25 avril 2013

L'autogestion et la Commune

L'autogestion, c'est-à-dire la gestion par la base, ne se réduit nullement à un système de coopératives: c'est une conception de la société globale, dans laquelle chaque individu devient un centre d'initiative, de création et de responsabilité à tous les niveaux: celui de l'économie, de la politique, de la culture, une conception qui ne soit ni individualiste ni totalitaire, mais fondée, pour toutes les activités sociales, sur des communautés de base.
Sur le plan politique la Commune de Paris en a donné l'exemple en réalisant un gouvernement "pour le peuple et par le peuple", sans la médiation, la délégation de pouvoir, l'aliénation d'un parlement ou d'un parti. Toutes ses mesures sont inspirées par trois principes fondamentaux:
   - 1/ Démocratie directe, c'est-à-dire non pas transfert du pouvoir au nom d'une prétendue délégation de pouvoir ou procuration en blanc de la base, mais distribution effective du pouvoir à la base;
   - 2/ Autogestion économique, c'est-à-dire constitution d'organismes qui ne soient ni privés ni étatiques, mais gérés par les usagers eux-mêmes groupés en communautés de base;
   - 3/ Fédéralisme politique tendant à substituer au gigantisme des Etats nationaux centralisés des unités à échelle humaine.
C'est cette Commune de Paris que Marx, puis Lénine, considéraient comme la première "démocratie socialiste", la "dictature du prolétariat" étant la forme que prend nécessairement la démocratie socialiste devant une agression contre-révolutionnaire de l'extérieur comme de l'intérieur.

Roger Garaudy, Parole d'homme, Editeur Robert Laffont, pp 195-196