18 mai 2017

Sarcasme et bienveillance

Deux lettres reçues par Roger Garaudy (archives personnelles). La première, bienveillante, de Roger MUNIER. La seconde, plutôt sarcastique de Marcel CONCHE.



Roger Munier
 Le Lyaumont
 le 22
février 1988

Cher Monsieur
Je vous remercie vivement de m'avoir fait hommage de votre beau livre "A Contre-nuit", dont j'achève la lecture.
Je suis de ceux qui ont toujours pris très au sérieux votre aventure multiple, vos cheminements. Vous avez presque tout parcouru, et vous êtes un des rares, de ce fait, à pouvoir faire la gerbe. Dans la multiplicité des aspects qui vous composent, la plupart ont dû choisir, s'arrêter a l'un ou l'autre, pour fixer leur destin. Vous, au contraire, les avez rassemblés sans en exclure aucun pour l'essentiel, et voici que l'ensemble culmine aujourd'hui dans leur apaisement et leur silence, bruissant silence de ce livre.
Et même parvenu à ce point d'entente et d'harmonie, j'admire votre écoute de tant de voix que vous voulez accueillir. Vous avez atteint le Même et vous dites le Même: Dieu en Lui-même, en ses traces.
C'est un beau destin que celui-là, quand il est donné de pouvoir l'accomplir dans une parole de la qualité, de la hauteur de la vôtre. La "nuit" n'est pas si entière et sombre, qui peut permettre une telle annonce aux premières lueurs... Je suis tendu comme vous vers elles. Tout porte à penser qu'elles ne sont pas vague pressentiment, mais signe déjà précurseur. Votre cri, "à l'écoute du Dieu", est comme celui d'un Veilleur aux dernières heures qui précèdent le jour.
Il me serait très agréable de faire un jour, concrètement,personnellement votre connaissance. Cela pourrait se faire,n'est-ce pas ? J'en serais très heureux vraiment.
Croyez-moi, cher Monsieur, après ce livre surtout, mais avant lui déjà, vôtre et proche.

Roger MUNIER

 "Biographie du 20e siècle"