MARX ET LE PARTI DES TRAVAILLEURS
Le rôle dirigeant du Parti (unique tant qu’à
faire), encore proclamé ici ou là, est contraire au marxisme. Pour Marx, le
Parti est un lieu de développement et de cheminement de la conscience, non un
appareil de concentration de pouvoirs. La raison en est que s’il en est ainsi,
le Parti deviendrait un cas d’aliénation, comme pour la religion et l’Etat.
En effet, le travailleur qui projette ses aspirations en dehors de lui pour en
faire un Parti, puis se soumet à ce Parti, fait la même chose que le croyant
ou le citoyen avec Dieu ou l’Etat. Il s’aliène une partie de lui, qu’il
ne reconnaît plus comme tel, et se met à le servir pieusement en tant
qu’entité extérieure, ou plus exactement supérieure, à sa personne. Cette
entité devenant le Parti, peut se retourner contre lui, prétextant ses propres
idéaux pour le commander, voire l’opprimer, comme peuvent le faire la
religion et l’Etat. Marx écrivait dans la lettre à Brake le 17 septembre
1879 : « Nous ne pouvons donc pas partager le chemin de ceux qui déclarent
clairement que les travailleurs sont trop ignorants pour se libérer eux mêmes
et doivent être libérés par en haut».
Marx est également contre la domination exclusive du socialisme comme
doctrine unique au sein de la classe ouvrière. Il précise que : « la
tâche de l’Internationale (la première) est la combinaison, la généralisation
et la coordination des mouvements auto créés de la classe ouvrière et non de
les diriger ou de leur imposer n’importe quel système de pensée ».