La seule possibilité de réaliser notre rêve méditerranéen, qui serait le prélude à un changement radical des rapports Nord-Sud
à 1'échelle
du monde,serait de rompre radicalement avec les institutions nées de Bretton Woods, c'est à dire de nous retirer
du FMI, de la Banque Mondiale, de "1'Organisation Mondiale du Commerce",de se
retirer en un mot de toutes les instances
globales, non pas pour opérer un repli nationaliste et protectionniste
sur notre nation, ou sur un groupe de nations, mais au contraire de
reconquérir la liberté de nous ouvrir sur le monde entier.
Nous pourrons ainsi réaliser non pas une unité impériale, qui prétend
être une "mondialisation" et n'est en réalité qu'une
marchandisation et une américanisation du monde, mais une unité symphonique où
chaque peuple, à titre égal, apporte la contribution de sa propre culture en un
véritable dialogue des civilisations.
Cinq siècles
d'expérience du système marchand ont montré, que par une libéralisation
croissante des échanges, l'on aboutissait pas, comme le
croyait Adam Smith à ce que chacun poursuivant son intérêt personnel,
l'intérêt général soit satisfait.
Tout au contraire, ce système, dont certains continuent à nous
vanter les mérites jusqu'à voir dans son triomphe universel la "fin
de l'histoire"( le titre du livre de Fukuyama) a conduit en fait à
une accumulation de la richesse à un pôle de la société et à la misère des multitudes:
selon les chiffres du PNUD, aux Nations Unies: 80% des ressources naturelles du
monde sont contrôlées et consommées par 20%. Ces 20% les plus riches disposent
de 83% du revenu mondial, et les 20% les plus pauvres de 1,4%. Il en résulte
que le modèle occidental de croissance coûte au monde chaque année 40 millions
de morts de malnutrition ou de faim, c'est à dire l'équivalent de morts de 1
Hiroshima tous les deux jours.
Pour atteindre ce résultat la dette et les échanges inégaux sont
plus meurtriers que les armes: il suffit pour maintenir l'esclavage et la mort,
d'imposer le "libre-échange" et d'abandonner au seul marché la régulation
de tous les rapports humains. Comme 1'écrivait déjà au siècle dernier, le
Père Lacordaire:"Entre le fort et le faible c'est la liberté qui
opprime".
Il est ainsi chimérique, en maintenant les règles de la"mondialisation", c'est à dire du marché libre à l'échelle
mondiale, tel qu'il est imposé par l’Organisation mondiale du
Commerce de spéculer sur une unité méditerranéenne autonome.
Instaurer les réglementations nécessaires pour créer une
communauté méditerranéenne est en contradiction radicale avec la loi
d'airain de l'O.M.C. qui en son principe même ne peut subsister que si
elle ne comporte aucune exception.
Il n'est donc que deux possibilités: se retirer ou se
soumettre.
Roger Garaudy, 1995
Lire le texte entier à http://rogergaraudy.blogspot.fr/2014/04/sur-lavenir-de-leurope-et-de-la.html
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