W de Kooning. Femme II. 1952 |
1. - Il n'est pas
l'héritier du condottiere David tel que la Bible nous raconte sa vie dans
Samuel 1 et 2, et dans le Livre des rois.
Le parallèle est pourtant difficile sans compter les passages où les
évangélistes et les Actes reproduisent à son sujet les références, citées par
leur maître saint Paul, insistant surtout sur la fidélité de David aux ordres
de Dieu. Il est vrai que, de ce point de vue, nul, sauf peut être son ancêtre
Josué, n'a obéi plus strictement aux ordres de massacres et d'exterminations
que l'un et l'autre disaient recevoir du "Dieu des armées". (Voir ce
que fait, d’après l’Ancien Testament, la vie de David)
2. - Sa vie et sa mort
excluent toute extériorité d'un Dieu. Il est pleinement homme comme il est
pleinement messager de Dieu en se révélant d'abord aux pauvres, aux démunis.
3. - Sa vie et sa mort
mettent fin à l'idée maudite d'un "peuple élu" qui est le propre de
toute les religions tribales et de leurs dieux jaloux et partiaux en faveur de
leur peuple, leur donnant la terre et la victoire par des massacres. Il est
significatif que par sa naissance virginale que Jésus ne soit le fils d'aucun
homme particulier, ni chrétien, ni juif, ni chinois, ni noir… Il est le fils de
l'Homme inséminé de Dieu.
Jésus exige l’abandon de
tout ce qui nous est propre et que résume la propriété. Au jeune homme riche,
qui respectait tous les commandements de la loi, Jésus dit : « Il te manque une seule chose : tout ce
que tu as, distribue-le aux pauvres, après viens et suis-moi ». (Lc
18-20).
Il en fut ainsi pour
Simon, pour Jacques, et pour Jean : « laissant tout ils le suivirent (Lc
5-11). Abandonnant tout, il se leva et le suivit. » (Lc 5-28)
« Quiconque parmi
vous ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple »
(Luc 14-33)
Ce renoncement au petit
"moi", est la condition de l'éveil et de la prise de conscience.
Tel est le prix de la
Résurrection, de la réalité du Royaume, un Royaume dans lequel on n'entre pas
par la conquête, comme DAVID, mais par le renoncement.
Ce Royaume est déjà là où
un homme réalise ce renoncement total. S'il n'est pas encore là c'est que ceci
ne s'est pas encore réalisé dans tous les hommes. La tension entre le choix de
l'éveil personnel à la vie du tout et le « pas encore » de l'éveil de
tous à la vie du tout, est la tragédie optimiste du réveil, car chacun de nous
est responsable de l'éveil de tous.
Roger Garaudy