Libération — 12 janvier 2016 [le titre est de l'administrateur du blog]
Par Luc
Peillon
Les
ex-employés de l'usine d'Amiens-Nord, pour la plupart syndiqués à la CGT,
étaient poursuivis pour «séquestration et violence en réunion». En 2014, ils
avaient retenu deux cadres pour protester contre la fermeture de leur
usine.
Neuf mois
de prison ferme contre d'anciens salariés de Goodyear
Verdict
sévère à l’encontre d’anciens salariés de Goodyear. Ce mardi, le tribunal
correctionnel d’Amiens a condamné à 24 mois de prison, dont 9 ferme, huit
ex-employés de l’usine de pneumatiques d’Amiens-Nord. Cinq d’entre eux étaient
titulaires d’un mandat syndical à la CGT, dont le très énergique Mickaël Wamen,
ancien délégué syndical. Deux des huit salariés ont également été condamnés pour
violences en réunion, mais n’ont pas écopé de peine supplémentaire. A l’origine
des poursuites : la séquestration durant trente heures, entre le 6 et le 7
janvier 2014, du DRH et du directeur de la production, pour protester contre la
fermeture de l’usine, intervenue quelques jours plus tard.
Lors de
l’audience du 24 novembre, les prévenus avaient évoqué «un coup de colère» face
à une direction qui «n’apportait aucune réponse» à la «détresse sociale» dans
laquelle se trouvaient les 1 142 salariés du site. Ce qui n’avait pas empêché le
parquet de réclamer 24 mois de prison, dont un an ferme «aménageable», pour
«séquestration et violence en réunion». Et ce, alors même que la direction de
Goodyear Dunlop Tires France, ainsi que les deux cadres de l’usine, avaient
retiré leur plainte.
Ce
jugement intervient huit ans après le début d’un conflit sans fin entre la
direction du groupe de pneumatiques et les syndicats, dont la CGT. Huit ans de
plan de compétitivité, de plans sociaux et de recours en justice, jusqu’à
l’échec de la reprise d’une partie de l’usine par le PDG de Titan, Maurice
Taylor, à l’automne 2014, et l’enterrement en 2015, par la direction, du projet
de Scop (Sociétés coopératives et participatives) porté par les
salariés.