamais été réalisé dans les sciences, la religion, la politique sans qu’il y ait eu controverse. » (Lyman Beecher)

« D’abord, ils vous ignorent. Ensuite, ils vous ridiculisent. Puis, ils vous attaquent et veulent vous brûler. Et enfin, ils construisent des monuments en votre honneur. » (Nicholas Klein)

« Le bon sens réunit tout d’abord la majorité, mais contre lui ! Ce n’est qu’après avoir épuisé toutes les formes de l’erreur, qu’on arrive à la vérité. » (Alphonse Karr)

« Ainsi notre intellect a pour fonction de réaliser la vérité par la voie de l’erreur, et notre connaissance consiste uniquement à brûler sans cesse l’erreur pour libérer la lumière de la vérité. » (Rabindranath Tagore, "La Réalisation du but suprême", 1913)

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À propos des personnalités de la qualité et de la trempe de Garaudy :

« Tout homme qui est un vrai homme doit apprendre à rester seul au milieu de tous, à penser seul pour tous - et, au besoin, contre tous. Penser sincèrement, même si c’est contre tous, c’est encore pour tous. L’humanité a besoin que ceux qui l’aiment, lui tiennent tête et se révoltent contre elle, quand il le faut. Ce n’est pas en faussant, afin de la flatter, votre conscience et votre intelligence, que vous la servirez ; c’est en défendant leur intégrité contre ses abus de pouvoir : car elles sont une de ses voix. Et vous la trahissez, si vous vous trahissez. » (Romain Rolland, "L’Un contre tous", 1917).

« Ce n’est assurément pas par ambition ou par intérêt, encore moins par vanité, que quelques hommes s’obstinent à soutenir des opinions en apparence décréditées, qui ne conduisent ni aux honneurs ni à la fortune, et font taxer leurs écrits de paradoxe (…). C’est uniquement par respect pour leur nom, et de peur que la postérité, s’ils y parviennent, ne les accuse d’avoir cédé au torrent des fausses doctrines et des mauvais exemples. » (Louis de Bonald, "Pensées sur divers sujets", 1817)

« L’homme de génie qui décrie une erreur générale, ou qui accrédite une grande vérité, est toujours un être digne de notre vénération. » (Denis Diderot)

« On a mécontenté tout le monde ? Il y a des chances pour que l’on ait dit la vérité. » (Leconte de Lisle)

« Lorsqu’un vrai génie apparaît dans le monde, vous le reconnaissez à ce signe que tous les sots se liguent contre lui. » (Jonathan Swift)

« Ce qui caractérise surtout le vrai sage, c’est un sentiment profond d’ordre et d’harmonie. Toute erreur lui est pénible, tout mal l’afflige, toute injustice l’indigne ; partout où l’humanité souffre, il la défend ; il la venge partout où elle est opprimée. Sensible, généreux, impartial (…), ami des hommes, sectateur du vrai et du beau, prêt à s’immoler au bien public, il est le plus utile et le plus sublime des héros, le bienfaiteur de l’humanité, l’organe particulier de l’ordre universel, le plus grand des hommes. » (Étienne de Senancour, "Rêveries sur la nature primitive de l’homme", 1798)

« De nos jours, nous voyons souvent mentionner le courage ou l’audace avec lesquels certain rebelle s’en prendra à une tyrannie séculaire ou à une superstition désuète. Ce n’est pas faire preuve de courage que de s’en prendre à des choses séculaires ou désuètes, pas plus que de provoquer sa grand-mère. L’homme réellement courageux est celui qui brave des tyrannies jeunes comme le matin ou des superstitions fraîches comme les premières fleurs. Le seul et authentique libre-penseur est celui dont l’esprit est aussi libre de l’avenir qu’il l’est du passé. Il se soucie aussi peu de ce qui sera, que de ce qui fut ; il ne se soucie que de ce qui devrait être. » (Gilbert Keith Chesterton, "Le Monde comme il ne va pas", 1910)

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Les efforts de tels hommes profiteront, certes oui, à l’inéluctable triomphe ultime du Bien :

« Souvent, il faut être un déviant minoritaire pour être dans le réel. Bien qu’il n’y ait apparemment aucune perspective, aucune possibilité, aucun salut, la réalité n’est pas figée à jamais, elle a son mystère et son incertitude. L’important est de ne pas accepter le fait accompli. » (Edgar Morin, "Vers l’abîme ?", 2007)

« Le temps mûrit toutes choses ; par le temps toutes choses viennent en évidence ; le temps est père de la vérité. » (François Rabelais)

« On est souvent traqué par la vérité et obligé de lui rendre les armes. (…) Et quand tous les méchants se ligueraient, et quand toutes les calomnies s’associeraient, ils ne feraient ni reculer ni trembler la vérité. » (Anne Barratin)

« Dans la guerre sans merci que se livrent vérité et mensonge, le mensonge gagne la première bataille et la vérité la dernière. » (Mujibur Rahman)

« Si vite que coure le mensonge, la vérité un jour le rejoint. » (Jacob Cats, "Miroir des temps anciens et modernes", 1632)

« Toute vérité passe par trois étapes : d’abord, elle est ridiculisée ; ensuite, elle est violemment combattue ; et enfin, elle est acceptée comme une évidence. » (Arthur Schopenhauer)

« Si la vérité vainc tout, ce n’est pas qu’elle soit plus forte, c’est qu’elle dépasse toute opposition et tout plan d’existence. Elle les dépasse sans avoir d’effort à fournir (…). La vérité ne combat pas, elle est la victoire. » (Jean Borella)

« Mais je crois plutôt à une marche constante vers la vérité. C’est de la connaissance seule de la vérité que pourra naître un état social meilleur. » (Émile Zola)

« Les nobles protestations dont nous sommes témoins me remplissent de confiance en l’avenir. La justice et la vérité, même méconnues de tout un peuple, resteront la justice et la vérité, c’est-à-dire des choses supérieures aux aberrations d’un jour. » (Georges Clemenceau, "Vers la réparation", 1899)

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Il y aura réparation, je n’en doute point. Les braves et authentiques dissidents auront le dernier mot. La vérité est toujours victorieuse à terme, elle est assurée de l’emporter tôt ou tard… Tout ce qui n’est pas fondamentalement vrai est voué à disparaître : de tout temps les grands instructeurs de l’humanité ne cessent d’assurer, qu’au bout du compte rien ne saurait prévaloir contre la force de la vérité ! Vivement un salvateur printemps des consciences, à l’échelle du monde, qui mette un terme au règne de la loi du plus fort ! Et aussi au règne de l’argent. Mais surtout à celui de la loi du mensonge. Le système dominant est ébranlé dans ses fondations : c’est un colosse aux pieds d’argile, et j’affirme qu’il n’a point d’avenir. Parce que tout y est faux... Or le monde de demain doit être bâti sur le roc solide de la vérité. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Oui l’amour sauvera le monde, mais en étant allié à la vérité.

« Certes le faux est voué à s’évanouir comme une vapeur légère. » (Coran, 17, 81)

« Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous délivrera. » (Évangile selon Jean, 8, 32)


A. D.