Le
patriotisme peut se définir comme assumation lucide du soi collectif en
rapport à la patrie, à l’ethnie, à la communauté dite nation auxquelles
l’on se sent appartenir. Le patriotisme est simplement le regard juste
sur un collectif et un milieu géographique dont on se sent pleinement
membre. Ainsi, un pays d’exclusion ne peut vraiment engendrer de
patriotes car c’est précisément le sentiment duel
d’appartenance-propriété qui alimente le patriotisme. Quant au
nationalisme, c’est un délire identitaire imbriqué à la nation dont on
se dit citoyen et qui devient une sorte d’excès de zèle dangereux,
agressif contre quiconque n’en relève ou ne s’y efface pour y être
assimilé. Au stade collectif, ce qui différencie patriotisme et nationalisme
serait comme cette fondamentale voire abyssale nuance existant
entre l’amour de soi et le narcissisme chez l’individu. Pourtant si
contigus sont-ils, que le
patriotisme ne se protège de son prolongement excessif et excentrique,
son extrapolation déviante et primaire, sa corruption qu’est le nationalisme, que par la manière de vivre et d’assumer le rapport d’amour à l’identité collective, rapport sain ou toxique, patriotique ou nationaliste selon le niveau et l’état mental des individus et groupes qui l’affirment.
Le
patriotisme vrai est allant de soi sans besoin d’élaboration
idéologique et discursive pour créer un monde de représentation. Quant
au nationalisme, il tient de la soif de quelques-uns qui ont besoin de
se sentir surhommes dans leur différence identitaire pour assimiler
autrui sinon le bousculer et l’ostraciser pour son altérité inférieure.
De fait, avouée ou inavouée, la thèse nationaliste est un tissu
d’invective et de péjoration de l’autre identité non nationale. Un
nationaliste qui dispose de pouvoir suffisant aboutit fatalement à la
persécution de l’autre, à son infériorisation et parfois à son
élimination pure et simple. Les grands génocides de l’histoire ont
presque toujours été liés et propulsés par un mode de nationalisme.
Hitler en est le modèle le plus monstrueusement achevé.
L’amour
de soi qui pousse à la haine de l’autre ou à sa péjoration, n’est pas
de l’amour mais de la frilosité et de l’inconfort dans l’identité
proclamée que l’on dit aimer. Une identité forte et sûre d’elle, peut se
proposer à autrui tout en s’ouvrant à ce que cet autrui porte de bon
sans craindre de disparaître ou d’être altérée. Au stade collectif,
seules les identités faibles sont haineuses de la différence.
Une
feuille ténue sépare le patriotisme dans ses glissements, du
déséquilibre nationaliste. À l’heure des crises de toutes sortes, où des
premiers ministres et présidents, par démagogie, feignent d’attiser la
flamme patriotique des foules, prenons garde de basculer dans l’horreur
graduelle de la haine nationaliste que quelques-uns voudraient instiller
aux cohues désemparées et incultes en excitant les basses émotions et
abjects instincts de horde, soi disant patriotiques!...
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION - 2016
http://intellection.over-blog.com/2014/10/patriotisme-et-nationalisme-equilibre-et-perversion-de-l-amour-identitaire.html
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