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Les sens sont notre lien au monde qui nous en dessinent
les contours et le représentent en ses moindres détails.
Nos mouvements, nos actions et notre rapport au monde en
dépendent. Pourtant, en avons-nous toujours la
représentation fidèle ? En percevons-nous la réalité
telle qu'elle est ou se donne à voir ?
En un mot, nos sens sont-ils fiables ? La réalité se
donne t-elle jamais, à voir , quand au-delà de ce qui
n'est perceptible que par le verre grossissant
d'un microscope, la perception peut être
déformée, faussée ou affinée ?
Autant de facteurs ou de donnes qui forcent un tout un
chacun à aller au-devant de son destin, en l'y
conformant par-delà les objectifs préconçus, en le
déviant par des chemins tortueux et des voies
sinueuses. Pour bien entendu, l'en dé-saisir quand
telle est la volonté alterne, sans toutefois l'en
détourner.
Les causes sont nombreuses : Satan, le démon, la
sorcellerie, la maladie mentale, l'hyper-sensibilité,
la perspicacité, la guidance… Car alors, soit que les
choses sont perçues à contre-sens ou par des déviants ou
faux-sens, soit elles sont perçues au-delà des formes et
de la surface des apparences.
Or, il en faut du temps pour saisir la situation dans
son ensemble, trouver la source des informations qui se
déversent se contredisant ou se complétant dénuées
de clarté et de signification, trop souvent. Il en faut
de même pour avoir la réaction utile, trouver la solution
appropriée ou tout simplement apprendre à jongler
entre les donnes qui laissent le principal concerné
dans la confusion et la déroute.
Le rapport au monde s'en trouve modifié, altéré,
voire bouleversé. Une autre direction inenvisageable
jusque-là, un chemin de traverse insoupçonné... font
irruption là où ils étaient ignorés ou non reconnus,
menant vers l'autrement, voire vers l'ailleurs,
soit une dérive ou un monde opposé. Ou conduisent
aussi paradoxal que ce soit, vers l'inconnu.
Parce que cela peut arriver de façon continue ou par
intermittence, et de façon intempestive, au moment où on
s'y attend le moins, la personne à tendance à se
lâcher quand elle a atteint ses limites. Ou à vivre
sur ses nerfs, entre le traumatisme de l'advenu et la
terreur du devenant.
Dans un cas comme dans l'autre, quand tout autour de
soi s'effiloche peu ou prou et que l'on
vit dans le flou, on ne saurait mieux faire que de
prendre de la distance vis-à-vis de la situation ou du
problème inhérent. Il n'y a pas d'autre choix
possible pour qui ne veut pas vivre dans la collusion
permanente, la guerre en soi et contre les autres,
qu'essayer de lever le pied pour réduire
l'impact du trauma des accidents de parcours en tous
genres.
Et ce d'autant plus que la réalité appréhendée
pourrait être un mirage, de l'illusion pure, un faux
problème ou un subterfuge, ou autres barrières qui
n'ont d'autre but que de semer la discorde, amener
à l'usure pour provoquer la casse ou le désordre.
Elle pourrait aussi être une simple dissonance
fortuite induite par une perception déformée de la
réalité, prenant source dans un malaise, une déviation
pathologique des sens. Mais elle pourrait aussi bien,
par-là les troubles hallucinatoires et les problèmes de
communications, quoique rarement, être un moment
privilégié de vérité cruciale, une donne supérieure,
la Guidance en somme.
Comme il n'est pas aisé de faire la différence, de
distinguer le vrai du faux, le recul seul peut empêcher
la personne, acteur ou victime consciente ou inconsciente
de tomber dans le piège des réactions extrêmes.
De la panique tétanisante et l'indifférence à la
violence criminelle, à l'agressivité physique ou
verbale... assassine ou auto-destructive, on ne peut que
dresser la liste exhaustive des attitudes réactionnelles,
tant elles sont complexes.
Il s'agit ne pas reconnaître à la situation
« tragique» ce pouvoir d'anéantissement ou de
destruction qui expulse hors du monde, simplement en
s'identifiant résolument comme partie du Tout. Il
s'agit de se concevoir dans et pour la vie et non
pas en dehors et à son extérieur. Il s'agit tout
particulièrement de rester affectivement lié à cet autre,
semblable si différent soit-il. Puisque le soi tout
autant que le moi sont unis, malgré les aléas et
les apparences par le sens commun en humanité, par et
dans le même.
En ce sens, la maîtrise de soi doit être de tout
instant, autant que la vigilance. Si l'on ne veut
ni des camisoles de force, ni des prisons de quelque
type qu'elles soient, ni simplement à titre
d'exemple, d'une grosse méchanceté plus ou moins
vénéneuse ou d'une banale déviation des
instincts , qui inoffensives au départ,pourraient
s'implanter comme un trait de caractère ou une drogue
conduisant à l’irréparable.
Ce choix fait, des occasions d'un mieux-être ou
d'une mise en route sont ratées, le tout
accompagné d'un cortège de souffrances
s'alourdissant une fois cumulées. C'est la
rançon de la résistance opiniâtre à l'infamie ou
d'une dette à payer à la vie.
Quelle soit intermittente et factuelle ou s'inscrive
dans la durée, la résistance de tout un chacun aux
problèmes complètement dénués de fondement ou plus ou
moins graves dépend de la capacité de l'homme à se
conformer à la raison normée, ou aux valeurs d'un
idéal d'humanité transcendant.
Et ce, simplement, car il y a un prix pour tout .
Et pour qui veut être en accord avec les Lois de
l'Univers dans un monde qui a pris une direction souvent
contraire, le prix peut être fort.
Cela peut certes confiner à l'horreur, mais cela vaut
tant et si bien que de ce combat-là au moins on sort
moins englué et plus léger. On en sort rasséréné,
pour y avoir appris à appréhender la vie avec plus de
liberté et donc de simplicité. Ce que confirme le poète
Charles Baudelaire en son célèbre : « Qui perd
gagne ! »
Une assertion de bon sens et une évidence pour
d'aucuns, en leur souci de conformité avec
l'éthique universelle des valeurs humaines.
Néanmoins cette assertion semble être plutôt loin de
l'intime conviction de ce novateur patenté du
symbolisme lyrique et réaliste. C'est dire qu'entre
la réalité et le concept intellectuel ou créatif d'un
marginal tel que C. Baudelaire, le fossé n'est pas
prêt d'être passé.
En effet, ce dernier qui n'avait pu souffrir le rejet
social, le mépris et l'ostracisme de ses pairs en
raison de la perversité de certains aspects de sa vie
affective et/ou littéraire, ne s'est-il pas
auto-détruit dans l'univers des drogues en tout
genre ? Et ce, pour avoir été vilipendé et exclu du
cercle académique des icônes de la littérature, au terme
d'une mise au ban par la manœuvre d'un procès
retentissant intenté par ceux mêmes auxquels il vouait
pourtant un mépris sans honte .
Cet homme dont le génie littéraire a pourtant bien
été unanimement reconnu à titre posthume, était
donc on ne peut mieux sûr de sa valeur littéraire et de
ses facultés créatives innovantes. Pour autant, cela
valait-il la peine de s'en faire à tel point pour une
attitude et un évincement dictés par la jalousie ou
l'incompréhension plus que par des critères de
sélection raisonnés et équitables?
Surtout, que penser de qui s'enfonce dans le
désespoir à cause d'une décision et d'un procès
qu'il sait d'avance conformes à ses adversaires les
plus iniques, lui qui se clame solitaire définitif pour
avoir cherché en vain dans son entourage, un visage
humain. Quoi qu'il en soit, et à supposer la
décision de justice en question éminemment justifiée,
méritait-elle l'attitude suicidaire du père de la
modernité poétique du monde civilisé d'alors ?
Valait-elle tant qu'un artiste de stature de
Baudelaire finisse sur le trottoir dans la force de
l'âge, des effets des poisons ingurgités depuis
l'adolescence pour à cause d'une enfance
malencontreuse ?
L'enjeu est on ne peut plus vital, et l'exemple
ci-dessus l'illustre bien : se gouverner en toute
situation et rester maître de soi ou se laisser gouverner
par des états émotionnels à la finalité pour le moins
douteuse, quand elle n'est démentielle ou démoniaque,
telle est la question !
Si bien que se fier aveuglément et sans distinction,
sans questionnements et sans restrictions à la donne de
ses propres sens et instincts ou à celle des autres,
réactions alternes incluses, débouche inéluctablement sur
les complications les plus désarmantes. Qu'elles se
présentent tant sous les signes affichés de l'amitié
que des sentiments adverses n'y change rien.
L'inconnu est là, toujours prêt à s'engouffrer
en un hécatombe incontrôlable. Car en effet, sait-on
jamais sur quoi pourrait déboucher toute
expérience?
Il n'y a cependant pas de recette idoine, sinon de
tenter d'aller à la source du fait ou du problème, au
facteur déclenchant, de proche en proche. C'est à
dire, de questionner ce qui de prime abord prétend
justifier les contresens récurrents du fait, actes ou
événements simples ou compliqués survenant séparément
ou conjointement.
Aussi, quand les troubles qui affectent le fonctionnement
mental, réduisant ou annulant les antécédentes facultés
affectives, cognitives ou relationnelles peuvent relever
du traitement psychiatrique, ils nécessitent
indubitablement un soutien psychologique et un traitement
médical. Le remède pourrait être con substantif au
dés-envoûtement encadré par un rituel sûr,
déterminé par la tradition spirituelle dudit patient et
le rite de purification correspondant.
Les perturbations antécédentes qui ne représentent que
des exemples succincts peuvent également se révéler être
une ouverture sur le monde mystérieux de la spiritualité
et déboucher sur un affermissement de la foi. Et ce, quand
au final, les faits ont un retentissement positif, et
l'expérience qui en résulte est constructive en son
ensemble.
Ces voies peuvent être explorées dans le même temps et
à la fois, sans fixation aucune, car ces états peuvent
être passagers provenant de l'une ou l'autre cause,
se succédant ou se renforçant tant le psychisme
déstabilisé est d'autant plus fragilisé et la
résistance caduque.
Tout premièrement, le soutien de l'entourage immédiat,
proches, praticiens et en règle générale de
l'environnement social en rapport avec la personne
souffrante est requis, et son efficacité se passe de
preuves. Un chemin douloureux certes pour tous,
l'apprentissage pouvant s'avérer long et
coûteux, mais il n'est pas de meilleure voie de
sortie possible. Dés lors qu'il ingère du respect
et de l'amour restaurant l'estime de soi et la
dimension humaine balayés par la tourmente, et tient
compte de tradition religieuse propre au milieu
d'origine du patient et en conseille notamment
l'observance avec patience.
Car la prière est pour ainsi dire, l'unique réaction
saine vis-à-vis des perturbations en tout genre ou
étrangetés intempestives qui viennent interrompre un
processus évolutif de quel qu'il soit. Qu'elles
soient banales ou sérieuses, et l'interruption
minime, voire grave ou dramatique, il n'y a que la
patience qui peut freiner la dérive, amoindrir la chute ou
la descente en enfer et les distorsions et souffrances
consécutives. En tout état de cause, et quelque soit la
situation, le recours au détachement par la
distanciation ou la dérision est effectivement efficace.
Pour y arriver, la prière peut être un tremplin qui
y conduit à la longue .
Outre le détachement, la patience et l'endurance sont
essentielles pour limiter l'impact des supposés
ou avérés satanisme, démonisme, démence ou autres.
Et là encore, le rôle de la prière est prépondérant.
Mais faut-il souligner, cette dernière n'est
efficace et bénéfique qu'accompagnée de
l'éthique des valeurs morales universelles présentes
dans les rapports de la personne avec ses relations humaines
et autres. Cela est requis pour l'instauration
du minimum de bien-être nécessaire à l'équilibre
de tout homme dans son environnement, lequel attend
de chacun un investissement drastique autrement plus
exigeant que jamais auparavant.
En effet, il en faut du temps pour réaliser les méfaits
de la modernité dont la complexité impose une capacité
d'adaptation impossible tant la vitesse du
changement est vertigineuse, d'autant que ce dernier
se pose à contrario des aspirations légitimes d'une
spirituelle vive. Il en faut du temps et de l'énergie
pour s'en dégager et reconquérir un tant soi peu
d'autonomie.
Et ce d'autant plus que la prière est le pilier
du lien primordial à l'universel, à l'Univers
dans sa diversité. Elle sauvegarde et restaure tant et si
bien l'équilibre psychique de toute personne
qu'il n'y a rien de mieux pour
l'environnement propice à la convivialité. Ainsi,
et du fait que les valeurs humaines universelles forment
le socle d'une éthique correspondant à
l'innéité en sa structure inaliénable, la prière
est le vecteur qui recentre l'homme sur sa nature
conforme aux valeurs morales universelles.
En toute situation donc, et on ne le répétera jamais
assez, la patience permet de vaincre la détresse et la
perdition récurrentes. Mais il n'y a rien à espérer
en dehors de la conformité à l'essence des valeurs
défendues par les trois dernières spiritualités, ou
plus exactement par leurs déclinaisons et adaptations
imposées par l'histoire. Et sans exagération aucune .
En cela que les modifications introduites n’enlèvent
rien aux normes qu'elles prônent, ces dernières
étant éternelles, notamment pour ce qui concerne
l'Islam, en ses textes basiques, car transcris à
temps. En effet, le Coran et Hadith sont indemnes de
toute altération et portent la religion en sa
forme ultime à échelle d'homme .
Ainsi, parce qu'en leur essence les spiritualités vives
sont conformes aux innéités de l'homme non
altérées par les sédiments cultuels et culturels
exogènes imposés par l'évolution des sociétés,
l'arrimage aux Commandements, Recommandations ou
Obligations des unes et des autres est la meilleure
protection possible contre les méfaits du satanisme, du
démonisme et leurs suppôts occultes et c'est de
même un antidote à l'impact du stress inhérent aux
exigences de modernité. Enfin, le respect effectif des
principes religieux sont également un rempart contre les
méfaits du monde en ses réalisations les plus malsaines
et ses volontés les plus destructives.
En résumé, la conformité un tant soit peu, par la
prière, l'invocation divine et la morale du bon bien,
est la seule attitude qui sauve tout être humain de
l'enlisement dans les conflits absurdes, les faux
problèmes et l'épuisement. Cela permet de se
maintenir dans le cadre de la foi et de la juste
mesure des valeurs humaines universelles.
Enfin, il incombe de fait, et à tout un chacun un tant
soit peu sensé de ne pas s'infliger plus de
souffrances en se compliquant l'existence. Il se
doit d'abord et avant tout d'assurer son
équilibre, qui consiste stricto sensu en l'accord
avec l'essence, l'innéité de son être
d'homme et le respect de ses besoins vitaux. Car hors de
cela, point de salut.
Djouher Khater