RECREER UN TISSU SOCIAL. CONTRE LES
PARTIS,
LA PARTICIPATION ET LE « RÉSEAU »
LA PARTICIPATION ET LE « RÉSEAU »
Recréer un tissu social exige des
communautés de
base et la participation de chacun.
Il est urgent de remplacer la notion
périmée de
« partis » par celle de « réseaux »
contre la nouvelle
« occupation étrangère » des esprits
comme de la
société.
La bataille pour une économie à
visage humain se
perdra ou se gagnera sur le terrain
des mentalités et de
l'opinion. Au niveau de ce qui est le
premier pouvoir :
les « médias ».
Aujourd'hui, nous subissons une «
occupation » plus
insidieuse encore : l'occupation
étrangère à l'homme
par l’aliénation des esprits.
L'occupant est partout, dans les
cerveaux et dans les
coeurs, comme il le fut autrefois
dans nos villes. Est-ce à
dire que cette « occupation »
écrasante ne puisse être
vaincue, son pouvoir fissuré,
lézardé, comme autrefois
par une « résistance » qui semblait
espérer contre toute
espérance ?
[…]
Contre les monstres de l'information, des médias, de
Contre les monstres de l'information, des médias, de
la télévision, faire pousser des milliers
de feuilles sur
l'arbre de la vie. Des feuilles […] ,
ayant un double objet :
tout d'abord, informer sur ce qui nous est caché […]
tout d'abord, informer sur ce qui nous est caché […]
Second objet : réfléchir sur le sens
de ces informations
pour faire naître des prises de
position communes
à partir du rappel des finalités sur
les problèmes d'un
peuple ou du monde.
Cette action première de dévoilement
du non-sens, à
partir de communautés de base, a
besoin d'être coordonnée
pour multiplier sa force par
l'échange et
l'action réciproque.
Pourquoi substituer la notion de réseau
à la notion de
parti ? La démocratie ne se fonde pas sur
le pluralisme
des partis mais sur la participation
de la base à toutes
les décisions dont dépend son
destin.
Le réseau est fondé non sur une
direction, comme
les partis, mais sur une
coordination où aucun groupe
n'a d'autre prééminence sur les
autres que son pouvoir
de proposition, d'initiative, dans
la contribution au
projet commun.
Ainsi, le réseau est l'inverse du
parti. L e but commun
étant fixé : se libérer des
tyrannies de l'argent et du
monothéisme du marché, chacun peut
apporter sa
pierre à la prise de conscience, à
la « conscientisation »,
selon l'expression, en Amérique
latine, des « communautés
de base » et des théologiens de la
libération.
Le rappel de finalités humaines
contre la logique
aveugle et mortelle du marché et du
profit, permet la
mise en oeuvre de nouvelles formes
d'action.
Les initiatives de la base ont un
rôle moteur. Mais il
ne suffit pas de dénoncer et de
refuser. De même que
l'éclairage du quotidien à partir de
finalités prépare des
alternatives, de même l'action ne
saurait être seulement
négative mais orientée par les fins
dernières, et traçant
des perspectives d'avenir.
Telle pourrait être l'esquisse des
formes d'organisation
— le réseau et non plus le parti —
et des formes
d'action — non l a seule négation
des excès du système
mais la reconversion, en
fonction de finalités humaines, de
l'ensemble des activités.
Il existe, en France et dans le
monde, suffisamment
de gens qui mettent en question les
fins et le sens de
l'ordre actuel et qui prennent
conscience de sa perversité
fondamentale et de ses périls, pour
qu'une entreprise
de « renaissance » devienne possible.
Ces réseaux peuvent naître dès
demain, et partout,
pour créer le tissu social nouveau,
faire jaillir la petite
étincelle qui deviendra brasier,
comme autrefois une
résistance longtemps obscure est
devenue libération.
Cela exige un énorme effort, et
d'abord sur soi-même,
pour que chacun chasse les
prétentions à la vérité
absolue et à l'hégémonie de sa
propre communauté, de
son parti ou de sa chapelle.
Roger Garaudy
Les fossoyeurs. Un nouvel appel aux vivants.
Pages 396 à 398 (extraits)
Les fossoyeurs. Un nouvel appel aux vivants.
Pages 396 à 398 (extraits)