[EXTRAITS]
Quelques jours à peine en 2017, et nous pouvons déjà dire avec un haut degré de confiance que 2017 sera une année historique. En outre, je suggère que 2017 sera l’« année de Trump » parce que l’une de ces trois choses se produira : soit Trump s’en tiendra pleinement à ses menaces et à ses promesses, soit il en tiendra quelques-unes, mais reste loin du compte, soit finalement Trump sera neutralisé par le Congrès dirigé par les néocons, les médias, la communauté du renseignement. Il pourrait même être destitué ou assassiné. Bien sûr il y a une infinité de possibilités secondaires ici, mais pour cette démonstration, j’appellerai la première option le « Trump lourd », la seconde le « Trump léger » et la troisième le « Trump cassé ». Avant de discuter des possibles implications de ces trois éventualités principales, nous devons au moins poser le contexte, en rappelant la situation dans laquelle le président Trump va mettre les pieds. J’en ai discuté certaines dans mon analyse précédente, 2016 : l’année du triomphe de la Russie, et je ne mentionnerai ici que quelques-uns des résultats essentiels de l’an dernier. Ce sont : Les États-Unis ont perdu la guerre contre la Syrie...L’Europe est dans un état de chaos total...La Russie est maintenant le pays le plus puissant sur la planète...La Chine est maintenant enfermée dans une alliance stratégique avec la Russie...L’Iran est trop puissant pour être intimidé ou soumis...
Conclusion
Faire des prédictions pour une année comme 2017, alors que la plupart des résultats dépendent de ce qu’une seule personne pourrait faire ou ne pas faire est assez futile. Au mieux, c’est un exercice de simple chance statistique. Ceux qui émettront des prédictions correctes feront bonne impression, évidemment, et ceux dont les prédictions ne se concrétiseront pas, en feront une mauvaise. Mais en réalité, ils sont tous dans le flou aujourd’hui. C’est pourquoi je choisis de parler de risques et de chances et de considérer au moins trois « variantes Trump ». Ce sont des processus dans lesquels Trump et les États-Unis sont cruciaux ou, au moins, centraux, mais il y en a d’autres où ils comptent beaucoup moins. Donc, pour conclure, je hasarderai quelques suppositions que je vous soumets avec toutes les réserves imaginables sur le fait qu’elles seront peut-être fausses. Cela dit, allons-y.
Premièrement, je pense qu’il y a une bonne chance que la Russie, l’Iran et la Turquie réussissent à stopper la guerre contre la Syrie. Le pays restera unifié, mais avec des zones d’influences claires et avec un gouvernement qui comprendra Assad, mais aussi des représentants de l’opposition. La Syrie est beaucoup trop grande et trop diverse pour jouir de la paix qui règne aujourd’hui en Tchétchénie, donc au mieux nous pouvons espérer le genre de demi-paix que le Daghestan a subie ces dernières années. Ce ne sera pas parfait, cela ne suffira pas, mais l’horreur absolue s’arrêtera.
Deuxièmement, je pense que Porochenko perdra le pouvoir cette année. L’Ukraine occupée par les nazis a survécu à un mélange d’inertie (il y avait encore beaucoup de richesse datant de l’ère soviétique) et d’aide occidentale. Les deux sont maintenant complètement à l’arrêt. En plus, il y a des signes croissants que l’armée ukrainienne est devenue fondamentalement incapable d’opérations de combat sensées. Si certains bataillons de volontaires nationalistes particulièrement délirants ou si un dirigeant politique ordonnait une attaque sur la Novorussie, les Ukrainiens pourraient endurer une grave défaite, suivie de la libération des territoires des régions de Donetsk et de Lougansk actuellement occupés par les nazis. Et cette fois, si cela se produit, les Novorusses auront les moyens de libérer Marioupol et de la tenir sans être coupés du Donbass par une contre-attaque ukrainienne sur leur flanc. Enfin, si Porochenko est remplacé par des éléments encore plus fous, la Russie pourrait décider de reconnaître l’indépendance des Républiques de Lougansk et de Donetsk ce qui, à son tour, entraînerait inévitablement un référendum dans ces républiques pour rejoindre la Russie. Les politiciens de l’Union européenne seront en crise, la Pologne et l’Estonie déclareront qu’une invasion russe est imminente, mais la Russie les ignorera tous, tout simplement. Quant à Trump, il est très peu probable qu’il fasse quoi que ce soit à ce propos, surtout si on considère que les Ukronazis étaient à 100% derrière Hillary et le rejetaient comme une bonne blague. La dernière et seule chance pour le « Banderaston indépendant » d’éviter ce résultat est d’appliquer enfin pleinement et totalement l’Accord de Minsk-2, et de s’auto-dissoudre. Les cinglés de Kiev auront-ils la sagesse de le comprendre ? J’en doute beaucoup. Mais qui sait, peut-être Dieu aura-t-il pitié du peuple d’Ukraine et lui donnera-t-il la force de se débarrasser de la pourriture bandériste qui leur a apporté tant de misère.
Il me reste une grande préoccupation : l’Amérique latine. Cela n’a pas été relevé souvent, mais l’Amérique latine est le seul domaine en politique étrangère, où Obama a eu plutôt du succès, du moins si vous soutenez la domination qu’y exercent les États-Unis : Castro est mort, Chavez a disparu, peut-être assassiné, Christina Kirchner s’en est allée, la présidente Dilma Rousseff a été renversée par un coup d’État parlementaire et il semble que le même sort va maintenant frapper Nicolas Maduro. Très significativement, Cuba a accepté un accord qui donnera aux États-Unis une influence beaucoup plus grande sur l’avenir de l’État insulaire. C’est vrai, Evo Morales, Rafael Correa et Daniel Ortega sont encore au pouvoir, mais le fait indéniable est que les poids lourds politiques d’Amérique latine sont tombés. Trump changera-t-il de politique l’égard de l’Amérique latine ? J’en doute vraiment, ne serait-ce que parce qu’on « ne répare pas ce qui n’est pas cassé ». Et d’un point de vue impérialiste américain, la politique actuelle n’est pas cassée du tout, c’est plutôt un succès. Je ne vois tout simplement aucune raison pour laquelle Trump déciderait de permettre aux Latino-Américains d’être libres et souverains, renversant ainsi une Doctrine Monroe vieille de presque 200 ans. La liberté pour l’Amérique latine viendra à la fin d’une longue lutte, indépendamment de qui occupe la Maison Blanche.
Donc non, 2017 n’aura qu’un lointain rapport avec la vie dans un monde parfait, mais il y a une chance supérieure à la moyenne que 2017 voie quelques améliorations très importantes et très nécessaires par rapport aux années précédentes, franchement désastreuses. Il y a encore un espoir que Trump tienne ses promesses et, s’il le fait, il pourrait devenir l’un des meilleurs présidents américains depuis de très, très nombreuses années. Que Trump tienne ses promesses ou non, le monde continuera à passer de l’unipolarité à la multipolarité, et c’est une évolution extrêmement souhaitable. Dans l’ensemble et pour la première fois depuis des dizaines d’années, je me sens plutôt optimiste. C’est un sentiment tellement étrange et si peu naturel pour moi, que je me sens presque coupable. Mais parfois une jouissance coupable est aussi un grand plaisir !
The Saker
>> LIRE L'ARTICLE intégral ICI >>
Quelques jours à peine en 2017, et nous pouvons déjà dire avec un haut degré de confiance que 2017 sera une année historique. En outre, je suggère que 2017 sera l’« année de Trump » parce que l’une de ces trois choses se produira : soit Trump s’en tiendra pleinement à ses menaces et à ses promesses, soit il en tiendra quelques-unes, mais reste loin du compte, soit finalement Trump sera neutralisé par le Congrès dirigé par les néocons, les médias, la communauté du renseignement. Il pourrait même être destitué ou assassiné. Bien sûr il y a une infinité de possibilités secondaires ici, mais pour cette démonstration, j’appellerai la première option le « Trump lourd », la seconde le « Trump léger » et la troisième le « Trump cassé ». Avant de discuter des possibles implications de ces trois éventualités principales, nous devons au moins poser le contexte, en rappelant la situation dans laquelle le président Trump va mettre les pieds. J’en ai discuté certaines dans mon analyse précédente, 2016 : l’année du triomphe de la Russie, et je ne mentionnerai ici que quelques-uns des résultats essentiels de l’an dernier. Ce sont : Les États-Unis ont perdu la guerre contre la Syrie...L’Europe est dans un état de chaos total...La Russie est maintenant le pays le plus puissant sur la planète...La Chine est maintenant enfermée dans une alliance stratégique avec la Russie...L’Iran est trop puissant pour être intimidé ou soumis...
Conclusion
Faire des prédictions pour une année comme 2017, alors que la plupart des résultats dépendent de ce qu’une seule personne pourrait faire ou ne pas faire est assez futile. Au mieux, c’est un exercice de simple chance statistique. Ceux qui émettront des prédictions correctes feront bonne impression, évidemment, et ceux dont les prédictions ne se concrétiseront pas, en feront une mauvaise. Mais en réalité, ils sont tous dans le flou aujourd’hui. C’est pourquoi je choisis de parler de risques et de chances et de considérer au moins trois « variantes Trump ». Ce sont des processus dans lesquels Trump et les États-Unis sont cruciaux ou, au moins, centraux, mais il y en a d’autres où ils comptent beaucoup moins. Donc, pour conclure, je hasarderai quelques suppositions que je vous soumets avec toutes les réserves imaginables sur le fait qu’elles seront peut-être fausses. Cela dit, allons-y.
Premièrement, je pense qu’il y a une bonne chance que la Russie, l’Iran et la Turquie réussissent à stopper la guerre contre la Syrie. Le pays restera unifié, mais avec des zones d’influences claires et avec un gouvernement qui comprendra Assad, mais aussi des représentants de l’opposition. La Syrie est beaucoup trop grande et trop diverse pour jouir de la paix qui règne aujourd’hui en Tchétchénie, donc au mieux nous pouvons espérer le genre de demi-paix que le Daghestan a subie ces dernières années. Ce ne sera pas parfait, cela ne suffira pas, mais l’horreur absolue s’arrêtera.
Deuxièmement, je pense que Porochenko perdra le pouvoir cette année. L’Ukraine occupée par les nazis a survécu à un mélange d’inertie (il y avait encore beaucoup de richesse datant de l’ère soviétique) et d’aide occidentale. Les deux sont maintenant complètement à l’arrêt. En plus, il y a des signes croissants que l’armée ukrainienne est devenue fondamentalement incapable d’opérations de combat sensées. Si certains bataillons de volontaires nationalistes particulièrement délirants ou si un dirigeant politique ordonnait une attaque sur la Novorussie, les Ukrainiens pourraient endurer une grave défaite, suivie de la libération des territoires des régions de Donetsk et de Lougansk actuellement occupés par les nazis. Et cette fois, si cela se produit, les Novorusses auront les moyens de libérer Marioupol et de la tenir sans être coupés du Donbass par une contre-attaque ukrainienne sur leur flanc. Enfin, si Porochenko est remplacé par des éléments encore plus fous, la Russie pourrait décider de reconnaître l’indépendance des Républiques de Lougansk et de Donetsk ce qui, à son tour, entraînerait inévitablement un référendum dans ces républiques pour rejoindre la Russie. Les politiciens de l’Union européenne seront en crise, la Pologne et l’Estonie déclareront qu’une invasion russe est imminente, mais la Russie les ignorera tous, tout simplement. Quant à Trump, il est très peu probable qu’il fasse quoi que ce soit à ce propos, surtout si on considère que les Ukronazis étaient à 100% derrière Hillary et le rejetaient comme une bonne blague. La dernière et seule chance pour le « Banderaston indépendant » d’éviter ce résultat est d’appliquer enfin pleinement et totalement l’Accord de Minsk-2, et de s’auto-dissoudre. Les cinglés de Kiev auront-ils la sagesse de le comprendre ? J’en doute beaucoup. Mais qui sait, peut-être Dieu aura-t-il pitié du peuple d’Ukraine et lui donnera-t-il la force de se débarrasser de la pourriture bandériste qui leur a apporté tant de misère.
Il me reste une grande préoccupation : l’Amérique latine. Cela n’a pas été relevé souvent, mais l’Amérique latine est le seul domaine en politique étrangère, où Obama a eu plutôt du succès, du moins si vous soutenez la domination qu’y exercent les États-Unis : Castro est mort, Chavez a disparu, peut-être assassiné, Christina Kirchner s’en est allée, la présidente Dilma Rousseff a été renversée par un coup d’État parlementaire et il semble que le même sort va maintenant frapper Nicolas Maduro. Très significativement, Cuba a accepté un accord qui donnera aux États-Unis une influence beaucoup plus grande sur l’avenir de l’État insulaire. C’est vrai, Evo Morales, Rafael Correa et Daniel Ortega sont encore au pouvoir, mais le fait indéniable est que les poids lourds politiques d’Amérique latine sont tombés. Trump changera-t-il de politique l’égard de l’Amérique latine ? J’en doute vraiment, ne serait-ce que parce qu’on « ne répare pas ce qui n’est pas cassé ». Et d’un point de vue impérialiste américain, la politique actuelle n’est pas cassée du tout, c’est plutôt un succès. Je ne vois tout simplement aucune raison pour laquelle Trump déciderait de permettre aux Latino-Américains d’être libres et souverains, renversant ainsi une Doctrine Monroe vieille de presque 200 ans. La liberté pour l’Amérique latine viendra à la fin d’une longue lutte, indépendamment de qui occupe la Maison Blanche.
Donc non, 2017 n’aura qu’un lointain rapport avec la vie dans un monde parfait, mais il y a une chance supérieure à la moyenne que 2017 voie quelques améliorations très importantes et très nécessaires par rapport aux années précédentes, franchement désastreuses. Il y a encore un espoir que Trump tienne ses promesses et, s’il le fait, il pourrait devenir l’un des meilleurs présidents américains depuis de très, très nombreuses années. Que Trump tienne ses promesses ou non, le monde continuera à passer de l’unipolarité à la multipolarité, et c’est une évolution extrêmement souhaitable. Dans l’ensemble et pour la première fois depuis des dizaines d’années, je me sens plutôt optimiste. C’est un sentiment tellement étrange et si peu naturel pour moi, que je me sens presque coupable. Mais parfois une jouissance coupable est aussi un grand plaisir !
The Saker
>> LIRE L'ARTICLE intégral ICI >>