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L'évolution d'une société est intrinsèque aux règles
normatives et lois qui la
régissent. Dans les sociétés
multiraciales et pluriculturelles d'aujourd'hui, le vivre-ensemble requiert le
respect de la personne humaine par la reconnaissance effective des droits prescrits par les Chartes onusiennes
ratifiées par les Etats. Ces droits prescrits servent à la protection
de la dignité de survie dans le respect des différences issues du génie des peuples,
reconnu composante du patrimoine universel de l'humanité. Cette protection
conférant estime de soi à tout un chacun et confiance en l'autre est essentielle à l'institution du
vivre-ensemble.
Paul Klee. Mort et feu. 1940 |
L'action citoyenne et l'évolution sociale
En phase de structuration, l'Etat est certes l'unique responsable de l'évolution de la société. Se construisant
nécessairement à ses débuts par la volonté toute puissante d'un pouvoir
totalitaire, il est moins répressif et
réductif du champ d'intervention
des acteurs sociaux dans la dictature
éclairée. Mais dés lors que l'Etat est institué en ses segments vitaux et institutions représentatives, la société
civile est responsable à part entière de la bonne gouvernance des territoires
nationaux et de la qualité de vie du
peuple et des individus.
A ce stade, l'action de la
résistance citoyenne large, dite en
Islam « Le
Djihad » sert à freiner l’appétence
boulimique des dirigeants pour qu'ils ne
trônent pas en maîtres absolus. Le pouvoir et sa proximité qui
surdimensionnent la sensation de puissance et d'impunité donnent des ailes à la folie des grandeurs,
démultipliant ses avatars dans les sociétés multiethniques par l'excitation des fièvres communautaires et
les replis identitaires. L'essentiel étant de régner, l'ostracisme et les guerres
intestines sont dans de telles configurations , la voie et le moyen pour qui
veut un mandat allongé. C'est bien pourquoi la vigilance massive est l'unique
garante du fonctionnement optimum de l'ensemble du corps formant société et aspirant au bien-être
minimal reconnu. Un challenge impossible sans la synchronisation des efforts de toutes les communautés en lice
et sans l'organisation réfléchie de la vie ensemble.
Vigilante, la société produit ceci faisant les garde-fous nécessaires au démantèlement des
formes de despotismes
installés en l'absence de contre-pouvoirs. Lesquels
se manifestent dans la bonne gouvernance et la traduisent à travers
les règles de la liberté d'expression.
Une liberté nécessairement respectueuse des prérequis culturels et spirituels
et des droits économiques des communautés occupant l'espace dans la compétition
et la concurrence ou survivant encore dans les marges, et tentant d'émerger
souvent en pataugeant. Car le remède du déracinement c'est le temps. Et que la
modernité est d'abord et avant tout reconnaissance du droit inaliénable à la dignité et ses conditions minimales.
C'est dans l'alternance politique de la démocratie qu'elle s'enracine et se ressource.
Mode d'organisation socio-politique le plus adapté à la nature humaine,
la Démocratie est le meilleur système de tous les temps. Mis en pratique
conformément à son esprit, il aboutit à la réalisation harmonieuse des
sociétés, car basé sur le dialogue et le consensus, soit la concertation sociale. C'est la
« Echoura » en Islam, telle qu'appliquée par le Prophète
Mohamed. Interpellant le Chef de la Communauté des croyants en
personne, Allah dans son Coran Lui recommande d'associer les croyants à la Décision concernant la vie du groupe et sa survie. Il
en est ainsi de la gestion des affaires de l'Oumma, la Cité musulmane. Les préceptes religieux émanant d'Allah sont à
observer sans restriction dans la vie publique, quant à ceux qui relèvent de la vie personnelle ils
sont soumis au libre arbitre de la
personne. Ainsi, l'évolution sociale implique la participation de tous les
individus, chacun sa place et son rôle.
Les avant-gardes et l'évolution
du monde
Il est clair que l'Etat est par son pouvoir et sous tous points de vue incontestablement indispensable. Et il est tout aussi clair
cependant, que le niveau de conscience
d'un peuple, est d'un poids indiscutable et conséquent dans son orientation et
son action. Ce poids est capital et prépondérant dans les sociétés
avancées en regard des savoirs disponibles et quasi-inexistants ailleurs. En ce
sens, les citoyens les plus sensibles du monde
et notamment des sociétés avancées ont mission d'agir à l'encontre de la stratégie globale de profit de la finance internationale et des
avatars de l'Argent roi et leur pendant, le consumérisme tout azimut. Les
libertés prônées sont promues en facteurs
de créativité et d'inventivité illimitées pour des raisons de bien-être individuel, la
finalité de la course. Ce mirage porté par les machines-gadjets au détriment de
toute logique raisonnable, déstructure
à tout vent par son absence les humains et leur monde. C'est par la rage des attentes trahies que le bonheur
insaisissable et traqué casse ses victimes, fuyant d'illusions
en mirages de plus en plus
inhumains et ruineux.
Cela étant l'engagement solidaire par le passé des hommes libres de
notre planète pour les causes
justes ayant été
incontestablement bénéfique, la sensibilité des hommes d'aujourd'hui se traduit de facto en actions se prolongeant avec plus de force dans la
réalité. Chaque jour plus efficaces et chaque jour plus nombreux à s'insurger,
leur engagement indisposant les dysfonctionnements obstruant la justice
sociale et la dignité des vivants de par
le monde, opère en aval. Leurs actes et
rappels alertent sur les retombées destructives des causes
perdues croissantes partout dans les vécus. Pressurés, agissant et s'agitant
dans l'insécurité et les terreurs, ils
se maintiennent comme ils peuvent dans un rapport au monde qui détraque ses contradicteurs. C'est que le
système global totalitaire saigne ceux
qui par une autre vision des choses veulent l'arranger. Pour gagner en puissance, il en fait des
ennemis en les agressant
sans merci : il est « la Toute-Puissance » Pris entre l'enclume et le marteau mais enchaînés par leur sensibilité, ils ne
peuvent faire marche arrière.
Et c'est pourquoi, les indignés d'aujourd'hui comme ceux d'autres temps, qu'ils soient
laïques ou religieux ne s'affranchissent pas de la mission axiale d'espérer avancer
réellement et humainement. Il y va de leur quiétude de vigiles et de leur
équilibre d'humains : puisqu'ils
ont le pouvoir d'agir, c'est leur
rôle. Ils l'assument, il y va de la survie de la planète, humains et ressources vitales à la fois. Il est donc question de
reconnaissance, avant tout. Du moment
qu'ils en vivent parmi leurs semblables,
ces hommes se sentent redevables envers la planète et ses occupants, qu'ils soient agnostiques ou croyants :
ils sont
dans l'obligation de se soumettre aux Lois vitales de l'univers.
Les valeurs transcendantes d'humaine
civilisation
Le fait est que la soumission aux Lois
de l'univers est à la base de la
justice et son impondérable, la
fraternité. La convivialité en
dépend. Car la qualité de vie de toute
société résulte de la réussite du projet
de société qu'elle ambitionne de
réaliser, toutes strates sociales confondues. Et c'est l'éveil des âmes sensibles qui rend possible cette entreprise d'introspection créative, d'évaluation et de
mise en route concrète du projet social en devenir. Et qui l'élaguant quand de nécessaire de l’obsolète superflu, du dégénéré et des
archaïsmes nocifs, l'enrichit par l'interprétation et le
principe de réalité qu'est la contextualisation qui l'arrime au présent et ses questions sensibles exigeant
réponses et solutions adéquates.
Emouvante, l'action des âmes sensibles
parlant via les
gestes et œuvres parvient en notre temps
jusqu'aux confins de la terre à
qui ne fait pas le sourd. Et rappelle
que les valeurs portées par tout un
chacun ne sont viables que si elles
s'accordent dans la sphère privée et publique avec l'entendement du groupe dans les arrangements équilibrés de ses
composantes traditionnelles et modernes.
Soit que les valeurs du groupe
sont humainement valables quand elles sont fondées sur la raison et la
morale transcendante, autrement elles conduisent à la régression si ce n'est à
la désolation : c'est le surmoi qui fonde la civilisation. Et il semble
bien que c'est l'unique axiome de Freud qui soit établi par l'histoire et vérifié de nos jours là où
les composantes traditionnelles et modernes conjuguées de la civilisation, et
ses facteurs déterminants, le permettent.
Les composantes concernées
sont de fait celles conformes, tantôt aux
principes moraux des religions monothéistes ou leurs antécédentes, tantôt aux principes de l'idéologie des droits humains universellement
admise ces jours-ci. Qui
en découlant les affirme en
leurs exigences sensibles. La configuration des aires d'expansion continentale ou locale en leur
formulation traditionnelle ou contextualisée
en règle plus générale l'atteste
visiblement. Elle traduit ça et
là, la lettre des conformités et
déclinaisons portant les Lois et les valeurs dont proviennent les
règles sociétales des uns et des autres. Quasiment vides de sens
transcendantal, elles servent un ordre matériel, là où le système judiciaire le
permet.
Valeurs recommandées en dépit de ce qui rituellement les
sépare, elles sont d'essence divine
laïcisée à l'époque moderne en Occident, avant partout ailleurs. Démystifiées
en l'espace précité sécularisé depuis plus d'un siècle de marche vers la raison
pure et plus de deux millénaires d'apologie de la rationalité commerçante,
elles substituent une forme de sacralité à la sacralité antérieure. Subsistant
en tant que telles, elles restent sans
équivoques et indubitablement des
axiomes considérés équilibrants malgré
les glissements de sens quand il ne s'agit carrément de faux et d'usage de faux. Telle la fameuse et très
moderne notion de relativité qui, démontant le système moral qui a fait l'essor
et la puissance des civilisations mondiales les plus rayonnantes, le
défigure. Privant les hommes des
connaissances avérées menant au plein épanouissement de l'être et à
l'évolution équilibrée optimum des sociétés, la raison pure piétine l'humain
défigurant son visage fraternel.
Donnant pleine possibilité à la
justice et au moteur qui la sous-tend, la fraternité du vivant continue ainsi d'exister en théorie par les
espoirs qu'elle suscite via les littératures religieuses et romantiques tentant
une percée concrète, en vain. Faussée à la base, soit dans la quotidienneté des
vécus, la fraternité est inexistante
pour qui la cherche avec la sensibilité d'un Charles Baudelaire. Exclue dans
les décombres de la modernité égocentrique, elle reste une règle religieuse
mythologique et mystifiante pour les
yeux impitoyablement abusés d'aujourd'hui. Désarticulés, les
humains de maintenant n'ont rien à donner d'autre au monde qu'un désenchantement
revendiqué : ils sont désabusés.
Sont-ils coupables ? On ne peut honnêtement être moins aveugle : la
compassion commence par soi : il faut d'abord s'aimer pour fraterniser avec le
vivant . L'estime de soi est le préalable.
Connaissance de soi et évolution
optimum
Parce que c'est l'estime de soi
qui permet véritablement à la convivialité, cet idéal du vivre-ensemble qu'elle fonde, de se réaliser sous sa forme
la plus aboutie. Le sentiment
d'égalité et de fraternité que confère la convivialité en est la source et la primeur. C'est aussi
son moteur. L'estime de soi découle de
l'image du moi projetée par l'autrui
convivial, et surtout des attributs personnels
du moi se réalisant en rapport avec le projet intime reconnu à
soi-même dans le respect de ses
limites. Tout comme la réciprocité de l'estime fondant la convivialité,
le vivre -ensemble ne saurait exister sans respect mutuel. Indispensables, ils forment
la charpente de la vie psychique et sociale heureuse d'être au monde dans ses
contingences et d'y exister bon an mal
an.
L'exemple le plus marquant de notre histoire en la matière nous
parvient par Socrate en la période
pré-philosophique. Sa devise si chère à
ses disciples et émules : « Connais-toi toi-même » lui a
valu exil et condamnation à mort par les
dignitaires de son peuple. Epitaphe du
Temple de Delphes à la base des philosophies modernes dont la toute
première, la psychanalyse, cette parole prophétique n'a pas d'équivalent, il est clair, sinon en mystique : «
Connais Dieu, Il te connaîtra »
etc, et « Qui connaît Allah, se connaît » etc, dans la dernière
d'entre elles. Socrate qui évoluait dans une société polythéiste dont il
voulait tomber les dieux en accord avec sa religion naturelle, était dans la
connaissance intime de la normalité humaine
et des conditions de son équilibre existentiel. Animiste, il pressentait
les dysfonctionnements dangereux alimentés par les pouvoirs colossaux des Chefs
de la Cité Grecque dés lors que les Dieux du Panthéon devenaient
mythologie et légendes.
Hommes-dieux de la Cité athénienne, les patriarches terrorisés par la
grogne des disciples accusaient de
longue date le philosophe de
dévoyer leurs enfants de la bonne Tradition ancestrale. Concluant par un procès en diffamation des divinités contre Socrate, ils suscitèrent une haine
qu'ils n'eurent de cesse d'attiser
jusqu'à ce qu'ils obtinrent gain de cause. L'opiniâtre clairvoyance du Maître le mena en prison et à la mort. La
même haine défigure l'intellectuel et tout savant probe d'aujourd'hui, rien n'a
changé en la matière, sinon l'époque et le type de poison. Le fin mot de
l'arnaque revient immanquablement à l'argent et ses pouvoirs.
C'est tout simplement que le vrai Maître de la Cité, s'ignorant en
toute raison et malgré les apparences,
se trompe d'ennemi. Sinon, il distinguerait serait-ce par intuition le savoir humainement
viable du savoir dépravé immoral
cheminant sur ses routes. Se
connaissant, et sachant à qui il a affaire, il pourrait faire la différence,
même si un fiasco peut s'en suivre.
L'erreur étant humaine, ses dégâts sont limités comparativement à ce que
produit un usage intempestif délibérément ravageur du praticien en quête de
statut ou de renom. Il n'y a
pas, en ce sens, de commune mesure entre les positions assumées
d'Alfred Nobel et celles d’Albert
Einstein, qui chacun sa façon ont indélébilement marqué l'histoire
contemporaine. Le rapport à soi de
chacun des deux a produit un rapport à l'autre diamétralement opposé, s'exprimant dans leur
rapport au monde qui en garde jalousement la trace.
Perte de l'estime de soi et ses ravages
De fait, la connaissance de soi revendiquée par Socrate telle qu'issue
des résidus culturels antérieurs au
polythéisme était inhérente à la religion naturelle. Existant à l'état latent
en les personnes sensibles et sensées,
elle incitait à la réalisation de soi
dans la limite nécessaire à
l'équilibre propice au vivre-ensemble. Balisée par les religions pour le
bien de la personne et des sociétés, chacune sa façon et ses méthodes, la
connaissance de soi est depuis Sigmond Freud un fourre-tout qui saigne
l'inconscient. Mis à nu par la fouille systémique de ses tréfonds, le « patient
» est assailli par son intimité supposée telle. Exhumant
« sa vérité » jusque-là ignorée
et insoupçonnée, le médecin
défait ainsi le nœud malveillant pour
son bien-être à lui seul. Perdant ses
repaires, le patient déjà fragile sombre à terme dans la folie, et finit dans
le suicide de quelque type qu'il soit.
Tout compte fait et sans polémiquer, la connaissance de soi telle
qu'instituée par Freud, développée par ses disciples et prisée par les modernes
sous toutes ses variantes, dont le développement personnel passant par
la magie, est loin d'aboutir à l'estime de soi qui se refuse. La quête
de soi de la personne torturée par ses limites face aux commandes du monde qui
l'écrase de ses pouvoirs et fantasmes finit à terme dans les techniques labellisées dites rééquilibrantes et
compensatoires sus-citées. Or, et c'est connu, plutôt que de socialiser et
d'équilibrer, la connaissance de soi
ainsi comprise et mise en action
détricote pour le moins, sous sa forme la plus proactive et la moins
nocive, le lien social et esseule. Tout simplement car il n'y a en réalité d'équilibre que dans la
joie de la rencontre et de l'accueil. Et il n'y a de vrai plaisir et de
complétude que dans le partage, soit dans la vie assumée avec
les autres.
En ce contexte, désespérante
est la solitude des plus
démunis qui n'attendent plus rien des
promesses officielles, et des perclus harcelés et coincés sans espoir de salut
depuis un dérapage de jeunesse ou une histoire héritée ou fabriquée de toutes
pièces. Et abandonnés par les proches et les voisins. Pour ceux-là, l'impasse est là, augurant des
drames futurs. Se connaissant, et connaissant l'attitude des milieux d'accueil
pour s'être confrontés sans issue aux murs les expulsant partout hors les
droits reconnus, quand ils sont issus de contrées et de cultures étrangères,
ils savent que l'avenir ne sera pas avenant. Les petits musulmans d'occident
qui naviguent entre deux cultures dont ils ne connaissent que les
stéréotypes les matraquant ou les chants
de sirènes cassant les derniers remparts de l'estime de soi,
sont de ceux-là. Et on le leur fait savoir. Résisteront-ils à l'attrait des suicides
multiformes formellement interdits par Allah L'absent refusant de se manifester par le secours et
le soutien promis par la sub-culture d'origine, si peu comprise? Saura-t-on les
prémunir à temps pour prévenir la violence vengeresse s'imposant en arme ultime d'auto-défense au nom du Dieu de l'Islam
envers et contre tout?
Le constat global est que la
solitude dans le monde de l'opulence est telle que ne peuvent la combler ni
l'argent ni les jeux et les commodités foisonnants de nantis privilégiés. Encore moins le divan du psychanalyste, qui
ne fait qu'aggraver la perte d'estime de soi et les désarrois inhérents à la
perte de sens et de confiance en
l'existence. L'occultisme et ses
sciences et pratiques, refuges de
dernier recours des impuissants et exclus sont encore plus déshumanisants. Minant les chances
infimes de bien-être et d'équilibre, ces dérives annihilent la
confiance et le respect dû à
l'être en soi, démolissant
l'estime de soi, tout particulièrement. Les limites ayant été écrasées par le
mépris et l'exclusion haineuse, le massacre
collatéral est bien souvent irréversible.
L'humain étant en déficit,
le tissu social s'en trouve abîmé comme jamais. Le développement de plus
en plus pointu des technologies de l'information tous domaines confondus n'arrangeant en rien
les rapports humains, la
séparation et l'isolement sont aggravés sans commune mesure : le lien
restant virtuel et s'y limitant,
l'affect est inexistant. Le
vivre-ensemble étant chanté plus qu'il
n'est vécu, comme l'amour, il est
absent et galvaudé. S'il en est ainsi du
vivre-ensemble au niveau local, il est encore plus difficile de le penser et de
le réaliser au niveau global. Malgré la proximité, la distance est sidérale, le
village est bien planétaire au propre et
au figuré : les images ne sont que ce qu'elles sont : des images
couleur de sang répulsif coulant au loin ou bleu marine attractives pour casser
l'ennui et changer d'air.
Les règles équilibrantes de l'évolution humaine sont flouées par l'intensité du développement matérialiste
alimentant une guerre souterraine continue quand elle n'est visiblement
tapageuse par les éclats d'armes. L'indifférence antérieure à
la peur et la suivant, est devise. Le « Connais-toi toi-même
» de Socrate et les « Qui
connaît Dieu se connaît » des mystiques sont inversés. Construite sur la défiance envers l'autre, la
connaissance de soi moderne mine les raisons du partage et de la mise en commun des intérêts collectifs
et des espoirs individuels. L'estime de soi
s'effilochant au fil du temps par les retours des milieux de vie misant sur la concurrence
guerroyante et les conflits, à la suite de la
confiance tôt disparue, mène à la
schizophrénie s'étalant sous les yeux du
monde.
En résumé, l'évolution sociale épanouissante a ses lois. Elle requiert
des institutions , un projet social, des avant-gardes et des vigiles, et des
citoyens responsables massivement engagés pour défendre leurs droits et ceux
d'autrui menacés de flagrant déni. C'est
par quoi se construit le vivre-ensemble qui nécessite le respect de la personne et du groupe social
jusqu'en ses droits culturels et cultuels, attributs spécifiques inaliénables.
C'est ce qui cultive l'estime de soi, et la confiance prédisposant à la convivialité résultant à terme du nécessaire
vivre-ensemble.
Charleroi, le 1/ 02/ 2014