Je suis connu, ici
ou là, comme un homme de dialogue.
Mais je me refuse à
considérer le dialogue comme une nouvelle
stratégie. Certes,
dans notre subconscient, nous ne
voulons pas
conquérir et nous voulons comprendre. Cependant
on dialogue souvent
avec la conviction inconsciente,
profonde, parfois
même secrète, que c'est moi qui,
étant disposé à
vous écouter et à changer quelques petites
choses en moi, ai
raison. Or ce genre de dialogue n'a
rien à voir avec un
vrai dialogue, c'est-à-dire celui qui
ne repose pas sur
un agenda, celui qui ne connaît pas de
"non
negotiable questions", celui dans lequel tout est
susceptible de
pouvoir être contesté. Bref, je fais la
différence entre le
dialogue dialectique et le dialogue
dialogal.
L'Eglise
catholique, au Concile Vatican II, pour la première
fois que je sache,
a donné une description positive
et sympathique des
autres religions et a (un vrai tour
de force !) décrit
en peu de lignes l'indouisme, le judaïsme
et les autres
religions. Mais elle n'a pas senti
la nécessité
d'inviter, et les Musulmans, et les Indous,
et tous ceux qui
représentent le sujet dont elle entendait
parler. Des
théologiens catholiques, avec quelques
experts
protestants, ont rédige ce texte. Le texte est
magnifique ; c'est
une réussite ; mais on n'a pas écouté
l'autre en tant
qu'autre.
Assurément le
dialogue crée un risque parce qu'on ne sait
pas, au préalable,
quel est le résultat du dialogue. De
ce point de vue, je
crois que ni le Conseil oecuménique
des églises, ni le
Vatican ne sont encore prêts à des
dialogues dont ils
craignent que les résultats ne soient
trop
révolutionnaires. Mais nous marchons dans la bonne
direction.
Peut-être
pourrais-je expliquer ce que j'entends par
dialogue
dialectique et dialogue dialogal. Dans le dialogue
dialogal, je ne
suis là ni pour convaincre l'autre,
ni pour mettre en
lumière mon point de vue, mais pour me
laisser connaître
parce que l'autre est essentiel pour la
connaissance même
que j'ai de moi. Nous vivons tous dans
le mythe: dans mon
premier sutra, quand j'ai fait une
phénoménologie du
mythe, je disais ; le mythe est ce en
quoi nous croyons
sans croire que nous y croyons. Ou
encore ; ce qui va
tellement sans dire qu'on ne le dit
pas. Or j'ai
précisément besoin de l'autre pour comprendre
ce sur quoi je
m'appuie, et que je vois mal, et qui est
peut-être
contestable si l'on se place à un autre point
de vue que le mien.
Extrait de Foi et solidarité des peuples, n°5, avril 1981
Le Centre "Foi et solidarité des peuples" a été créé conjointement en janvier 1976, par le Comité catholique contre
la faim et pour le développement, 1'Institut catholique de Paris et l'Union nationale des Centres d'étude et
d'action sociales. Le Centre Sèvres, le Centre pastoral Halles-Beaubourg et le Secrétariat tiers-monde de la Mission de France en sont maintenant parties prenantes.
Dans ce livre figurent notamment
des textes de Roger Garaudy
et Raimundo Pannikar
Le Centre "Foi et solidarité des peuples" a été créé conjointement en janvier 1976, par le Comité catholique contre
la faim et pour le développement, 1'Institut catholique de Paris et l'Union nationale des Centres d'étude et
d'action sociales. Le Centre Sèvres, le Centre pastoral Halles-Beaubourg et le Secrétariat tiers-monde de la Mission de France en sont maintenant parties prenantes.
Dans ce livre figurent notamment
des textes de Roger Garaudy
et Raimundo Pannikar