La paix sous ses différents aspects…
Par Camille Loty Malebranche
« Heureux les artisans de paix » Jésus
Évoquer
la paix éveille immédiatement l’idée de la tranquillité par absence de
conflits entre des individus, des classes sociales ou des sociétés.
En
contexte philosophique ou théologique, la paix sous-tend la perception
d’un calme, d’une placidité intérieure qu’apporte l’harmonie
ontologique. Là, la paix est une émanation de l’unité intérieure
atteinte par la transcendance du monde; c’est la cohérence supérieure de
l’esprit souverain librement assumé.
La
paix sociale et internationale doit être poursuivie par tous les
combats de la justice et du respect d’autrui car l’injustice et
l’irrespect sont les racines de toutes les guerres civiles ou
interétatiques. Toutes les conflagrations entre concitoyens ou sociétés
tiennent de l’un de ces monstres, sinon des deux réunis. Force
ici est de comprendre que la justice renvoie aux dus matériels et
temporels de l’humain, tels des biens, une fonction sociale, la
jouissance d’un droit; alors que le respect concerne le du immatériel et
intemporel qu’est la considération pour la personne même de l’être
humain à qui l’on doit un traitement de dignité par égard pour
l’humanité. En cela, au sens large, le respect que nous choisissons de
traiter en propre, fait lui-même partie de la justice
La justice
Une
justice sociale et internationale où chaque catégorie sociale, chaque
État considérerait les dus d’autrui comme inviolables tout en faisant
tout, pour que chacun reçoive ses dus, suffirait amplement à faire de la
terre un havre de tranquillité, un verger de paix entre pays, peuples
voire individus. Car c’est l’obsession de prendre à autrui ce qui lui
revient soit comme matériellement soit comme considération et estime ou
encore la tentative de rogner sur ce qu’autrui a, pour accumuler et se
gonfler de l’accumulation comme privilège de classe, de statut ou de
rang, qui sape le plus souvent les balises de la paix malgré les
désaccords et différences irréductibles entre sociétés, entre classes
sociales ou individus.
Le respect
Respecter
l’autre, savoir rester dans les limites de l’admissible dans les
rapports à l’autre, se freiner soi-même contre tout emportement qui
agresseraient autrui d’une quelconque manière… Le respect est facile à
doser et mesurer car il tient en nous de notre empirie de l’acceptable
comme de l’exigence d’être pris au sérieux et avec appréciation par les
autres. Dans les fibres de notre propre susceptibilité, nous pouvons
généralement lire et prévoir celle de nos semblables. Naturellement il y
a aussi des parts spécifiques de susceptibilités à étudier quand il
s’agit de pans culturels de la personnalité où ce qui est admissible
peut varier selon l’altérité des origines. Dans ces cas de différences
culturelles importantes, c’est le dialogue qui préviendra les
malentendus et leurs ferments de conflits.
La paix intérieure
La
voie sacrée et divine à la paix intérieure, celle qui, sans être
expatriation fallacieuse ou songerie béate, fait figure de béatitude
spirituelle telle qu’enseignée par Christ, consiste en notre ancrage
dans la nature humaine profonde, cette ennaturation qui est
spiritualité. La paix est harmonie intérieure et transcendance du monde.
Dépassement de l’impermanent et de l’instable pour l’immuable divin. Le
Christ nous apprend que le Paraclet, Hypostase divine accordée à celui
qui croit, sauve l’homme de la focalisation mondaine, source de tous les
troubles, racine de toutes les instabilités. Là, l’évolution et son
mouvement ascendant ne doit pas être confondue avec l’instabilité.
Évoluer
métaphysiquement implique un mouvement dans l’être comme essence pour
qui la multiplicité de nos dimensions d’agissant se mettent en acte
précisément afin de porter à la nature de notre être, les victuailles du
devenir par son approfondissement. Approfondir et exhausser la nature
de l’être, c’est l’accomplir. L’entéléchie n’est autre que le devenir
soi pour l’être conscient de sa vérité, son essence. La paix à ce stade,
est affaire de focalisation d’attention. Le don divin de la paix nous
donne de nous focaliser sur l’être, l’infini, le divin plutôt que de
laisser notre attention errer et se disperser dans les illusions et
vicissitudes d’un monde aporique dont l’épilogue est toujours
douloureuse désillusion. Contre les butoirs abortifs du matérialisme, la
paix spirituelle nous transporte aux sphères de la Vérité immatérielle
de notre origine divine. La paix paraclétique que propose Jésus,
s’obtient par le pieux éveil de l’esprit qu’est l’homme à sa propre
dimension d’Imago Dei où il a conscience de la présence du Père dont
l’Amour appela la Création et parmi la Création, cette chose mystérieuse
qu’est la vie autant organique qu’intangible.
La
mission de l’homme est de parvenir à Vivre au-dessus de ce monde où les
ténèbres de l’apparence strient l’être de leurs multiples noirceurs
comme autant de néants superposés à la nature humaine pour empêcher son
éveil à la Vérité, son ascension dans l’Esprit. La paix intérieure
est profondeur car enracinement en notre substance; elle est
aussi hauteur et ascension comme marche vers la transcendance. Toute
platitude matérialiste, toute focalisation sur le charnel, amenuise les
forces intérieures de la paix divine en nous et nous éloigne de notre
nature spirituelle. C’est littéralement de l’aliénation métaphysique.
Nous comprenons ici que le contraire de la paix, c’est la disharmonie de
l’esprit s’ignorant lui-même, inconscient à sa propre Vérité de nature,
errant dans les incohérences des faussetés extérieures d’asiles et de
supports factices que lui offre monde.
L’absurde
et ses affres de désespoir qui ôtent toute ataraxie, se caractérise par
l’apatridie de la conscience errante, la négation de sa nature par
l’esprit qui adopte les illusions et non sens des apparences comme
patrie.
Le
Christ, Lui, Sagesse divine rédemptrice incarnée pour notre Salut, nous
indique la foi spirituelle qui est communion intérieure avec Dieu,
comme seul rempart sûr, capable de nous procurer sens et paix envers et
contre le mensonge des sens et les postiches reflets du réel qui passe…