31 mai 2016

La source des démunis et des robustes

La France, veillons-y, c'est une insulte que de la rabaisser aux étirements, aux bâillements d'un juste milieu. Il est temps de venir nous désaltérer à la source des démunis et des robustes: de tendre, en un mot, vers les grandes dimensions, et ce n'est pas, vous le devinez ce soir, un agent du cadastre qui vous parle !

 

30 mai 2016

PENSAMIENTO ÚNICO, CONCENTRACIÓN DE LA PRENSA, DESINFORMACIÓN, MANIPULACIÓN. Por Javier Peña Torres



PENSAMIENTO ÚNICO, CONCENTRACIÓN DE LA PRENSA, DESINFORMACIÓN,

MANIPULACIÓN.


Por Javier Peña Torres

Hans Hartung - 1951

El capitalismo victorioso ha impuesto una « Weltanschauunung » que pretende
presentarlo como un horizonte insuperable. Desde ahora, toda opinión divergente
constituiría una transgresión, sancionada por los guardianes del nuevo evangelio
neoliberal dominante de nuestra época.
Pretendiendo a una cientificidad irrefutable, el pensamiento único ejerce una suerte de dictadura intelectual que se apoya sobre un dispositivo constituido a varios niveles: el discurso oficial de los dirigentes políticos, el discurso sabio de los intelectuales más conocidos -tanto más publicitados si éstos son « buenos comunicadores » y si « pasan bien en la TV »-, y el discurso difundido en los medios de comunicación por periodistas y comentaristas. Estos últimos han adquirido desde hace cierto tiempo, una influencia tal, que hoy resulta legítimo preguntarse en algunos países, si el concepto mismo de « espacio público » propio de una democracia, no está en tela de juicio.
El pensamiento único se impuso en el momento del derrumbe de los países del este.
Elaborado en el seno de instituciones internacionales -Banco Mundial, FMI, OCDE,
Comisión Europea- expresa en términos ideológicos, los intereses del gran capital
internacional.
Difundido por centros de investigación y facultades de economía, repetido hasta la
saciedad por los dirigentes de los partidos políticos que defienden el establishment, el pensamiento único es transmitido por los grandes órganos de prensa, en manos de los mismos propietarios a quienes pertenecen los grupos industriales y financieros.
El núcleo del pensamiento único está constituido por algunas ideas-fuerzas, cuyo
martilleo ininterrumpido se presenta como prueba de irrefutable cientificidad : el
mercado, panacea a la cual se atribuye la virtud de corregir todos los males de la
sociedad ; la competencia, que serviría para promover la emulación entre los hombres y entre las sociedades , considerados únicamente en su dimensión económica y donde sólo los más « aptos » -es decir, una docena de países ricos- serían capaces de alcanzar un grado de desarrollo importante ; el libre intercambio y la mundialización,que en realidad permiten la abolición de las fronteras no en una perspectiva de fraternidad y de unión entre los hombres, sino para garantizar a las economías centrales, territorios, mercados industriales y financieros a lo largo y ancho del mundo.
Agreguemos a esto el dogma de la privatización y de la desreglamentación y tendremos la « base teórica material » del discurso dominante.
El pensamiento único tiene su expresión y prolongación en otros campos, constituyendo un « corpus » que abarca todos los sectores de la actividad humana. Es decir, todo aquello que puede proteger y reforzar esta base material en el campo político, jurídico, social, cultural. De esta manera, los difusores del pensamiento único tendrán una visión común sobre la política represiva que hay que llevar a cabo contra los países reticentes a adoptar este nuevo catecismo. La agresión actual contra Yugoslavia es una buena prueba de ello.
Por otra parte, teniendo en cuenta que desde ahora el Estado-Nación pareciera no estar ya más en medida de garantizar al capital internacional un aumento cada vez más creciente de la plusvalía, se hace imperioso proceder a su liquidación. En ese sentido, la creación de mercados comunes regionales, las uniones regionales, tienen como objetivo la constitución de grandes conjuntos supranacionales que se inscriben en esa perspectiva. En contrapartida, la soberanía de los estados registra un debilitamiento sin precedentes.

29 mai 2016

Le Tao ou le principe des choses



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Le TAO, qui apparaît dans le plus ancien des livres chinois, le « Yi King » (« Le livre des métamorphoses » ), écrit plus de mille ans avant l'ère chrétienne, demeure une vision du monde très moderne : il vise à déchiffrer l'ordre de l'univers et à établir l'harmonie en soi-même par un consentement amoureux aux grands rythmes du cosmos. Au-delà des formes historiques du langage, et des superstitions qui en sont nées dans le prétendu « taoïsme » actuel, son objet est d'établir un système de relations capable de guider à la fois la recherche scientifique, la compréhension historique, et l'élaboration de nos règles de vie et d'action. Sa « modernité » se manifeste à une époque comme la nôtre, où les impasses du modèle occidental de croissance et de culture nous obligent à repenser fondamentalement notre manière de concevoir et de vivre nos rapports avec la nature, avec la communauté humaine, et avec le divin.

Le taoïsme proprement dit, qui naîtra quatre siècles après ce livre, s'exprime, au VIe siècle avant notre ère, dans une époque de crise, de violence et d'anarchie : celle des « Royaumes combattants. »
Cette crise suscita deux réactions différentes, - l'une, conservatrice, celle de Confucius, cherchant à sauver les valeurs traditionnelles et à « rétablir l'harmonie entre le ciel et la terre », par un retour à l'imitation des anciens : rétablir l'ordre et la loi par le respect des structures traditionnelles de la famille, du rite, de la hiérarchie ;
- l'autre, celle de Lao-Tseu, inspiré, comme Confucius, par le Tao du « Yi King », introduit des valeurs nouvelles : alors que Confucius visait essentiellement à l'intégration de l'homme à l'ordre social traditionnel, Lao-Tseu vise à l'intégration de l'homme à la nature. C'est une vision subversive car elle conduit à considérer le système social, et la civilisation tout entière, comme un ordre artificiel qui est
une perversion de l'harmonie.
Le plus grand penseur taoïste, Tchouang Tseu, écrit : « la nature a disparu ; les lois l'ont remplacée : de là tous les désordres ».
L'intuition centrale du taoïsme, c'est le refus de tout dualisme : il n'y a pas de « moi » isolé du reste du monde. Il n'y a pas d'êtres réels distincts. « Tous les êtres et moi sommes un dans l'origine, écrit Tchouang Tseu. Tous les êtres sont un seul Tout immense. Celui qui est uni à cette unité jusqu'à avoir perdu le sens de son individualité... aucune vicissitude ne peut lui porter atteinte. »
« La vision du Tao exige le vide », écrit encore Tchouang Tseu.
La vision du Tao et la communion avec lui, telle qu'elle s'exprime, sans paroles, dans la peinture chinoise (surtout celle de l'époque Song […] qui a pour vocation non d'imiter les apparences sensibles, mais de rendre visible l'invisible, exige le « vide ». L'évacuation de tout ce qui est illusoire.

- Le non-savoir, n'est pas l'ignorance, mais le refus de la connaissance discursive qui, par mots et concepts, emprisonne
les choses dans ce réseau artificiel, les isolant, et les morcelant
jusqu'à ne nous donner que des vues partielles, c'est-à-dire
fausses, de la réalité.
La connaissance véritable, au-delà de la connaissance discursive et médiate, est la saisie globale du monde comme un tout, en amont du moment où notre petit « moi » individualiste, égoïste, y a introduit l'illusion de la multiplicité des choses, en projetant sur elles les faisceaux de nos désirs ou les exigences de leur manipulation utilitaire.
Cette « illumination » du non-savoir est une libération. Elle nous libère de l'illusion du « moi » et de la pluralité des choses extérieures. Elle nous libère de l'abstraction dualiste, qui, par l'opposition factice entre le sujet et l'objet, fait tomber sa herse entre nous et les choses.
- Le non-agir n'est pas l'inertie. Le non-agir est la rupture de tous 
mes conditionnements extérieurs, de tous mes attachements partiels. Si j'agis mû par mes désirs individuels, j'isole du tout ce qui est privé de sens par cet isolement même. Je poursuis, par exemple, pour eux-mêmes, la richesse, le pouvoir, le plaisir des sens. L'action visant la richesse ne me conduit qu'à la possession où je suis possédé par ce que je possède. L'action visant le pouvoir m'intègre au cycle des violences en m'opposant comme individu à d'autres individus.
L'action visant les plaisirs des sens me rend esclave d'une
poursuite sans fin, car je ne parviendrai pas à la satiété, chaque
satisfaction d'un désir faisant surgir d'autres désirs. Ces prétendues actions ne sont que passions.
Le non-agir, qui les refuse, est le contraire de cette pseudo-action, de cette passion subie, intéressée, et simplement réactive. Le non-agir, c'est la plénitude de l'action vraie ; en harmonie avec le tout de l'être, placé au centre de la roue cosmique, le sage taoïste se meut avec elle, invisiblement. Il n'agit pour rien d'autre que pour le Tout et par le Tout. Le non-agir est coïncidence avec le mouvement profond de
l'univers.
- Le non-être n'est pas le néant. Pas plus que le non-savoir n'était l'ignorance, et le non-agir l'inertie. Le non-être est au-delà de l'être partiel, c'est-à-dire illusoire, du « moi ». Il est la réalité suprême de celui qui, sans prétendre exister par lui-même, participe à l'harmonie du tout et n'est rien d'autre que cette harmonie :
« Supposons un homme entièrement absorbé par l'immense giration cosmique et se mouvant en elle, écrit Tchouang Tseu. Celui-là ne dépend plus de rien. Il est parfaitement libre, en ce sens que sa personne et son action seront unies à la personne et à l'action du grand Tout... Le surhomme n'a pas de soi propre ; l'homme transcendant n'a plus d'action propre; le sage n'a même plus de nom propre. Car il est un avec le Tout. »

Le non-savoir, le non-agir, le non-être sont les voies d'accès à l'expérience du vide, qui seule permet d'entrer en communication avec le Tao.
Le Tao signifie la voie, et, par métaphore, la méthode, permettant cette communication entre le ciel et la terre. Cette conception permet au taoïste d'aborder avec sérénité la mort : seul s'efface l'individu, mais, du point de vue du Tout, c'est un événement local, un changement aussi naturel que le passage du jour à la nuit, de la veille au sommeil. Un passage d'une forme à une autre. Tchouang Tseu, qui ne croit pas à la survie individuelle, écrit :
« Nous sortons de l'invisible pour naître et nous y rentrons pour mourir... La gloire du sage est d'avoir compris que tous les êtres sont en action réciproque dans un seul complexe universel, que la mort et la vie sont deux modalités d'un même être. »
L'éternité peut d'ailleurs être atteinte en chaque instant lorsque l'on se confond avec le Tout, au sens où Tchouang Tseu rapporte ce propos de Lao Tseu : « J'étais en train de m'ébattre au principe des choses. »

Roger Garaudy, Biographie du 20e siècle, pages 29 à 32

28 mai 2016

Mélenchon tacle le CRIF

Je voudrais dire que je désapprouve absolument les propos de M. Cukierman, le président du CRIF, qui a écrit au président de la Commission européenne, à propos d’Israël évidemment et du boycott des produits des colonies. Il leur a dit : “Je suis le représentant politique de la première communauté juive d’Europe.” Non, Monsieur Cukierman, vous n’êtes pas le représentant politique. Les Français juifs ont des représentants politiques : leurs députés et leurs partis. Aucune communauté n’a le droit de prétendre qu’elle représente politiquement une partie de la population française.

Jean-Luc Mélenchon , "Des paroles et des actes", France 2, du 26/05/2016

27 mai 2016

Obama à Hiroshima 71 ans après le grand crime

     Crime de guerre, crime raciste...
 
              Le 6 août 1945 à 2 h 45 (heure locale), le bombardier B-29 piloté par Paul Tibbets, baptisé Enola Gay du nom de sa mère, décolle avec à son bord une bombe atomique à l'uranium 235 d'une puissance de 15 kilotonnes, surnommée Little Boy. L'équipage est composé de douze hommes, dont quatre scientifiques destinés à l'analyse de l'explosion.
La bombe, recouverte de signatures et d'injures à l'adresse des Japonais est armée en vol et larguée à 8 h 15, à près de 9 000 mètres au-dessus de la ville d'Hiroshima. À 8 h 16 min 2 s heure locale, après 43 secondes de chute libre, la bombe explose à 587 mètres du sol, à la verticale de l’hôpital Shima, situé au cœur de l'agglomération.
L'explosion, équivalant à celle de 15 000 tonnes de TNT, rase instantanément la ville.

>> LIRE L'ARTICLE DE SERGE ULESKI >>

Bataille contre la Loi - Précarité: De quoi Philippe Martinez est-il le nom ?

Prétendre que la classe ouvrière organisée prend en otage le peuple français quand elle défend ses droits menacés, comme le répète la presse, restera sans doute dans les annales. Comme si ces travailleurs en lutte, hier chauffeurs-routiers, aujourd’hui salariés des raffineries, représentaient une minorité de nantis prêts à immoler l’intérêt général sur l’autel de leurs revendications catégorielles ; comme si une grève qui leur impose des sacrifices personnels était pour eux une partie de plaisir ; comme si leur combat n’était pas un combat pour tous, y compris pour ceux qui ont fait vœu de soumission à leurs maîtres et crachent sans vergogne sur leurs défenseurs.

>> LIRE EN ENTIER L'ARTICLE DE BRUNO GUIGUE >>

Les pères fondateurs et leurs héritiers



Quelle que soit la solution choisie la confusion de la croyance
religieuse et de la foi vivante et agissante à l'intérieur de
toutes les religions rend le problème insoluble par la résurgence
des intégrismes, qui consistent à prétendre que tous les
problèmes ont été résolus, et pour toujours, par leurs pères
fondateurs.
Les Vierges Folles. Marc Saint-Saens.
Tapisserie.1942. Ateliers Tabard,Aubusson
 

26 mai 2016

Marx et l'autonomie des travailleurs



Dans son « Adresse inaugurale au Congrès de l'Internationale» (21 octobre 1864), Marx, évoquant le mouvement des coopératives de production, souligne « la valeur de ces grandes expériences sociales... Ce n'est pas par des arguments mais par des actions qu'elles ont prouvé que la production sur une grande échelle et en accord avec la vie moderne peut être exercée sans l'existence de la classe des maîtres employant celle des exécutants; que les moyens de travail, pour porter fruit, n'ont pas besoin d'être monopolisés ni d'être détournés en moyen de domination et d'exploitation des travailleurs ».
Marx, en exaltant ce grand exemple, marque ses limites :
1° En régime capitaliste, la coopérative de production peut « reproduire les défauts du système », c'est-à-dire que les sociétaires propriétaires collectifs peuvent, à leur tour, exploiter le travail de salariés non membres de la coopérative ;
2° le pire danger, selon Marx, c'est l'intervention de l'État capitaliste qui, sous prétexte d'aider la coopérative par ses subventions, la place sous son contrôle
et l'intègre à son système. Dans sa polémique contre le « capitalisme d'État » de Lassalle, Marx critique âprement le « Programme de Gotha » (1875) du parti
socialiste allemand qui réclamait pour les coopératives l'aide de l'État : les sociétés coopératives, écrit alors Marx, « n'ont de valeur qu'autant qu'elles sont des créations autonomes des travailleurs et ne sont protégées ni par le gouvernement ni par la bourgeoisie » ;
3° enfin, ce serait une illusion de croire que l'on peut ainsi créer des îlots de socialisme dans un système capitaliste. Le socialisme ne peut être réalisé au détail : « Pour que les masses laborieuses soient affranchies, déclarait encore Marx dans son « Adresse inaugurale de 1866 », la coopération devrait prendre une ampleur nationale. » Ce système coopératif réalisé à l'échelle nationale et réglant toute la production, c'est le socialisme d'autogestion. C'est le communisme tel que le concevait Marx d'après le modèle de la Commune de Paris qui avait décidé de faire fonctionner en autogestion ouvrière les entreprises abandonnées par leurs propriétaires. Marx écrit alors : « Si la production coopérative ne doit pas rester une feinte et un piège ; si elle doit remplacer le système capitaliste ; si des associations coopératives unies doivent régler la production nationale selon un plan commun, la prenant ainsi sous leur propre contrôle et mettant fin à l'anarchie constante et aux convulsions périodiques qui sont la fatalité de la production capitaliste, que serait-ce, messieurs, sinon du communisme, du très possible communisme? » (La Guerre civile en France, p.56.)
En dépit de l'exégèse néo-stalinienne des textes, l'autogestion, loin d'être
« bavardage », est la visée première du marxisme.
La Commune de Paris en fut la première ébauche historique.
Tout l'appareil d'État est à Versailles. Avec les possédants. Paris est vidé de son patronat et de ses politiciens professionnels. Alors que le parlementarisme, par son système de délégation de pouvoir, mettait le gouvernement, comme le note Marx, « sous le contrôle direct de la classe dirigeante », la Commune réalise un gouvernement « pour le peuple et par le peuple », sans médiation d'un parlement ou d'un parti.
« Les proudhoniens dominent le Comité central de la Commune », comme l'écrivent Bruhat, Dautry et Tersen. Ils en constituent les deux tiers. Et toutes les
mesures de la Commune, sauf la création du Comité de salut public inspirée par la minorité blanquiste, sont prises dans l'esprit proudhonien :
— démocratie directe, c'est-à-dire non pas transfert d'autorité mais distribution d'autorité ;
— autogestion économique ;
— fédéralisme politique.
Pour quiconque ne lit pas l'histoire de la Commune en stalinien (c'est-à-dire en confondant la dictature du prolétariat avec la dictature d'un parti s'identifiant par
postulat au prolétariat), la Commune de Paris a ébauché la première «démocratie socialiste » : la dictature du prolétariat, c'est la forme que prend nécessairement la démocratie socialiste devant une agression contre-révolutionnaire de l'intérieur ou de l'extérieur. La Vendée et Coblentz ont rendu nécessaire la dictature jacobine, comme les Versaillais et Bismarck la dictature des Communards, comme la contre-révolution et l'intervention étrangère ont rendu nécessaire la dictature bolchevique.

L’alternative, Roger Garaudy, pages 223 à 225

25 mai 2016

Les deux violences

Il est deux violences claires et distinctes chez l'Homme: la vitale, fondamentale pour l'affirmation de la vie, et la létale qui détruit ou menace la vie comme par corruption de l'énergie vitale.

>> LIRE ICI L'ARTICLE DE C. LOTY MALEBRANCHE >>

[Helder Camara dénombrait lui trois types de violence. Lire le résumé qu'en donne Garaudy:  http://rogergaraudy.blogspot.fr/2015/10/les-trois-violences.html]

24 mai 2016

L’historienne Jacqueline Chabbi démonte les idées reçues à propos de l’islam



Pureté, violence intrinsèque, dogmatisme… l’historienne Jacqueline Chabbi démonte les idées reçues à propos de l’islam en revenant sur les origines de cette religion, et notamment sur le «hiatus chronologique» entre la réalité des tribus du VIIe siècle, du temps de Mahomet, et son récit écrit deux à trois siècles plus tard.

Une tresse de cheveux blancs qui fait sagement le tour de la tête et tranche avec l’épaisse veste en cuir élimé. Un volumineux sac à dos qui a fait, lui aussi, huit heures de train entre une maison de pêcheur de Doëlan, dans le Finistère, et Libération, à Paris. D’origine bretonne, Jacqueline Chabbi, historienne, a grandi en région parisienne. Elle y apprend ses premiers mots d’arabe de ses camarades algériennes. La nationalisation du canal de Suez en 1956 et l’expulsion des Juifs égyptiens est curieusement un des épisodes décisifs de son parcours atypique : un ami égyptien de sa mère arrive alors en France et lui enseigne l’alphabet arabe. Elle est une des rares agrégées d’arabe qui ne soit pas passée par Langues O (l’Institut national des langues et civilisations orientales). Elle a eu pour professeurs les derniers grands orientalistes, comme Régis Blachère qui enseignait la littérature arabe du Moyen Age à la Sorbonne et à qui on doit une traduction critique du Coran. Elle publie aujourd’hui les Trois Piliers de l’islam (Seuil), qui replace le discours coranique de Mahomet dans son contexte d’origine, la société tribale du début du VIIe siècle, et montre que le divin est lié à l’humain et à ses nécessités vitales. 

Source : Libération

23 mai 2016

21 mai 2016

Chrétiens et communistes, par Gilbert Mury (1964, entre deux sessions de Vatican II)






ENTRE DEUX SESSIONS DU CONCILE
CHRETIENS ET COMMUNISTES

par GILBERT MURY 
Supplément aux Cahiers du Communisme n° 5 Mai 1964

 [Gilbert Mury, 1920-1975,  spécialiste des questions religieuses au Parti Communiste Français,  il est en 1964 secrétaire du Centre d'études et de recherches marxistes dirigé par Roger Garaudy. Se ralliant aux thèses du parti communiste chinois,  il rompra avec le PCF deux ans plus tard. NDLR]

En automne prochain s’ouvrira la troisième session du Concile. Dans quel esprit se déroulera-t-elle ? Il est d'autant plus malaisé de le savoir que la deuxième session a été marquée par un net ralentissement des travaux de l'Assemblée, à tel point que certains
milieux catholiques se sont montrés fort désenchantés, sinon inquiets. Pourtant, les trois premières semaines s étaient déroulées dans un climat d'optimisme. Le nouveau pape Paul VI avait franchement affirmé sa volonté de poursuivre l'oeuvre de Jean XXIII. II avait placé à la direction des travaux les « modérateurs », pour la plupart libéraux. Son
discours d'ouverture avait créé une impression favorable parmi les observateurs non-catholiques. Sa décision de réformer l'administration centrale du Vatican, profondément réactionnaire, pesait comme une menace sur des hommes comme le redoutable cardinal Ottaviani et semblait les condamner à la prudence.
Cependant, cette deuxième session, à la différence de la première, avait à passer des déclarations de principe aux décisions pratiques et concrètes. La difficulté se faisait sentir d'adopter des mesures applicables dans les conditions extrêmement différentes les unes des autres où se trouvent les diverses régions peuplées de catholiques. A la faveur de telles incertitudes, le cardinal Ruffini, Mgr. Carli et divers porte-parole
de l'Espagne et de l'Asie sous protectorat américain passèrent à la contre-attaque. La principale bataille fut livrée à propos de la collégialité épiscopale, c'est-à-dire de la thèse selon laquelle la souveraineté, dans l'Eglise, appartient à l'ensemble des évêques associés au pape. Les adversaires de cette collégialité prétendaient défendre la doctrine établie par le premier Concile du Vatican et selon laquelle tous les pouvoirs religieux sont concentrés entre les mains du seul Souverain Pontife. C'était, en réalité, défendre les intérêts de la curie romaine conservatrice qui, sous le nom du pape, entendait administrer l'ensemble du monde catholique. Les libéraux ne purent faire prévaloir leurs thèses qu'en incorporant à leur texte trente déclarations d obéissance au Vatican,
dans un document de deux pages. Encore le vote obtenu devait-il être contesté par les intégristes pour des raisons de forme. Dans Je même sens, les évêques espagnols ont pris la tête de l'opposition à un schéma qui réservait seulement à la Vierge Marie une place subordonnée dans un texte consacré à l’Eglise. On sait que, traditionnellement, la dévotion particulière à la Vierge est liée à une attitude réactionnaire. De même, ils ont entrepris d'empêcher le vote d'un chapitre sur la liberté religieuse, destiné à condamner toute atteinte au libre choix du culte par les individus. Or, les autorités franquistes
persécutent les protestants. Les choses devaient aller si loin que, à la veille du dernier jour de la session, deux documents anonymes signés « catholicus » — d'origine intégriste —  étaient largement diffusés parmi les évêques, l'un condamnant la liberté religieuse, l'autre appelant à l'antisémitisme. De même un document, signé par 200 prélats réclamait une nouvelle condamnation du communisme.
La majorité du Concile et le pape Paul VI lui-même ont, jusqu'ici, fait front à cette contre-offensive réactionnaire. Ils ont laissé ouvertes les perspectives tracées par Jean XXIII. A la veille de la troisième session du Concile, il n'en est que plus nécessaire, devant cette situation nouvelle, de rappeler quelle est la doctrine constante du marxisme à l'égard du christianisme, sans rien dissimuler de l’ incompatibilité entre la foi chrétienne et l'athéisme, sans rien retrancher de la pensée propre aux classiques du matérialisme dialectique, pensée profondément tolérante et respectueuse des convictions qu'elle ne partage pas. Notre hostilité et notre mépris s'adressent à la réaction sous toutes ses formes, cléricale ou non cléricale. Notre recherche d'un dialogue amical, et au besoin scientifique, avec les chrétiens de toute observance n'est pas l'effet d'un hasard, elle exprime une position de principe.