10 novembre 2016

Spiritualité en Islam. Par Yacob MAHI

La spiritualité en Islam, est une quête de sens, une donnée objective de l’identité humaine. En faire la promotion c’est insuffler l’éthique dans le quotidien. Dieu, l’Absolu, permet  d’exprimer la crainte, l’espérance, la confiance, et l’amour. Aimer, c’est se préparer à l’épreuve qui montre la voie de la foi. La foi c’est se réconcilier sans démission. C’est vivre avec Dieu parmi les hommes, dans l’exigence de la quête de libération. Le Coran nous invite au bel exil, la quiétude dans la solitude, pour acquérir la force dans l’adversité. C’est devenir la conscience éveillée des opprimés, au nom d’une citoyenneté spirituelle, un engagement responsable façonné par le cheminement de la foi. Il appartient à toute spiritualité de témoigner au cœur de la cité, du sens de la vie. Ensemble, elles peuvent assumer le rôle de catalyseur offrant à la société des repères. Le juif m’enseigne la complexité et la nécessaire nuance, le chrétien, que Dieu est amour, l’athée ou l’agnostique, que la foi ne s’oppose pas à la raison, et ne confond pas ma conviction avec des certitudes exclusivistes, le bouddhiste, que ma foi est une école de la paix, de maîtrise de soi, et de sérénité, et mes maîtres musulmans, que ma foi impose le prix de l’effort permanent. Avec toutes ces spiritualités, l’horizon humain est identique, réformer l’espace de son intériorité, le sens du jihâd. La gestion de ces tensions est la condition d’accès à ma foi qui libère des illusions et offre une lucidité en quête de l’Absolu. Etre autonome, sujet de son histoire, acteur de sa cité, capable de s’exprimer de façon audible, de prendre une position critique et une décision circonstanciée sur les questions de société, tel est le souci du citoyen qui ne met pas sa foi en veilleuse. Avec maître Sadek Charaf, (1936-1993), je proclame que « le dialogue n’est pas l’extinction de soi en l’autre, mais une construction perpétuelle de soi avec l’autre ». La spiritualité libératrice refuse une société tournée vers l’exclusion, qui renforce un communautarisme destructeur de l’altérité culturelle. Il nous faut sauvegarder une pluralité de référence identificatoire. Je dirais avec Roger Garaudy « une résistance qui serait un souffle nouveau, pour participer à un avenir qui ne serait pas le simple prolongement du passé, mais l’action incessamment créatrice du futur, qui a déjà commencé ». Inshâ Allâh.

 Yacob MAHI- Islamologue

Synthèse des thèmes du Colloque 2014