Transcendance
et communauté n'est-ce pas la contribution que
l'Islam
peut aujourd'hui apporter à l'invention d'un avenir à visage
humain,
dans un monde où l'élimination du transcendant, la destruction
de la
communauté par l'individualisme et un modèle démentiel de
croissance
ont rendu le statu quo invivable, et impossibles les
J.-J.
Rousseau, dans son Contrat social, se fondait sur une
conception
abstraite de l'individu et ne pouvait finalement imaginer
l'intégration
sociale qu'à travers le mythe d'une « volonté générale »
dont
les expressions historiques concrètes, à travers parlements et
partis,
ont montré tout ce qu'elle comportait de délégation et
d'aliénation
de pouvoir, pour donner une caricature de « démocratie »,
la participation du peuple au pouvoir devenant une fiction et
la participation du peuple au pouvoir devenant une fiction et
une
mystification.
Il en
fut de même pour la propriété : sa définition individualiste,
romaine
et bourgeoise l'a conduit à la théorie du prétendu « intérêt
général
», selon laquelle si chacun poursuit son intérêt personnel
l'intérêt
général sera réalisé. Deux siècles de convulsions sociales
engendrées
par ce « libéralisme économique », qui n'a pas fini de
mourir,
ont dénoncé ce mensonge économique de « l'intérêt général
» de
même que le mensonge politique de « la volonté générale ».
Les
expériences dites « socialistes », substituant à ces mythes celui
d'un «
parti » omniscient et providentiel qui incarnerait à son tour, au
nom
d'une classe dite porteuse d'avenir mais jamais consultée, cette
« volonté
générale » ou cet « intérêt général », ont conduit à d'autres
impasses.
Nous ne
cherchons nullement à idéaliser toutes les réalisations
historiques
des sociétés islamiques et pensons même que la prétention
de
déduire d'un texte inspiré une législation valable pour tous les
temps
et pour tous les peuples relève d'un intégrisme malfaisant.
N'est-il
pas, dit dans le Coran : « Pour chaque communauté, il y a un
messager
» (X,48) et, plus précisément encore : « Nous n'avons
jamais
envoyé un messager sinon dans le langage de son peuple, afin
qu'il
puisse rendre clair le message » (XIV,64).
Aujourd'hui,
si l'Islam ne se fige pas dans son passé, mais sait
résoudre
les problèmes de notre temps dans l'esprit de la Communauté
de
Médine, en se souvenant, selon l'expression de Jaurès, que
rester
fidèle c'est transmettre du foyer des ancêtre non la cendre
la
flamme, et que c'est en allant vers la mer qu'un fleuve est fidèle à sa
source,
alors peut s'ouvrir, non seulement pour les musulmans, mais
d'une
manière universelle, la perspective d'un socialisme qui ne soit
plus
paralysé par le scientisme positiviste et l'individualisme occidental,
mais
qui soit fécondé par les valeurs fondamentales que fit déjà
renaître
la Communauté de Médine en une flambée d'espérance :
transcendance
et communauté.
Promesses de l'islam