Après l'exposition universelle de 1992...
Esquisse d'un Avant-Projet de Roger GARAUDY sur l 'utilisation future du Pavillon de Hongrie à Séville.
Le problème fondamental posé par le maintien d e la
présence hongroise à Séville après l'exposition: montrer que la Hongrie peut
Jouer un rôle irremplaçable dans la création d'un véritable nouvel ordre
international.
L'Espagne aspire aussi a jouer u n tel rôle ("Expo de
Séville et "Madrid, capitale de l'Europe").
Or la Hongrie et l'Espagne peuvent être complémentaires dans
l'accomplissement de cette tâche :
- Historiquement , elles furent aux deux extrémités d e l'Europe, les deux pays qui ont été le plus étroitement au contact du monde musulman, pour le meilleur et le pire.
- Aujourd'hui, à un moment où l'Europe court le danger de se séparer du Tiers Monde ( A Maestricht il n'y eut même pas un mot pour évoquer les rapports avec le Tiers-Monde) la Hongrie et l'Espagne, en raison même de leur expérience historique de ces relations, ont un rôle spécifique à jouer ensemble pour combler cette lacune.
- Historiquement , elles furent aux deux extrémités d e l'Europe, les deux pays qui ont été le plus étroitement au contact du monde musulman, pour le meilleur et le pire.
- Aujourd'hui, à un moment où l'Europe court le danger de se séparer du Tiers Monde ( A Maestricht il n'y eut même pas un mot pour évoquer les rapports avec le Tiers-Monde) la Hongrie et l'Espagne, en raison même de leur expérience historique de ces relations, ont un rôle spécifique à jouer ensemble pour combler cette lacune.
Un immense effort culturel est nécessaire pour tirer de ces
expériences historiques anciennes des enseignements pour la création de
rapports nouveaux tendant à donner au monde une unité : non pa s une unité de
domination ignorant ou opprimant les identités particulières des peuples et de
leurs cultures, mais une unité symphonique enrichie par les apports spécifiques
de chacun.
Comment le Pavillon hongrois, témoignant
"physiquement" par la beauté de son architecture intérieure et
extérieure, de la richesse créatrice de la Hongrie d'aujourd'hui et de
toujours, peut-il contribuer à la réalisation de ce projet?
A mon sens son activité devrait se déployer selon trois
directions complémentaires.
Première mission
: Créer une base de connaissance et de réflexion sur les rapports de la Hongrie
et de l'Espagne avec l'Orient.
Séville a le privilège d'avoir une institution unique au
monde: "Les Archives des Indes", rassemblant les documents les plus
précieux, indispensables à quiconque veut faire une thèse ou simplement des recherches
sur les rapports historiques de l'Espagne
et de l'Amérique.
Par contre il n'existe pas jusqu'ici d'équivalent en ce qui
concerne les rapports avec le monde islamique et l'Orient.
Il est possible, dans le Pavillon hongrois, de faire un travail
symétrique de celui des Archives des Indes. Bien entendu avec d 'autres moyens,
car il n'y a ni la place, ni les manuscrits originaux pour employer la même
méthode. Par contre, il est possible d'atteindre les mêmes objectifs et de render
les mêmes services en créant une bibliothèque de microfilms.
Le Centre Culturel de la Tour Calahorra peut aider au
lancement de ce programme. Nous possédons les appareils permettant de faire les
microfilms, de les développer et de les lire. Nous avons un premier stock de
microfilms de la Bibliothèque de la "Fondation Asin Palacios" de
Madrid et des bibliothèques de Cordoue. Il suffirait donc de compléter avec le
très riche fonds de l'Escorial et celui de la Bibliothèque royale de Madrid.
Une exploration parallèle des centres documentaires de
Hongrie permettrait de réaliser une collection unique au monde à la disposition
des chercheurs ou des préparations de thèses de doctorat. (Pour réaliser ce
premier point nous aurons besoin des conseils et de l'aide de Monsieur Sebastien
de la Obra, à la bibliothèque du gouvernement d'Andalousie, ainsi que de
Conservateurs des bibliothèques de Hongrie.)
Deuxièmement :
Sensibiliser, au delà du monde savant ou politique, une large fraction de la
population aux problèmes posés par cette entreprise culturelle. Le langage le
plus universel pour accomplir cette deuxième tâche est celui du cinéma.
Il serait donc nécessaire de présenter régulièrement, pour
un large public, des films hongrois, espagnols , ou autres, de grande qualité artistique
et de grande rigueur scientifique sur les mêmes thèmes des rapports de la
Hongrie et de l'Espagne avec le monde musulman et le Tiers-Monde en général.
(Votre actuelle salle de projection est, de ce point de vue, d'un intérêt
inestimable). Sans la moindre affaire commerciale, les recettes venant des
entrées du public à ce cinéma "pas comme les autres" permettraient de
payer les frais d'entretien du Pavillon.
Troisième mission:
Pour contribuer à la réflexion sur l'avenir et à la construction de l'unité
symphonique du monde, l'usage du Pavillon hongrois devra comporter une dimension
prospective. A cet effet, seraient invités périodiquement des conférenciers,
des écrivains, des artistes créateurs, des savants, pour explorer le futur et
donner aliment pour répondre aux angoisses, aux espérances, aux interrogations
de tous sur l'unité du monde et sa survie.
Pour éviter toute polémique, il sera bon de ne pas ajouter
de discussion publique aux conférences : il appartient à chacun de réfléchir
personnellement sur les suggestions de l'orateur et non de créer des polémiques
mais des approfondissements de la réflexion personnelle.
Une telle
utilisation du Pavillon de la Hongrie à Séville serait ainsi de nature à en faire
un laboratoire d'idées pour la construction d'un avenir à visage humain par la fécondation
réciproque des expériences historiques complémentaires de la Hongrie et de l'Espagne sur l'Orient.
Roger Garaudy