(Traduction résumée d'une partie d'un article en vietnamien, publié en mars 2004 et juin 2005)
La
pensée de Marx est souvent liée au déterminisme. De façon bien trop
sommaire et simpliste. Se référant à Marx, la propagande des régimes
communistes pour la plupart disparus de la circulation, , prévoient
volontiers la mort du capitalisme, pointant du doigt il y a déjà
quelques années ses "convulsions agoniques". C'est la "marche
inéluctable de l'Histoire", disent-ils, alimentant du même coup les
arguments des railleurs de la pensée marxiste. En fait, s'il en est
ainsi, l'homme n'y aurait aucun rôle actif dans l'Histoire, et ne serait
présent que comme un rouage d'une machine dont le mécanisme lui échappe
complètement. Il n'y aurait même pas de place pour la Révolution, qui,
elle, envisage un futur en rupture radicale avec le présent, et non pas
un futur en tant que prolongation du présent, "déterminé" par le présent, un futur déductible à partir des "données" du présent selon de prétendues "lois scientifiques".
Dans
sa thèse (1841), "La différence de la philosophie de la nature chez
Démocrite et Épicure" Marx s'est rangé du côté d'Epicure contre la
vision déterministe de Démocrite. Il montre les relations dialectiques
entre la libetré dans l'action créative et les contraintes imposées par
les conditions environnementales. De nombreuses années plus tard, on
peut lire dans Le Capital : "L'histoire humaine diffère de l'histoire de
la Nature en ce que l'homme a fait celle là et non celle-ci". C'est le
côté Liberté dans l'action et la création. Toutefois, il écrit dans "le
18 Brumaire de Louis Bonaparte" : "Le hommes font leur propre histoire,
cependant ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions
choisies par eux, mais selon les conditions imposées par le passé".
C'est le côté déterminé par les facteurs de l'environnement (naturel,
psychologique, social). Ne parler que du côté "déterminé" est une vision
erronnée de la pensée de Marx.
Le
côté Liberté dans la création humaine est, quant à lui, liée à
l'émergence du Projet. Marx a fait remarquer que la différence entre
l'abeille la plus talentueuse et l'architecte le plus mauvais réside
dans le fait que l'architecte a déjà construit son travail dans sa tête
avant de se mettre au travail et non l'abeille (le Capital). L'action
humaine, ainsi que son histoire, nait d'un projet. Cette émergence du
projet dans la conscience de l'homme envoie un éclairage sur le futur et
permet d'envisager non pas un avenir, mais plusieurs avenirs possibles.
L'Histoire n'a pas de "marche inéluctable". Le Socialisme n'a rien
d'obligatoire. Quant au Capitalisme, celui-ci, après avoir donné tout ce
qu'il a de positif, peut aboutir sur le socialisme ou sur un tout autre
modèle de société.
L'idée selon
laquelle tout est déterminé par l'économique a aussi souvent été
reprochée à Marx. A ce propos, Engels disait :"Marx et moi portons une
part de responsabilité dans le fait que des jeunes attribuent parfois à
l'économique une importance exagérée. Devant nos adversaires qui le
niaient il nous a fallu souligner l'importance de ce facteur, sans avoir
toujours pu trouver, ni le temps, ni les occasions, de donner la place
aux autres facteurs qui participent à l'action réciproque ..."