Chennevières/Marne ce 28
août 1995
Mon cher HUE
Je reçois 1'invitation à signer mes livres à
la Fête de 1'Humanité, en même temps que je lis ton
article programme dans le "Monde"(voir note 1,ndlr).
Je tiens à te dire fraternellement pourquoi
je ne peux cautionner, fût-ce par ma seule présence à la Fête de 1’Huma une dérive politique qui me paraît
catastrophique pour 1'avenir de notre Parti.
Tout me semble commencer lorsqu' un député
communiste,hélas Membre du Bureau Politique, GAYSSOT, se
faisait complice de FABIUS et des dirigeant sionistes qui 1'exigeaient depuis
longtemps,et a proposé une loi scélérate permettant de condamner lourdement
tout historien critique mettant en cause les décisions du Tribunal de
Nuremberg. Ce Tribunal n'était pas un Tribunal international mais, comme 1’a
dit son Président, le Juge américain JACKSON ,le dernier acte de la guerre par
lequel les vainqueurs prétendaient juger les vaincus pour leurs crimes contre
1'humanité.
Décision étrange de la part de ceux qui
venaient, en particulier, d'anéantir, sans raison militaire valable, plus de
600.000 civils à Hiroshima, à Nagasaki et à Dresde. Il s'agissait d'un Tribunal
militaire d'exception qui, selon les déclarations mêmes de son Président, n1 était pas tenu par les
règles juridiques normales de la vérification des preuves. Etaient tenues pour
valables toutes les accusations apportées par les Alliés. C’est ainsi que
furent infirmées les principales dépositions tenues alors comme preuves
irréfutables: les prétendus 4 millions de victimes d’ Auschwitz, les affirmations
sur les chambres à gaz de Dachau, le
nombre de juifs concentrés au Vel d’Hiv.
Toutes les plaques commémoratives consacrées
à ces mensonges
ont dû, depuis lors, être changées dans le sens que les
historiens critiques( appelés aujourd'hui
"révisionnistes" avaient depuis Paul RASSINIER, dénoncé comme des
impostures.
C est au moment même où les montages odieux
de Carpentras
suscitaient artificiellement un faux
consensus, au nom d'un mensonge, derrière les drapeaux d’Israël, que GAYSSOT - FABIUS
proposaient leur loi-bâillon contre la recherche scientifique qui, par
définition, est révision incessante.
La même année, à la Fête de 1’ Humanité, Francette LAZARE propose
comme thème de réflexion: "Humanisme marxiste et humanisme juif",
comme si 1’on pouvait oublier que les grands et merveilleux Prophètes d'Israël
ne font pas partie de la Thora et de ses annexes historiques qui sont des livres
de massacres tribaux et de purification ethnique . Je t'invite à relire à ce
sujet les passages des Nombres (notamment le chapitre 31 concernant 1’extermination
sacrée des tribus ennemies par MOÏSE), et dans le livre de JOSUE(notamment les chapitres
X et XII) sur les génocides de la Palestine, dans le droit fil duquel se situe
le massacre actuel d'Hebron par le pieux docteur GOLDSTEIN.
Ce n’étaient là que des signes précurseurs,
le dernier me faisant hésiter déjà à participer à la Fête de 1' Humanité.
L'existence d'un véritable lobby à
1'intérieur du Parti s'est manifestée avec éclat lorsque la démagogie de CHIRAC
1'a amené à demander pardon aux victimes juives du Vel'd'Hiv. Pour se concilier
les bonnes grâces du lobby, et que 1'Humanité sous la plume de ZARKA , a
félicité CHIRAC pour cette commémoration de la rafle du 16 juillet 1942 au
cours de laquelle il avilissait le peuple de France en proclamant que "la
folie criminelle de 1’occupant a été secondée par des français et par 1'Etat
français". Il considérait ainsi le régime de Vichy imposé par 1'occupant à
1'Assemblée de Bordeaux (où seuls les députés
communistes eurent le courage de refuser 1'investiture comme" l’ ETAT français, lui conférant ainsi un titre et une
légitimité qui ne pouvalent lui être reconnus par le peuple français qui avait élu
ces députés au temps du Front Populaire. La France n’ avait donc, sous
1'occupation hitlérienne, aucun Etat ni légitime ni légal. S'il 1'eût été,
CHarles de GAULLE et Maurice THOREZ eussent été, comme le disaient les collabos,
des "déserteurs", Jean MOULIN méritait la torture et la mort, et nous
les résistants intérieurs desmaquis de France et des camps du refus,
étions tous destraîtres. Nos 20.000 fusillés communistes ont
du frémir ce jour-là dans leur tombe.
CHIRAC ne considère comme "faute
irrémédiable en y associant le peuple français, que les crimes de ses collabos
et le silence d'un peuple captif sous la contrainte de 1' occupant, alors qu'il
ne faisait pas amende honorable pour les crimes perpétrés, cette fois par un
Etat légitime et libre lors des bombardements qui firent 6.000 victimes civiles
à Haïphong, aux centaines de milliers de civils vietnamiens massacrés au cours
de la guerre coloniale ou aux victimes des massacres de Sétif qui firent des milliers
de victimes.
A ces crimes là ne sont pas demandé pardon et
nulle commémoration n'exalte ceux qui représentaient alors 1'honneur du peuple
français: les Henri MARTIN au Viet-Nam, les YVETON et les Henri ALLEG en
Algérie.
L'influence de ce lobby au plus haut niveau
du Parti (direction de 1'Humanité et Bureau Politique) s'exprime, hélas! dans une
politique qui ne peut conduire qu' à la faillite. L’on semble oublier, au
Conseil National, qu' aux Présidentielles, en dépit de 1'incontestable
sympathie qu'inspirait ta personne, fut à peine dépassé le total des voix de
LAJOINIE et de JUQUIN à la précédente consultation et qu'aux Municipales, gagnant quelques
municipalités, nous perdions quelques uns de nos bastions les
plus forts.
Sous quelle inspiration as-tu donc pu parler,
dans ton article, sur la France, comme 1'eût fait n'importe quel démocrate "patriote"
sans évoquer une seule fois les dangers mortels que font peser sur toutes les
activités françaises, de 1'agriculture à 1'aéronautique, du cinéma à
1'information et à la culture, non seulement Maestricht, mais notre dépendance
servile à 1'égard de toutes les institutions dirigées aujourd'hui par les
Américains, de 1'Organisation mondiale du Commerce , au FMI et à la Banque Mondiale,
du Conseil de Sécurité des Nations Unies à toutes les opérations qui, de 1'Irak
à l a Somalie font des armées françaises des supplétifs de 1’armée américaine ?
Je comprends et je partage parfaitement ton
souci de ne pas pratiquer une politique "manichéenne" se livrant, comme
JOSPIN et ses pareils, à une critique systématique de la politique de CHIRAC et
des contradictions engendrées par les promesses démagogiques faites au cours de
sa campagne. Mais tout se passe comme si 1'on n’avait d'autre ambition que
celle de remplacer le parti socialiste dans sa fonction traditionnelle de
"gérant loyal du capitalisme » comme le disait autrefois Léon BLUM.
Comment expliquer autrement 1' approbation
servile de ZARKA à la politique nucléaire de CHIRAC qui, après la provocation
de la reprise des essais, aurait 1'étrange mérite d'appliquer, avec tout le
monde, la décision de les suspendre tous.
La fierté de notre Parti fut longtemps avec
Maurice THOREZ de n'être pas un Parti comme les autres.
Ne serait-il pas temps de retrouver cette
orientation, qui
fit de notre Parti le premier Parti de France
en prenant au
mot les propositions démagogiques de CHIRAC
(qu'il sera
incapable de tenir dans le cadre américain
de la "mondialisation" des échanges( comme le montre 1'expulsion de MADELIN, disciple conséquent du
"libéralisme" économique américain") et de montrer les possibilités
de réaliser cette "justice
sociale" en changeant radicalement nos rapports avec le Tiers Monde, au
nom de notre propre "internationalisme" au lieu de nous
replier sur la France à la manière de LE PEN ou sur 1'Europe à la manière des
maestritchiens, ou sur la Trilatérale (Etats-Unis ,Europe,Japon) à la manière
de BARRE ?
Ainsi et ainsi seulement notre Parti peut
n'être pas "un Parti comme les autres" et regagner la place qui est
la sienne parmi les salariés de notre pays, prêt à combattre tous les privilèges
(y compris ceux des occidentaux) comme il le fit au temps où des millions de
français se solidarisaient avec la lutte d' ABDEL KRIM, de Ho CHI MINH, de
FIDEL CASTRO, et n'accepteraient pas les bricolage s pro-chiraquiens, pro-américains
et pro-israéliens qu'ils impliquent.
Roger GARAUDY
P.S. Je suis naturellement à ton entière
disposition pour
préciser les conditions dans lesquelles
deviendrait possible une
renaissance de notre Parti.
(1)Article de M. Robert Hue, secrétaire national du PCF, dans "Le
Monde" le 23 août 1995, sur sa conception de la France, de son histoire
et de son rôle dans le monde, intitulé "Le souvenir des erreurs". NDLR