[...]
Dans un
débat qui réunissait Sartre et
Garaudy à
l'Institut Gramsci, sur invitation du
secrétaire
général du Parti Communiste
italien,
Palmiro Togliatti, qui avait
la démocratie
chrétienne surle dos, et voulait trouver une issue à la
chrétienne surle dos, et voulait trouver une issue à la
problématique
électorale propre à l'Italie, du
faite de
l'influence qu'à le Vatican sur l'opinion
italienne,
le dialogue suivant eu lieu.
Sartre :
Je rumine
depuis longtemps, une étude sur les
fondements
de l'histoire, sur sa possibilité, à par
tir de
projets individuels et de leur aliénation, d'être
une totalité
vivante
Garaudy:
Votre
philosophie, Sartre, vous interdit ce
passage, par
ses propres postulats : « Chacun n'est
soi qu'en
s'opposant à l'autre....l'autre est pour moi
un obstacle permanent.
» Vous n'avez jamais renié
ce «solipsisme» de l'Être et le Néant. Vous ne
pouvez pas sauter par-dessus votre
ombre.
Comment pouvez-vous concevoir une histoire à
partir de ce
pullulement de destins individuels se
heurtant les
uns aux autres comme les atomes
d'Épicure.
Vos définitions des «groupes historiques»
sont
valables aussi bien pour ceux qui
ont pris la
Bastille que ceux qui font la queue à la
station
d'autobus, pour le parti nazi ou pour une équipe
de football.
Ce n'est pas en fondant l'Histoire sur le
développement
dialectique des rapports entre Robinson
(Cruzoé) et
Vendredi que vous pourrez distinguer
une contre révolution d'une révolution.
Togliatti,
entre en scène, et interrompt l'envolée
véhémente de
la raillerie caricaturale de Garaudy.
Togliatti
s'adressant
à Garaudy :
Comment
expliques-tu les prises de position de Sartre ?
Il s'est trouvé du bon côté dans la
Résistance, pendant
la guerre du
Viêt-nam et celle d'Algérie, au mouvement
de la paix,
avec nos partis...
Garaudy:
Pardonne
moi, Palmiro, il ne s'agit pas d'attaquer sa
personne ni, en général, son action. Je dis
seulement
que toutes ces positions, dont je suis
heureux, il
les a prises non pas grâce à sa philosophie,
mais malgré
elle. A Helsinki, au congrès du Mouvement
de la paix, où nous étions une fois de plus
épaule contre
épaule, je
lui disais : « Pour agir, vous êtes obligé de
‘faire comme
si’ l'Histoire avait déjà un sens.
Mais c'est
justement ce que votre philosophie refuse.
Vous avez le
cœur à gauche et la tête à droite.»
[...]
Roger Garaudy, 1989 : « Mon Tour du siècle en
Solitaire », p. 187
Titre du
chapitre : « Frère ennemi de Sartre, 10 ans de débat »