Excellente en son principe, la séparation de l'Eglise et de l'Etat fut aussitôt confondue,non pas avec le respect de la foi ou de l'irréligion de chacun, mais avec l'exclusion de ce qui est l'essence même de la foi : les questions sur les fins dernières de la vie personnelle et sociale.
C'est ainsi que cette étrange religion républicaine ne contribua pas à créer le consensus mais au contraire la discorde, qu'il s'agisse de l'opposition de l'école libre (c'est à dire, en général, confessionnelle et, plus précisément, catholique) jusqu'aux querelles racistes du foulard de quelques jeunes filles musulmanes en laquelle le laïcisme (pas la laïcité) prétendait voir une offensive de propagande islamiste (et non islamique), alors qu'un tel tollé n'avait pas été soulevé contre le port ostensible des croix chrétiennes ou des kipas juives. Dans cette escarmouche grotesque contre quarante-deux jeunes filles (dont le foulard menaçait la République !) beaucoup d'enseignants naïfs — y compris les associations corporatives, se laissèrent entraîner comme un taureau devant la cape rouge, sans voir que le racisme prenait le masque de la défense de la laïcité.
Plus durable et plus profonde la querelle de l'école confessionnelle et de l'école laïque.L'on peut comprendre les motivations des défenseurs de l'école confessionnelle (dite école libre) devant la carence de l'école publique, excluant l'essentiel de la formation d'un homme, c'est à dire la recherche du sens de sa vie par l'exclusion de tous les textes posant ce problème dans toutes les mystiques et toutes les sagesses, des prophètes d'Israël aux Pères de l'Eglise, des soufis musulmans aux richi de l'Inde. Cette école laisse les hommes sans repères, livrés à un scientisme d'ordinanthrope croyant trouver dans une machine, merveilleuse fournisseuse de moyens, un instrument de découverte des fins. Il était assuré qu'une autre école allait exiger de combler ce gouffre dans un monde fonctionnant non seulement sans Dieu mais sans homme. Un monde du non-sens. L'intention de donner à l'enfant, perdu entre ce ciel vide et cette terre en désordre, des repères et des fins, était évidemment précieuse.Cela eut été possible si avait été maintenue l'orientation du prophétique pape Jean XXIII et du concile de Vatican II proclamant que l'Eglise, dans la voie ouverte parJésus, n'avait pas pour tâche de diriger le monde mais de le servir. Cette merveilleuse rencontre avec le monde pouvait aider à en réduire la cassure.
Mais, peu après, l'Eglise catholique connut une nouvelle glaciation par la restauration d'une monarchie ecclésiale dont l'expression la plus claire s'inscrivit (après la condamnation des théologies de la libération qui traduisent en actes les intentions de Vatican II et surtout de la Constitution Gaudium et spes), dans le catéchisme de 1992 qui nous ramenait au Concile de Trente de 1545.
Un curé intégriste proclamant, au fronton de son Eglise : "Ici tu trouveras la réponse",un enfant écrivit à la craie sur la porte : "Mais où est la question ?” Ainsi était posée, par le plus humble, le problème fondamental : la foi est-elle de l'ordre d'une question ou bien d'une réponse ?
Tel est le fonds humain (d'autres diront divin, mais je crois — au langage près, qu'il n'est pas d'homme sans Dieu ni de Dieu sans l'homme ...) du problème de la laïcité. Problème mal posé et donc insoluble lorsque la laïcité est confondue avec un athéisme d'Etat (comme il y eut des religions d'Etat), et que la foi est confondue avec l'obéissance à l'Eglise (une Eglise que sa hiérarchie considère comme la cité parfaite, le monde entier étant dès lors condamné à lui obéir). Entre deux intégrismes symétriques aucun dialogue n'est possible. Il n'aboutirait qu'à un compromis entre deux idéaux pervertis.Le problème fondamental de l'éducation ne peut se poser qu'au delà de ces fausses antithèses.
C'est ainsi que cette étrange religion républicaine ne contribua pas à créer le consensus mais au contraire la discorde, qu'il s'agisse de l'opposition de l'école libre (c'est à dire, en général, confessionnelle et, plus précisément, catholique) jusqu'aux querelles racistes du foulard de quelques jeunes filles musulmanes en laquelle le laïcisme (pas la laïcité) prétendait voir une offensive de propagande islamiste (et non islamique), alors qu'un tel tollé n'avait pas été soulevé contre le port ostensible des croix chrétiennes ou des kipas juives. Dans cette escarmouche grotesque contre quarante-deux jeunes filles (dont le foulard menaçait la République !) beaucoup d'enseignants naïfs — y compris les associations corporatives, se laissèrent entraîner comme un taureau devant la cape rouge, sans voir que le racisme prenait le masque de la défense de la laïcité.
Plus durable et plus profonde la querelle de l'école confessionnelle et de l'école laïque.L'on peut comprendre les motivations des défenseurs de l'école confessionnelle (dite école libre) devant la carence de l'école publique, excluant l'essentiel de la formation d'un homme, c'est à dire la recherche du sens de sa vie par l'exclusion de tous les textes posant ce problème dans toutes les mystiques et toutes les sagesses, des prophètes d'Israël aux Pères de l'Eglise, des soufis musulmans aux richi de l'Inde. Cette école laisse les hommes sans repères, livrés à un scientisme d'ordinanthrope croyant trouver dans une machine, merveilleuse fournisseuse de moyens, un instrument de découverte des fins. Il était assuré qu'une autre école allait exiger de combler ce gouffre dans un monde fonctionnant non seulement sans Dieu mais sans homme. Un monde du non-sens. L'intention de donner à l'enfant, perdu entre ce ciel vide et cette terre en désordre, des repères et des fins, était évidemment précieuse.Cela eut été possible si avait été maintenue l'orientation du prophétique pape Jean XXIII et du concile de Vatican II proclamant que l'Eglise, dans la voie ouverte parJésus, n'avait pas pour tâche de diriger le monde mais de le servir. Cette merveilleuse rencontre avec le monde pouvait aider à en réduire la cassure.
Mais, peu après, l'Eglise catholique connut une nouvelle glaciation par la restauration d'une monarchie ecclésiale dont l'expression la plus claire s'inscrivit (après la condamnation des théologies de la libération qui traduisent en actes les intentions de Vatican II et surtout de la Constitution Gaudium et spes), dans le catéchisme de 1992 qui nous ramenait au Concile de Trente de 1545.
Un curé intégriste proclamant, au fronton de son Eglise : "Ici tu trouveras la réponse",un enfant écrivit à la craie sur la porte : "Mais où est la question ?” Ainsi était posée, par le plus humble, le problème fondamental : la foi est-elle de l'ordre d'une question ou bien d'une réponse ?
Tel est le fonds humain (d'autres diront divin, mais je crois — au langage près, qu'il n'est pas d'homme sans Dieu ni de Dieu sans l'homme ...) du problème de la laïcité. Problème mal posé et donc insoluble lorsque la laïcité est confondue avec un athéisme d'Etat (comme il y eut des religions d'Etat), et que la foi est confondue avec l'obéissance à l'Eglise (une Eglise que sa hiérarchie considère comme la cité parfaite, le monde entier étant dès lors condamné à lui obéir). Entre deux intégrismes symétriques aucun dialogue n'est possible. Il n'aboutirait qu'à un compromis entre deux idéaux pervertis.Le problème fondamental de l'éducation ne peut se poser qu'au delà de ces fausses antithèses.
[Première publication sur ce blog le 1er septembre 2010]