Le nord économique entre crise des migrants et torsion identitaire.
Par Camille Loty Malebranche
Désormais,
le compromis axiologique est et sera le présent et le futur de
l'Europe; une axiologie légaliste tenant compte des valeurs multiples
dans des pays aux peuples multiethniques, multicolores, multiculturels.
L'idéologie du monochromatisme démographique imaginaire sans ouverture
culturelle, avec ses raideurs d'un monoethnisme mythologique que seuls
les vieux mythes fondateurs européens justifiaient du temps où le mot
race était encore sémantiquement permis, doit être à la poubelle des
moeurs, à la géhenne de l'histoire de la civilisation. Honnies
soient les mentalités arriérées et anachroniques qui soutiennent encore
une identité monoethnique de race...
Avec
la crise des migrations - je cite le flot continu, indésirable
d’africains noirs ou arabes fuyant la guerre ou l’extrême pauvreté vers
l’Europe via la méditerranée - qui accentuent la propre crise
existentielle multiple d’identité de l’occident contemporain, la
fracture nord-sud aura atteint un autre cran dans la douleur d’un vivre
avec planétaire fortement altéré par les interactions inégalitaires des
deux blocs économiques et humains tout au long de l’histoire du dernier
demi millénaire.
Nous
avons sous nos yeux, le déchirement des vieilles mythologies
identitaires avec les torsions du sens du vivre ensemble des sociétés du
nord jadis fondées sur leur ethnicité supérieure et fictivement une,
désormais multiethniques mais incapables d’assumer leurs vieux démons
d’origine d’une histoire de prédation, d’intervention, de colonisation.
Force est de constater que le monoethnisme tient de la fiction vu la
mosaïque ethnique composant les différents pays d’Europe à l’intérieur
de leur frontière nationale. Le drame des migrants donne hélas lieu, à
toutes sortes de théories factices et d’arguties brandissant une
surenchère du discours des identités européennes que leurs tenants
forcenés voudraient extraire de l’histoire et de l’évolutivité.
L’identité, à tout le moins l’identité démographique, en contexte de
sociétés interventionnistes, colonialistes, vivant essentiellement des
biens exploités d’autrui, ne peut s’empêcher d’être rapidement
changeante quant à ses aspects ethnique et culturel.
Seuls
des pays restant chez eux depuis toujours avec une vision strictement
ethnocentriste de leur identité, pourraient quoique par l’absurde, se
prévaloir s’ils existaient, d’une claustration identitaire, comme le
soutiennent par exemple, certains secteurs de l’Europe
contemporaine. Quand on s’est fondé à travers une histoire de rapine
colonialiste et de conquêtes où l’on s’est soi-même mis, par la force
d’ailleurs, en position de mixité avec des autrui, on ne peut prétendre
refuser le boomrang du multiethnisme avec toutes ses implications qui,
fatalement, tôt ou tard, rattrapera la réalité par delà la monoethnie
fictive. Monoethnie inexistante même dans la fondation multiehnique
d'origine des pays européens; ce n’est en fait qu’un monochromatisme épidermique pour assouvir les tendances des coloristes et racistes identitaires.
La
crise identitaire et le drame des migrants qui la met à nu, ne se
résoudront ou au moins, ne s’atténueront de manière significative que
par une solution multifactorielle qui doit impliquer une reconsidération
totale des rapports nord-sud sans démagogie, sans stupides frasques
d’exhibition de ressortissants du sud cooptés, instrumentalisés pour
montrer une pseudo ouverture, pour éluder la justice réparatrice et
restitutrice due aux suds broyés par le mode économique.
L’évolution
rapide exponentielle de la composante démographique est la face
volatile du faciès ethno-identitaire des pays d’accueil à l’heure des
migrations massives sud-nord, et le nord qui vit aux dépens du sud bien
plus que le contraire, ne peut que réajuster la balance économique
mondiale pour parer aux blessures actuelles de l’interaction nord-sud.
Quant aux dissensions culturelles encourues, il faudra arriver à un
consensus des invariants culturels nationaux en plein multiculturalisme,
surtout en ce qui a trait à l’axiologie sociale pour une communauté de
valeurs, une adoption des valeurs communes acceptables et acceptées et
dûment choisies, transcendant les altérités communautaires, donc
imposables à tous dans l’espace public.