« Antisémite », « complotiste », « ami des dictateurs », « rouge-brun », « confusionniste » !
De nombreux journalistes ou écrivains qui critiquent les Etats-Unis ou
Israël sont victimes de ces accusations graves répandues en boucle sur
Internet. Alors, vous vous dites peut-être : « Il n’y a pas de fumée
sans feu, cet auteur doit quand même avoir quelque chose à se
reprocher. Je m’abstiens de le lire ou de l’écouter. ».
Attention ! Tel est peut-être justement le but recherché par une
campagne de rumeurs : dresser un cordon sanitaire autour d’auteurs qui
dérangent ! Sur Internet, où on trouve à boire et à manger, nous avons
donc tous intérêt à nous poser les questions que, dans un tribunal, doit
se poser un juge intègre et consciencieux :
- Ai-je entendu les deux parties ?
- M’a-t-on présenté des preuves fiables ?
- Essaie-t-on de me manipuler ?
Alors, pour permettre à chacun de se faire librement une opinion sans
être manipulé, voici une petite observation des trucs et procédés qu’on
retrouve dans toutes ces campagnes de diabolisation. Dix critères pour
juger si le dossier est sérieux ou bidon.
Les 10 commandements du parfait diaboliseur :
- NE DONNE PAS LA PAROLE A L’ACCUSE !
Le diaboliseur ne vérifie jamais auprès de « l’accusé » l’exactitude
des faits reprochés, ni s’il existe une explication différente de ces
faits ou si l’accusé aurait éventuellement changé d’avis. Tout se passe
comme si connaître la vérité ne l’intéresse pas.
- CACHE LES TEXTES QUI TE CONTREDISENT !
Le diaboliseur ne fournit pas de preuves. Même quand « l’accusé » a
écrit exactement le contraire de ce qu’on lui reproche, le diaboliseur
cache soigneusement ces textes à son public.
- CACHE TES MOTIVATIONS !
Le diaboliseur fait semblant de s’attaquer à une seule cible, qui
serait dangereuse mais isolée. Cependant, quand on considère l’ensemble
des cibles, tout le monde devient « conspi » ou « antisémite » :
Ziegler, Chavez, Castro, Le Grand Soir, Lordon, Ruffin, Kempf, Carles,
Gresh, Bricmont, Bourdieu, Wikileaks, Morin, Mermet, Boniface, Enderlin,
Cassen, Siné, Bové, Péan, Godard, Jean Ferrat, Seymour Hersh et même
des analystes juifs Hessel, Chomsky, Finkelstein. Vous ne l’aviez pas
remarqué mais ce sont tous des « complotistes », des « antisémites » ou
les deux ! En fait, on diabolise ainsi tous ceux qui critiquent les
Etats-Unis ou Israël.
- RECOPIE LES MEDIAS !
Le diaboliseur ne remet jamais en cause l’info des médias officiels.
Bien qu’il ait été prouvé que chaque guerre est accompagnée de
désinformation, le diaboliseur recopie cette version médiatique
officielle comme si elle était totalement fiable. Et si l’accusé la met
en doute, c’est la preuve de son « complotisme » et de sa mauvaise
foi. Même quand il se prétend de gauche, le diaboliseur ne se gêne pas
pour réutiliser les positions et arguments de la droite.
- FAIS SEMBLANT DE NE PAS COMPRENDRE !
Le diaboliseur supprime toute nuance dans le discours de sa cible.
Par exemple, quand Washington attaque la Libye ou la Syrie, si vous
démontrez que des intérêts économiques ou stratégiques sont en jeu, que
la guerre ne fait qu’aggraver les problèmes et qu’il vaut mieux chercher
une solution négociée, alors vous « soutenez les dictateurs ». Même si
vous avez écrit exactement le contraire.
La confusion est systématiquement créée entre « s’opposer à la
guerre » et « soutenir un dictateur ». Le diaboliseur fait semblant de
ne pas comprendre la différence entre les deux. Son vrai but est de
manipuler l’émotion légitime du public et l’empêcher de raisonner.
- EMPECHE LE DEBAT SUR TES PROPRES OPINIONS !
Le diaboliseur prend soin de ne pas dévoiler ses propres positions,
et parfois aussi ses financements. Il n’avoue jamais qu’il s’appuie sur
des
think tanks et lobbies financés par des grandes puissances.
Il ne dit jamais qu’il soutient tel gouvernement, telle guerre ou telle
politique néolibérale et pourquoi. Ce n’est pas le débat qui
l’intéresse, mais d’exclure « les mauvais » du débat.
Pour cette raison, la plupart des diaboliseurs avancent masqués.
Parfois la même personne utilise divers pseudonymes. Autre technique de
manipulation : les diaboliseurs se citent les uns les autres en boucle
afin de donner l’impression que « tout le monde le dit ».
- COLLE DES ETIQUETTES !
Pour discréditer, le diaboliseur cache la véritable position et les
arguments du diabolisé. Il se contente de lui coller des étiquettes :
« antisémite », « complotiste », « ami des dictateurs ». Ou des termes
flous sans valeur objective : « controversé », « peu crédible ». La
véritable position du diabolisé est ainsi caricaturée.
- INSINUE PLUTOT QUE D’EXPLIQUER !
Pour éviter d’être poursuivi en justice pour diffamation, le
diaboliseur remplace souvent l’accusation claire et nette par une
insinuation indirecte. Il crée une impression générale de suspicion pour
refuser la discussion franche.
- PRATIQUE L’AMALGAME POUR NOIRCIR !
Son dossier étant vide d’arguments pour critiquer la cible, le
diaboliseur pratique l’amalgame. Il associe sa cible – sans aucune
logique – à d’autres personnes ou mouvements :
« Machin a rencontré Chose qui lui-même a rencontré Truc qui est lié à l’extrême droite, donc Machin est d’extrême droite ».
Variante : Machin a soutenu Truc il y a dix ans, et depuis Truc est
devenu d’extrême droite, alors Machin est responsable de cette évolution
et est aussi d’extrême droite. Aberrant ! Sauf si le but est de noircir
à tout prix.
- FRAPPE ET FOUS LE CAMP !
Le diaboliseur applique à sa manière un principe de la guérilla :
« Frappe et fuis ».
Il refuse soigneusement tout débat contradictoire. Il consacre de longs
textes ou des émissions entières à dénigrer en prenant soin que le
diabolisé ne puisse se défendre. Les sites diaboliseurs censurent les
droits de réponse et même les questions de leurs propres sympathisants.
Car toute discussion franche les démasquerait.
Source:
Investig’Action