Par Jeudi 26 Novembre 2015
«Car,
il y va de la stature d'un grand homme qui a marqué de son empreinte le
XIXe siècle», a enchaîné le chercheur Delbaz Tahar de l'université de
Saïda.
Le Colloque national, organisé durant deux jours
consécutifs par le Musée national d'archéologie islamique de la wilaya
de Tlemcen sur l'oeuvre de l'Emir Abdelkader a été clôturé en fin de
journée de mardi. Marqué par l'intervention des spécialistes dans la
recherche en histoire et professeurs d'histoire des cinq universités de
la partie ouest du pays, la rencontre a, de l'avis des étudiants et
autres chercheurs présents, servi de tremplin, aussi bien pour les
intervenants que pour les assistants d'aborder les côtés méconnus du
premier concepteur de l'Etat moderne algérien, l'Emir Abdelkader.La rencontre a été également une occasion pour mieux cerner sa vie sous plusieurs angles. Pour l'ensemble des intervenants, l'homme a vécu pleinement une époque charnière de l'histoire algérienne, marquée par des événements qui peuvent toutefois constituer des sujets importants dans les futures recherches scientifiques des étudiants, car l'Emir a été doublement trahi.
La première trahison a, selon les intervenants, émané principalement des siens qui le lâchèrent aussi bien sur le plan humain qu'au niveau des moyens logistiques; la deuxième a été l'oeuvre du gouvernement français qui n'a pas tenu ses engagements paraphés par les deux parties. En effet, l'Emir Abdelkader avait posé des préalables liés à la cessation des combats et à son départ de l'Algérie que les autorités françaises ont totalement bafoués, à commencer par sa déportation vers la prison de Toulon alors que le document mettant fin aux combats de part et d'autre est clair: l'Emir devait rejoindre la ville d'Akka. En dépit cet affront qu'a tenté l'armée coloniale, l'Emir Abdelkader, tel que cela a été expliqué par le professeur Hanifi, spécialisé dans les études orientales, en se référant à des documents poignants, a rejeté toutes les offres alléchantes que lui ont proposées les autorités françaises, notamment Napoléon III en lui rendant visite dans sa cellule en prison. Cela, pour les spécialistes en recherche sur la vie et l'oeuvre de l'Emir Abdelkader, est une preuve incontestable que l'Emir Abdelkader n'a pas failli à sa tâche de guerrier en paraphant le traité de la Tafna. Bien au contraire, dira le professeur Baroudi Salah «l'Emir Abdelkader a évité le pire vu plusieurs paramètres qui se sont réunis en sa défaveur, surtout après qu'il eut perdu ses alliés l'ayant lâché au beau milieu de la route». Pour Baroudi Salah, le vocable «Reddition» de l'Emir Abdelkader n'a pas lieu d'exister ni encore de le prononcer ne serait-ce que dans les petits débats anodins. «Car, il y va de la stature d'un grand homme qui a marqué de son empreinte le XIXe siècle».
Lui emboîtant le pas, le professeur Delbaz Mohamed de l'université de Saïda, a ajouté, fournissant des faits et des événements importants marqués par l'Emir Abdelkader, que «la notoriété de l'Emir Abdelkader Ibn Mohiéddine a, en un laps de temps, dépassé toutes les frontières et la géographie». Sur le plan militaire et le combat qu'il a dirigé et mené contre des généraux et colonels, hyperarmés, de l'armée coloniale, l'homme a réussi à s'imposer dans plusieurs batailles et dans pratiquement plusieurs localités de la partie ouest du pays», a certifié le professeur Hanifi Helaili. «Il a su et pu s'imposer au niveau universel grâce à ses qualités de leader et de stratège militaire de la Résistance nationale, de penseur, de poète doué, et de précurseur et initiateur du dialogue des cultures», précisera le professeur Delbaz Mohamed.
Irréfutablement, l'homme est de tous les temps. Il a d'abord réussi à fonder le premier Etat algérien moderne. «Cela, met en relief selon Attar Abdelmadjid, professeur d'histoire à l'université de Tlemcen, la grandeur d'esprit et l'immensité de l'oeuvre de l'homme». Une telle évaluation faite par les hommes de toutes les franges de la société et des différents niveaux d'instruction à la personne de l'Emir Abdelkader n'est pas affichée seulement par ses concitoyens mais aussi par des politiciens et coreligionnaires musulmans et chrétiens de plusieurs pays. Sa hargne pour la justice et la liberté, sa justesse dans la prise de position dans divers événements souvent désagréables, son humanisme et sa poésie, mais encore son sens de la stratégie et en tant que guerrier aguerri, mais aussi comme homme pacifiste. Il était soufi, philosophe ou encore amoureux puisqu'il a eu quatre épouses. Ces qualités lui ont valu l'irréfutable titre d'un homme aux valeurs universelles.
L'Emir Abdelkader, fondateur du premier Etat algérien moderne, a été à l'origine de la naissance et de la reconnaissance des droits humains au plan international, en 1843. L'homme contre qui l'armée coloniale a mobilisé ses «meilleurs» officiers comme le maréchal Trézel ou encore les généraux Bugeaud et Montagnac a été aussi mobilisateur des hommes, de tribus contre une armée à la fois suréquipée et féroce. En souverain qu'il était, il a paraphé le traité mettant fin à la guerre, non pas par lassitude ni moins encore par peur de poursuivre le combat. Dans la bataille d'El Macta, l'armée de Trézel, composée de plusieurs milliers de soldats, a subi une défaite jamais égalée dans l'histoire. L'Emir Abdelkader a été le commanditaire de la stratégie adoptée. Dans sa «reddition» controversée par les historiens et chercheurs, l'Emir Abdelkader a évité la pire situation à une population qui était cernée de partout par les soldats coloniaux enflammant férocement et détruisant toutes les contrées qu'ils traversaient.
Les massacres se comptent en nombre important. Les enfumades du Dahra en sont des exemples concrets. D'ailleurs, les participants et intervenants à la rencontre de Tlemcen, n'ont, dans leur majorité, pas omis de mettre en exergue l'escobarderie et la perfidie de l'armée et de l'administration coloniales qui ont, elles aussi, pris part à la signature du traité de la Tafna. Aussitôt signé, il a été transgressé. Aussi, l'Emir a été transporté déporté et emprisonné à Toulon, puis à Pau et Amboise. Après sa libération, il se rendit à Brousse en Turquie. Et de là, il ralliera la ville syrienne de Damas, ville dans laquelle il a joué un grand rôle par son engagement pour sauver du massacre 12.000 chrétiens à Damas en juillet 1860. Ce sont toutes ces valeurs qui ont été abordées par les participants à la rencontre organisée par le Musée d'archéologie islamique de Tlemcen tout en tenant également une exposition géante animée par des jeunes chercheurs de Mascara.
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