Suite de la publication de courts extraits de "Comment l'homme devint humain"
Comptant
parmi les plus anciens textes religieux
de
l'humanité, puisque certains remontent au XVI e siècle
avant Jésus-Christ, les hymnes védiques de l'Inde disaient
les rites et les sacrifices nécessaires pour mettre
l'homme
en relation avec les dieux.
A
partir du VIIe
siècle avant Jésus-Christ, les Upanishads, qui se donnent pour la continuation
des hymnes
liturgiques du Veda (d'où leur nom de Vedanta: f in du Veda), intériorisent le
sacrifice, qui
n'est
plus geste rituel mais mouvement de l'esprit.
Leur
méditation commence avec le problème de l'éveil
de l a conscience en l'homme et de son rapport avec
la réalité profonde.
Leur
réponse est que seule existe l'âme universelle (Brahman),
que la conscience individuelle (atman) n'a de
réalité que par rapport à elle. L'affirmation centrale,
point
de départ et terme ultime de la méditation hindouïste,
est «Tat vam asi »
(« Tu es cela »). Tu étant l'âme humaine (atman)
et cela la réalité profonde et unique (Brahman).
Le moi et ses désirs, s'ils croient avoir une existence propre,
ne sont qu'une illusion. La méditation hindoue permet à
l'homme de se délivrer de l'illusion et des liens de la multiplicité
pour retrouver l'unité absolue.
Cette métaphysique non dualiste est la
(« Tu es cela »). Tu étant l'âme humaine (atman)
et cela la réalité profonde et unique (Brahman).
Le moi et ses désirs, s'ils croient avoir une existence propre,
ne sont qu'une illusion. La méditation hindoue permet à
l'homme de se délivrer de l'illusion et des liens de la multiplicité
pour retrouver l'unité absolue.
Cette métaphysique non dualiste est la
mère
de toutes les tentatives par lesquelles le petit moi
égoïste
s'efforce de rompre ses limites.
L'influence
des Upanishads, dont la parenté avec
la
philosophie de Platon est saisissante, inspirera
toutes
les formes ultérieures de mysticisme.
La Bhagavad Gita — l'un des chapitres de la
grande
épopée indienne du Mahabarata — est, en
pleine
bataille, le dialogue du héros, le guerrier
Arjuna,
avec une incarnation du dieu Vishnu. Alors
qu'Arjuna
va jeter ses armes pour ne pas participer au
massacre,
le dieu lui révèle comment, sans fuir le
monde
et ses désordres, il est possible de vivre une vie
d'homme
avec l'intransigeance d'un dieu.
La
Bhagavad Gita n'a cessé d'inspirer, depuis
vingt-cinq
siècles, la vie des plus hautes figures de
l'Inde,
jusqu'à Tagore et Gandhi
Bouddha
est né vers 560 avant Jésus-Christ, au
nord
de l'Inde. Siddharta Gautama était son vrai nom
de
fils de prince. Il quitte son royaume, sa famille, ses
richesses,
à l'âge de vingt-neuf ans. Devenu faible,
pauvre,
et nu, parmi les ascètes de la montagne, il
apprend
à surmonter les passions et les peurs. « Es-tu
un
dieu ? - Non . U n ange ? - No n . Un saint ? - Non.
Alors
qui es-tu ? - Je suis "éveillé" ». « Bouddha »
signifie
: éveillé. Il mourut vers 480, ayant enseigné une
doctrine
qui n'exigeait aucune autorité, aucun rite ni
aucune
prière à des dieux sans pouvoir, aucune
spéculation
métaphysique, aucun surnaturel. Il fallait
d'abord
soigner l'homme malade : savoir seulement
d'où
vient la douleur et guérir la douleur. Echapper à la
naissance
et à la mort en retrouvant la réalité véritable,
tel
est le problème. Perdre son moi et ses désirs, telle est
la
réponse.
A
partir du Sermon qu'il prononça à Bénarès
devant
ses premiers disciples sur les « quatre vérités
saintes
», cette sagesse se propagea en Inde. Elle en
devint
la religion officielle au IIIe
siècle avant Jésus-
Christ,
avec la conversion de l'empereur Açoka qui
envoya
des missions à travers le monde. Des communautés
bouddhistes
très vivantes subsistaient en Syrie et
en
Palestine lorsqu'y enseigna Jésus. Et cela rend
compte
de leur parenté spirituelle.
Le
bouddhisme, bien qu'il ait reculé jusqu'à,
disparaître
en Inde devant l'hindouisme, gagna toute
l'Asie
: la Chine, la Corée, le Japon, le Tibet et toute
l'Asie
du Sud-Est.
Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain
Pages 64 à 70 (une seule illustration reproduite: un Buddha de l'époque Gupta, Ve siècle ap.J.C.)
Pages 64 à 70 (une seule illustration reproduite: un Buddha de l'époque Gupta, Ve siècle ap.J.C.)