ROGER GARAUDY
Chennevières/Marne le 5 juin 1989
Chennevières/Marne le 5 juin 1989
Cher Georges Montaron,
J'ai lu avec joie, dans le dernier numéro de
"Témoignage
Chrétien " 1’article que vous consacrez
au bouleversant livre de Jean Toulat sur Dom Helder Camara.
Mais j'ai été étonné que vous n’ayiez pas
mentionné le fait que Jean Toulat venait de présider, à 1'U.N.E.S.C.0., la
rencontre entre Dom Helder Camara et moi-même, devant une salle comble et qui nous fit à tous trois
ovation pour notre participation commune à la lutte contre 1'esprit
de croisade envers 1'Islam qu'entretiennent les "médias".
Je sais que ce jour-là vous fêtiez la sortie
du beau livre de [Maurice] Terrenoire sur la Palestine, une question qui me tient
à coeur (vous le savez si vous avez lu mon livre: "Palestine, terre des messages divins"). Mais nous nous sommes étonné, Jean Toulat, Dom Helder Camara ,le
Père Lelong,et moi-même qu'aucun rédacteur de T.C. n'ait assisté à cette
rencontre, au moins après la réception en 1'honneur de Terrenoire.
Pourquoi ?
Je sais que Monsieur José de Broucker allait,
ce soir-là, répétant que "Dom Helder a été piégé !"
Lorsque j'ai organisé à Cordoue le Colloque
abrahamique pour réfléchir à ce que peuvent faire ensemble les hommes de foi
(chrétiens,juifs ou musulmans) Dom Helder est venu coprésider, comme je le lui
avais demandé, avec Mr M
Bow.
Cette fois-ci venant de publier " Mon
Tour du siècle en solitaire" où, contre vents et marées(et surtout
contre la "marée noire" de 1'Islam: l'Arabie Saoudite),je m'efforce
de restaurer, dans 1'Islam dévoyé par ses princes et ses "oulémas",
la dimension «christique» présente dans le Coran, et vivante chez les plus
grands "soufis", j'ai demandé à Dom Helder de venir amplifier ce cri.
Il a accepté, sur ma demande, de faire le
détour à Paris. Les jours précédant sa venue, nous étions 1’un et 1'autre à
Assise, où l'Abbé Pierre nous avait tous deux invités pour le quarantième
anniversaire d'Emmaüs.
J'ai pu pendant trois jours lui expliquer le
but, dans cette atmosphère de Croisade, de notre commun appel, que Jean Toulat,
dans sa présentation à 1’U.N.E.S.C.O., a magnifiquement précisé.
Alors, pourquoi ce silence ?
Suis-je devenu une bête puante depuis qu'un
espion-faussaire du "Globe" relayant Bernard-Henri Lévy, veut me faire
passer pour un antisémite et un agent de Khomeiny ?
Le 1er mai 1989, dans "L'Evénement du
jeudi" (parce que "Le Monde" et 1’A.F.P. avaient refusé de le publier)
j'expliquais pourquoi "je condamne sans réserve" 1'appel de Khomeiny ["condamnant" à mort l'écrivain Salman Rushdie-NDLR],
qui est en contradiction radicale avec le Coran. Je me permets de vous rappeler
qu'une telle prise de position me valait (comme à un écrivain marocain) la
condamnation à mort par Khomeiny. Qu'importe ! L’espion-faussaire du "Globe"
écrit: "Vendus à Khomeiny" !...
Vendu ! Alors que même le faux publié
par le "Globe" est obligé de reconnaître , même en tronquant mes
propos , qu'aux propositions financières je réponds: (p.67 ): "Je ne
fais les choses que quand j'y crois. Pas
question d'argent."
Ma vie entière en est témoin.
Ceci n'a pas empêché :
1 ) Que la "Croix" répercute les mensonges du "Globe"
et ne passe pas mon démenti (seule 1' «Humanité» du 17 mai 89 1'a fait
(texte ci-joint).
2) Que la "Vie catholique" qui,
grâce à Georges Hourdin, m'avait promis de passer en "Carte blanche"
un article sur "Qu'est-ce que 1'Islam ?" ne 1'a pas passé.
3 ) Que José de Brouker, qui avait reçu le texte de mon entretien
à Saint Wandrille avec 1’Abbé Pierre sur mon livre(Texte lu en intoduction par
Jean Toulat à 1'U.N.E.S.C.O.), 1'a éludé pour son mensuel.
Michel Lelong que j'ai informé, était
atterré, lui aussi , par cette (sic) "malhonnêteté d'une certaine presse catholique"
qui passe le mensonge et non le démenti.
J'ose espérer que "Témoignage
Chrétien" n'entre pas dans un tel jeu.
Voici donc quelques éléments de jugements sur
cette affaire:
l°) Ma condamnation de 1'Appel de Khomeiny
(parue dans «L’Evènement» du 1er mai après "El Païs" de
Madrid qui 1'a
publiée un mois avant.
2°) Le «droit de réponse» que j'ai demandé à Pauwels
contre le mensonge de Bernard Henri Lévy.
3°) Le démenti publié par «1’Humanité» du 17
mai 89.
Je pars aujourd'hui même pour Toulouse (où,
avec le Père Cardonnel, comme nous 1'avions fait à Lyon avec lui, nous aurons
une rencontre du genre de celle de 1' U.N.E.S.C.O.
avec Dom Helder) mais à mon retour à Paris,
je serais heureux de vous rencontrer (entre le 13 et le 16 juin) et, si vous le
voulez, avec Jean Toulat et Michel Lelong.
Fraternellement.
Roger GARAUDY