13 juin 2020

"L’individu qui pense, contre la société qui dort, voilà l’histoire éternelle." (Alain)

La mythique et inoubliable et tellement instructive mais surtout hautement révélatrice "Affaire Garaudy" n’a pas fini d’interpeller les êtres authentiquement libres un peu partout dans le monde. Voici ce qui explique à mes yeux l’éclatant et très déroutant geste de Garaudy : 

« Tout homme qui est un vrai homme doit apprendre à rester seul au milieu de tous, àpenser seul pour tous - et au besoin contre tous. » (Romain Rolland, "L’Un contre tous", 1917)

« L’un des secrets du monde, c’est qu’on a quelquefois le devoir de faire ce qu’on n’a pas le droit de faire - le corollaire étant qu’on n’a pas le droit de faire ce qu’on a le devoir de faire. À l’homme d’action de prendre ses responsabilités. Et de subir ensuite les diatribes des irresponsables. » (Vladimir Volkoff, "Opération Barbarie", 2001)

« Le petit nombre d’hommes qui ont fait l’histoire sont ceux qui ont dit non. » (Pasolini)

« L’individu qui pense, contre la société qui dort, voilà l’histoire éternelle. » (Émile-Auguste Chartier, dit Alain, "Éléments d’une doctrine radicale", 1925)

« Il ne suffit pas d’être un grand homme, il faut l’être au bon moment. » (Pompidou)

« La loi du clerc est, quand l’univers entier s’agenouille devant l’injuste devenu maître du monde, de rester debout et de lui opposer la conscience humaine. » (Julien Benda, "La Trahison des Clercs", 1946)

« Devant tout pouvoir qui exige soumission et sacrifices de toute nature, la tâche du philosophe est l’irrespect, l’effronterie, l’impertinence, l’indiscipline et l’insoumission. Rebelle et désobéissant, et bien que convaincu du caractère désespéré de sa tâche, il se doit d’incarner la résistance devant le Léviathan et ses porteurs d’eau. Il s’agit d’être impie et athée en matière politique. » (Michel Onfray, "Cynismes", 1990)


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Il est grand temps de rendre justice à cet être qui fut un authentique et exceptionnel ami des hommes, et aux multitudes écrasées et asservies par le système qu’il a passé le plus clair de sa vie à combattre : un système fondamentalement et intrinsèquement menteur et inhumain. Ce système que je qualifierais de kamikaze, car à la fois suicidaire et meurtrier, ne peut désormais plus offrir aucun espoir. Ce système ne subjugue les multitudes et ainsi contrôle leurs esprits et donc assure sa pérennité provisoire que par l’action perpétuelle de ses médias, médias omniprésents et dont le rôle véritable est moins d’informer que d’imposer sans violence apparente un point de vue sur la réalité de ce monde. Et les mêmes qui s’indignent et vitupèrent contre la moindre velléité de révision historique concernant un certain épisode tragique d’un récent passé, paraissent ne pas désapprouver voire trouvent louable et de mise ce révisionnisme réellement abject car délibérément falsificateur de notre présent ! Cette falsification continuelle est parfaitement établie et si bien documentée, par des chercheurs de vérité dévoués corps et âme à la cause de l’humanité. Grâce au travail formidable de ces derniers les choses sont désormais claires sauf pour les aveugles. Et hélas beaucoup sont ceux qui veulent absolument rester aveugles. Il n’est pas trop tard pour sauver l’honneur et l’espoir d’une humanité en grand danger. Il faut très vite nous secouer, ouvrons nos yeux, sortons sans tarder de notre léthargie individuelle et collective, ouvrons nos cœurs, il n’est point d’autre choix.


Nous sommes à un carrefour périlleux et décisif de l’histoire. Les choses s’accélèrent et les événements s’enchaînent à une vitesse folle. Incertaine et tellement instable est la situation du monde actuel. Tout n’est pas encore perdu. Mais tout sera bientôt perdu si la plupart des gens lucides persistent à étouffer la voix de la conscience en eux. Comprenons qu’il nous reste si peu de temps pour sauver l’espoir… Le système dominant est ébranlé dans ses fondations. C’est un colosse aux pieds d’argile, et j’affirme qu’il n’a point d’avenir. Car tout y est faux. Et tout ce qui n’est pas fondamentalement vrai est voué à disparaître. C’est que rien de bon et de durable ne se construit sur le faux.
  
« Ce qu’on appelle le "monde" est un asservissement des êtres (…). C’est ce "monde" que la personne délivrée de son état d’asservissement et de sa tendance à asservir les autres, doit détruire. » (Nicolas Berdiaev, "De l’esclavage et de la liberté de l’homme", 1946)

« Les craquements qui se font entendre dans les soutes de notre société en panne, ne permettent pas de croire qu’un simple époussetage suffirait à faire tolérer plus longtemps les mensonges déclamés et les injustices subies. » (Jean-François Kahn, "La Pensée unique", Éd. Fayard, 1995, p. 21)

« Je vous propose de rompre avec ce qui nous tire vers le bas, de rompre avec ce qui crée du désespoir pour faire renaître de l’espérance. (…) Je vous propose de dénoncer les faux-semblants, les mensonges, la pensée unique, l’hypocrisie. » (Nicolas Sarkozy, dans un discours prononcé le 01 décembre 2006) 

Le temps est venu de mettre en œuvre cette exhortation solennelle d’un ancien président de la France. 

A. D.


Post-Scriptum: 

« À la suite d’un étonnant renversement des valeurs, la vérité est devenue, dans la bouche d’intellectuels reconnus, une figure repoussoir. Accessoire démodé pour les plus modérés, elle devient pour les plus radicaux une porte de l’enfer : source d’égarement et d’intolérance, complice des plus effroyables crimes. On doit donc en déduire que supprimer définitivement cette vérité absolutiste et tyrannique constituerait un progrès pour l’humanité comme l’a été l’élimination du virus de la variole. Seul le relativisme rendrait possible la reconnaissance de la dignité de la personne humaine dans la diversité de ses manifestations. Cette intuition qu’il existe des conceptions de la vérité perverties et criminelles n’est pas, de toute évidence, infondée. (…) Nous sommes fondés à nous méfier d’une vérité monolithique et dogmatique. Mais nous sommes aussi en droit de nous méfier des discours qui, en application d’un principe de précaution implicite, visent à rejeter l’existence d’une vérité objective devant laquelle tout être raisonnable devrait s’incliner. (…) Sans la lumière de la vérité, il devient impossible de discerner entre idéologie et réalité, folie et raison, sujétion et liberté. S’il devient nécessaire de réhabiliter la vérité, ce n’est donc pas pour des raisons morales, mais pour des raisons politiques. Sans une raison solidement arrimée à la vérité, la liberté est condamnée à disparaître. Sans la vérité, la justice n’est qu’une parodie d’elle-même, au mieux le masque du ressentiment et de la vengeance, au pire un instrument de domination liberticide. C’est pourquoi la vérité sera toujours l’arme que craignent le plus les tyrans, même - et surtout - lorsqu’ils se présentent comme des libérateurs. C’est pourquoi ceux qui visent à imposer leur domination ont tout intérêt à ce que non seulement elle soit occultée mais devienne impensable. Ils la craignent trop pour supporter ne serait-ce que sa possibilité. » (Vincent Morch, "Petit éloge de la vérité", Éd. Salvator, 2015, p. 24-31)