Grâce à des écrits –
hiéroglyphiques pour l'Égypte, cunéiformes pour la Mésopotamie – il est établi
qu'à la fin du IVe millénaire (période du bronze ancien), des
migrations massives sont venues de pays voisins (notamment d'Arabie) soit sous
la poussée d'invasions, soit à la suite de modifications climatiques qui
désertifient ces pays d’origine). Ils entrèrent dans une région plus vivable,
que l'on a appelée depuis le « Croissant fertile », qui s'étend de la Mésopotamie à l'Égypte. Les
premiers arrivants, les Araméens, se fixèrent dans ce qui est aujourd'hui la
Syrie. Ils constituèrent un centre de civilisation dans le pays qu'à partir du
milieu du IIe millénaire on appela Canaan[1]. Les migrations de nomades hébreux, plus
tardives, s'intégrèrent d'une manière généralement pacifique à la population
autochtone qui, déjà sédentarisée, constructrice de villes fortifiées ne
pouvait être affrontée militairement.
A la lumière des progrès
de l’archéologie, toute la prétendue histoire des Hébreux, telle que les
rabbins les plus obscurantistes de l'actuel État d'Israël veulent l’utiliser
pour justifier ce qu'ils considèrent comme leur pays d'origine, comme propriété
qui leur eût été concédée par une donation signée Dieu, se révèle de plus en
plus n'être que pure «mythologie»; avec elle, c’est toute la légitimation
historique de l'actuel «État d'Israël» qui peut être ouvertement qualifiée de telle par les
«nouveaux historiens» israéliens dont on peut rappeler la formule
audacieuse : « […] jusqu'à présent il n'existait, depuis la création de notre État, qu'une
mythologie [2] ». Ceci est aussi vrai de
la Thora : aucune trace
archéologique, aucun document qui ne soit biblique ne permet de lui apporter
une confirmation historique. Un savant aussi attaché à sauver l’historicité de
la Bible que le P. de Vaux (O.P.), reconnaît, avec tous les autres chercheurs,
qu’on ne trouve nulle part « d’allusion explicite aux patriarches hébreux, au
séjour en Égypte, à l’exode, même pas à la conquête de Canaan, et il est très
douteux que le silence soit jamais rompu par de nouveaux textes[3]. » L'histoire des tribus hébraïques, dont les
religions de l'Occident chrétien ont voulu faire une «histoire universelle» au
sens où, en plein XVIIe siècle
Bossuet voyait dans le dieu d’Israël le vrai dieu, qui règne dans les cieux et dont dépendent
les empires[4], cette histoire n’est que le produit du brassage
syncrétique des traditions plusieurs fois millénaires des peuples nomades venue
d’une Arabie dont le climat était de
plus en plus désertique et aride, et convergeant dans ce que l'on appelle le
Croissant Fertile, où ils trouvèrent une pâture régulière pour leurs troupeaux,
c’est-à-dire des possibilités bien meilleures pour la sédentarisation.
*
La première et la seule
fois où le nom d’Israël apparaît dans une inscription, c’est sur une stèle
exaltant, vers 1225 av. J.-C., les victoires du pharaon Merneptha (fils et
successeur de Ramsès II): dans l’énumération de ses victoires, il est dit que,
s’emparant de villes palestiniennes, il a détruit aussi Israël : « Israël est dévasté. Sa race
(sa semence) n’existe plus. » Pas un mot de plus sur Israël, si sur la stèle,
ni dans toute la littérature égyptienne. Ainsi, pour ne retenir que l’exemple
le plus significatif : à ce qui fut, selon la Bible, l’apogée de la
puissance d’Israël, ni le nom de
David, ni son histoire, ne figurent dans aucune source extérieure à la Bible –
ni texte, ni inscription, ni vestige archéologique. La mort de Salomon « est le premier événement de
l’histoire d’Israël qui puisse être historiquement daté » parce qu’on peut enfin
établir un rapport historique comparatif avec la chronologie de l’empire
néo-assyrien qui, elle, est fiable, car fixée avec certitude par les calculs
astronomiques[5].
En réalité les preuves se
sont accumulées, depuis plus d'un siècle, pour démolir une à une toutes les
légendes sur l'exceptionnalisme hébreu. et il en est ainsi de tous les thèmes
fondamentaux de la profession de foi judaïque : d’abord celui de la Création, dont on retrouve
le mythe,
identique, dans toutes les religions ; puis le monothéisme même, qui non seulement
n’est en rien consubstantiel à la tradition biblique mais apparaît ailleurs
bien plus tôt; puis le thème du juste souffrant et enfin, plus important que
tout sans doute, le mythe de la Promesse.
Roger Garaudy