05 septembre 2015

Mustapha Chérif: ni intégrisme, ni perte d'identité !

A l’occasion de la sortie de son nouvel ouvrage « Sortir des extrêmes, ni intégrisme, ni perte d’identité » aux éditions Les Points sur les i, Paris, le professeur Mustapha Cherif, dont la pensée analyse et éclaire la complexité de notre temps, répond aux questions d'Oumma.

Oumma : Avec ce nouveau livre vous continuez à défendre sans relâche la voie du juste milieu et le vivre-ensemble, et vous critiquez l’extrémisme sous toutes ses formes, que pensez-vous des voix qui appellent à reformer l’islam ? 
Mustapha Cherif : Il faut d’abord mettre fin à la propagande mensongère qui prétend que les musulmans refusent la critique. C’est archi-faux. Le Coran et le Prophète reconnaissent le droit à la critique sans limites. Jamais le Prophète n’a sévit contre un détracteur. Rien ne peut se soustraire à la critique. Tout un chacun a le droit de critiquer, notamment pour reformer des situations problématiques. Par contre il est légitime de refuser l’incitation à la haine, les offenses, la stigmatisation et les amalgames. Nous sommes tous en chemin vers la vérité et épris de liberté. Aucun être humain ne peut prétendre les dire à la place de « Dieu», ou au nom de toute l’humanité.
Pour assumer, à notre façon, la marche du temps, la modernité et sortir des pratiques inadaptées, nous avons besoin d’esprit critique, réformateur, d’intelligence et de sagesse. Nous sommes, pour la plupart, hommes de notre temps, nourris d’une histoire, en réflexion sur l’aujourd’hui, aimant travailler pour le présent et l’avenir, c’est à dire modernes. Mais gardons-nous de succomber à des aveuglements contemporains et de renier nos principes, faute de pensée méditante. Le « modernisme » n’est pas la modernité, tout comme le « rationalisme » n’est pas la rationalité et le « scientisme » n’est pas l’esprit scientifique. On ne devient pas musulman pour changer l’islam, mais pour améliorer sans cesse notre comportement, en particulier si nous sommes une minorité dans la Cité. La sagesse exige d’articuler l’ancien et le nouveau, d’opérer à de nouvelles lectures et reformes quant il le faut, de renouveler des méthodes, en fonction de l’évolution.  Sujet éternel de la conjugaison entre le passé, le présent et l’avenir. Réformer ne signifie pas destruction, remise en cause arbitraire et amalgame, surtout lorsqu’il s’agit de Textes fondateurs. Il s’agit de revoir des interprétations et des pratiques.  L’islam lui même appelle à raisonner et ne pas sombrer dans l’imitation aveugle du passé. Le juste milieu est requis : articuler le permanent et l’évolutif, par le débat et la mise à l’épreuve des faits.

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