Quelques
ARTICLES DU MONDE (classés du plus récent au plus ancien) autour du PROCES DES « Mythes
fondateurs de la politique israélienne »
Critiqué,
jugé, sanctionné pour ses thèses en France, l'ancien théoricien du PC est
décoré et louangé dans les pays arabes
LE MONDE | 01.03.1998
par MOUNA NAIM
par MOUNA NAIM
L'ÉCRIVAIN
français Roger Garaudy, qui a été condamné à 120 000 francs d'amende pour «
contestation de crimes contre l'humanité » et « diffamation raciale », a trouvé
d'ardents défenseurs dans de nombreux pays arabes et en Iran.
M. Garaudy,
qui était poursuivi pour son livre Les Mythes fondateurs de la politique israélienne,
s'est ainsi vu décerner pour son oeuvre, il y a quelques jours, la médaille de
la prédication islamique, la plus haute distinction islamique en Egypte, par le
ministre de la culture.
L'ampleur de
la sympathie manifestée à l'égard de M. Garaudy par des intellectuels et des
hommes politiques arabes et iraniens est d'autant plus surprenante que son
oeuvre n'est connue que par une poignée de lecteurs. Même enrobé dans des
justifications telles que la défense de la liberté d'opinion et d'expression qui
plus est dans des pays où ces libertés fondamentales sont de vains mots , ce
mouvement reflète une méconnaissance totale des faits ainsi qu'un mélange
confus d'exaspération générale à l'égard d'Israël et du sionisme et de défense
de l'identité musulmane.
Les mois de
janvier et de février ont été particulièrement fastes pour l'ancien théoricien
du Parti communiste français converti à l'islam. Du Caire à Téhéran, en passant
par Damas, Amman, Beyrouth, les territoires autonomes palestiniens, Abou Dhabi
et Tripoli, la mobilisation en sa faveur fut surprenante. L'Union des avocats
arabes a lancé une campagne de pétitions pour le soutenir et des avocats se
sont portés volontaires pour participer à sa défense.
L'APPUI DE
L'IRAN
Roger
Garaudy a également eu droit au soutien du mufti de Syrie, Cheikh Ahmad
Kaftaro, et a été reçu par Cheikh Mohamad Sayed Tantaoui, l'imam d'El Azhar, la
plus éminente institution de l'islam sunnite. Il a été invité par les
ministères égyptien et qatari de la culture, qui lui ont organisé des
rencontres avec le public. L'épouse du président de l'Etat des émirats arabes
unis lui a fait don de 50 000 dollars (environ 300 000 francs).
Le pouvoir
iranien, toutes tendances confondues, lui a apporté son appui. Le président du
Majlis (Parlement), Ali Akbar Nategh Nouri, s'est indigné de l'attitude des
défenseurs occidentaux des droits de l'homme qui acceptent la tenue d'un procès
Garaudy alors qu'ils fustigent la condamnation à mort, par une fatwa de l'imam
Khomeiny, de l'écrivain britannique Salman Rushdie, dont l'ouvrage, les Versets
sataniques, a été jugé blasphématoire pour l'islam.
L'opposition
n'a pas été en reste. Le Mouvement pour la libération de l'Iran de l'ancien
premier ministre Mehdi Bazargan a exprimé son soutien aux « idées antisionistes
» du prévenu français.
Si cet
engouement s'est amplifié à l'approche du jugement du tribunal de Paris, il
avait en réalité commencé durant l'été 1996. Rien n'avait pu freiner la
naissance de ce mouvement de sympathie, même si certains intellectuels s'étaient
alors indignés des amalgames et avaient lancé des mises en garde contre la
confusion des genres et les dérives prévisibles (Le Monde du 21 août 1996).
L'un de ces
derniers, Samir Kassir, s'étranglait presque, dans un article publié la semaine
dernière par le quotidien libanais El Nahar, de voir Roger Garaudy assimilé à
Zola.
Le mouvement
de soutien au philosophe français « est une campagne folle qui ignore les
données de l'affaire dont elle prétend prendre acte. Elle ne prend même pas en
considération la personnalité de celui à qui elle apporte son soutien, écrivait
l'auteur. Il ne suffit pas que Roger Garaudy soit pro-arabe pour qu'il soit
respectable (...). Garaudy a si souvent changé d'idéologie qu'on est sûr que la
droiture n'est pas l'une de ses qualités. Il n'est pas non plus un démocrate
mis à l'écart. » « L'intellectuel engagé [arabe], ajoutait Samir Kassir, se
doit de dire que les six millions de victimes juives sont les martyrs d'un
crime commis par l'Occident et dont nous sommes tenus de respecter la mémoire
plus que quiconque sans pour autant accepter qu'elles soient utilisées pour
bafouer nos droits... Faisons le avant que nous sombrions dans la décadence. »
MOUNA NAIM
Un libraire
genevois condamné pour avoir vendu un livre de Roger Garaudy
LE MONDE |
25.02.1998
GENÈVE.
Poursuivi pour « discrimination raciale », un libraire de Genève a été
condamné, lundi 23 février, à 1 000 francs suisses (4 000 francs) d'amende pour
avoir mis en vente un livre de Roger Garaudy « niant et minimisant
grossièrement le génocide juif durant la seconde guerre mondiale ». Dans son
jugement, le tribunal considère que l'accusé n'a pas mis en garde ses clients
contre « les thèses révisionnistes » du livre, Les Mythes fondateurs de la
politique israélienne. Alors que le procureur avait réclamé une peine de 3 500
francs suisses, les juges ont tenu compte du fait que le vendeur a agi « comme
l'un des derniers maillons de la chaîne ». Le 8 décembre 1997, le diffuseur en
Suisse de l'ouvrage avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis par
un tribunal de Vevey. (Corresp.)
PROCÈS
GARAUDY : Le président iranien, Mohammad Khatami, a critiqué le procès de
l'écrivain français Roger Garaudy.
LE MONDE |
21.01.1998
Le président
iranien, Mohammad Khatami, a critiqué, mardi 20 janvier, le procès de
l'écrivain français Roger Garaudy, jugé en France pour contestation de crimes
contre l'humanité. « Les gouvernements occidentaux ne tolèrent pas qu'on
s'oppose à leurs intérêts, et c'est pourquoi l'Occident juge un érudit pour
avoir écrit un livre sur les sionistes », a souligné M. Khatami. (AFP.)
Les
défenseurs de Roger Garaudy s'attaquent à la loi Gayssot
LE MONDE |
18.01.1998
par ACACIO PEREIRA
par ACACIO PEREIRA
« UNE LOI de circonstance, scandaleuse,
liberticide, scélérate, raciste, fasciste. » L'avocat Jacques Vergès n'a pas
trouvé d'épithètes plus forts pour qualifier la loi Gayssot qui permet de
poursuivre quiconque nierait les crimes contre l'humanité commis par le régime
nazi pendant la seconde guerre mondiale. C'est en vertu de ce texte [en fait
l'article 24bis de la loi du 29 juillet 1881] que son client, le philosophe
Roger Garaudy, comparaît depuis le 8 janvier devant la dix-septième chambre
correctionnelle de Paris pour « complicité de contestation de crimes contre
l'humanité».
Dès le
premier jour de ce procès, Me Jacques Vergès avait vilipendé l'article 24bis.
Ces nouvelles attaques, qui charpentaient, vendredi 16 janvier, l'essentiel de
sa plaidoirie, n'ont donc étonné personne : ni le tribunal, ni les parties
civiles, ni surtout un public largement acquis à la thèse qu'il s'apprête à
défendre. « C'est par définition une loi d'exclusion de tous les génocides sauf
de celui des juifs », explique-t-il avant de se tourner vers les avocats des
parties civiles. « Quand vous nous parlez de Nuremberg, lance-t-il, pensez un
peu aux autres, aux Aborigènes d'Australie, aux Tasmaniens, le génocide le plus
parfait de l'Histoire, aux Ethiopiens, contre qui on a utilisé des gaz toxiques
pendant la guerre, aux soldats polonais de Katyn, aux femmes et enfants de
Hiroshima, aux victimes de la répression coloniale... »
La veille,
Me Christian Charrière-Bournazel, l'un des avocats des parties civiles, avait
évoqué la spécificité du génocide juif : « On a tué des juifs simplement parce
qu'ils étaient juifs. » « FIGER l'HISTOIRE »
Mais Jacques
Vergès n'en démord pas. « Non seulement cette loi heurte le principe d'égalité
mais aussi le principe de liberté d'opinion, poursuit-il. Toute décision peut
être discutée, sauf celles de Nuremberg. Cette loi prétend figer l'Histoire
alors que l'Histoire est perpétuelle révision. En l'acceptant, on accepte de se
mettre au service d'une vision officielle des choses. »
A en croire
Jacques Vergès, son client serait donc victime d'une « discrimination », d'un «
procès en sorcellerie ».
Le jugement
sera rendu le 17 février.
ACACIO
PEREIRA
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1998/01/18/les-defenseurs-de-roger-garaudy-s-attaquent-a-la-loi-gayssot_3632281_1819218.html#1SVk0XakECsPdpco.99
Une amende
de 150 000 francs est requise contre Roger Garaudy
LE MONDE |
17.01.1998
ACACIO PEREIRA
ACACIO PEREIRA
IL Y AVAIT
foule, jeudi 15 janvier en début d'après-midi, devant la dix-septième chambre
correctionnelle de Paris où le philosophe Roger Garaudy comparaît pour «
complicité de contestation de crimes contre l'humanité ». Pour ce troisième
jour d'audience, il a fallu filtrer les entrées, la salle ne permettant pas
d'accueillir tous ceux qui patientaient à l'extérieur. Des journalistes de pays
arabes sont venus grossir les bancs de la presse. Des avocats marocains et
égyptiens sont arrivés en renfort pour assurer la défense du prévenu. Rien de
très étonnant, depuis que, le week-end dernier, des journaux et des écrivains
du Proche-Orient ont pris fait et cause pour le philosophe français,
multipliant textes de soutien et campagnes de donations (Le Monde du 13
janvier).
Interrogé
une nouvelle fois sur certains passages de son livre Les Mythes fondateurs de
la politique israélienne, paru en décembre 1995 dans la revue révisionniste La
Vieille Taupe, puis à compte d'auteur au printemps 1996, Roger Garaudy
maintient son système de défense, affirmant que son propos n'était pas de
mettre en cause les juifs, mais d'attaquer la politique sioniste de l'Etat
israélien. « Je vais me répéter pour la quatre-vingtième fois, on me prête une
intention dont j'ai répété mille fois qu'elle n'était pas la mienne »,
affirme-t-il. « RENIEMENT PERPÉTUEL » « Roger Garaudy est l'homme du reniement
perpétuel, estime Me Jean-Serge Lorach, premier avocat à plaider pour les
parties civiles. Il a cautionné toutes les grandes impostures de ce siècle, les
deux totalitarismes, en passant de la peste rouge à la peste noire. C'est bien
les juifs qu'il vise, et pas le sionisme. Il a repris à son compte les thèses
négationnistes sans les passer à la moulinette du raisonnement ou de la
contradiction. » « Ce que je vois ici, c'est une nouvelle forme d'antisémitisme,
un militantisme raciste, de combat, vindicatif, revanchard, organisé pour
provoquer ce procès », surenchérit Me Charles Korman pour la Licra. Rappelant
que l'on commémore en ce moment la prise de position d'Emile Zola dans
l'affaire Dreyfus, l'avocat y voit une certaine ironie de l'histoire : « Alors
que Zola dénonçait l'antisémitisme, Roger Garaudy vient armer le bras de
l'antisémitisme. »
Pour
l'association Avocats sans frontière, Me Gilles-William Goldnadel avertit le
tribunal qu'il va s'attacher à « tordre le cou aux mythes fondateurs de la
pensée du prévenu ». « Ce n'est pas une personnalité éblouissante qui aurait
``disjoncté`` au soir de sa vie, dit-il. Il a toujours été et reste un
révisionniste. L'antisionisme, selon Roger Garaudy, ne serait pas un
antisémitisme. Mais, l'antisionisme viscéral est de l'antisémitisme précisément
parce qu'il est viscéral. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, pas une
goutte de sang juif qui n'ait coulé à cause de l'antisionisme. Ceux qui
tiennent les mains de ces gens-là, ce sont les révisionnistes. A eux de
tourmenter les morts, aux antisionistes de tuer les vivants. » « LA VÉRACITÉ
DES SOURCES »
Dans son
réquisitoire, François Reygrobellet, substitut du procureur de la République de
Paris, explique qu'il ne comprend pas « pourquoi la critique de la politique de
l'Etat d'Israël devait absolument passer par la négation des crimes contre
l'humanité ». « La recherche historique n'a pas attendu Roger Garaudy pour
s'interroger. Ce livre est un document unidimensionnel où n'est développée
qu'une seule thèse », poursuit-il en reprochant au prévenu de ne pas avoir
respecté les principes élémentaires et les méthodes du travail de l'historien .
« Il faut s'assurer de la véracité des sources et ne pas en oublier, poursuit-il.
Or, là, on en a oublié. »
Contre Roger
Garaudy, M. Reygrobellet requiert une peine « qui ne soit pas inférieure » à 50
000 francs d'amende pour la première édition de son livre, paru dans La Vieille
Taupe, ni inférieure à 100 000 francs pour la seconde édition, publiée à compte
d'auteur.
Contre
Pierre Guillaume, poursuivi pour « contestation de crimes contre l'humanité »
en tant qu'éditeur de La Vieille Taupe, le représentant du ministère public
réclame une peine « qui ne soit pas inférieure » à 150 000 francs et six mois
d'emprisonnement avec sursis.
Le procès
devait se poursuivre, vendredi 16 janvier, avec les plaidoiries des avocats de
la défense.
ACACIO
PEREIRA
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1998/01/17/une-amende-de-150-000-francs-est-requise-contre-roger-garaudy_3631127_1819218.html#ccAMOGM4TEZgTsrS.99
Le
philosophe antisioniste Roger Garaudy reçoit le soutien de journaux arabes
LE MONDE |
13.01.1998
par ACACIO
PEREIRA
DES
MANIFESTATIONS de solidarité au philosophe français Roger Garaudy, poursuivi
devant la dix-septième chambre correctionnelle de Paris pour « complicité de
contestation de crimes contre l'humanité », se sont multipliées ce week-end au
Proche-Orient. Samedi 10 janvier, le syndicat des journalistes égyptiens a
estimé dans un communiqué que M. Garaudy était « jugé conformément à une loi
antidémocratique [la loi Gayssot] qui interdit la liberté de recherche sur
certains aspects de l'histoire de la deuxième guerre mondiale ».
Le
lendemain, dans un encart publié à la une, Al Khaleej, un quotidien des Emirats
arabes unis, a appelé ses lecteurs à adresser des dons et des messages de
soutien à M. Garaudy, « poursuivi par les organisations du lobby sioniste en France
». Le journal invite ses fidèles à verser au philosophe « des contributions
pour [lui] permettre de continuer à s'opposer à l'influence des sionistes en
France et à répandre ses idées qui réfutent les allégations sionistes et
dévoilent la politique agressive d'Israël ». Poursuivi pour certains passages
de son livre, Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, publié en
décembre 1995, le philosophe risque jusqu'à un an d'emprisonnement et 300 000
francs d'amende.
Au Qatar, un
« comité de soutien à Roger Garaudy » a annoncé son intention de mener une
campagne de presse et de recueillir des donations. Ce comité doit organiser un
meeting de soutien au cours duquel des personnalités et des dignitaires
religieux prendront la parole. A cette occasion, Roger Garaudy devrait
prononcer une allocution retransmise en direct par satellite. L'association des
écrivains palestiniens a également publié, dimanche 11 janvier, à
Jérusalem-Est, un communiqué dans lequel elle lui apporte son soutien. « Nous,
écrivains et poètes, exprimons notre solidarité avec le penseur et l'homme de
lettres Roger Garaudy pour son combat courageux en faveur de la liberté de
création », peut-on y lire. Converti à l'islam, Roger Garaudy a toujours été un
défenseur de la cause palestinienne.
Après la
sortie de son livre, le philosophe avait déjà bénéficié du soutien
d'intellectuels arabes et avait fait une tournée dans plusieurs pays pour
présenter son ouvrage (Le Monde du 21 août 1996). Il avait été invité à
Beyrouth par le Forum nationaliste arabe, en Syrie par le ministère de
l'information et en Jordanie par l'Association des écrivains. A l'époque, des
intellectuels libanais avaient pourtant publié des textes critiques. « L'idée
d'exterminer les juifs ne porte-t-elle pas en elle le germe de l'extermination
de toute autre race ou peuple ? », interrogeait par exemple Elias Khoury,
rédacteur en chef du supplément hebdomadaire du quotidien El Nahar. Au Maroc,
Roger Garaudy s'était vu interdire l'entrée d'une université. « Cela ne m'a pas
empêché de signer plus de deux mille dédicaces », a-t-il précisé, vendredi 9
janvier, devant le tribunal.
ACACIO
PEREIRA
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1998/01/13/le-philosophe-antisioniste-roger-garaudy-recoit-le-soutien-de-journaux-arabes_3628004_1819218.html#07zgWoFXogvE2Qfo.99
Roger
Garaudy « doute » toujours de l'existence des chambres à gaz
LE MONDE |
11.01.1998
par ACACIO PEREIRA
par ACACIO PEREIRA
ROGER
GARAUDY n'est jamais à court d'arguments. Au deuxième jour de son procès devant
la dix-septième chambre correctionnelle de Paris, où il comparaît pour «
complicité de contestation de crimes contre l'humanité », le philosophe doit
s'expliquer sur des passages de son livre Les Mythes fondateurs de la politique
israélienne, paru en décembre 1995. Chaque phrase est minutieusement disséquée
par le président Jean-Yves Montfort. « Que voulez-vous dire ? », répète-t-il
inlassablement après la lecture des passages incriminés. Il faut savoir, enfin,
si la prose garaudienne constitue bien une négation de la Shoah.
Il y a
d'abord le terme « mythe », que Roger Garaudy utilise à plusieurs reprises : «
mythe de la promesse », « mythe des six millions de juifs exterminés », « mythe
de la justice de Nuremberg », « mythe de l'holocauste ». « Vous vous appliquez
à démontrer qu'il n'existe aucun texte permettant d'établir les ordres d'extermination
des juifs, qu'il n'y a pas d'ordre écrit de Hitler, explique le président
Montfort. Mais l'idée qui se dégage à la lecture c'est que vous tentez de
réfuter les éléments que les exterminationnistes opposent aux négationnistes.
Qu'en est-il ? » « Je reprend des textes écrits par des historiens israéliens
et qui démontrent que cet ordre n'a jamais été donné. Raymond Aron, François
Furet, eux aussi, en conviennent. » Ce sera une constante de la défense de
Roger Garaudy. A chaque nouvelle interrogation, il brandit toutes prêtes ce
qu'il présente comme des références à des textes publiés par des historiens peu
soupçonnables de sympathie envers le régime nazi. « On a le sentiment que vous
tournez en dérision ceux qui pensent le contraire, reprend le président. Votre
conviction paraît faite. Quand vous parlez de ``solution d'ensemble`` et de
``solution finale``, on a l'impression que vous avez fait un choix. Pour vous,
il s'agit d'une solution finale territoriale. » « Le président du tribunal de
Nuremberg lui-même a présenté ses excuses pour s'être trompé dans la traduction
du mot allemand », assure Roger Garaudy. Le président : « Vous parlez d'«
hypothèses surréalistes » lorsque vous évoquez l'extermination des juifs. » Et
Roger Garaudy d'inonder le tribunal d'autres références. « Ce n'est pas moi qui
interprète », affirme-t-il.
INDIGNATION
Le président
: « Vous prenez des textes sur les chambres à gaz pour les mettre à mal, vous
démontez le témoignage de certains prisonniers du camp d'Auschwitz. Est-ce cette
lecture-là qu'il faut retenir ? » « Ce qui est bien cela, c'est ce qu'en ont
dit des gens qui ne sont pas moi, répond le philosophe. Je regrette qu'il ait
fallu attendre quarante ans pour que ces erreurs soient corrigées. »
Plus loin
dans le livre, Roger Garaudy évoque Shoah, le film de Claude Lanzmann, qu'il
traite de « navet ». « Vous parlez de ``Shoah business``, vous dites que ce
film n'apporte que des témoignages sans démonstration. C'est une façon de dire
que les chambres à gaz n'existent pas », suggère le président. « Certainement
pas, proteste Roger Garaudy. Tant qu'un débat scientifique et public ne sera
pas organisé sur la question, le doute sera permis. »
A
l'évocation du passage sur l'extermination des juifs, Roger Garaudy s'explique
sur sa contestation du terme « génocide » : « Je préfère qu'on dise ``l'un des
plus grands massacres``. » Les avocats des parties civiles s'indignent. Le
philosophe se tourne vers eux et lance : « J'ai vu passer la mort devant mes
yeux lorsque j'étais interné dans le Sahara, mais je n'ai jamais eu l'idée de
monter un fonds de commerce avec les ossements de mon grand-père. » A peine
perturbé par ce qu'il vient de dire, il reprend tranquillement sa démonstration
: « Je préfère parler d'atroce massacre, pas d'un génocide. Pour cela il
faudrait qu'il n'y ait aucun survivant. » Le procès doit reprendre le jeudi 15
janvier.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1998/01/11/roger-garaudy-doute-toujours-de-l-existence-des-chambres-a-gaz_3627458_1819218.html#mwpqXfcVYhSGkyVd.99
M. Garaudy
comparaît pour « complicité de contestation de crimes contre l'humanité »
LE MONDE |
10.01.1998
par ACACIO PEREIRA
par ACACIO PEREIRA
ROGER
GARAUDY défend-il des thèses révisionnistes ou poursuit-il un vieux et long
combat contre tous les intégrismes ? Cette question était dans tous les
esprits, jeudi 8 janvier, lorsque le philosophe, âgé de quatre-vingt-quatre
ans, s'est présenté devant la dix-septième chambre du tribunal correctionnel de
Paris, où il comparaissait pour « complicité de contestation de crimes contre
l'humanité », « diffamation à caractère racial » et « provocation à la
discrimination, à la haine et à la violence raciales » en compagnie de Pierre
Guillaume, l'éditeur de son livre Les Mythes fondateurs de la politique
israélienne.
Roger
Garaudy doit s'expliquer sur des passages de l'ouvrage dans lesquels il dénonce
l'exploitation de ce qu'il appelle les « mythes théologiques » et les « mythes
du XXe siècle » notamment l'Holocauste en faveur des « sionistes » et de «
l'Etat d'Israël ». Paru une première fois en décembre 1995 dans la revue
révisionniste La Vieille Taupe, dirigée par Pierre Guillaume, l'ouvrage a été
publié quelques mois plus tard à compte d'auteur. Cinq procédures ont été engagées
contre le philosophe après les plaintes de plusieurs associations de déportés
ainsi que de la Licra (Ligue contre le racisme et l'antisémitisme) et du MRAP
(Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples).
ANCIEN
RÉSISTANT
Malgré sa
fatigue, Roger Garaudy semble déterminé. « J'ai l'impression d'être invité à un
procès pour un livre que je n'ai pas écrit, explique-t-il. On me dit que ce
serait un appel à l'antisémitisme, à la haine raciale. Mes adversaires font la
confusion entre le judaïsme, qui est une religion que je respecte, et le
sionisme, qui est une politique que je combats. » Il se lance alors dans la
lecture de certains passages de son ouvrage qui, à l'en croire, prouve qu'il
n'est pas antisémite : « Le dessein monstrueux d'Hitler », « Tel fut le
martyrologe des déportés juifs esclaves », « L'assassinat d'un seul innocent,
qu'il soit juif ou qu'il ne le soit pas est déjà un crime contre l'humanité
»...
Le
président, Jean-Yves Montfort, écoute attentivement avant d'interpeller le
prévenu. « Il y a pourtant des différences entre les deux éditions de votre
livre. Dans la deuxième, les noms de Robert Faurisson et de Paul Rassinier
[deux historiens révisionnistes] ont disparu. Comme si vous vouliez gommer
toute compagnie peu honorable, rendre le livre plus présentable. Je me trompe ?
» « Oui, répond Roger Garaudy. Je ne voulais pas décentrer ce livre. Il a été
traduit dans vingt-trois pays différents, je ne souhaitais pas l'encombrer de
noms inconnus ailleurs qu'en France. Je crois que toute ma vie dit le contraire
de ce qu'on me reproche. »
Ancien
résistant déporté au Sahara, ancien marxiste, ancien chrétien, aujourd'hui
converti à l'islam, le philosophe veut démontrer qu'il est « resté fidèle au
rêve de [ses] vingt ans » : « L'unité des trois religions sémites. » « Mon
propos n'est pas de discuter du nombre de morts de l'Holocauste, mais de
démontrer que c'est la politique sioniste qui engendre une nouvelle vague
d'antisémitisme. Dans la revue Révision, on m'a traité de carpette en affirmant
que c'est tout le judaïsme qu'il fallait condamner. »
Les
explications du prévenu ne semblent pourtant pas convaincre les avocats des
parties civiles pour lesquels le livre mis en cause va au-delà de la simple
critique du mouvement sioniste. Dans le public, se retrouvent côte à côte des
militants d'extrême gauche et d'extrême droite, des jeunes affublés de
l'écharpe palestinienne, mais aussi des révisionnistes connus, comme Robert
Faurisson et Henri Roques.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1998/01/10/m-garaudy-comparait-pour-complicite-de-contestation-de-crimes-contre-l-humanite_3626810_1819218.html#vCTfuhcJWLXrgqMs.99
Dans LE MONDE du
01.06.1996:
ABBÉ PIERRE
: Roger Garaudy raconte, dans un entretien publié dans le Figaro du vendredi 31
mai, qu'il a passé deux jours avec l'abbé Pierre, lors de la retraite de ce
dernier au monastère italien de Praglia (le Monde du 31 mai), et que les deux
hommes se sont « confirmés dans une confiance réciproque ». « Il n'est pas
question qu'il fuie et renonce à sa tâche », affirme Roger Garaudy, qui indique
que le prélat lui a dit : « Tu m'as rajeuni de cinquante ans. » « Le trouble
est maintenant dissipé à Emmaüs International », estime Roger Garaudy, qui
affirme que l'abbé Pierre reviendra à Esteville (Seine-Maritime), où il
résidait depuis décembre 1991.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1996/06/01/demande-de-levee-d-immunite-parlementaire-d-un-senateur_3732240_1819218.html#DYH86IwLxci9s3o4.99
Le
négationnisme et l'exil de l'abbé Pierre
LE MONDE |
31.05.1996
ASSURANT
avoir « beaucoup souffert » de la vive polémique née après qu'il eut apporté
son soutien au philosophe négationniste Roger Garaudy, l'abbé Pierre a décidé
de quitter la France et de se retirer en Italie, au moins quelque temps, dans
un monastère bénédictin proche de Padoue. Les Compagnons d'Emmaüs espèrent que
cet exil ne sera que provisoire. L'abbé Pierre devrait participer, en
septembre, à l'assemblée mondiale de l'association, réunie à l'Unesco à Paris.
Dans un point
de vue, l'historien Florent Brayard décrypte la stratégie des
révisionnistes-négationnistes, également dénoncée par le Père Jean Cardonnel.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1996/05/31/le-negationnisme-et-l-exil-de-l-abbe-pierre_3731597_1819218.html#7FQrTjLVOJZwOTfI.99
L'horrible
négation
LE MONDE |
31.05.1996
PAR JEAN CARDONNEL
PAR JEAN CARDONNEL
COMME, au
nom de l'amitié, Roger Garaudy priait l'abbé Pierre d'écrire un témoignage en
sa faveur à l'occasion de la sortie de son dernier livre, il me demandait,
toujours au nom de l'amitié, de présider une conférence de presse sur le thème
« La liberté d'expression existe-t-elle encore en France ? » autour de son
ouvrage Les Mythes fondateurs de la politique israélienne.
Dans sa
communication téléphonique, l'auteur de L'Appel aux vivants m'annonçait l'envoi
rapide d'une réfutation de ses calomniateurs suivie de l'expédition du livre
incriminé. Le texte par lequel Garaudy entendait réfuter la calomnie à son
égard était déjà suffisamment clair pour qu'en conscience je lui retire toute
ombre d'approbation. J'ai donc démenti sur-le-champ ma participation à la
conférence de presse parce que je me refuse à donner la moindre caution aux
thèses négationnistes contenues dans le livre (enfin reçu et lu par moi) cela
sous prétexte d'un accord pour condamner les crimes de guerre de l'Etat
d'Israël. Voilà les faits.
Mais les
faits ont ceci d'implacable qu'ils donnent à penser, par-delà leur simple
immédiateté, jusqu'aux ultimes racines du problème de tout l'humain. Il ne
s'agit plus de discuter l'inqualifiable d'un rangement, d'une classification
dans le dossier des mythes, du génocide des juifs.
Contrairement
aux thèses qui forment la trame du livre de Roger Garaudy, le programme d'Adolf
Hitler ne se bornait pas à une simple expulsion des juifs hors de l'espace
européen. Car, aux yeux du Führer des Allemands, du monde aryen et de l'Europe
ethniquement purifiée, le juif représentait le mal absolu. En face de la race
pure des seigneurs, il était jugé porteur d'un sang impur capable d'infecter
par métissage les races saines et fortes. Les juifs constituaient le rappel
vivant de l'unité fondamentale des hommes, des femmes, des enfants et des
peuples dans la splendeur d'une création commune.
C'est donc
sur eux, juifs, que se focalisait la haine en quête d'une solution finale, de
la force brutale libérée de toute référence éthique, de la nation, et d'abord
du principe de la race comme ultime critère avec son unique ressort efficace,
le principe d'ordre, le principe d'autorité, la religion du pouvoir, le culte
monothéiste du chef.
Il est
significatif que fréquemment soit oubliée une constante : personne, même pas un
juif, n'a jamais pu dire ce que c'est qu'être juif. Il est aussi impossible de
définir le juif que de définir l'humain. Celui-ci ne s'appréhende ni par la
nation, ni par le territoire, ni par la religion. Le juif pur, le pur juif
c'est-à-dire la somme de l'impur au regard du raciste total est donc bien
l'ennemi mortel d'Adolf Hitler parce qu'irréductible à ce qui ferait l'humain :
l'appartenance nationale et par-dessus tout raciale.
Il faut le
dire du fond de notre être d'humanité, ce n'est pas comme membres à titre
posthume du futur Etat national israélien que des millions de juifs ont été
réduits en poussière ou en fumée. C'est en haine de l'humanité sans frontières
définies qu'ils étaient coupables d'être, au regard de la bête raciste à visage
humain. J'ai bien dit des millions de juifs. Pour une raison très simple : le
juif comme expressif de l'homme, qui aurait tort d'être l'homme avant tout,
n'est pas plus nationalisable d'abord que quantifiable, calculable.
Il faudra
réfléchir sur l'incroyable projet formé par Garaudy de soumettre les
témoignages humains relatifs aux camps de la mort à une commission d'experts du
savoir sectoriel : chimistes, biologistes. Il reste aussi l'immense problème
des sources d'antisémitisme chrétien, de l'antisémitisme nazi avec la
ré-émergence du détestable péché d'origine sous sa forme atroce d'accusation
collective de déicide.
C'est à
partir du crime contre l'humanité, en sa réalisation absolue de glorification
de l'inhumain comme signe de l'humain total, qu'en parcourant l'histoire on le
retrouve accompli monstrueusement dans l'esclavagisme chrétien des Noirs et des
Indiens.
S'impose
d'urgence un immense effort de réflexion fondamentale pour découvrir le visage
du vrai dieu, qui se reconnaît à son opposition créatrice au principe du chef
monstrueusement sacralisé. Faute de ce travail commun, la menace terrible
demeure la négation de l'homme par l'homme : la bête humaine à toute-puissance
diaboliquement divine s'accomplissant par l'acte immolatoire de l'humanité.
PAR JEAN
CARDONNEL
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1996/05/31/l-horrible-negation_3732125_1819218.html#bWw7Rs0OIm9M4fVh.99
L'abbé
Pierre a choisi de s'exiler dans un monastère italien
LE MONDE |
30.05.1996
L'ABBÉ
PIERRE a décidé de quitter la France et n'envisage pas d'y revenir, après la
polémique suscitée par son soutien à Roger Garaudy, mis en examen pour
négationnisme, révèle l'hebdomadaire Le Pèlerin, dans son édition datée du 31
mai. Le fondateur d'Emmaüs a quitté au début du mois de mai le centre
d'Esteville, près de Rouen, pour le monastère bénédictin de Praglia, près de
Padoue, en Italie. « A mon âge, a-t-il déclaré à l'hebdomadaire, je n'exclus
pas de finir mes jours dans ce lieu. » L'abbé Pierre dit avoir « beaucoup
souffert ». « Les attaques dont j'ai fait l'objet ont été sans mesure »,
ajoute-t-il. L'abbé indique avoir été blessé par un texte de Bernard Kouchner,
publié dans nos éditions du 30 avril. Le fondateur d'Emmaüs explique aussi
avoir écrit « un texte intitulé ``Pour en finir`` ». « Mais le cardinal
Lustiger m'a conseillé le silence. » Le fondateur d'Emmaüs a aussi écrit à
Shimon Pérès.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1996/05/30/l-abbe-pierre-a-choisi-de-s-exiler-dans-un-monastere-italien_3731063_1819218.html#8P4ik6xgsaiLL0L6.99
Contre la
loi Gayssot
LE MONDE |
21.05.1996
PAR
MADELEINE REBERIOUX
ALLONS
d'emblée à l'essentiel. Quelles que soient les intentions de Roger Garaudy, les
sommations qu'il adresse aux historiens ne sont pas de mise. Ceux-ci ne l'ont
pas attendu pour faire leur travail : préciser les étapes du génocide nazi à
partir de l'entrée en guerre de l'Allemagne contre l'URSS et des massacres
commis par les Einsatz Gruppen, serrer de plus près des chiffres dont ils ne
jugent pas honteux de discuter, montrer l'existence, à Auschwitz, des chambres
à gaz destinées à tuer des êtres humains, en l'occurrence des juifs, et non des
« poux », comme l'ont écrit certains négationnistes. Récusant tous les tabous,
ils ont bien l'intention de continuer à travailler : nulle question, fût-elle
douloureuse, n'est interdite.
Même si ?
pour qu'il puisse y avoir débat, un minimum de bonne foi est indispensable.
Comment tenir pour nuls et non avenus les témoignages de ceux qui, sortant des
trains et ayant eu la « chance » d'être sélectionnés du « bon côté », et donc
parfois de survivre, ont vu vieillards, femmes et enfants, séparés d'eux sur la
rampe d'Auschwitz, se diriger vers la mort : jamais enregistrés, jamais revus ?
Or c'est précisément ce que fait Garaudy. Et comment admettre que soient
balayés du revers de la main les travaux de ceux qui ont trouvé, dans les
archives de ce camp, la preuve des commandes passées à telle firme allemande
pour alimenter en gaz les chambres de la mort ? Or c'est précisément ce que
fait Garaudy.
Chercher,
toujours chercher établir des faits, les confronter, comprendre leur enchaînement
et leur sens , c'est une tâche d'historien.
Et de
citoyen. Proclamer l'entière liberté de cette recherche, telle est entre autres
la vocation de la Ligue des droits de l'homme. C'est pourquoi, sous la
présidence d'Yves Jouffa, elle prit position en 1990 contre la partie de la
loi, dite loi Gayssot, qui, le 13 juillet de cette année-là, constitua en délit
relevant des tribunaux le fait de contester « un ou plusieurs crimes contre
l'humanité tels qu'ils sont définis par l'article 6 du statut du tribunal
militaire annexé à l'accord de Londres du 8 mai 1945 ». C'est au nom de ce
texte intégré (article 24 bis) à la loi sur la liberté de la presse du 29
juillet 1881 que Garaudy a été mis en examen.
Imagine-t-on
le doute rampant qui va s'emparer d'esprits hésitants ? « On nous cache quelque
chose, on ne nous dit pas tout, le débat est interdit »
Ce texte est
hautement critiquable pour trois raisons :
Il confie à
la loi ce qui est de l'ordre du normatif et au juge chargé de son application
la charge de dire la vérité en histoire alors que l'idée de vérité historique
récuse toute autorité officielle. L'URSS a payé assez cher son comportement en
ce domaine pour que la République française ne marche pas sur ses traces.
Il entraîne
quasi inéluctablement son extension un jour à d'autres domaines qu'au génocide
des juifs : autres génocides et autres atteintes à ce qui sera baptisé « vérité
historique ».
Il permet
aux négationnistes de se présenter comme des martyrs, ou tout au moins comme
des persécutés. Déjà, Garaudy publie une nouvelle édition de son livre en «
samizdat » !
Imagine-t-on
le doute rampant qui va s'emparer d'esprits hésitants ? « On nous cache quelque
chose, on ne nous dit pas tout, le débat est interdit... » Imagine-t-on les
réactions de tels adolescents à qui les enseignants tentent d'inculquer un peu
d'esprit critique ? Imagine-t-on le parti que peuvent en tirer les antisémites
larvés, qui n'ont pas disparu ?
Une seule
solution : connaître et faire connaître. Dès lors que, pour condamner l'antisémitisme
et la xénophobie, nous disposons de la loi de 1972, en matière de recherche,
répression égale régression.
PAR
MADELEINE REBERIOUX
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1996/05/21/contre-la-loi-gayssot_3727563_1819218.html#gta3jJwvXT0qkIQ4.99
La position du Père Michel LelongLE MONDE | 05.05.1996
Le Père Michel Lelong nous écrit : « La façon dont sont rapportés mes propos relatifs au dernier livre de Roger Garaudy (Le Monde du 20 avril) risque de conduire vos lecteurs à m'attribuer des idées qui ne sont pas les miennes. En réalité, ces propos que vous citez ne sont qu'un bref extrait d'une lettre dans laquelle, tout en précisant les points importants sur lesquels je ne suis pas d'accord avec Garaudy, j'affirme qu'il me paraît tout à fait injuste de l'accuser d'antisémitisme, et je demande qu'il participe au nécessaire débat sur les grandes questions spirituelles et internationales de notre temps. »
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1996/05/05/la-position-du-pere-michel-lelong_3729680_1819218.html#gQt85bgKrL3iEhK8.99
Deux
semaines de polémiques
LE MONDE |
04.05.1996
18 avril :
Roger Garaudy, qui a publié à la fin 1995 chez l'éditeur négationniste La
Vieille Taupe Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, fait état au
cours d'une conférence de presse du soutien de plusieurs personnalités : le
Père Michel Lelong, l'essayiste Jean Ziegler et l'abbé Pierre. Ces deux
premières personnalités se rétractent très vite. 20 avril : l'abbé Pierre
confirme son soutien à Roger Garaudy. S'il reconnaît ne pas avoir lu dans son
intégralité le livre, il évoque un « repli » du peuple juif et dénonce la
politique « suicidaire » d'Israël. Le 21 avril, il qualifie le négationnisme de
« tromperie », mais précise qu'« assimiler les travaux de Garaudy au
révisionnisme et au négationnisme serait imposture ». 26 avril : Roger Garaudy
est mis en examen pour « contestation de crimes contre l'humanité ». 29 avril :
dans un entretien à Libération, l'abbé Pierre déclare que la Shoah est « un
sujet sur lequel le débat n'est pas clos » et souhaite que l'on en débatte avec
Roger Garaudy. Le même jour, l'Eglise dit « déplorer l'engagement de l'abbé
Pierre aux cotés de M. Garaudy ». 1er mai : l'abbé Pierre est exclu du comité
d'honneur de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et
l'antisémitisme). Dans un communiqué, il venait de condamner « avec fermeté
tous ceux qui veulent nier, falsifier ou banaliser la Shoah », mais ne
désavouait pas pour autant M. Garaudy.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1996/05/04/deux-semaines-de-polemiques_3729214_1819218.html#p78riUOoOOCQw2OH.99
L'abbé
Pierre a été exclu du comité d'honneur de la Licra
LE MONDE |
03.05.1996
POUR N'AVOIR
pas formellement retiré son soutien au philosophe négationniste Roger Garaudy
auteur des Mythes fondateurs de la politique israélienne, mis en examen pour
contestation de crimes contre l'humanité , l'abbé Pierre a été exclu, mercredi
1er mai, du comité d'honneur de la Ligue internationale contre le racisme et
l'antisémitisme (Licra), dont il était membre depuis une vingtaine d'années.
Cette décision, prise par le bureau et la commission juridique de cette
organisation, est intervenue bien que le fondateur des communautés Emmaüs fût
largement revenu, la veille, sur ses déclarations précédentes, renonçant
notamment à réclamer un nouveau débat entre historiens (nos dernières éditions
du 2 mai).
Mardi 30
avril, en effet, l'abbé Pierre, après « de longs entretiens téléphoniques avec
le président du Consistoire central juif de France et le grand rabbin », avait
publié un communiqué, dont l'essentiel était sans équivoque : « Je condamne
avec fermeté, écrivait-il, tous ceux qui, pour des raisons diverses, veulent,
de quelque manière que ce soit, nier, falsifier ou banaliser la Shoah, qui
restera à jamais une tache de honte indélébile dans l'histoire de notre
continent. »
Cependant,
l'abbé Pierre concluait son texte ainsi : « Roger Garaudy ayant oralement et
par écrit pris l'engagement formel de reconnaître toute erreur qui lui serait
prouvée, ce n'est que s'il ne tenait pas cet engagement que, avec tristesse, je
lui retirerais ma confiance. »
GARAUDY
PERSISTE
Cette
position a été jugée par la Licra « totalement contradictoire » avec la
condamnation des thèses négationnistes précédemment affirmées. La présence du
fondateur des communautés d'Emmaüs au sein de son comité d'honneur « ne se
justifie plus » à ses yeux. Selon l'organisation antiraciste, toutes les
preuves contredisant les aberrations défendues par le philosophe ont été depuis
longtemps apportées.
Ce dernier
ne paraît pas près de désarmer. Dans une lettre publiée le 30 avril par le
bihebdomadaire islamiste égyptien Al Chaab, Roger Garaudy affirme lutter contre
« le lobby sioniste en France, aux Etats-Unis et dans tous les pays occidentaux
». L'ancien communiste converti à l'islam écrit notamment : « Ni la Torah ni
les persécutions d'Hitler ne justifient l'usurpation des territoires des
Palestiniens. »