Révolution populaire, de dilemme en perspective
Par Camille Loty Malebranche
Les
obstacles au changement sont aujourd’hui plus subtils qu’au temps des
révolutions du passé. La pression psychologique de l’idéologie par la
répression et la coercition a cédé le pas à la banalisation du vice et
l’illusion de la démocratie. Désormais, les horreurs du mode
socioéconomique, s’imposent par la permissivité extrême des mœurs qui
miment la liberté aux masses ! Et les oligarchies règnent sans besoin de
réprimer par les dictatures répressives sur lesquelles elles
s’appuyaient jadis, puisqu’elles ont transformé la société en un vaste
asile de drogués du loisir bête et du plaisir idiot, aliénés zélateurs
de l’imposture capitaliste !
L’histoire
de la révolution populaire, depuis le rêve exproprié de 1789 quand les
bourgeois dévièrent l’action des révolutionnaires, est une série de
rebondissements où la félonie et le mensonge priment le plus souvent les
attentes authentiques des peuples. En vérité, pour les masses
couramment évoquées comme peuple et donc base sujet-objet de tout
processus de transformation sociale, il est un vrai dilemme
quant à la menée rationnelle finalitaire du changement radical projeté
et au maintien des acquis réels de ce changement. Le devenir temporel et
l’entéléchie de toute révolution populaire posent problème dès le
départ de son établissement. Car ce n’est jamais tout à fait le peuple
qui dirige, une fois le pouvoir remis entre les mains des nouveaux
politiques censés le représenter. Tout ensemble dirigeant d’un État,
finit par constituer une classe, la fameuse classe dirigeante. L’État,
même révolutionnaire et populaire, est nécessairement idéologique parce
que immanquablement clivant de la société en une classe dirigeante sur
une masse de dirigés. Alors l’on entrevoit dans ce contexte étatique, le
risque de la conduite des choses afin de faire s’incarner le nouvel
ordre.
Souvent,
trop souvent, hélas, la classe dirigeante devient la balafre du destin
du peuple en dénaturant ses projections légitimes et en sapant les rêves
populaires ou à tout le moins, en les rapetissant jusqu’à la
désagrégation. En révolution, la délégation incontournable du pouvoir
dans l’État, est déperdition parfois grave des vœux révolutionnaires du
peuple. L’on appréhende alors que le communisme considère la disparition
de l’État comme but et accomplissement politico-social. Mais, là,
arrêtons-nous un peu sur le possible ou non de cette utopie, cet
eschaton social de non étatisme. L’état, ce Léviathan de Hobbes, cette
Malencontre de l’histoire du point de vue de Clastres, ce Parâtre Moloch
selon nous, doit être maîtrisé pour empêcher les gouvernants de le
transformer en instrument de domination et de torture du peuple fait
chose d’intérêts particuliers par le gouvernement dans les états
actuels. La réalité de l’État contemporain qui décide et impose ses
décisions au peuple doit devenir, par la constitution de groupes
constamment recomposables émergeant directement des secteurs populaires
et citoyens, une instance qui dirige avec le peuple selon ses besoins
distincts et spécifiques par régions et par intérêts communautaires.
Naturellement, l’État aura le choix, en démontrant expressément le bien
fondé de son action, de décider parfois différemment de telles régions
et communautés populaires pour les vrais intérêts supérieurs de la
Nation.
Les
peuples, disons-le, ne sont probablement pas mûrs et sans doute ne le
seront jamais pour une société communiste sans État. Toutefois,
pensons-nous, il est possible ainsi que nous venons de l’esquisser, que
le peuple prenne la direction de l’État en se donnant des structures de
contrôle qu’il lui faille inventer sous la dictée de ses propres
représentants immédiats authentiques. Car à l’échelle étatique, il est
rarissime que les élus du peuple se considèrent encore « peuple », une
fois au pouvoir. Dans un monde où l’infime minorité des cossus à qui
tout appartient par prédation et déprédation, manie pièces et pions,
manœuvre mortaises et tenons pour garantir ses privilèges, la révolution
immédiate, celle qui peut se faire et intervenir si les peuples
délaissent leur aliénation et leur choséité sociale, est avant tout
tributaire de l’amour des leaders révolutionnaires que le peuple
éclairé, peuple démos et non simplement laos, suit et se choisit tout en
faisant son propre destin, veillant à la mise en place des structures
servant ses droits, ses desiderata. Le révolutionnaire authentique est
celui qui aime le peuple d’un amour sans subjectivité, amour froid
imposant la justice sociale dans toutes les limites du possible en
bousculant constamment les obstacles dans une perspective méliorative
des conquêtes et acquis révolutionnaires. La révolution est un amour de
la dignité humaine collective qui se manifeste dans la politique
structuro-sociale de l’État par la loi et la force publique ! C’est
pourquoi la vraie révolution abolit les privilèges indécents et abroge
les aspérités sans toutefois, dans son exigence constante d’équité,
niveler les hommes à une factice égalité qui fige et bloque le
dépassement individuel.
Pour
les révolutions du vingtième siècle, le ver était dans le fruit. Le
socialisme russe pris - entre la course onéreuse à l’armement, la
sous-productivité de l’État, le soutien économique de tout le bloc de
l’est dans un contexte où l’État fut aussi la Société et où la société
économique ne fut pas distincte de l’État et donc ne pouvait compter en
cas de faillite sur une vaste société privée ainsi qu’en pays
capitalistes – s’effondra dans une crise interne, puis la disparition.
Il ne faut non plus pas oublier le manque de liberté entretenu par une
nomenklatura abondante et gérontocratique passablement coupée du peuple.
L’on saisit alors qu’une réforme globale s’imposant, l’occident a pu
manipuler Gorbatchev influencé par les Thatcher et Reagan - en faiblard
petit-bourgeois complexé et obnubilé par le « monde libre », opérant
avec la complicité de certains dirigeants du Kremlin gagnés à l’économie
de marché - ait chambardé par sa politique expéditive et télécommandée,
un système qu’il se devait de réformer en profondeur pour le rendre
digne des principes de dignité et de liberté socialiste loin des
déviances idéologiques et bureaucratiques accumulées.
Alors
que le triomphalisme libéral du capitalisme pétrifié et putréfié nous
donne à voir ce que j’appellerais une véritable ufologie financiariste
vu l’invraisemblance fantasque et irrationnelle de son économisme fondé
sur la dette du crédit et les pathologies d’assuétude à la consommation,
une révolution populaire doit à tout prix éviter le piège du socialisme
idéologique d’État oubliant le peuple, de l’hyperétatisme étouffant, et
inventer la nouvelle partition d’une politique de libération des
majorités. Rappelons ici les réformes que j’ai déjà proposées comme
pistes de transformation systémique vers toute révolution :
1) Renverser le pouvoir des banquiers et financiers pour que l’économie réelle soit au service du peuple qui la produit.
2)
Enclencher la politique de la décroissance pour sauver l’environnement
et ainsi contribuer à ménager et à réaménager la planète entière,
tellement maltraitée et abîmée par le mode de production capitaliste.
3)
Commencer par décréter la pauvreté illégale et crime contre l’humanité
dans les constitutions des états, tout en y adjoignant une politique
socio-économique garantissant l’intégration de tous à un seuil matériel
acceptable en fixant des limites aux privilèges et salaires admis.
4)
Nationaliser sans possibilité de privatisation aucune, la santé,
l’éducation, alors que l’État cogèrera le secteur alimentaire
(production agricole, élevage) directement voué à l’alimentation de base
du peuple de même que les logements de location.
Cela
doit passer via une prise du pouvoir par les vrais représentants
authentiques des peuples et non par les soudoyés des banquiers, les
larbins des commerçants et industriels privés.
Il
n’y a pas de révolution pure ou immédiate, la révolution est pleine
d’étapes médiates avant d’aboutir à ses fins de transformations de la
société. Je ne pense pas que l’extrémisme ou la pureté qui prône tout le
changement d’un seul coup et sans transition, soient viables pour
quelque soit la révolution et sa doctrine ! En regardant l’histoire des
révolutions, l’on remarquera que le manque de connaissance des
mécanismes de l’appareil d’État à changer, a souvent altéré la portée
des mesures de transformation systémique par l’inefficacité et voué les
projets des révolutionnaires néophytes à l’échec ou à l’ineffectivité
sinon à la perte pure et simple du pouvoir.
Le
temps de la révolution populaire n’est pas révolu, toutefois, celui des
révolutions rouges pures, bêtement répressives et athées, n’est plus.
L’habileté révolutionnaire du vingt et unième siècle devra trouver la
voie à une productivité propre (écologique) suffisante, gérer la société
dans une vraie convivialité qui favorise l’intervention des bases
populaires qui ne bafoueront pas les dissidents. C’est la méliorativité,
l’efficience et l’excellence avérée du nouveau mode qui doivent
mobiliser le peuple et garantir la réussite du nouveau, sans répression
de la dissidence non violente que la force des acquis dans la justice
sociale marginalisera et désavouera dans les faits.
Intégrer
la spiritualité, cet espace ontologique et entéléchique de l’homme loin
des sécheresses du nihilisme d’État des révolutions du 20ème siècle.
Ensuite, faire en sorte que les valeurs intellectuelles et morales
accompagnent le civisme et ainsi dépassent la finitude matérielle dans
la nouvelle vision sociale. Dans la nouvelle société, les valeurs
spirituelles doivent l’emporter sur les banalités du monde pour que
l’homme soit rendu à cette dimension à la fois transcendante et
immanente qu’est son humanité pour réformer la civilisation, au lieu
d’être ce chien âpre à la curée qu’il est rendu par le capitalisme
grossier d’aujourd’hui. Voilà l’appel authentique du révolutionnaire
nouveau. La véritable révolution ne saurait avoir d’autre but final que
celui d’améliorer l’homme en incitant ce qu’il y a de meilleur en lui,
en fécondant les germes de son humanité loin de la seule pseudo-valeur
matérialo-matérialiste du capitalisme contemporain qui n’est
qu’agressivité primitive d’accumulation fébrile et compulsive des biens
communs par une infime oligarchie aux dépens de tous, loin aussi de tout
matérialisme biologique grivois et exclusif qui réduit l’homme à un
stade d’organisme, le percevant comme simple un amas d’organes
intelligents !
Et,
pour ne pas oublier la méthode de toute révolution, rappelons-nous la
quadruple racine de la transformation sociale accomplie :
1) Le constat du dysfonctionnement de l’ordre en cours et sa critique.
2) La proposition de la nouvelle société en mode substitution.
3) La démonstration de la méliorativité de la nouvelle société proposée.
4) L’indication de la faisabilité et des meilleures voies d’application du nouveau.
La
révolution populaire évitera la démagogie des bobards actuels d’une
« démocratie » bourgeoise qui brandit la permissivité des mœurs et leurs
perversions où les possédants font chanter sexuellement les non
possédants et les asservissent. Car dans le capitalisme où les bourgeois
monopolisent tout, même la sexualité libérée n’est que prétexte des
riches pour chosifier le corps des non possédants, d’où la réification
imageante du corps humain dans les médias, d’où aussi l’infamie de ces
emplois sur le marché du travail dont la condition secrète est la
soumission sexuelle soit hétéro soit homo aux détenteurs du grand
capital selon leur ardeur malsaine.
Qui
n’exige rien ne peut rien espérer, c’est aux peuples de faire l’effort
de la liberté. On ne se libère que si l’on a la dignité mentale et
comportementale de la liberté. Et en contexte collectif, que si l’on
manifeste la dignité humano-sociale de s’autodéfinir dans un mode de vie
autogérée sans se soumettre à un establishment considéré maître et
suprahumain pour lequel tous acceptent bêtement d’exister. La société ne
se libèrera que si ses membres majoritaires se lèvent pour imposer le
nouveau par le refus et le rejet de l’ordre esclavagiste de la
ploutocratie au pouvoir qui contrôle illégitimement l’institution
sociale à travers l’État qu’elle vampirise et par lequel elle inflige
aux peuples, son mode économique et juridico-légal d’asservissement.
La Révolution, cette chose humaine par excellence
Le
rêve - malgré son caractère de néant au présent du rêveur et de fin à
acquérir - possède un contenu réel dans le monde, qui le distingue de
l’utopie. C’est leur seule différence essentielle. Cela implique que le
rêveur projette la conquête de ce qui est mais qu’il n’a pas encore
alors que l’homme d’une utopie, lui, part en quête de ce qui n’existe
que dans les visions abstraites de l’homme, d’une idée jamais réalisée
avant lui et qu’il s’efforce de projeter tout en la rendant possible,
tout en créant sa condition d’existence, sa factualité jusqu’à la
concrétiser et à en faire un étant réel et pas qu’idéel dans le monde.
Le
rêve est le paradigme du voyage vers le concret à conquérir alors que
l’utopie est la projection de la chose abstraite inexistante au moment
où le penseur-acteur d’une utopie pense à la rendre possible et réelle
en la fondant.
L’utopie est le paradigme de la création projetée et à venir.
Nous
sommes loin de la disutopie (utopie chimérique et non assumée vers sa
réalisation) d’une société anétatiqe (sans classes ni État). Toutefois,
loin de l’État hyperactif exprimant une sorte d’ubiquité
interventionniste dans la vie citoyenne, trop limitatif des libertés
individuelles, l’État populaire que nous souhaitons, devra respecter
l’espace de l’individu et promouvoir toujours un peu plus de justice
sociale. La justice sociale et la libération du peuple de tous intérêts
privés d’oligarchies crapuleuses et exploiteuses pour l’égo de quelques
vils prétentieux, peut, par la conscientisation des peuples, être
centuplée et marcher à l’amélioration du vivre-ensemble collectif loin
des clivages criants et répugnants qui sévissent dans le système
néoféodal de l’ère financiariste de l’économisme en cours.
Mais
tout cela doit attendre que les peuples soient humanisés par une
éducation humano-citoyenne non formelle. Car l’écrasant nombre appuie
par absence de repères, les facéties démocratiques électoralistes et
juridiques de la ploutocratie. La société actuelle, dans des proportions
inquiétantes par leur étendue, n’est plus qu’une masse d’organismes
anthropomorphes ainsi rendus, qui prolifèrent dans la civilisation et se
contentent d’être de simples machines fonctionnelles pour la société du
mensonge. Voici l’heure des lumpen salariés portant la livrée de luxe
de leurs programmeurs tout en se croyant libres et grands, fiers et
arrogants d’être choses ! Malédiction d’une génération à qui l’on a
appris par abrutissement idéologique, scolaire et médiatique, à échanger
son humanité pour quelques paillettes et apparats matériels selon le
minable snobisme petit-bourgeois. En vérité, en aucun cas, des
petits-bourgeois copieusement réifiés, nécessairement choses du système
ploutocratique, à moins d’être désaliénés, conscientisés pour redevenir
des hommes, même s’ils parlent de morale et rappellent l’humanité, ne
peuvent jamais créer ni même désirer un monde plus digne et plus humain.
Et
sans doute, le pire malheur de ce temps, la plus ignoble pierre
d’achoppement de la dignité, est que l’homme « civilisé » - par excès
d’adaptation et d’accommodement, a tout permis, autorisant à quelques
pervers dominateurs dites élites, quelques banquiers et commerçants de
créer pour lui des codes de lois et des préceptes moraux considérés
suprahumains et naturels voire cosmiques afin de justifier les plus
sales, les plus abominables injustices oligarchiques. L’homme de la
civilisation, si réifié, si chose, préfère détester par racisme et
discrimination son voisin semblable par le sort, tout en substituant
l’arrogance à la vertu, la compétition minable dans l’acquisition des
biens et gadgets de consommation à la mise en commun d’une stratégie de
lutte aux injustices, l’identité ostraciste à l’exigence de justice
sociale, l’ivresse des illusions systémiques, véritable délire
psychédélique collectif d’une liberté factice à l’effort de
questionnement pour comprendre et être maître de son destin citoyen...
Et,
comme clausule provisoire à cette réflexion, je dis que la maturation
humano-sociale de la révolution exigerait que les individus opèrent une
égo-révolution, où le moi est dépassé dans ses instincts de domination
qui le poussent à posséder le matériel pour prévaloir sur autrui selon
la règle de l’être par l’avoir sévissant malheureusement depuis toujours
dans la société dite civilisée et de classes.
Une
semence d’humanité par la volonté de se défaire des instincts plats de
distinction par l’avoir, sera le seul tremplin de la révolution sociale
ou celle-ci ne sera jamais en preuve des inaptitudes et petitesses de ce
qu’on ose appeler l’Humanité. Tant que la bêtise humaine fascinée par
le grand avoir matériel de quelques sagouins prédateurs-déprédateurs de
toutes les ressources du monde, continuera par réflexe primitif
d’idolâtres des majorités, de se prosterner devant quelques-uns pour
tout acquiescer, l’utopie de la libération de la dignité des hommes et
de la société par la révolution, restera prisonnière des manques, des
indignités et arriérations, bref, de l’immaturité infrahumaine de la
masse des aliénés esclaves de leur aliénation où ils s’identifient à un
système qui les écrase et tentent de s’y intégrer voire s’y identifier
comme s’il était le leur et pouvait les rendre à leur humanité lors même
où ils y sont assimilés.
En
dehors de la conversion des structures d’exploitation oligarchique en
structure de libération au profit du peuple, il n’y a pas de recette
scientifique ni de nécessité naturelle à la révolution. Son avènement
reste tributaire de la conscience des hommes, leurs valeurs, leurs
paradigmes et leur courage à la faire entrer par la force idéelle et
active renversant les murs de l’histoire, pour s’imposer dans le monde
en devenant monde sur la ruine des infamies économiques et
sociopolitiques actuelles. L’important est de se rappeler qu’une chose
aussi éminemment humaine qu’une révolution, implique autant les
dimensions quantifiables de l’économie et du social que les facultés et
réactions humaines non évaluables par la science : les émotions,
l’imaginaire, le caractère, la raison et la passion… La révolution ne
saurait connaître de dogmatique en dehors des principes de gestion
publique par le nouvel État pour tout le peuple plutôt que pour les
ploutocrates ; elle n’est point non plus une fatalité heureuse que
prédéterminerait le sort malheureux des peuples souffrant les injustices
de l’ordre capitaliste indécent, et qui iraient inexorablement la
déclencher.
Elle
peut ne jamais être de même que, tout en étant, elle peut s’effacer
demain au profit du pire. L’homme, les humains des sociétés sont les
seuls décideurs de son déclenchement, son établissement et sa durée.
Elle est la chose humaine par excellence, projection des hommes comme
projet d’altérité du vivre social par la transformation systémique,
comme réalité sociopolitique poursuivie et établie ou comme impossible
voire néant par la préférence du statu quo. Et en passant, je dis que
tant que l’argent demeurera une essence, une divinité inavouée, plutôt
qu’un simple moyen d’échange sans aucune autre aura prêtée à lui par la
finance et ses démons, nul rêve, nulle utopie ne pourra rien pour la
désaliénation de la quasi totalité des hommes, nulle société ne voudra
être humaine, nulle civilisation ne sera apte à reconnaître le primat de
l’homme.
Tel
les hommes et leur société perçoivent leur être, leur essence, tel ils
s’assument et tels ils sont. En attendant, dans la « démocratie »
liberticide et de malaises qu’entretient le capitalisme, la société
continuera d’être insidieusement une horrible tyrannie du nombre que
subissent les hommes dignes dont le seul crime impardonnable, c’est
d’aimer la véritable liberté sociale contre le financiarisme criminel et
la tyrannie des ploutocrates. Liberté pourtant, tellement à la portée
de nous par la désobéissance civile et le refus de coopérer avec l’État
du mal et l’establishment des abominations.