Pause du dimanche dans la série "Marx et les luttes politiques", série qui continue lundi.
Aujourd'hui des extraits significatifs d'Elaine St james choisis par Ahmed
« J’ai compris une chose. Si on fait en sorte de vivre des vies éternellement compliquées, c’est parce que ça nous évite de nous poser les questions essentielles. Je ne dis pas que c’est le cas pour tout le monde. Mais pour beaucoup, ça explique la surenchère. L’idée de se retrouver face à soi-même peut faire froid dans le dos. Tant qu’on arrive à se convaincre qu’on est débordé, qu’il n’est pas question de freiner, on peut continuer à se voiler la face, sans se poser des questions trop personnelles : une relation qui part en eau de boudin, une carrière peu reluisante, des enfants qui se détachent de nous, des amis qu’on délaisse, un jardin secret qu’on n’a jamais pris la peine de cultiver, des peurs enfouies au plus profond de nous-mêmes, ou des traumatismes d’enfant qui nous ont toujours empêchés de vivre des vies pleinement épanouies. (…)
C’est au cours de l’été 1990 que j’ai pris la décision de me simplifier la vie.
Je venais de passer une douzaine d’années à investir dans l’immobilier. (…) Ma
vie était régentée par un gros agenda gainé cuir, qui devait bien peser trois
kilos et qui prenait la moitié de mon bureau. Chaque jour, c’était la même
galère. Et chaque matin, le même défi : descendre un maximum de boulot dans un
minimum de temps. Il serait à peine exagéré de dire que j’étais devenue une
espèce de yuppie, toujours à courir contre la montre. (…) Gibbs, qui est plus
âgé et plus avisé que moi, n’a jamais été un yuppie, à proprement parler. Mais
le fait d’en avoir épousé une a suffit à lui compliquer l’existence. De son
côté, sa carrière de rédacteur en chef, parallèlement à laquelle il écrivait
une série de romans, le tenait pleinement occupé. A nos carrières envahissantes
venaient s’ajouter toutes les responsabilités et les devoirs liés à une vie
normale. (…)
Au beau milieu de juillet 1990, je me suis soudain calmée cinq minutes. Et là, comme si le temps s’arrêtait, j’ai regardé mon agenda (…). Alors que je parcourais la liste de tous les appels que j’avais à passer, de tous les gens que j’avais à voir et de tous les endroits où je devais aller, ça a fait tilt. Ma vie était tout bonnement devenue un enfer. C’est là que j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes. J’en étais arrivée à un point où plus rien ne semblait justifier un rythme aussi dingue. Une telle masse de boulot, tant d’heures passées sur le pont, nous avaient menés à quoi, finalement ? Un beau train de vie, c’est sûr, mais à quoi bon quand on n’a ni le temps ni l’énergie pour en profiter ? Pire, quand on n’a pas un instant pour l’autre, et encore moins pour soi-même ? (…)
Cela fait maintenant plus de cinq ans que Gibbs et moi avons pris la décision de mener une vie simple. Avec le recul, il s’avère que c’est l’une des meilleures décisions que nous ayons jamais prises. Non seulement cela a été pour nous une aventure rigolote et stimulante, mais cela nous a donné la chance incroyable de prendre du recul et de prendre la vie un peu moins au sérieux. Nous avons réalisé que, même si l’on n’arrive jamais à faire tout ce qu’on a envie, cela n’empêche pas d’être heureux et comblé. La vérité, c’est que la plupart du temps, ce sont les moments simples qui donnent un sens, et de la profondeur à la vie.
Si vous aussi songez à changer des choses et à vous simplifier la vie, ou que vous avez déjà commencé, sachez que vous n’êtes pas les seuls. (…) Le courrier que je reçois des quatre coins du pays montre clairement que ce besoin de vie simple touche toutes les générations, tous les milieux et toutes les professions. Adolescents, célibataires hommes ou femmes, mariés ou retraités, ils sont riches, moins riches, et d’origines diverses : professeurs, infirmières, informaticiens, acteurs, journalistes, psys, hommes de loi, avocats, cadres, agents de sécurité, étudiants, personnalités des médias. Ils font partie de ces millions d’hommes et de femmes qui, volontairement ou non, ont mis la pédale douce sur les heures passées à justifier leur salaire, sur le nombre de mètres carrés qu’il leur faut à la maison, et sur les dépenses en tous genres, qu’elles soient d’ordre matériel ou logistique. (…)
Autant dire que c’est un changement profond qui s’opère aujourd’hui dans les mentalités. Cela veut dire que beaucoup d’entre nous en ont assez de foncer la tête baissée et de ne vivre que pour travailler. En clair, nous sommes des millions à vouloir vivre autrement. (…)
Si l’idée de vous simplifier la vie vous interpelle quelque part, accordez-moi une chance. Et laissez-moi vous donner un avant-goût de la sensation de liberté inouïe que peuvent donner deux ou trois bénins petits coups de ciseaux dans le marathon quotidien qui est le vôtre. Vous allez voir qu’il ne s’agit pas de bazarder tout ce pour lequel vous avez travaillé si dur ; il s’agit juste de faire le bon choix parmi les différentes options qui s’offrent maintenant à vous. Eh oui, à force d’en vouloir trop, on finit par passer à côté de l’essentiel. Reste donc à savoir ce qui l’est vraiment pour vous. Et à se dégager en douceur de ce qui ne l’est pas. (…)
Il se passe un truc extraordinaire, quand on calme le jeu. On a des éclairs d’inspiration. On accède à un état supérieur de conscience, et même à une certaine forme de sagesse. Dans les moments de paix, on peut soudain avoir un accès de lucidité qui va inverser les perspectives de notre vie, et de celles et ceux qui nous entourent, d’une façon incroyablement positive. Et ces perspectives peuvent être celles de notre vie toute entière. Vivre plus simplement permet de les créer, ces moments de paix. Et de ces moments de paix naissent des miracles. (…)
Oh, vivre simplement n’est pas une panacée. Ce n’est pas ça qui va résoudre tous nos problèmes. Ce n’est pas ça qui changera la face du monde. Mais c’est déjà un début. (…) Histoire de pouvoir se consacrer un peu à sa famille, à ses amis, à son environnement et pourquoi pas, au reste du monde. »
Elaine St James, "Vivre simplement", Ed. First, Paris, 1996.
Aujourd'hui des extraits significatifs d'Elaine St james choisis par Ahmed
« J’ai compris une chose. Si on fait en sorte de vivre des vies éternellement compliquées, c’est parce que ça nous évite de nous poser les questions essentielles. Je ne dis pas que c’est le cas pour tout le monde. Mais pour beaucoup, ça explique la surenchère. L’idée de se retrouver face à soi-même peut faire froid dans le dos. Tant qu’on arrive à se convaincre qu’on est débordé, qu’il n’est pas question de freiner, on peut continuer à se voiler la face, sans se poser des questions trop personnelles : une relation qui part en eau de boudin, une carrière peu reluisante, des enfants qui se détachent de nous, des amis qu’on délaisse, un jardin secret qu’on n’a jamais pris la peine de cultiver, des peurs enfouies au plus profond de nous-mêmes, ou des traumatismes d’enfant qui nous ont toujours empêchés de vivre des vies pleinement épanouies. (…)
Acheter le livre |
Au beau milieu de juillet 1990, je me suis soudain calmée cinq minutes. Et là, comme si le temps s’arrêtait, j’ai regardé mon agenda (…). Alors que je parcourais la liste de tous les appels que j’avais à passer, de tous les gens que j’avais à voir et de tous les endroits où je devais aller, ça a fait tilt. Ma vie était tout bonnement devenue un enfer. C’est là que j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes. J’en étais arrivée à un point où plus rien ne semblait justifier un rythme aussi dingue. Une telle masse de boulot, tant d’heures passées sur le pont, nous avaient menés à quoi, finalement ? Un beau train de vie, c’est sûr, mais à quoi bon quand on n’a ni le temps ni l’énergie pour en profiter ? Pire, quand on n’a pas un instant pour l’autre, et encore moins pour soi-même ? (…)
Cela fait maintenant plus de cinq ans que Gibbs et moi avons pris la décision de mener une vie simple. Avec le recul, il s’avère que c’est l’une des meilleures décisions que nous ayons jamais prises. Non seulement cela a été pour nous une aventure rigolote et stimulante, mais cela nous a donné la chance incroyable de prendre du recul et de prendre la vie un peu moins au sérieux. Nous avons réalisé que, même si l’on n’arrive jamais à faire tout ce qu’on a envie, cela n’empêche pas d’être heureux et comblé. La vérité, c’est que la plupart du temps, ce sont les moments simples qui donnent un sens, et de la profondeur à la vie.
Si vous aussi songez à changer des choses et à vous simplifier la vie, ou que vous avez déjà commencé, sachez que vous n’êtes pas les seuls. (…) Le courrier que je reçois des quatre coins du pays montre clairement que ce besoin de vie simple touche toutes les générations, tous les milieux et toutes les professions. Adolescents, célibataires hommes ou femmes, mariés ou retraités, ils sont riches, moins riches, et d’origines diverses : professeurs, infirmières, informaticiens, acteurs, journalistes, psys, hommes de loi, avocats, cadres, agents de sécurité, étudiants, personnalités des médias. Ils font partie de ces millions d’hommes et de femmes qui, volontairement ou non, ont mis la pédale douce sur les heures passées à justifier leur salaire, sur le nombre de mètres carrés qu’il leur faut à la maison, et sur les dépenses en tous genres, qu’elles soient d’ordre matériel ou logistique. (…)
Autant dire que c’est un changement profond qui s’opère aujourd’hui dans les mentalités. Cela veut dire que beaucoup d’entre nous en ont assez de foncer la tête baissée et de ne vivre que pour travailler. En clair, nous sommes des millions à vouloir vivre autrement. (…)
Si l’idée de vous simplifier la vie vous interpelle quelque part, accordez-moi une chance. Et laissez-moi vous donner un avant-goût de la sensation de liberté inouïe que peuvent donner deux ou trois bénins petits coups de ciseaux dans le marathon quotidien qui est le vôtre. Vous allez voir qu’il ne s’agit pas de bazarder tout ce pour lequel vous avez travaillé si dur ; il s’agit juste de faire le bon choix parmi les différentes options qui s’offrent maintenant à vous. Eh oui, à force d’en vouloir trop, on finit par passer à côté de l’essentiel. Reste donc à savoir ce qui l’est vraiment pour vous. Et à se dégager en douceur de ce qui ne l’est pas. (…)
Il se passe un truc extraordinaire, quand on calme le jeu. On a des éclairs d’inspiration. On accède à un état supérieur de conscience, et même à une certaine forme de sagesse. Dans les moments de paix, on peut soudain avoir un accès de lucidité qui va inverser les perspectives de notre vie, et de celles et ceux qui nous entourent, d’une façon incroyablement positive. Et ces perspectives peuvent être celles de notre vie toute entière. Vivre plus simplement permet de les créer, ces moments de paix. Et de ces moments de paix naissent des miracles. (…)
Oh, vivre simplement n’est pas une panacée. Ce n’est pas ça qui va résoudre tous nos problèmes. Ce n’est pas ça qui changera la face du monde. Mais c’est déjà un début. (…) Histoire de pouvoir se consacrer un peu à sa famille, à ses amis, à son environnement et pourquoi pas, au reste du monde. »
Elaine St James, "Vivre simplement", Ed. First, Paris, 1996.