Acheter le livre |
Je
découvris que je n'aimais pas vivre à l'étage du salon de la société.
Intellectuellement, je m'y ennuyais. Moralement et spirituellement, cela me rendait
malade. Je me rappelai mes intellectuels et mes idéalistes, mes prédicateurs
défroqués, mes professeurs brisés, et les ouvriers avec leur esprit propre et
leur conscience de classe. Je me rappelai mes jours et mes nuits sous la
lumière du soleil et des étoiles, là où la vie tout entière était une merveille
sauvage et douce, un paradis spirituel d'aventure généreuse et de roman
éthique. Et j'aperçus devant moi, toujours brûlant et flamboyant, le
Saint-Graal.
Jack London |
Telle est
ma vision. J'aspire à un temps où l'homme aura une perspective plus haute et
plus vaste que son ventre. Un temps où l'homme sera poussé par un stimulant
plus intéressant que le stimulant d'aujourd'hui, qui est celui de son ventre.
Je conserve ma foi en la noblesse et l'excellence de l'être humain. Je crois
que la douceur spirituelle et la générosité finiront par avoir raison de la
grossière gloutonnerie actuelle. Et, pour conclure, ma foi va à la classe
ouvrière. Comme le disait un Français : « L'escalier du temps résonne à jamais
du bruit des sabots qui montent et de celui des souliers cirés qui descendent.
»
Jack London, Newton, Iowa, Novembre
1905
Ce que la vie signifie pour moi, Les Editions du Sonneur, pages 34 et 35