La
science et la technique occidentales (suite et fin)
L'âge
de la relativité et des quanta. Loin d'être un
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système achevé, toute la physique classique et ses
postulats mécanistes ont été remis en question au
début du XXe siècle.
L'expérience de Michelson et Morlay débouchait
sur cette constatation paradoxale: la vitesse de la
lumière est indépendante du mouvement de la source
lumineuse el de celui de l'observateur. Pour rendre
compte de ce fait. Einstein, en rupture avec les
postulats de la mécanique classique, est amené à
considérer qu'il n'existe pas de temps et d'espace
constituant un cadre immuable à l'intérieur duquel
se
déplaceraient des points matériels également
immuables.
C'est pourquoi il n'y a pas de référence absolue
comme prétendait l'être l'espace euclidien, conçu à
partir des expériences à notre échelle, et toujours
valable à ce niveau, mais non au niveau de
l'infiniment
grand ou de l'infiniment petit. L'espace géométrique
et
l'espace physique ne font qu'un. Les objets se
« contractent » et les durées se dilatent. La masse
d'un
corps n'est plus fixe : elle s'accroît avec la
vitesse.
D'où il s'ensuit qu'il n'y a pas de frontière entre
la matière et l'énergie. Existe seulement un champ
unique dans lequel ce qu'on appelle un atome ou une
particule n'est pas une bille compacte en laquelle
il ne
se passe rien et séparée des autres par un vide, mais
un
point singulier, comme une vague dans la houle du
champ.
Quant au rayonnement du corps noir il montrait,
contrairement à la physique
classique, qu'un corps
noir n'absorbe pas toutes les
radiations, certaines
d'entre elles, nommées par Roentgen
qui les découvrit
en 1895 « rayons X », traversent le
corps noir. L'explication
fut donnée par Max Planck montrant
que la
lumière avait une structure «
granulaire » , qu'elle était
une' émission discontinue de
particules avec une
dimension ou une périodicité définie
à partir de la
« constante de Planck » (découverte
en 1900). Max
Planck lui donne le nom de «
quantum élémentaire
d'action ».
Cette « théorie des quanta » est le
deuxième
élément de subversion de la
mécanique classique dont
elle rejette tous les postulats,
Substituant au déterminisme
mécanique un déterminisme
statistique, à l'idée
d'une nature
indépendante de l'observateur, celle d'une
action réciproque, à la référence absolue, l'idée que les
particules élémentaires sont « des
individus » mal
définis dans le cadre de l'espace et
du temps, attribuant
enfin aux particules à la fois des
propriétés de
corpuscule et des propriétés d'ondes
qui définissent
une « probabilité de présence ».
L'âge
du nucléaire, de l'ordinateur et de la
télévision. L'ensemble de ces découvertes, non
seulement ne privait pas le physicien des
prises sur la nature acquises par la mécanique classique,
mais lui donnait sur cette nature un pouvoir de
manipulation sans commune mesure avec ceux qui
avaient été conquis dans le passé.
Lorsque Joliot-Curie eut
découvert qu'un noyau
d'uranium, en se brisant, émettait
des neutrons
capables de briser à leur tour
d'autres noyaux, cette
« réaction en chaîne » mettait à la
disposition de
l'homme une forme d'énergie nouvelle
qui permit,
malgré l'objection de conscience
exemplaire de Joliot-
Curie, de fabriquer d'abord des
bombes atomiques,
puis des centrales nucléaires, au
risque de produire des déséquilibres écologiques mettant en
danger l'espèce humaine à l'échelle planétaire.
Dans le même temps, l'expansion de
la radio
(depuis 1921 à la tour Eiffel) et de
la télévision a
permis non pas la diffusion des
trésors de la culture de
tous les peuples et de leur sagesse
dans la réflexion sur les fins, mais la manipulation et le
conditionnement des esprits par la présentation des
comportements les plus violents ou les plus
déshumanisés, aliénés et aliénants.
Quant à l'autre grande et
merveilleuse découverte
du siècle : l'ordinateur, elle a été
d'abord utilisée à des
fins militaires lors de la Deuxième
Guerre mondiale et, aujourd'hui, pour l'essentiel, à la
gestion des affaires et à la gestion de fichiers
électroniques à usage policier, beaucoup plus que pour la mise en
ordre et la diffusion de la culture passée, et comme
instrument de recherche et de découverte.
Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain
pages 322 à 324
Comment l’homme devint humain
pages 322 à 324